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Le bonheur des uns fait le malheur des autres (I)

     Oukou-Dah-Bango n'était ni Farle ni Sozyès. Il descendait d'une ethnie presque totalement exterminée par les Sozyès lors de leur conquête du continent. Il vouait une haine définitive aux meurtriers de son peuple et, tout en rêvant de vengeance, il tenait une auberge dans un village non loin de Salasala, la capitale de la région Nord.

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     Mian-Meh le Moine Mystérieux, gouverneur de la région Nord, marchait seul sur une route poussiéreuse. Le soleil commençait à décliner, la chaleur à refluer. De part et d'autre du chemin ocre, la forêt bruissait de mille et un murmures, mille et un mouvements. Ce pouvait être n'importe quoi, et Mian-Meh s'efforçait de ne pas y prêter attention.

     La réunion à Lî-fenê remontait à plus d'un mois, et le plan contre les Farles n'avait toujours pas donné de résultat. Cela commençait à devenir préoccupant, d'autant plus que les enlèvements se poursuivaient. Certains des dirigeants s'impatientaient, notamment Hoh-Yawao Dent Dure dont Mian-Meh avait reçu quelques jours plus tôt une lettre incendiaire.
    
     " Tu es un incapable, Moine Mystérieux, et Zasanjal Larme de Sang est un incapable comme toi, lui écrivait-il. Honte à vous deux, et honte à vos pères pour vous ! Et trois fois honte au Prince Paré de Pourpre pour ses idées stupides, et honte à ses ancêtres ! Qu'as-tu donc dans les veines, du sang ou du lait ? Si tu n'as pas la virilité d'un homme, aies au moins pour ton peuple la fidélité du chien envers son maître, car tu n'es pas digne de le diriger !  Si le plan est toujours sans succès dans une semaine, je convoquerai une nouvelle réunion et nous appliquerons cette fois une solution plus radicale. "

     Mian-Meh savait que son homologue ne plaisantait pas et qu'il ne reculerait pas devant la guerre. Le temps pressait aussi, après avoir passé la nuit à prier l'Unique et consulté les prêtres au petit matin, il avait résolu de servir lui-même d'appât. S'il y avait des Farles dans le secteur, ils ne résisteraient pas à la tentation de capturer le gouverneur en personne.

     Il avait donc revêtu un châle vert vif caractéristique des moines sozyès, coiffé une couronne de plumes d'ara particulièrement voyantes, et portait à l'auriculaire la précieuse bague ornée du sceau du Piranha dont il se servait pour cacheter ses lettres. Autour de sa taille s'enroulait la yatsiwahi, une arme elle aussi spécifique aux moines sozyès. Constituée d'une longue chaîne terminée par une lame courbe, elle était réputée pour son maniement très difficile.

     La promenade aurait pu être agréable, dans cette splendide forêt primitive, à peine exploitée; à cette heure où le soleil orangé éveillait derrière chaque arbre et chaque feuille la porte de toutes les imaginations. Mais derrière cette beauté se dissimulait également de multiples dangers, araignées, insectes, reptiles, félins et, peut-être, kidnappeurs. Mian-Meh l'espérait ardemment sans s'inquiéter de son propre sort. Le remplaçant de son chef de la sécurité se trouvait personnellement juché sur une éminence granitique d'où il surveillait sa progression à travers les bois, prêt à alerter des cavaliers postés non loin, derrière de grands mégalithes, vestiges d'un peuple précédent.

     Un pas après l'autre, Mian-Meh progressait sur le chemin. Il se sentait en forme, en pleine possession de ses capacités; les divers exercices physiques et mentaux auxquels il s'astreignait en tant que moine lui conféraient des forces insoupçonnables à première vue. Une légère tension contractait ses muscles et aiguisait ses sens. Il entendit de loin le martèlement des sabots d'un cheval s'approchant rapidement. Mais là encore ce pouvait être n'importe qui, une personne parfaitement innocente, et Mian-Meh ne changea rien à son attitude.

