20. Le combat avait éreinté Chan
TW: mention de sang, de combat et de violence
Le combat avait éreinté Chan, même si ce dernier trichait légèrement en se reposant majoritairement sur l'Air pour se déplacer, évitant arbres et racines, rochers et fourrés. Ainsi, il ne risquait pas de tomber.
L'adversaire du blond était féroce, il semblait n'avoir aucune limite, il attaquait encore et encore, sans se soucier de ses blessures. Des blessures, Chan en avait aussi. Son armure était cabossée, pleine de cendres, de terre, de sang. Le soigneur devait s'être pris un coup dans la tête, car il saignait du sourcil, ce qui bouchait sa vue d'un œil. Il était sûr d'avoir des gouttes rouges dans les cils.
Pour fuir son ennemi après que ses pouvoirs se soient enflammés -littéralement- à cause de sa peur de mourir et de ne jamais revoir ses amis et sa famille, Chan avait couru et usé de son don, se reposant sur l'Air pour voler. Toutes ces manœuvres lui faisaient mal au cœur. Il était épuisé. Il souffrait. Il avait mal. Il en avait marre. Il voulait que tout s'arrête. Il voulait revenir au moment où Changbin était encore avec lui, et qu'ils étaient heureux avec leurs amis, et que tout allait bien dans le meilleur des mondes.
Mais même toute la volonté d'un homme ne pouvait lui permettre de remonter le temps ainsi, de briser les lois de la nature et des jours et des heures et des minutes et des secondes qui défilaient inlassablement sans tenir compte des protestations de ceux qui souffraient de ces actions.
L'abattement et le désespoir enserraient le cœur de Chan alors qu'il se tenait sur la colline qu'il avait grimpée à la force de ses jambes et de sa capacité élémentaire. Devant ses yeux se tenait un champ de bataille, un vrai. Ce n'était pas une guerre comme celles auxquelles jouent les enfants, tout jeunes. C'en était une vraie. Avec de vrais morts, des vrais blessés, des vrais soldats, des adultes, des buts, des objectifs, des cibles, des attaques, des parades, des sabres, des armures, de la haine, de la tristesse, de la douleur, des cris. Ce n'était en aucun cas similaire à tout ce que les enfants choyés dans leurs foyers pouvaient imaginer du monde des grands.
Et cela brisait le cœur de Chan de se dire que ces enfants aux cœurs joyeux et aux visages souriants pourraient ressentir et vivre ce genre de choses en grandissant.
Il remarqua à peine le halo de lumière blanche qui l'avait entouré quand il avait eu cette pensée, et il laissa des larmes couler, oubliant un instant ses courbatures, sa fatigue, ses blessures, sa douleur, ses plaies, pour simplement prier la déesse, les yeux fermés. Il priait pour la paix, pour la gentillesse, pour la compassion, pour le respect, pour l'amitié.
Pour l'Amour.
Il fut interrompu par quelque chose qui le cogna dans le dos, le faisant rouler le long de la pente pour rejoindre les cadavres gisant par terre alors que la bataille principale se poursuivait un peu plus loin. Chan eut du mal à reprendre ses esprits, et il vit le Chevalier Noir au-dessus de lui. Chan serra les dents et les poings, et fit un léger geste du doigt, qui souleva suffisamment son ennemi pour qu'il puisse se dégager de son étreinte et rouler sur le côté, puis se remettre sur ses pieds.
Le soigneur utilisa le vent pour sonder le sol aux alentours, et il trouva finalement son arme et la fit venir à lui assez rapidement. Il prit le manche en main, mais eut une sensation bizarre, et se rendit compte que c'était l'arme de son ennemi. Mais ce n'était pas grave, et c'était trop tard : l'autre avait déjà pris la sienne.
Les deux lames s'entrechoquèrent, provoquant à nouveau des étincelles, qui tombaient dans les hautes herbes déjà pas mal aplaties par leurs passages, et Chan craignit que cela n'allume un nouveau feu. Alors que cette pensée le distrayait pendant quelques instants, l'autre sembla percevoir sa peur, car il fit une nouvelle manœuvre, et parvint à désarmer Chan en passant sa lame sous celle que tenait le blond.
Ce dernier tenta -en vain- de la rattraper, en utilisant ses mains puis l'Air, mais son niveau de fatigue élevé l'en empêcha, et il perdit de vue son arme, qui devait être dans son dos.
Sans qu'il s'en rendre vraiment compte, les mains de son ennemi se posèrent sur son torse, et le poussèrent. Il tomba en arrière, et entrouvrit la bouche de surprise sous le choc.
Chan resta bouche bée alors qu'une douleur fulgurante le traversait de parts en parts, et il releva une main sur son torse alors que son dos touchait le sol. Il sentit un liquide chaud couler de son torse. Il sentait du froid à l'intérieur de lui, près de son cœur. Il sentait une lame devant son torse. Il sentait un manche dans son dos.
Il sentait une lame en lui.
Comment était-ce possible ?
Ah. Parce qu'il était troué.
Chan baissa le regard vers son torse, et comprit alors.
Il leva le regard vers celui qui avait provoqué ça, et sentit son cœur s'arrêter de surprise quand le Chevalier Noir ôta son casque.
Une chevelure violette bouclée mal coiffée avait jailli. Une chevelure qu'il n'avait pas vue depuis plus d'un mois. Une chevelure portant une odeur qu'il affectionnait particulièrement. Une chevelure qu'il avait maintes et maintes fois touchée.
Une chevelure portée par l'homme de sa vie.
- Ch-Changbin..? murmura Chan, la voix brisée de douleur, de peine, de tristesse, d'amour, de besoin, de solitude.
Celui qui l'avait tué était celui qui lui avait promis sa vie et auquel il avait promis la sienne.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro