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Modesty ou la Chasseuse Apprentie

Sixième nouvelle :

Il était une fois, dans un royaume fort lointain, un château, situé sur un nuage. Il s'agissait du genre de bâtisse dans lequel vivaient les dieux et déesses, accompagnés de nymphes, licornes, et autres créatures sorties tout droit de contes antiques. Des colonnes en marbres supportaient le poids de l'édifice ; des gravures illustraient ces légendes d'un autre temps. Arrivez-vous à vous représenter ce palais ? Très bien, car ce n'est absolument pas ici que prendra place notre histoire.

Descendez de ce paradis céleste, jusqu'à atteindre le rez-de-chaussée, notre bon vieux plancher des vaches. Ici, nulle citadelle majestueuse, nulles divinités vénérées, nulle fantaisie. Non, bien au contraire. Ce petit lopin de terre, en comparaison, n'était rien d'autre qu'un royaume en perdition, perdu au milieu des arbres – trop d'arbres –, parmi lesquel quelques bourgs vivotaient fièrement, malgré les aléas de la vie rurale.
À proximité de l'un d'entre eux, se dressait une magnifique auberge, au milieu du bois. Elle était tenue par un chasseur, au courage inégalé, assisté de sa femme, d'une douceur sans pareil. Le couple menait une vie agréable, faite d'amour et d'eau fraîche, et se rendait tous les dimanches au marché du village.
Un jour, ils eurent une fille. Dès sa naissance, il était évident que la petite avait hérité de la vigueur de son père, et de la beauté de sa mère. Elle ne se plaignait jamais, ou très peu, et malgré les épidémies de peste qui ravageaient le pays, elle ne fut pas une seule fois atteinte.

Au moment de choisir son prénom, ses géniteurs se décidèrent pour celui de « Modesty » ; en effet, ils lui souhaitaient de vivre une vie aussi simple et heureuse que le leur, en toute modestie.
Cependant, malgré cela, la jeune fille demeurait aussi vive que le feu, courageuse comme un chevalier, et d'un enthousiasme à toute épreuve. Pour canaliser son énergie débordante, ses parents firent fabriquer, avec l'aide d'un mage, un chaperon rouge, qui avait la capacité de protéger son porteur du danger.

Ils lui offrirent également un panier en osier, tout ce qu'il y avait de plus banal, afin qu'elle puisse se rendre dans les bois, en compagnie de son père, lorsqu'il ne chassait pas. Le parfait équipement de la fillette sage, en somme.
Fière comme un coq, la petite avait d'abord fermement refusé de porter le vêtement, mais à force de persuasion, elle se laissa convaincre. Petit à petit, Modesty apprit le sens de son prénom ; l'effrontée qu'elle était se transforma en une charmante jeune fille pleine de vie, et parfois un peu trop curieuse...

***

Un beau jour, ou plutôt une bonne nuit, Modesty, alors âgée de treize ans, décida de se rendre incognito au village voisin. Elle s'était en effet disputée avec l'homme de la maison ; elle avait désiré l'accompagner à la chasse, mais celui-ci avait fermement refusé. Une représentante de la gente féminine ? Dans une telle activité ? Il avait préféré rire que pleurer d'une idée aussi absurde. Malheureusement pour la jeune fille, les combats féministes étaient loin d'être entamés, et même bien des années plus tard, les choses peinaient à changer.
Mais ce sont là des débats qui s'écartent de notre sujet, revenons à notre petite Modesty.

Telle une ombre nocturne, l'héroïne se munit de son capuchon écarlate, de son panier, et, au milieu des danses et des chants qui résonnaient dans la taverne, se faufila jusqu'a la sortie.
Le trajet dans les bois lui parut court, trop court, peut-être. Pour la première fois de sa vie, elle se sentit libre. Libre comme l'air qui faisait voltiger ses cheveux de jais, libre comme la Lune, qui éclairait les lieux d'une lumière blafarde, libre comme...

Tout à coup, un cri résonna dans les ténèbres et l'obscurité. Aussitôt, elle fit volte-face, les pans de son vêtement flottant autour d'elle. Ce hurlement si caractéristique, elle en avait déjà entendu parler des centaines de fois, dans les récits de son père. Cet appel, à la fois si mélodieux, si désespéré, si vibrant, ne pouvait qu'être celui d'un...

