Qu'est-ce que Changbin avait fait ? Il n'en revenait pas lui-même.

Il avait suivi Félix.

Pourquoi ?

Parce que le blond platine était un faé.

Enfin, ce n'était pas pour ça ! Mais parce que son vieil ami d'enfance, étant un faé, possédait, tout comme Changbin, un don particulier propre à sa personne, et que nulle autre faé ne possédait, ou du moins pas à la même époque que lui.

La capacité que possédait le Leesoleyo ? Il l'appelait la Persuasion.

C'était une capacité à lui qui s'était manifestée vers leur adolescence commune, à l'époque où Changbin, Félix et Minho étaient plutôt proches. Il l'avait découverte en s'énervant contre un domestique qui refusait de les laisser sortir, et lui avait donné l'ordre de les laisser passer. Et le garde s'était exécuté, et les trois garçons avaient pu franchir l'enceinte du palais, s'évadant, laissant leurs vies royales, au moins pour une nuit.

En fait, si Changbin et Félix se connaissaient aussi bien, c'était parce qu'ils étaient cousins. Aussi, c'était pourquoi, si Changbin ne désirait pas hériter du trône, l'aîné de ses cousins en héritait. Ce n'était pas un fait très connu parmi les gens ne faisant pas partie de la famille royale, aussi les villageois du monde se racontaient mutuellement des mensonges auxquels ils croyaient sans penser que cela pouvait être faux.

Bref, le don de Yongbok marchait sur les esprits faibles, et plus particulièrement sur ceux qui lui faisaient confiance. Son pouvoir n'avait pratiquement jamais marché sur Changbin, sauf de rares fois, car il avait, d'après certaines personnes, un mental très solide, au point que personne ne pourrait lire dans ses pensées, jamais. Il y avait bien longtemps que la confiance que l'herboriste avait en Félix avait disparu, dissoute dans le vent du passé depuis bien longtemps arrivé et reparti. Mais si, cette fois-là, le prince avait réussi à convaincre son cousin de le suivre, c'était peut-être à cause du fait que les derniers jours avaient été fatigants et bouleversants pour le jeune faé.

Aussi il s'était laissé convaincre par le don de Persuasion de son ancien ami.

Et il était parti.

Il l'avait suivi.

-', xx*xx*xxxx

Il le voyait encore, s'éloigner sous le soleil couchant. C'était bizarre, mais le seul sentiment qui restait en lui était la paix. Une paix étrange, comme s'il savait qu'elle ne disparaîtrait pas, jamais, qu'elle resterait pour toujours avec lui. Ou du moins c'était ce qu'il pensait.

Peut-être avait-il raison, peut-être avait-il tort. C'était une chose dont on ne pourrait jamais avoir la réponse.

Et le soleil se couchait de plus en plus... De plus en plus... Jusqu'à complètement disparaître au bout de l'horizon, l'empêchant de voir encore sa silhouette maintenant aussi petite qu'une fourmi s'éloigner sur le paysage.

Et les ténèbres l'engloutirent, sans plus aucun Soleil pour éclairer sa vie.

-', xx*xx*xxxx

Changbin se réveilla en sursaut, et il fut surpris de se retrouver dans des draps de soie blanche.

Se levant précipitamment, il regarda autour de lui, et eut un haut-le-cœur en reconnaissant la chambre de son enfance. Rien n'avait changé depuis qu'il avait quitté sa maison, plus d'un an auparavant. Changbin ne comprenait néanmoins pas comment il s'était retrouvé là. Il avait la sensation que seulement quelques heures s'étaient écoulées depuis qu'il s'était endormi, depuis qu'il avait perdu sa volonté propre pour obéir à son cousin. Le garçon à la chevelure crépuscule avait toujours été bon pour se retrouver dans les heures, et il était donc sûr de lui en pensant qu'il n'était que le lendemain du jour où il était rentré de vacances avec ses amis.

Mais alors, comment était-il arrivé à Kadoka aussi vite ? En quittant le palais, il avait mis quelques jours avant d'arriver sur les terres de l'empire avoisinant sa terre d'origine. Peut-être que Félix n'était pas seul dans le village, infiltré sous une fausse identité parmi les villageois. Changbin avait l'impression de se souvenir que l'un des cochers du palais avait le don de la Téléportation, grâce à lequel il pouvait se transporter n'importe où qu'il avait déjà vu en vrai, avec des véhicules, ce qui était très pratique pour ceux qui étaient normalement des longs voyages.

Changbin se retourna vers la porte quand Félix entra en trombe avant de s'incliner face à lui, le saluant comme le recquiérait la tradition pour les gens inférieurs à l'héritier. Même si le comportement qu'avait eu le blond la veille n'était pas très traditionnel.

- Je t'ai fait préparer un bain, fit le plus jeune, gardant néanmoins le tutoiement. Tu vas me suivre, je vais te laver et t'habiller, puis on ira manger avec nos parents pour résumer les nouvelles.

La magie flottait dans l'air, et Changbin fronça les sourcils en sentant qu'il usait de son don sur lui.

Mais ça ne fonctionnait pas.

Il faut croire que Changbin avait un mental plus solide que la veille.

Il s'approcha de Félix et l'attrapa par le col de sa tenue parfaitement lissée.

- Non. Tu vas m'amener voir mes parents tout de suite.

Le prince sembla sincèrement surpris que son pouvoir n'ait pas fonctionné, et il bégaya sous le choc.

- J-je, euh.. Mais ils sont en pleine séance de récolte des plaintes des villageois...

– Rien à foutre.

Changbin était rarement vulgaire, et cela le délectait de voir la mine choquée de son cousin. Il le relâcha, et lui donna un coup pour l'inciter à le guider dans le palais, même s'il gardait tous ses souvenirs de ce lieu dans lequel il avait passé les vingt-trois premières années de sa vie.

Finalement, après de longues et infinies minutes qui parurent des heures à Changbin -comme à chaque fois qu'il faisait le trajet- ils arrivèrent devant de grandes portes dorées, et le violet repoussa un peu son cousin pour les ouvrir par lui-même.

La lumière était aveuglante.

Et il vit deux visages bien familiers.

Ses parents.