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Et la princesse vécut heureuse

Treizième nouvelle :

Il était une fois, au fin fond de terres inconnues et reculées, deux contrées et deux peuples aux mœurs bien différentes.

Le Royaume de Kalita était uni et prospère. Ses plaines fleuries, ses collines verdoyantes et son ciel ensoleillé abritaient en leur cœur une immense cité, où une atmosphère gaie et sereine régnait perpétuellement. Les maisons étaient faites d'un assemblage de briques et de pierres aux couleurs chaudes. Les rues, larges et animées, laissaient l'herbe pousser ; la ville ne devait pas nuire à la nature qui l'entourait. Les enfants y jouaient pieds nus, les vieillards veillaient sur eux en écoutant les ragots des voisins, et les commerçants y vendaient toutes sortes d'objets artisanaux. Les autres hommes et femmes aptes à travailler cultivaient les champs qui bordaient la cité afin de nourrir leurs familles. La besogne s'effectuait toujours dans une bonne humeur fascinante.

Bien sûr, qui dit royaume, dit roi et château. Le palais de Kalita était le plus beau qu'on n'eût jamais vu. Bâti sur un îlot incrusté de diamants flottant au milieu des nuages, ses longues tours d'ivoire aux reflets dorés s'élevaient si haut qu'on n'en apercevait pas le bout depuis le sol. On avait construit la ville en amont de cette plateforme naturelle afin qu'elle ne soit pas ombragée. Pour faire le trajet entre la terre et l'air, il suffisait de chevaucher l'une des nombreuses créatures fantastiques qui habitaient les cieux. Une naissance et une mort kalitiennes étaient toujours liées à une naissance et une mort animales ; ainsi, chacun avait dans l'autre « monde » un ami sur qui compter. Les deux espèces se respectaient et s'entraidaient, il n'y avait là aucune notion d'appartenance.

Mais revenons donc au château. Au vu de sa grandeur, il pouvait abriter autant de Kalitiens que la ville. En son sein vivait une multitude de gens renommés, des érudits pour la plupart. L'îlot était aussi le lieu qui concentrait la plupart des espaces « non habitables » : hôpitaux, centres de recherche, parcs de jeux et loisirs, bassins, prés et grottes pour animaux, édifices religieux, et bien entendu, écoles. À la fin de leur scolarité, les élèves les plus brillants - il y en avait beaucoup - avaient le droit de séjourner au palais s'ils le souhaitaient. Souvent, ils préféraient rester auprès de leurs proches dans le pays d'En-Bas. Mais ceux qui n'avaient plus de famille ou rêvaient de cette offre depuis leur plus jeune âge acceptaient volontiers. Ainsi, ils devenaient médecins, scientifiques, philosophes, artistes, ou encore explorateurs. Ceux qui avaient rendu le plus de services au royaume recevaient un titre et une place de choix auprès du roi. Hélas, il était rare que les explorateurs rentrent sains et saufs de leur périple à l'Extérieur...

Ils étaient envoyés dans le seul but de mieux connaître l'Autre Peuple et de le mettre en confiance avec les Kalitiens, afin d'éviter une guerre. Pourquoi appréhender une guerre, me diriez-vous, puisque je viens de vous décrire un royaume où les émotions négatives n'existent pas ? Pour tout vous avouer, les habitants de l'Empire Infernal n'avaient pas exactement les mêmes habitudes...

Séparé de Kalita par une lande desséchée et brumeuse, que l'on avait singulièrement nommée Désert de la Mort, l'Empire n'était qu'un tapis de poussière face aux paysages printaniers du Royaume. Les arbres étaient tous calcinés par les orages, des volutes de fumée toxiques s'échappaient du sol craquelé, et l'absence de soleil se répercutait sur l'apparence des Infernaux, seuls habitants de cette contrée si l'on omettait les insectes, les arachnides et autres maigres lézards. Les Kalitiens avaient généralement la peau rouge, de bonnes joues, une grande taille et des yeux pétillants. Comme les façades de leurs maisons, leurs vêtements étaient parés de mille couleurs de feu. Les Infernaux étaient tout le contraire : trapus, blafards, le regard morne, le corps décharné, des haillons sombres, des cheveux longs et gras, un caractère plus ou moins affreux. Si la nation de Kalita était tout ce qu'il y avait de plus solide, l'Empire lui était divisé en six territoires bien distincts. On savait très peu de choses des plus éloignés.