— Un loup, souffla-t-elle.

Pas besoin de lunettes pour l'héroïne, elle sut reconnaître la silhouette se dressant sur le rocher en face d'elle.
Le pelage gris de la bête semblait briller de poussière de lune, et ondulait au gré du vent nocturne. Sa silhouette toute entière se découpait sur le fond de la nuit, avec grâce et prestance. La jeune fille en eut le souffle coupé, toute tremblante sur ses guiboles, et perdit son instinct de survie, aussi petit fût-il. En effet, toute personne saine d'esprit aurait tout naturellement fuit le prédateur. Mais Modesty n'en faisait pas partie. Elle se contenta de rester face au prédateur, fixant cette apparition avec une stupéfaction admirative. Quant à l'animal, il resta sur son promontoire durant un moment, semblant prendre la pose ; puis, aussi, soudainement qu'il était apparu, il bondit en avant, vers la jeune fille qui s'écarta dans un mouvement de panique pure. Cette dernière ne fut sauvée uniquement par son chaperon magique, dont le tissu l'enveloppa comme une armure. Le loup passa à un souffle d'elle, avant de s'enfuir avec élégance vers les tréfonds sylvestres.

Modesty resta un moment, pantelante, avant de recommencer sa course folle en direction du village. Ses yeux brillaient encore ; cette rencontre l'avait totalement émoustillée.

« Tant de majesté, si sublime, si... dangereux ; c'est clair que ces animaux ont la classe », songeait-elle, fascinée.
Son cœur battait encore à ses tempes, pas tout à fait remis de cette émotion forte, et mis à rude épreuve par cette course. Elle n'en eut guère le temps, puisqu'à peine cinq minutes après la rencontre, elle arrivait au niveau de la bourgade rurale. Sur la place, des chants et des danses résonnaient ; les femmes dansaient en ronde autour d'un feu de joie, alors que les hommes étaient attablés autour, et avaient pour la plupart une chope de bière à la main.

D'abord intimidée, Modesty se joignit malgré tout très vite aux festivités : un des danseurs se saisit de sa main et l'entraîna parmi eux. Elle ne se le fit pas dire deux fois, et dansa avec vivacité et énergie. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait vivante. Vivante comme le feu qui brûlait devant elle, vivante comme les étoiles qui illuminaient le ciel, vivante comme elle était supposée l'avoir toujours été. En dansant, elle oublia tous ses soucis, et se libéra l'espace de quelques heures de la modestie de sa vie à la taverne.

Cependant, à chaque fois qu'elle levait la tête vers l'astre lunaire, elle y revoyait la prunelle du loup, comme si cette image s'était gravée dans sa rétine. La fête se prolongea jusqu'à une heure fort tardive, et tous tombèrent dans les bras de Morphée, à l'instar de mouches face à des insecticides.

On la retrouva le lendemain, parmi les jeunes de son âge, endormie dans une charrette. Ses parents arrivèrent, catastrophés de la fuite de leur fille, mais en la voyant si paisible et si heureuse dans son sommeil, ils n'eurent pas le cœur à lui reprocher son acte. Bien au contraire, son père ressentit même un frisson de nostalgie en songeant à sa première fugue.

Dès lors, le couple délégua à sa fille le soin de se rendre au village, le dimanche, pour s'approvisionner au marché, et même prendre connaissance des derniers potins. Bien entendu, la jolie brune en était ravie, et ne cachait pas sa joie. Elle ne cessa de raconter sa rencontre nocturne à qui voulait bien l'entendre, enjolivant chaque détail, quitte à ce que ses chevilles en prennent un coup et à frôler les bords de la mythomanie.

***

Bien des années plus tard, Modesty avait appris de cet incident, bien que sa fascination pour les loups n'ait toujours pas disparu, au grand damne de ses parents. Elle parlait du majestueux animal à tout bout de champ, et se révoltait contre son père, qui chassait sa peau tous les hivers. Malgré sa beauté, le prédateur était responsable de la moitié des morts de moutons, les troupeaux étaient décimés, et tous les villageois craignaient pour leurs enfants. C'était également le cas de la mère de Modesty, qui l'empêchait de se rendre au village sans son habit couleur de sang. Bien entendu, la jeune femme refusait de le porter, sûre d'elle et de ses capacités, et s'amusait à braver le danger, désormais omniprésent dans les bois.