     Le galop s'amplifia et un grand coursier noir, moucheté par la lumière filtrant de la canopée, surgit à tout allure d'un chemin adjacent à quelques mètres devant lui. Le cavalier était une femme, et Mian-Meh s'en désinterressa aussitôt. "Il n'y a pas de pire ennemi pour l'homme de religion que la femme", lui avait-on enseigné au monastère. "Il faut les éviter plus encore que la peste noire et les mauvais esprits." Mian-Meh appliquait scrupuleusement ces conseils et ne fréquentait en fait de femmes que sa sœur Mayola et sa collègue Ilsifa. Mais au moment où il détournait le regard, il fut frappé d'une évidence: cette femme était une Farle. Aucun sozyès n'était blond, or elle portait une tresse aussi claire que le miel d'acacia. De plus sa combinaison de cuir renforcé de métal évoquait indéniablement les uniformes farles. Une décharge d'adrénaline électrisa Mian-Meh. Les enlèvements se passaient-ils donc ainsi ? Il eut une pensée pour son ancien chef de la sécurité.

     Ce serait donc comme ça qu'a disparu Dabiang... Pourvu qu'il n'ait pas parlé !

     Cependant la femme tirait sur les rênes de sa monture et la bête renaclait, martelait le sol et soulevait la poussière de ses sabots. Mian-Meh s'écarta mais la Farle fit faire demi-tour à son cheval pour le suivre.

     « Attendez, mon bon moine ! Où allez-vous comme ça ? »

     Mian-Meh ne put réprimer un haussement de sourcils. C'était la première fois que l'on s'adressait à lui de cette façon. Il la toisa de son air le plus hautain.

     « Je suis un moine sozyès ! Comment une femme ose-t-elle m'aborder ?

     - Je vois bien que vous êtes un moine sozyès ! rétorqua-t-elle. Encore que dans cette forêt, votre châle est un bon camouflage. Contrairement à toutes ces plumes de perroquet sur votre tête... Mais dites-moi... (Son cheval fit quelques pas en avant.) Vous ressemblez énormément au gouverneur, celui qu'on appelle le Moine Mystérieux. Je l'ai vu récemment lors d'une cérémonie, et la ressemblance est frappante. »

     Mian-Meh sentit le soulagement lui dilater la poitrine, dissiper la boule de tension qui s'y trouvait nichée depuis plusieurs semaines. Enfin il touchait au but, puisqu'il avait été reconnu.

     L'affaire est dans le sac. L'Unique en soit remercié !

     Il veilla à ne pas la détromper.

     « Et quand bien même ? Cela ne regarde que moi. »

     Elle se pencha par-dessus l'encolure de son cheval, les yeux ronds.

     « Vous êtes vraiment le Moine Mystérieux ? Mais que faites-vous ici tout seul ? »

     Son étonnement paraissait sincère, mais Mian-Meh n'était pas dupe de ses questions. Elle ne cherchait qu'à gagner du temps, le temps sans doute de recevoir des renforts. De fait, il entendait distinctement le son d'une course rapide, déjà proche et se rapprochant plus encore. Il n'y avait que des Farles pour être aussi bruyants. Il simula la surprise.

     « Mais qu'est-ce que c'est que ça ? »

     Il porta la main à sa taille et déroula son arme, la yatsiwahi. La chaîne émit un cliquetis sinistre. La Farle se rappocha très vite, une main levée.

     « Pas de gestes brusques, mon bon moine ! Allons, vous êtes un brave homme... Restez tranquille et tout se passera bien. »

     Il la regarda de travers. Qu'était-ce que cette condescendance ?

     Quelle oie stupide ! Si ce n'était la mission, je lui donnerais un coup de  yatsiwahi et elle ne pourrait plus jamais me parler ainsi, cette Farle impure !

     Mais il n'eut pas le temps de lui répondre. La lisière de la forêt tressaillit, et cinq archers à pied en surgirent et se déployèrent autour de lui. Là encore des uniformes et des arcs de fabrication farle.

     « Ça suffit, le moine ! jeta l'un d'eux. Pose ton arme et suis-nous sans faire d'histoires. »



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