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Une arrivée remarquée

     Le jour pointait à peine au-dessus d'Oxyana, frais et pâle. Debout à l'entrée de son établissement, l'aubergiste Oukou-Dah-Bango scrutait la route de part et d'autre. Il s'apprêtait à recevoir quelqu'un qu'il attendait depuis longtemps.

    Il se pencha pour mieux distinguer une éventuelle silhouette parmi les ombres qui se désagrégeaient lentement. Non... personne encore. Mais cela n'ébranla pas sa confiance.

     Il viendra. Et cela changera la face du monde.

□□□

     La fanfare avait résonné toute la matinée. D'abord rumeur lointaine et mal définie, elle s'était au fil des heures rapprochée de la capitale jusqu'à retentir tout près du palais. Les roulements de tambour s'accompagnaient de tintements bondissants, et de gémissements solennels. Nul doute que quelqu'un arrivait, et en grande pompe.

     Cela n'en rendait les cours que plus insupportables. Assis à son pupitre, dans sa salle de classe, Fuzal n'en pouvait plus d'impatience. Il mourait d'envie de voir qui approchait ainsi, et de se mêler à l'effervescence de cette venue. Il se tortillait dans tous les sens et échangeait des signes avec ses sœurs et ses cousins, qui étudiaient à ses côtés. Ceux-ci partageaient son excitation et n'attendaient qu'une chose: sortir enfin.

     Mais c'est seulement une heure après midi que le professeur les laissa aller, et tous cinq se ruèrent hors de la pièce.

     « Vite, allons au salon du Sommet, jeta Fuzal. C'est juste à côté et on verra très bien ! »

     Quelqu'un ricana derrière lui et il se retourna, coupé dans son élan. C'était Tzanado, le fils aîné de sa tante Mayola. Même s'il ne lui ressemblait pas physiquement, il avait hérité de sa morgue, de sa hargne et de sa soif de pouvoir. De plus, orphelin de père et ayant une chance quasi nulle de monter un jour sur le trône, il était à quatorze ans déjà amer et aigri. Il se rapprocha de Fuzal  d'un air menaçant et siffla:

     « Tu crois que tu as le droit de nous commander ? Juste parce que tu es l'héritier du trône ? (Il se redressa et ricana à nouveau.) Mais non, petit crétin. Moi, je ne vais pas t'obéir. Et avec moi, tu ne seras jamais tranquille. N'oublie jamais ça. »

     Sur ce il lui tourna le dos et s'éloigna à grands pas. Fuzal essuya ses mains moites sur sa tunique et tenta de reprendre contenance devant ses sœurs et son second cousin.

     « Il est jaloux, c'est tout, dit-il. Mais venez ou on ne verra rien. »

     Ils se rendirent donc dans le salon du Sommet en question, qui tenait son nom de sa taille immense. Construit en étages, les murs habillés de tentures colorées et les colonnes, élégantes et innombrables, posées sur des socles en fleur de lys, il semblait s'étendre à perte de vue. De plus, il se prolongeait par un balcon monumental qui surplombait de quinze mètres les portes d'entrées du palais. 

    Les quatre enfants se mirent sur la pointe des pieds pour regarder par dessus la rambarde, et eurent le souffle coupé.

     Un cortège entier s'approchait. A sa tête marchait une personne au crâne rasé, portant un grand drapeau blanc orné d'un caïman.

     Derrière elle venaient une dizaine d'hommes à la peau noire, vêtus de cuir de buffle noir et montés sur des étalons noirs. Ils faisaient claquer de longs fouets pour repousser d'éventuels passants, même si tous s'étaient agenouillés au bord de la route.

     Après eux s'avançait un groupe de jeunes gens sur des hongres palominos, chargés d'instruments de musique. Ils frappaient sur des tambourins, agitaient des maracas, entrechoquaient des cymbales, sifflaient dans des pipeaux; en un rythme martelé, cinglant et saisissant.

     Ils étaient suivis par de gracieuses juments blanches, montées en amazone par des jeunes filles aux robes claires et vaporeuses. Elles jetaient des pétales de roses sur la route tout autour d'elles.

     Enfin, après tous ces annonciateurs, parut un grand éléphant blanc. Fuzal lâcha un cri sidéré. C'était la première fois qu'il voyait un pachyderme de cette couleur et de cette taille. Il marchait d'un pas rapide, comme entraîné par la musique. Ses larges pattes foulaient les pétales fraîchement répandus et il poussait des barrissements stridents. Des anneaux d'or cerclaient ses défenses et renvoyaient, sous la lumière du zénith, des éclairs aveuglants. Ses petits yeux rouges semblaient bouillonner d'une fureur contenue, et la bête n'en était que plus impressionnante.