À présent, je vous propose de retrouver la joie du Royaume, car c'est là que va débuter notre histoire. Nous allons nous intéresser à une Kalitienne en particulier.

Elle n'était pas spécialement belle, mais elle avait un cœur d'or. Sa peau rose pâle et ses vêtements chatoyants faisaient ressortir sa féminité, tandis que ses cheveux courts et ses petits yeux bleus intelligents lui donnaient plutôt le visage d'un garçon. Son rang lui aurait permis de se parer de bijoux et de porter de belles chaussures, mais la princesse de Kalita aimait être entourée d'une aura de simplicité originale. Curieux mélange, non ? Loin des leçons de bonne tenue et d'éloquence réservées à son aîné, la princesse voulait devenir exploratrice.

Évidemment, son père le roi n'accepterait pour rien au monde de la laisser parcourir les terres ennemies. Il avait déjà perdu sa femme, et s'il arrivait malheur à son fils, ce serait à la princesse de lui succéder. Vieux et las, il n'avait pas envie de trouver une nouvelle épouse qui assurerait sa descendance : tant que ses deux héritiers restaient protégés par les murs du palais, il ne voyait pas pourquoi il lui faudrait en faire d'autres.

La princesse, pour combler l'ennui, se réfugiait alors dans ses rêves. Elle y voyait un Extérieur encore plus majestueux que Kalita, qu'on cachait au peuple pour l'empêcher de quitter le Royaume pour ce monde meilleur. Elle croyait que les rumeurs sur la cruauté des Infernaux n'étaient que des mensonges, pour effrayer les petites filles et les dissuader de partir à l'aventure. De telles pensées étaient étranges pour une Kalitienne, surtout s'il s'agissait de la princesse. Douter des comptes-rendus des explorateurs qui survivaient, souvent invalides ? Imaginer un complot dans la tête du roi et des érudits ? Parler de mensonge dans un univers aussi honnête ? Si elle n'avait pas été une enfant, peut-être l'aurait-on déjà bannie de Kalita ! Son sang royal n'y aurait pas changé grand-chose : la confiance était sacrée ici. Cependant, vous l'aurez deviné, que serait le conte si notre princesse était restée cloîtrée au château jusqu'à la fin de ses jours ?

Au fil des années, elle finit par comprendre que ses ambitions étaient sans espoir. Même après que la femme de son frère eut mis au monde des triplés, le roi ne la laissa pas courir au-delà de la limite entre Kalita et le Désert. « On ne sait jamais ce qui peut arriver », disait-il. Comme si du jour au lendemain, une terrible catastrophe allait la pousser sur le trône, alors qu'elle devenait sixième dans l'ordre de succession potentiel. Décidément, son père était vraiment superstitieux. N'était-ce pas un défaut, cela ? Mais non, on pardonnait tout au roi !

Et puis, en fait, pourquoi lui obéissait-elle aussi aveuglément ? En grandissant, elle montrait moins ses doutes par prudence, mais se questionnait de plus en plus. Est-ce que son père la surprotégeait pour lui témoigner son amour ? Ou craignait-il égoïstement qu'un homme se serve d'elle pour lui dérober son trône ? N'avait-elle pas le droit de prendre en main son destin ?

Vint le jour de ses quinze ans. Chez les Kalitiens, c'était à cet âge que l'on entrait dans le monde adulte. Si tout le monde se réjouissait de cet anniversaire, la princesse savait qu'il n'aurait aucun impact sur son avenir. Il demeurait le même : ennui, murs, questions. Elle allait devenir folle.

Prétextant une migraine, elle se réfugia dans ses appartements après avoir soufflé ses bougies. À peine s'était-elle enfouie dans ses oreillers que les larmes, traîtresses, dévalèrent ses joues rebondies pour mouiller le doux tissu brodé de plumes blanches. Elle entendait la musique et les rires battre leur plein dans la salle de bal. Mais à quoi bon culpabiliser d'avoir quitté la fête ? Son père lui aurait tout interdit : manger trop de gâteaux, danser avec un jeune homme, s'intéresser aux instruments de l'orchestre, goûter aux boissons alcoolisées. N'importe quelle broutille était dangereuse à ses yeux. Pour son trône ou pour sa fille ? Elle en avait assez de se le demander tout en sachant que la réponse ne lui plairait pas. Un monde de qualité, c'était bien beau, mais quand on était l'homme le plus puissant de ce monde ? Le goût du pouvoir et la prudence devenaient vite maladifs.

