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"La Lettre" de @perfextly2imperfext


Simone vit passer le facteur devant elle. Depuis quatre ans déjà, il se rendait chez Marie afin de déposer le courrier dans sa boite aux lettres. Deux jours par mois, elle pouvait contempler son uniforme noir boutonné jusqu'au cou du facteur ainsi que son chapeau de la même couleur. Et chaque fois, Simone se posait la seule et même question : qui pouvait bien envoyer des lettres aussi régulièrement étant donné que la maison était inhabitée depuis maintenant quatre longues années ?


Les yeux bleus de la jeune fille scintillaient de curiosité, défaut qui, selon sa sœur ainée, l'empêchait d'accomplir les plus belles choses de la vie. Simone, de son coté, n'était pas de l'avis de Jeanine. En effet, elle était persuadée que sa curiosité la poussait à atteindre ses objectifs. C'est pourquoi, sur un coup de tête, elle décida de procéder à une enquête. Car, après tout, Simone se doutait que quelqu'un devait relever le courrier de Marie et sa mère. Sinon, comment cela était-il possible que la boite aux lettres ne déborde pas ?

Il était temps pour Simone de regagner sa maison : le déjeuner, qui serait composé de rutabagas et de blettes – elle en était sure –, allait bientôt être prêt. Il ne reste presque plus rien, se désola Simone lorsqu'elle aperçut sa carte de rationnement, de catégorie J3, posée sur la table de la cuisine.


Trois quart d'heure plus tard et le goût habituel des rutabagas en bouche, Simone fila dans sa chambre, qu'elle partageait avec Jeanine, pour réviser quelques chapitres de logique et de sciences nat. en vue du bac qui approchait à grand pas. Elle fut tellement penchée sur ses révisions qu'elle n'entendit même pas sa mère se faufiler discrètement dans la chambre de ses filles afin de déposer une assiette de fruits secs en guise de diner. Simone fut touchée de cette gentille attention et se mit à culpabiliser de ne pas pouvoir aider sa mère, qui s'était vouée au silence depuis la perte de son ancienne collègue juive que la famille Lavaill avait entreprit de cacher le temps de la guerre. Simone se levait prestement de sa chaise afin de la remercier au moment où son regard s'arrêta sur la fenêtre.

Du coin de l'œil, elle aperçut un jeune homme en train d'ouvrir la boite aux lettres de son amie d'enfance Marie. Aucun doute ! Il s'agissait là de Roger – Simone le reconnaissait de loin grâce aux nombreux regards qu'elle lui lançait dans la cours du lycée. Aussitôt, elle pensa à sortir hâtivement de la maison pour lui courir après mais réalisa qu'il serait déjà parti. Du coup, elle se dirigea maladroitement vers la fenêtre, l'ouvrit et cria son nom pour capter son attention.

Roger, alarmé, n'osa se retourner et pris plutôt la poudre d'escampette. Il était pratiquement certain qu'il s'agissait de la voix de Simone, qui était toujours à fureter ici et là. Roger savait qu'elle voulait reprendre contact avec lui, cependant lui était persuadé qu'ils n'avaient plus rien en commun depuis le départ de Marie. D'ailleurs, cette dernière ne la mentionnait absolument pas dans ses lettres.

Tout d'abord, Roger s'était senti coupable, car il avait bien compris qu'il était le seul à recevoir des nouvelles de Marie, puis, voulant garder la correspondance qu'il entretenait depuis plusieurs années avec leur amie d'enfance secrète, Roger et Simone s'étaient peu à peu éloignés.

Ce soir-là, les deux jeunes adultes, qui s'eurent connus auparavant, tombèrent rapidement dans les bras de Morphée. L'un souriait dans son sommeil, parce qu'il avait appris de la part de Marie qu'une bonne nouvelle l'attendait dans deux semaines et qu'il tenait dans sa main sa plus récente lettre (qu'il ne lâchait plus), tandis que l'autre se désolait de la façon si soudaine dont les deux adolescents, à l'époque, s'étaient perdus de vue.

Les deux semaines qui suivirent passèrent rapidement pour Simone et Roger. Effectivement, tous deux attendaient impatiemment le prochain passage du facteur. Hormis quelques regards appuyés qu'elle lançait à Roger durant la semaine, Simone n'arrivait pas à s'approcher de lui après tant d'années. Quant à lui, il l'ignorait délibérément. Elle s'était donc mise en tête de voler la lettre suivante. Simone espérait que les rares fois où elle s'était permis de chiper un pot de confiture l'aideraient à agir.

Bientôt, le samedi arriva. Le facteur, perché sur son vélo dans son attirail habituel, surgit aux alentours de onze heures. Aussitôt parti, Simone se précipita devant la boite aux lettres de Marie, située à dix mètres de chez elle. Heureusement pour elle, elle était abîmée et fissurée par endroits, ce qui lui permit d'agrandir une fente afin de glisser sa main à l'intérieur pour récupérer la fameuse lettre.

Simone fut consternée de découvrir que la lettre était adressée à Marie. Cela voulait donc dire que Roger ouvrait son courrier ? Sans se poser plus de questions, elle ouvrit prestement l'enveloppe et débuta à lire la feuille contenue à l'intérieur.