     Pourtant tout cela n'était rien comparé à l'homme qui le chevauchait. Assis dans un palanquin de tissu violet, une lourde silhouette parée de riches atours dardait sur la foule un regard souverain. On pouvait y discerner un impétueux mélange de violence et de mépris, de hargne et d'impatience.

     A la suite de l'éléphant venaient encore six guépards au collier d'argent, une troupe de guerriers bien armés, de nobles personnages sur de petits chars de parade, et un groupe d'esclaves reconnaissables à leur torque de bronze.

     Tout cette procession s'acheminait vers le palais. Lorsque les cavaliers atteignaient les marches du grand escalier, ils s'écartaient progressivement en demi-cercle; jusqu'à ce que l'éléphant vienne s'arrêter à son pied. La fanfare continuait de résonner et les pétales de virevolter. Un serviteur se précipita depuis la queue du cortège pour amener un marchepied, et l'homme qui se trouvait juché sur la bête descendit pesamment. Sa suite l'acclama avec ferveur et scanda son nom:

     « Hoh-Yawao Dent-Dure ! Le Caïman ! Hoh-Yawao Dent-Dure ! Le Caïman ! »

     Fuzal se pencha pour mieux voir, l'estomac noué. C'était la première fois qu'il voyait le gouverneur de la région Centre d'aussi près, et il lui inspira une peur viscérale. Malgré sa corpulence, il irradiait le danger et la menace. Des étoiles de jet étaient sanglées sur ses bras et de nombreux couteaux pendaient à sa ceinture. Son regard se posait avec autorité, et sa démarche était celle d'un homme habitué à être craint. Il gravit l'escalier d'un pas impérial, le menton hautain, et ses suivants se calmèrent peu à peu.

     Mian-Meh l'attendait devant les portes ouvertes, immobile et les bras croisés. Il ne sourit pas lorsqu'Hoh-Yawao s'arrêta devant lui.

     « Avais-tu besoin d'amener tous ces gens ? lui reprocha-t-il d'emblée.

     - C'est comme ça que tu m'accueilles ? riposta Hoh-Yawao. Tu me feras la leçon plus tard, Mian-Meh. Je suis fatigué par ce long voyage. Fais moi préparer une couche et un narguilé. Ensuite j'irais voir ces Farles prisonniers. »

     Mian-Meh pinça les lèvres.

     « J'ai interdit que l'on fume le narguilé et le haschich dans la région Nord. Cela pousse les gens à avoir des comportements indécents et à blasphémer contre l'Unique. »

      Un éclair de fureur embrasa les yeux sombres d'Hoh-Yawao, et Fuzal eut peur pour son oncle.

     « Peste soit de vous, les moines ! s'écria-t-il. Vous n'avez pas à imposer votre monachisme à tout le monde ! De toute façon, j'obtiendrai ce que je veux. Quant à toi, la prochaine fois que tu viendras chez moi, tu logeras avec les pourceaux. Maintenant occupe-toi de mes gens, et vite, et bien. »

     Puis sans plus de formalités, il contourna son hôte et franchit le seuil du palais.

□□□

     Deux jours plus tard, Mian-Meh et son collègue Lyan le Prince Paré de Pourpre marchaient ensemble dans les couloirs du château. Ils discutaient de la situation du royaume et en mesuraient plus que jamais la fragilité. Lyan finit par s'exclamer:

     « Le temps est enfin venu de nous réunir. Je sais que Zasanjal sera prêt... Mais où est donc Hoh-Yawao ?

     - Je crains qu'il ne soit retourné auprès des prisonniers, grimaça Mian-Meh.

     - Quoi, encore ? Mais il en a déjà tué trois à force de tortures depuis qu'il est arrivé ici ! J'espère qu'il ne va pas recommencer ! Va-t-on tous les perdre en quelques jours ? C'est inconcevable ! Viens, il faut empêcher ça ! »

     Ils relevèrent les pans de leur cape pour l'un et manteau pour l'autre, et hâtèrent le pas, prenant la direction du cœur du palais. La colline sur laquelle celui-ci était construit abritait en effet les geôles de Salasala, à la noire réputation. Bien des criminels se laissaient dissuader par les horribles rumeurs contées à son sujet.

     Plus ils s'en approchaient et plus les couloirs se resserraient et s'assombrissaient, seulement éclairés de-ci de-là par quelques flambeaux. On sentait peser tout le poids de la roche au-dessus de ces couloirs troglodytes, sinueux et semblables. Il aurait été facile de s'y perdre, mais Mian-Meh avançait d'un pas assuré. Quelques signes subtils le guidaient, une pierre saillante sur le mur, une marque rouge au plafond, une torche à l'orientation différente.