Après de longues minutes, la princesse s'assit et essuya rageusement ses larmes. Non, elle n'était vraiment pas faite pour ce pays. Tristesse, colère, jalousie, rien de tout cela n'était permis dans son royaume. Elle devait partir. Autant pour ses rêves que pour la sécurité de son peuple. Si rien ne s'améliorait maintenant, la situation ne pourrait qu'empirer par la suite. Elle n'avait plus l'excuse de l'innocence enfantine, à présent...

Doucement, comme si elle craignait d'être entendue, elle s'approcha de sa fenêtre et l'ouvrit. Dehors, sous les étoiles, les créatures nocturnes volaient dans un magnifique ballet d'ombre et de lumière scintillante. Elles étaient libres. Mais l'une d'entre elles était liée à la fille du roi, et demain, elle ne planerait plus dans les cieux de Kalita.

La princesse appela son animal par la pensée. Fermer ses paupières et écouter son instinct était facile pour elle. Elle rouvrit les yeux au bout de quelques secondes, et sa compagne de route était là, devant elle. Son pelage bleu nuit luisait sous la clarté des astres, et sa longue queue ondulait sous la brise. Ses immenses ailes noires comme l'ébène, ouvertes à la perpendiculaire de son corps musclé, inspiraient confiance et sûreté pour n'importe quel voyage. Ses six pattes, recouvertes d'une épaisse fourrure, étaient terminées par de grosses griffes aiguisées à en faire pâlir le plus valeureux des guerriers. Sa tête était semblable à celle d'un chat : un museau humide, de fines moustaches, une paire d'oreilles aux aguets et un port altier. Trois yeux brillants comme des saphirs ornaient son front, parfaitement identiques à ceux de la princesse.

Sans regarder le vide qui s'étendait sous ses pieds, la Kalitienne enjamba le rebord et se hissa avec agilité sur le dos de la bête. Alors, exécutant un ordre silencieux, la créature battit des ailes et fila dans les nuages, dans la direction opposée à celle de l'îlot flottant. Elle survola la cité endormie, puis les plaines et les collines qui semblaient s'étendre à l'infini. La princesse tombait de fatigue et commençait à désespérer de trouver un jour une sortie, lorsque le climat changea brutalement. Elle grelotta et risqua un œil vers le sol. Le Désert de la Mort s'y étalait, glacial, vide, terrifiant. Çà et là, des brindilles pourries, des déjections d'oiseaux, des squelettes brisés et des détritus apportés par le vent jonchaient le sable gris. Pas âme qui vive en ces lieux hostiles, figés dans le temps.

La princesse, dans un élan de bonne volonté, se dit que l'Empire Infernal ne pouvait pas être plus laid que le Désert. Elle lui avait attribué tant de beaux décors dans son esprit ! Hélas, ce qu'elle vit ressemblait bien plus à ce que les explorateurs avaient décrit... Dépitée de ne découvrir qu'un brouillard malsain, des nuages sombres et de la terre déshydratée, elle hésita à rebrousser chemin.

Mais elle arrivait déjà en vue des premières habitations. Il s'agissait juste de minces enchevêtrements de bois mort et de morceaux de terre, pourtant elle ressentit un soulagement incroyable en s'apercevant que des silhouettes bougeaient en bas. Elles ressemblaient un peu aux Kalitiens, en plus voûtés, minces et blêmes. La princesse commanda à son animal d'atterrir. Les Infernaux la dévisagèrent de leur regard inexpressif, constatant simplement les faits : une drôle de gamine aux yeux bleus, avec une robe flamboyante, un teint coloré et des cheveux en bataille, venait les accoster. Une chose en particulier la frappa : ces gens étaient tous pareils, absolument tous. Mais ils ne lui voulaient aucun mal. Elle comprit qu'elle était arrivée dans le premier territoire de l'Empire, celui de l'Uniformité. Si les récits des aventuriers étaient véridiques, alors c'était le pays le plus proche de Kalita et le moins dangereux. Au-delà, la situation ne faisait qu'empirer. Mais la princesse, déterminée, poursuivit sa route. Elle lança sa créature au galop en direction des autres terres.

Elle traversa d'abord le territoire de la Solitude. Là, on lui jeta des regards plus insistants, en murmurant quelques mots peu sympathiques dans son dos. Dès qu'on la voyait au loin, dans ses atours inhabituels, on s'écartait de son passage avec un air écœuré. Mais la princesse poursuivit sa route.