Un beau jour, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase, qu'était la patiente et la volonté de paix des villageois.
Sur la place du marché, reignait en effet une agitation étrange, pour un simple dimanche de printemps. Un homme à la moustache fournie se tenait sur un promontoire, une fourche à la main, et déclamait un discours passionné ; tous l'écoutaient et l'observaient avec fascination.

— Cet animal, que dis-je ? Ce monstre a décimé la moitié de nos troupeaux, et s'en prend désormais à nos enfants ? Ne nous laissons pas faire ! Sus au loup !
— Sus au loup ! répétait l'assemblée, galvanisée par la hargne de l'orateur.

Quant à Modesty, elle suivait les événements les sourcils froncés, le visage caché par le capuchon.

— Demain matin, nous prendrons la bête en chasse, et nous l'abattrons ! Nous nous sommes trop laissés faire ! Vengeons ce petit enfant dévoré par une bête féroce !
— Hourra ! Hourra !
— Le point de rendez-vous est donné ici-même, puis nous partirons vers la caverne du monstre ! Venez nombreux, et armés de votre courage !

La foule acclama avec vigueur l'homme, qui descendit de la scène improvisée, suivi par ses partisans. La jeune fille, elle, resta de marbre, animée par une froide détermination. Elle en était certaine, le lendemain, on tenterait d'attenter à la vie de son idole, le loup. Elle en était certaine, son père ferait partie du convoi macabre. Et ce dont elle était le plus certaine, c'était qu'elle ferait tout pour les en empêcher...

***

Comme prévu, le lendemain, aux alentours de sept heures, une foule compacte s'amassait sur la place du marché. Les hommes, habillés chaudement et l'arme à la main, serraient dans leurs bras leurs enfants, qui piaillaient d'enthousiasme. Quant aux dames, elles semblaient inquiète à l'idée que leur mari s'apprêtaient à poursuivre une bête féroce, mais admirative de leur courage, elles les laissaient faire.

Au milieu de toute cette cohue, un mystérieux chaperon rouge patientait à l'écart, de longs cheveux de jais tombant sur ses épaules. Modesty ne tenait pas à être reconnue ; elle serait privée de cette expédition. Sûre d'elle, elle jouait avec un canif, dans sa main droite, attendant le top départ.

Alors que le moustachu répétait le plan, la jeune fille fermait les yeux pour mieux visualiser les étapes du sien : d'abord, lorsque le groupe arriverait au cœur de la forêt, elle leur fausserait compagnie, et se dirigerait vers la tanière de la bête. Une fois là-bas, elle lui intimerait de fuir, avant de retourner annoncer aux chasseurs qu'ils avaient fait fausse route. Simple comme bonjour.

Soudain, le brouhaha cessa pour être remplacé par des bruits de pas. Modesty rouvrit aussitôt les paupières, et se précipita à l'arrière du groupe, qui partait déjà.

Le trajet vers les bois fut court, trop court, peut-être. La tête haute et toujours cachée par son capuchon, l'héroïne suivait la marche, sans que quiconque ne lui adresse la parole.

Ils arrivèrent au niveau d'un carrefour ; les chasseurs continuèrent tout droit, tandis que Modesty, furtive, s'engouffra dans les bois. Elle commença alors à courir parmi les fourrés, en direction du promontoire où elle avait vu l'animal, des années plus tôt.

Malheureusement, trop sûre d'elle, elle ne fit pas attention à ses pieds, et trébucha sur une souche d'arbre. Elle tomba sur le sol couvert de feuilles mortes dans un bruit mat, et lorsqu'elle voulut se relever, sa cheville n'obtempéra pas.

— Une entorse, grommella-t-elle.

Cela ne l'empêcha pas de se redresser, clopin-clopant, et de poursuivre sa marche, sa determination intacte. Seulement, c'était sans compter tout le raffut qu'elle avait provoqué, à courir dans les buissons et à tomber.
Tout à coup, un cri résonna au milieu du clair-obscur forestier. Modesty fit volte-face, les pans de son vêtement s'agitant autour d'elle.