     « Nous y sommes », dit-il lorsque, contraste saisissant, ils débouchèrent soudain dans grand corridor parfaitement dallé et brillamment éclairé.

     Une énorme gueule ouverte de piranha les attendait au bout de ce passage, sculptée sur toute sa hauteur. Les dents d'ivoire poli semblaient prêtes à se refermer en une morsure fatale. Deux rubis étincelants figuraient les yeux de la bête, et le tout donnait une impression de menace imminente.

     Par-delà cette bouche béante se dressait une porte à double battants, taillée dans un basalte des plus noirs. Dix colosses lourdement armés la gardaient avec un visage inexpressif. C'était l'unique accès de la prison, et personne ne s'était jamais évadé après être entré ici.

     Mian-Meh et Lyan franchirent le cercle de dents pointues et s'arrêtèrent devant les gardes. Mian-Meh leva la main pour mettre en évidence, à son auriculaire, la bague au sceau du Piranha.

     « Je suis  le gouverneur Mian-Meh le Moine Mystérieux, successeur de Marfil Bris de Crâne. Ouvrez la porte. »

     Ils s'exécutèrent, révélant un sinistre monde souterrain. Passer ce seuil, c'était plonger dans un cauchemar. Les flambeaux jetaient une lueur inégale, et les voûtes de pierre résonnaient de cris évoquant une souffrance effrayante. Ici, tout n'était que feu, fer et roche, obscurité et hurlement. L'atmosphère était lourde, moite, âcre, imprégnée d'une odeur de brûlé et de relents de pourriture. Les torches éparses maintenaient une pénombre diffuse, d'où surgissaient des ombres odieuses. Les geôliers portaient tous des masques hideux et des costumes grotesques, que le clair-obscur rendait encore plus effroyables. Dans cette ambiance propice à la folie, l'absence de soleil devait très vite faire oublier aux prisonniers qu'il existait autre chose dans le monde que la peur et la douleur.

      Mian-Meh se renseigna auprès d'un bourreau qui retournait quelques cautères dans un brasero, puis revint vers Lyan.

      « Hoh-Yawao est là-bas. »

      Ils cheminèrent rapidement à travers les terribles salles de torture et les grilles derrière lesquelles croupissaient des ombres gémissantes. Enfin, dans un coin plus éclairé par l'ajout de quelques lanternes, ils aperçurent une silhouette corpulente coiffé d'un diadème de saphir.

     « Dent-Dure... Nous arrivons trop tard », murmura Mian-Meh.

     Hoh-Yawao avait en effet les bras couverts de sang jusqu'aux coudes, et les vêtements maculés de larges taches sombres. Il se tenait devant une table de pierre munie chaînes, sur laquelle gisait une masse sanguinolente. Il se retourna à leur approche.

    « Tiens, Lyan, Mian-Meh ? Salut ! »

     Il paraissait très joyeux, d'excellente humeur; et cela n'augurait rien de bon.

     Mian-Meh lui répondit sans masquer sa contrariété:

     « Ne me dis pas que tu en as encore tué un ! »

     Hoh-Yawao laissa échapper un rire rauque et essoufflé.

     « Non, pas un. Une. C'est la femme qui est morte cette fois-ci. »

     Les deux autres baissèrent un regard dégoûté sur le cadavre attaché à la table. Il était tellement abîmé que l'on n'aurait su dire de qui il s'agissait au juste. Mian-Meh reconnut seulement les cheveux clairs, étalés en arc de cercle, qui lui avaient naguère fait penser à du miel d'acacia.

     « Attendez, mon bon moine ! Où allez-vous comme ça ? »

     Sans qu'il sache pourquoi, ce souvenir attisa sa colère. Peut-être parce qu'en capturant ces Farles, il avait contribué à les livrer aux pulsions sanguinaires d'Hoh-Yawao. Il s'écria:

     « A quoi nous serviront-ils si tu les tues tous ?

     - Ils ne servent à rien, de toute façon, rétorqua Hoh-Yawao. Il ne nous ont rien appris. Nous n'allons pas les garder ici éternellement ! Laisse-moi m'amuser un peu. (Il sourit.) D'autant plus que j'aime beaucoup torturer les femmes, elles ont un corps très sensible... Mais évidemment tu ne peux rien en savoir, toi qui est moine ! »

     Sa voix était pleine d'une immense moquerie. Mian-Meh répondit entre ses dents serrées:

     « Je suis las de tes mauvaises plaisanteries. Ce ne sont pas les femmes qui vont me corrompre. J'ai trouvé dans le monachisme un plaisir bien supérieur.

