15. La sueur coulait
La sueur coulait le long de sa mâchoire, puis sur le frêle tissu de sa gorge. Ses mouvements en faisaient voler autour de lui, tout comme sa chevelure crépusculaire.
C'était bizarre que ses cheveux portent cette couleur peu commune et surnaturelle. Après tout, ses parents possédaient, l'un des cheveux noirs, l'autre des cheveux bruns. Et ses cousins, eux, du brun et du blond. Ses aînés en entraînement de chevaliers avaient toujours dit qu'il était "l'élu". Qu'il allait mettre à feu et à sang le pays adverse pour enfin libérer cet endroit de leur joug maléfique qui, presque tous les ans, provoquait une guerre qui tuait des centaines d'habitants de Kadoka.
Kadoka était un petit pays, et malheureusement pour lui, il y en avait un autre juste à côté, que seulement une frontière le séparait de lui. Et il était bien plus grand. Ce pays, il s'appelait Jironda. Le gouverneur de ce pays se croyait tout-puissant -et il l'était- et réduisait donc les autres pays environnant à l'état de minuscules contrées incapables de le vaincre. Et à chaque fois il se battait contre les chevaliers ou les paysans des autres pays... Et à chaque fois son territoire s'étendait.
Changbin haïssait Jironda. De tout son être. À cause de lui, il avait perdu quelqu'un, il y a bien longtemps, il le savait. Il le savait, mais pourtant, il ne se souvenait plus du visage du garçon. Ni de sa voix, ou de son odeur. Tout ce qui lui revenait, c'était une vague silhouette le saluant de loin, et il savait que c'était lui.
Mais il n'avait pas pu le sauver, et il était mort sous ses yeux.
Malgré le fait que, comparé à Jironda, Kadoka était vraiment faible, ce pays se battait tout de même, et résistait depuis des années face à cet envahisseur cruel. Bon, c'était surtout car leurs ennemis étaient si sûrs de leurs combats qu'ils prenaient tout leur temps pour les exterminer à feu doux.
Changbin avait toujours vu les habitants de Jironda comme des modèles de cruauté. Il les voyait comme enseignant à leurs enfants et leurs descendants comment les habitants de Kadoka étaient vulnérables et inférieurs à eux... Bref, on pouvait dire que Changbin n'avait pas une bonne image de Jironda.
Jusqu'à un an auparavant. Deux ans plus tôt, il avait fugué de chez lui, du palais, et avait décidé d'aller dans un autre pays, pour être sûr de ne pas être retrouvé par ses parents. Il n'avait pas quitté le palais parce qu'il refusait de devenir le prochain roi, non. À ce moment, il avait déjà exprimé son refus de porter le poids du royaume sur ses épaules, et son père l'avait accepté, et nommé Minho comme héritier. Mais il était parti sans rien dire car il était fatigué par sa vie de prince. Il en avait marre de vivre dans un luxe permanent alors que des gens dans son pays et d'ailleurs vivaient un enfer permanent.
C'était avec le but de soulager les paysans qu'il avait quitté sa vie d'or après 21 ans passés dans un palais luxueux malgré les assauts auxquels ils survivaient depuis près de 50 ans. Pendant un an complet, il avait aidé les gens qu'il croisait, et notamment un vieil homme qui lui avait appris à manier les plantes, et auprès duquel il avait passé quelques mois, jusqu'à ce que l'homme meure d'une maladie qui le rongeait à petit feu depuis bien des années.
Puis il s'était finalement décidé à quitter son pays, et il est allé en direction de... Jironda. Car celui qu'il considérait comme son maître lui avait dit venir de ce pays qu'il détestait tant, c'était pourquoi Changbin avait eu tant de mal à faire confiance à celui qui lui avait appris tout ce qu'il savait désormais que ce soit à propos du monde, ou des plantes, de la nature, de la vie. Et de la mort.
Et Changbin avait finalement posé un pied sur la terre du pays sur lequel il avait une vision biaisée de cette contrée sur laquelle vivaient en fait des gens très doux, et gentils, et vivant simplement leurs vies, avec des inquiétudes, des sentiments, des envies, des besoins, des livres, des plantes, des bruits, du silence, de la lumière, de l'ombre.
Avec le Soleil. Avec la Lune.
Et l'incarnation de la Lune se disait qu'il avait bien fait de venir ici en rencontrant l'incarnation du Soleil.
-', xx*xx*xxxx
La Lune avait trouvé le Soleil sans s'y attendre. Et le Soleil avait illuminé sa vie sans s'en rendre compte.
C'était une continuité d'accidents qui avaient provoqué leur rencontre.
Mais c'était positif.
Et ils s'aimaient.
Et c'était tout ce qui comptait.
-', xx*xx*xxxx
- Changbin !
L'intéressé tourna la tête en direction de Félix, qui venait d'arriver en courant. L'herboriste posa sa lame brillante sur sa propre épaule, et il releva sa chevelure crépusculaire avec sa main gantée de cuir.
- Quoi ?
Le plus jeune le dévisagea quelques instants, comme surpris de son apparence, et cette immobilité provoqua un soupir chez Changbin.
- Si tu voulais juste mater tu pouvais demander, fit-il, levant les yeux au ciel en se remettant en position.