Il était là. À nouveau. Le loup.

— Tu es revenu, souffla-t-elle, émerveillée, en tendant sa main vers le prédateur.

Là était tout le problème. Il s'agissait bel et bien du prédateur, en face d'elle, et non plus de l'animal gracieux de l'autre nuit. Trop sûre d'elle, Modesty ne s'en était pas rendue compte.

Le loup bondit alors dans sa direction, et la jeune fille remarqua alors l'étincelle qui brillait dans ses yeux ; la rage, la faim. Son sang ne fit qu'un tour, et elle comprit. Elle allait lui servir de dîner – ou de petit-déjeuner, en l'occurrence. Elle tenta de s'échapper, mais en un saut, l'animal affamé parcourut la distance les séparant.

D'un coup de croc acéré, il mordit le mollet de sa victime, qui s'étala au sol en hurlant de douleur. Il continua sur sa lancée en dévorant son pied ; Modesty se tordait de souffrance, et appelait désespérément au secours. Mais nul ne vint l'assister.

Dévorée. Elle allait mourir dévorée par un loup, objet d'une admiration sans faille depuis sa plus tendre enfance.
« Plus ironique, tu meurs », songea-t-elle amèrement.

Sous l'effet de la douleur qui atteignait maintenant son paroxysme, de petits points blancs de mirent à danser devant ses yeux. Elle allait sombrer dans l'inconscience, lorsque soudainement, une flèche sortie de nulle part se planta dans lason nuque de la bête, qui détala sans demander son reste – et sans finir son repas.

Un beau jeune homme brun sortit de sa cachette, un buisson, et s'approcha d'elle doucement. Méfiant, il ne lâchait pas sa hache, mais réalisa vite qu'en vue de l'état de Modesty, elle ne lui serait d'aucune utilité.

Ses yeux verts, de la même couleur que les arbres, examinèrent un instant son environnement, qu'il jugea sans danger. Du moins, plus maintenant.

— Vous allez bien ? demanda-t-il.

Ce fut à ce moment qu'il remarqua plus en détails le pied – ou plutôt l'absence de pied – de la jeune fille.
Il se précipita aussitôt sur le chemin, remua tous les environs pour retrouver le groupe de chasseurs, et revint accompagné quelques minutes plus tard.

Modesty, à moitié inconsciente, fut posée sur un brancard, et transportée en quatrième vitesse vers le village. On la conduisit chez le médecin, qui s'occupa aussitôt de panser sa plaie, qui saignait toujours abondamment.
Le charmant bûcheron veilla nuit et jour la jeune fille, s'assurant de son rétablissement. Lorsque le guérisseur trouva son état stable, il lui proposa même de la ramener chez ses parents. Ainsi, la traversée de la forêt s'effectuerait sans danger ; en effet, tout le village s'était ligué contre celui qu'on surnommait déjà « le Grand Méchant Loup ». Ce dernier n'était plus jamais réapparu, mais ne cessait pas pour autant de hanter les mémoires.

***

Petit à petit, l'histoire de Modesty tomba dans l'oubli. La jeune femme n'avait plus jamais fait parler d'elle. Non, bien au contraire. Elle se maria à son tour à ce bûcheron qui lui avait sauvé la vie, afin de mener l'existence rangée et modeste qu'avaient souhaitée ses géniteurs, même avec un pied en moins. Parfois, le bonheur réside dans les choses les plus simples ; cette expression devint sa nouvelle maxime favorite. Peut-être était-ce là la morale de sa vie ? La petite pierre qu'elle avait apporté à l'édifice qu'est l'humanité ?

Bien des années plus tard, ce fut sa petite-fille, munie de son vêtement magique, qui fit toute sa gloire, grâce à qui elle retrouva sa fierté.

Désormais, vous connaissez sûrement notre héroïne sous le nom de la Grand-mère du Petit Chaperon Rouge.

Impressionnant, hein ? C'est la nouvelle qu'à proposé Clo_2021 ! Bravo à toi pour ta nouvelle incroyable ! N'hésitez pas à laisser un commentaire à l'auteure et à voter !

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