Elle traversa ensuite le territoire de l'Hypocrisie. Là, on étouffa les rires moqueurs pour que des voix nasillardes lui crient des compliments qui sonnaient terriblement faux. La princesse se sentit un peu dégoûtée ; pourquoi ne venaient-ils pas lui dire en face ce qu'ils pensaient réellement ? Sa gorge se noua. Mais elle poursuivit sa route.

Elle arriva au territoire de la Méchanceté. Là, on ne se priva lui dire ses quatre vérités, voire de l'insulter. Cette franchise blessa plus la princesse que l'hypocrisie, ce qu'elle n'aurait pas cru possible. Les larmes lui montèrent aux yeux. Mais elle poursuivit sa route.

Elle débarqua sur le territoire du Harcèlement. Là, les gestes se firent aussi violents que les mots. Des projectiles de toutes sortes la heurtèrent, et les insultes bourdonnèrent à ses oreilles. Une première goutte salée roula sur sa joue. Mais la princesse poursuivit sa route.

Elle s'arrêta enfin dans le territoire de l'Insupportable. Là, le tonnerre grondait aussi fort que les huées des Infernaux. Elle se mit à pleurer sans pouvoir s'en empêcher, alors qu'elle s'était promis de ne pas se faire de mal à cause des remarques ennemies. Sa vision se brouilla, et elle crut distinguer face à elle l'Empereur. Où était sa monture, si fidèle jusqu'à présent ? Où était son père ? Où était son frère ? Où était sa joie de vivre ? La princesse tomba à genoux, priant de tout son cœur pour rentrer chez elle, à Kalita.

Alors, elle vit son royaume. Elle le vit, là, devant elle. Pas le Royaume de Kalita, non ; celui qu'elle avait créé dans sa tête quand elle était petite. Celui qui était plus beau que tout au monde. Mais devant se dressait le Désert de la Mort. Elle l'avait pourtant déjà croisé, inconsciemment quand sa mère était morte, et puis vraiment quand elle était partie pour l'Extérieur. S'il fallait le traverser une troisième fois pour atteindre son paradis, alors elle le ferait.

La princesse accueillit la Mort et vécut heureuse jusqu'à la fin des temps.

***

Les joues trempées de larmes amères, un gros sanglot coincé dans la gorge, un hoquet incontrôlable. C'était la troisième fois que la jeune fille relisait cette lettre. Elle avait tristement reconnu l'écriture de sa meilleure amie, et au-delà de ça, son style si précieux dont elle voulait vivre lorsqu'elle aurait fini ses études.

Mais elle ne laisserait derrière elle que des textes inachevés, des mots brouillons, et une vie ordinaire. L'adolescente ne voulait pas croire que c'était déjà terminé. Que son amie était partie en laissant si peu de choses derrière elle. Elle aurait mérité mieux. Tellement mieux que ce cercle vicieux qui s'était refermé sur elle, et dont même sa plus grande passion n'avait pas pu la sortir. Pourtant, la jeune fille savait que cette amie, pour qui elle versait tant de larmes, elle ne l'avait pas aidée.

Ces remarques, dès la rentrée, sur le physique de la petite nouvelle qui ne ressemblait pas aux autres, elle les avait entendues. Un jour, c'était pour ses bourrelets ; le lendemain, pour ses lunettes ; ensuite, pour ses vêtements ; pour sa tête d'intello ; pour sa timidité ; pour son amour des livres ; pour son « look garçon manqué » ; pour tout et n'importe quoi. L'adolescente s'était beaucoup rapprochée de la nouvelle. Elle était devenue sa meilleure amie. Elle l'avait protégée des insultes, de temps en temps. Elle l'avait écoutée avec attention, quand elle lui confiait ses problèmes de famille. Cette famille, riche peut-être, mais surtout déchirée.

Et puis, elle s'était éloignée quand son amie avait le plus besoin d'elle. À présent, il était trop tard.

Hier, la minute de silence au lycée.

Aujourd'hui, la découverte de la lettre, dans laquelle celle qui s'apprêtait à commettre l'irréparable avait réécrit l'histoire à sa manière. Comme elle savait si bien le faire.

Et demain, l'enterrement.

Et après... après, beaucoup auront oublié.

« La princesse accueillit la Mort et vécut heureuse jusqu'à la fin des temps. »

Qu'en pensez-vous ? Incroyable, non ? Voici la nouvelle De PtiteRenarde ! Bravo à toi ! N'hésitez pas à commenter et à voter si vous avez aimé !

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