- Eh ! C'est pas ce que je faisais ! s'exclama Félix. Comme si j'allais mater mon cousin !
Changbin haussa les épaules.
- Bah tu sais, c'est pas bizarre, mon père était le cousin issu de germain de ma mère.
Le visage du blond se colora de rose, masquant presque ses jolies taches de rousseurs. Il bégaya, semblant chercher ses mots pour rétorquer, mais il finit par refermer la bouche, et baisser les yeux, les sourcils froncés, gêné et en colère. Il y eut un petit silence planant entre eux, comme si Félix avait oublié pourquoi il était venu le voir, et Changbin se décida enfin à lui poser la question qui le taraudait depuis des jours, mais qu'il n'avait jamais eu l'occasion de poser.
- Félix ? demanda-t-il après s'être raclé la gorge.
L'intéressé frémit, et tourna un regard à la fois perplexe et surpris vers lui. C'était rare que, depuis son retour, Changbin engage la conversation avec lui.
Le violet, les bras ballants, replaça sa main sur le manche de son sabre.
- Cette situation ne te dérange-t-elle pas ?
Cette question fit naître un pli entre les sourcils du blond platine, qui pencha la tête sur le côté en dévisageant son cousin.
- Quelle situation ?
- Celle-ci.
Félix lui lança un regard blasé.
- Wouah, j'avais pas compris. Je voulais dire, qu'est-ce qui me dérangerait ?
- Le fait que Minho prenne le trône tout de même, malgré le fait que je sois revenu ici, expliqua Changbin, se mettant en garde, se tournant vers le blond, qui eut un léger sourire narquois, et qui ramassa des mitaines en un cuir solide sur un espèce de porte-manteau pour les mettre.
Les deux garçons se tournaient autour, tous les deux en garde. L'un avec un sabre en métal, l'autre avec de simples gants de cuir.
- Ah... Ca..., soupira Félix, baissant le regard en réfléchissant.
Changbin profita de ce moment de soi-disant inattention pour attaquer, mais son cousin para avec la main gauche. Les gants qu'ils portaient étaient faits en un cuir très spécial : cela venait d'un animal supposé cousin du dragon, très rare dans les pays de l'ouest comme Jironda, mais plus nombreux dans ceux de l'est, comme Kadoka. C'était l'une des raisons pour laquelle l'empire de Jironda souhaitait mettre la main sur leur pays, car c'était une ressource très rare, et aussi résistante que le plus résistant des métaux.
Félix donna un coup que le violet bloqua entre son bras et son sabre tout en répondant.
- Disons que tes parents m'ont bien berné... Ils m'avaient promis que si je te ramenais ils feraient tout pour te remettre sur le trône, mais au final ils ont juste utilisé mon pouvoir pour te faire revenir afin de te faire accomplir une mission.
Changbin grimaça, et Félix leva les yeux au ciel en parant encore un coup de son cousin.
- Ah, pardon, du Chevalier Noir.
Félix esquissa un sourire narquois, ce qui donna envie à Changbin de donner un coup de sabre dans sa tête, et le violer enchaîna donc plusieurs coups à chaque fois parés par son cadet, mais qui le faisait reculer de plus en plus vers un mur de l'arène au sol de sable roux clair.
Dans sa rage, Changbin ne réfléchissait que peu, et il esquissa un sourire triomphant alors que Félix se rapprochait de plus en plus du mur sans s'en rendre compte. Le violet allait l'acculer, et le vaincre, pour une fois.
Mais puisque Changbin était concentré sur sa victoire, il ne vit pas le pied que le blond arma, et ne sentit le coup que quand il atteignit ses parties génitales.
Le faé crépuscule s'écroula à genoux, lâchant son arme pour protéger son entrejambe, même si c'était trop tard, et il gémit en collant son front suant sur le sable. Il allait en avoir plein les cheveux.
- Argh... C'est trop pas du jeu, les pieds...
- On avait pas dit qu'on avait pas le droit ! s'exclama jovialement Félix en se pavanant autour de lui d'un pas nonchalant.
Changbin le foudroya du regard en se redressant sur ses genoux, et il y eut comme un éclair de lucidité qui traversa les yeux du plus jeune tandis qu'il retirait ses protections aux mains pour les jeter par terre.
- Ah ! Et oui, je voulais te dire quelque chose à la base.
Il le fixa d'un regard un peu blasé en reculant, et il lui adressa un sourire amusé et méprisant.
- Prépare-toi, on part à la guerre...
Il sautilla joyeusement, tournant finalement le dos à Changbin, qui en profita pour lui jeter son sabre dans le dos, mais Félix le rattrapa par la lame, et son sang rouge coula le long de la plaie que cela lui provoqua.
- Ton meurtre est prévu pour dans deux jours~, l'avertit-il joyeusement, le regardant par-dessus son épaule en léchant le sang qui coulait de la paume de sa main.
Et le prince le laissa seul, assis dans le sable, des protections en cuir et un sabre traînant par terre, quelques gouttes de sang séchant sous le soleil encore chaud malgré l'automne qui était là depuis quelques jours.
Et il devait donc se préparer de suite pour partir et espérer arriver à temps pour pouvoir tuer cette personne et enfin être vraiment libre.
Et ça, avec Chan.
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