14 mai 1946

Mon cher Roger,

Il y a de ça deux semaines, je t'ai promis une bonne nouvelle. Bonheur ! Les communistes ont remporté l'élection municipale de Paris. À présent, c'est sûr, je vais revenir, et j'en suis enchantée. Comme je te l'écris tous les mois, là où je suis il n'y a ni beurre, ni pommes de terre, ni café, ni laine, presque rien enfin ! De plus, les restrictions et rationnement m'empêche de manger à ma faim, alors j'essaie de jour en jour de me persuader davantage que le rutabaga et la margarine sont des choses délicieuses et je pense à toi.

Avec toute mon affection,

Marie


Simone était stupéfaite. C'était la première fois en quatre ans qu'elle avait la certitude que son amie se portait bien. Elle fut tout d'abord soulagée, puis en colère et jalouse de Roger, qui devait recevoir ses lettres deux fois par mois depuis quatre ans. Elle était perdue. Simone pensait réellement qu'elle comptait pour Marie. Elle s'était peut-être finalement trompée. Simone se sentait trahie : avant tout, elle trouvait ça impensable que Marie ne lui ai jamais donné de nouvelles. Ensuite, elle était doublement accablée par le fait que Roger ne lui en avait parlé ces dernières années. C'était décidé, elle se rendrait chez lui pour réclamer des explications.

Ce fut avec un ahurissement sans égal que Roger lui ouvrit la porte de sa maison quelques instants plus tard. En découvrant l'objet que Simone tenait dans la main, il la fit rentrer de suite. Simone, reconnaissant les environs même après toutes ces années, fila dans la chambre de Roger et ordonna des éclaircissements sur la situation. Pourtant, il ne savait que dire. Il fuyait son regard, admirant chaque petit détail de sa chambre qu'il connaissait par cœur. Le bureau en bois, la chaise bancale, le lit grinçant, la porte courbée ou même les murs salis, tout semblait bien plus intéressant que les orbites bleues de Simone qui paraissaient percer un trou au fond de son âme. Mais Roger n'avait plus le choix. Il se retrouvait au pied du mur et ne pouvait plus éviter cette situation qui blessait son ancienne amie.

Alors il lui conta tout ce qu'il savait : les lettres et aussi la culpabilité qui l'avait poussé à s'éloigner d'elle. Simone se rendait peu à peu compte qu'il ignorait pourquoi Marie ne l'avait jamais évoqué dans ses courriers, alors elle lui tendit la lettre. Roger ne put s'empêcher de sourire à la vue des derniers mots, ce qui confirma les pensées de Simone : elle s'était toujours douté qu'il était amoureux de sa voisine.

Simone, suivit de près par Roger, se dirigeait vers la porte d'entrée avec un pincement au cœur lorsque les parents de ce dernier apparurent de la cuisine. Reconnaissant les traits du visage de la jeune fille, ils l'accueillir avec joie. Le père aperçut immédiatement la lettre.

« Qui t'envoie cette lettre, fiston ? demanda-t-il.

- C'est Marie, répondit le fils, tout jovial. »


Simone, agacée et affectée par la douleur, réfréna l'envie de lever les yeux au ciel. Décidément, tout tournait autour de cette Marie !


La mère de Roger avait l'air réellement surprise de cette annonce quant à son mari, lui, paraissait plutôt déconcerté, comme s'il ne savait plus où se mettre.

« D'ailleurs, continua le fils, inconscient de la réaction de son père, elle raconte qu'elle reviendra dans peu de temps. »


Il y eu un silence de mort. La tension dans la salle à manger était telle que la température eut l'air de chuter de quelques degrés. La crise conjugale était si palpable que Roger n'osa prononcer mot. Simone voulut observer la scène de plus loin, elle avait l'impression de s'immiscer dans leur vie familiale. Néanmoins, elle dévisageait chacun dans la pièce, comme happée par ce mystère qui déchirait cette famille de l'intérieur. La mère lançait un regard noir en direction de son mari tandis que ce dernier contemplait son fils avec une once de regret dans les yeux.

Sans dire un mot, le père de Roger fut entraîné par sa femme vers l'arrière de la maison. Quelques secondes plus tard, on entendit déjà des cris incompréhensibles. La dispute semblait interminable. Gêné, Roger n'osait se déplacer ou même congédier Simone. Quand il se décidait enfin à le faire, sa mère sortit précipitamment de la chambre. Roger et Simone entendirent une porte claquer et bientôt, la mère de Roger débarqua dans la salle à manger. Des larmes coulaient sans cesse sur ses joues et elle portait à bout de bras un large sac en cuir. Elle ne se risqua pas à croiser le regard de Roger avant de s'évader de sa propre maison.


Quelques instants plus tard, le père suivit, l'air grave. Il regardait son fils droit dans les yeux mais semblait craindre sa réaction.

« Ta mère reviendra prendre le restant de ses affaires dans quelques jours, annonça t-il. »


Roger ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortait. Son père poursuivit ensuite sa phrase, tout à coup moins sûr de lui.

« Marie est ta demi-sœur, acheva t-il. »



Encore bravo à imperfextly2imperfext pour cette super nouvelle ! N'hésitez pas à laisser des commentaires à l'auteur dans cette partie ou à voter pour cette dernière en commentaire comme ceci : +La lettre

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