     - Sans blague ! s'esclaffa Hoh-Yawao. (Il reporta son regard sur le corps inerte.) En plus, celle-ci était enceinte. Oh, pas grand-chose encore, mais ça ne fait aucun doute. »

     Lyan également le dévisageait avec répulsion. Il s'emporta:

     « Et comment peux-tu en être sûr, tu éventres régulièrement des femmes pour voir si elles sont enceintes ?

     - Je dissèque parfois les criminelles qui sont exécutées dans ma région, expliqua Hoh-Yawao. Ou mes concubines, quand je me lasse d'elles. ( Et comme les deux autres le fixaient avec dégoût, il se justifia:) C'est un passe-temps comme un autre. »

    Puis il sourit ironiquement devant les traits révulsés de Lyan.

     « Ça n'a pas l'air de te plaire, Prince... Tu es bien sensible... De toute façon, je sais que tu ne m'aimes pas. »

     Il s'approcha de lui en le regardant intensément, et continua d'une voix douce:

     « Ne t'en fais pas... c'est réciproque. Et un jour, je révèlerai sur toi des choses qui te rendront détesté de tous.

     - N'oublie pas la défaite que je t'ai infligée à Lî-fènê, gronda Lyan.

     - Je l'effacerai par une victoire, assura l'autre. Regarde cette arme... »

     D'un fourreau métallique accroché à sa ceinture, il tira un boomerang de bois sombre, décoré de volutes artistiques. L'une des pales portait une fine lame sur son tranchant. Mian-Meh la jaugea de l'ongle. Elle était terriblement acérée.

     « Tu tires avec ça ? C'est très dangereux... jugea-il. Ce boomerang revient vers toi et pourrait te tuer aussi, ou te couper la main.

     - Tu doutes de mon talent ? rétorqua Hoh-Yawao avec hauteur. Je la rattrape toujours du bon côté. (Il se retourna vers Lyan.) Je pourrai aisément te battre avec ça, Prince. Je ne l'avais pas avec moi la dernière fois.(Il la caressa délicatement, avant de la rengainer. ) Mais je préfère la garder pour un jour grandiose, un jour à venir où, dans une bataille glorieuse, nous expulserons les Farles loin de notre terre... Puisse ce jour être proche ! Bon. Au fait, pourquoi vouliez-vous me voir ?

     - Le délégué d'Ilsifa vient d'arriver, expliqua Mian-Meh. C'est un certain Shand-Zang le Fléau des Farles... J'imagine qu'il ne doit pas son nom au hasard. »

     Le regard d'Hoh-Yawao s'éclaira soudain.

     « Le Fléau des Farles ? Oh, mais je le connais très bien ! C'est une bonne nouvelle, c'est quelqu'un d'intelligent et de dévoué. Il s'est lancé dans une croisade personnelle contre les Farles, et c'est à ça qu'il doit son nom. Les ennemis réclament sa tête à cor et à cri mais Ilsifa l'a pris sous sa protection. C'est un homme de grande valeur.

     - Voilà un éloge qui m'inspire confiance », ironisa Lyan.

     Hoh-Yawao se retourna pour défaire les chaînes qui maintenaient le corps attaché.

     « De toute façon, j'ai fini ici. Je vais aller discuter un peu avec lui. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu. »

     Il poussa sans ménagement le cadavre, qui tomba avec un bruit mat. Puis il claqua plusieurs fois la langue. Mian-Meh eut alors l'impression que quelque chose bougeait derrière lui. Il tourna la tête. Plusieurs paires d'yeux rouges étaient apparus aux alentours. Il s'approchèrent furtivement, sans bruit; révélant de longs corps maigres et souples au pelage tacheté. Mian-Meh reconnut enfin les guépards d'Hoh-Yawao. Celui-ci claqua de la langue une nouvelle fois.

     « Le repas est servi, dit-il.

     - Tu nourris tes guépards de chair humaine ? protesta Lyan.

     - Ils mangent ce qu'il y a. Ils ne sont pas difficiles. »

     Une expression de saturation vint bouffir le visage de Lyan, et il s'empourpra presque autant que sa cape.

     « Je m'en vais, dit-il. J'en ai assez. Puisses-tu rejoindre le niveau inférieur après ta mort, Dent-Dure. »

     Mian-Meh aussi commençait à se sentir étouffer dans ce lieu malsain, au propre comme au figuré. Il lui restait toutefois quelques détails à fournir à Hoh-Yawao.

     « Donc, puisque ce délégué est enfin arrivé, nous allons nous réunir ce soir. Sois au salon du Sommet deux heures après le coucher du soleil. »

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