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Des alliés hétéroclites

     Des nuages d'orage s'amassaient au-dessus d'Oxyana quand le mercenaire Attia ben Samora y parvint, en milieu de matinée. Le vent lourd ramenait vers lui les remugles du fumier entassé à l'arrière de sa charrette.

     Mais il était enfin à destination. Il s'arrêta dans la cour de terre battue derrière l'Auberge parfumée. Par chance, le propriétaire Oukou-Dah-Bango s'y trouvait, occupé à traîner des ballots de paille fraîche. Il abandonna aussitôt son ouvrage.

     « Attia ! Enfin ! Ce sont les caisses de flèches ?

     - Oui, grogna Attia en mettant pied à terre. Il faut les décharger tout de suite. Dépêchons-nous.

     - J'ai consulté mon registre. Il manque plusieurs commandes, entre autre deux cents cinquante kriss et cent sabres.

     - Laisse-moi me reposer une journée, nettoie la charrette et prépare un cheval frais. Je reprendrai la route demain matin. »

□□□

     Le monde chatoyait comme un joyau, devant les yeux émerveillés de Fuzal. La pirogue glissait à un rythme agréable sur le fleuve scintillant. Il était presque midi, le soleil brillait haut dans un ciel uniforme. Chaque coup de rame imprégnait l'air humide de l'odeur du limon. Sur les berges, les champs laissaient peu à peu la place à une végétation touffue.

     Tout à son admiration, Fuzal n'avait guère prêté attention aux conversations de ses compagnons. Il se souvenait seulement les avoir entendu dire qu'ils iraient jusqu'à Sucodis, la capitale de l'Avant-poste farle.

     « Nous n'allons pas ratisser tout l'Avant-poste à la recherche des prisonniers. Il faut aller directement à Sucodis, c'est là que nous trouverons les informations », avait énoncé Olfiyûr Ruisseau d'Argent, qui s'était d'emblée imposé comme le chef du groupe.

     Puis il avait laissé la rame au Chasseur. Celui-ci, de façon paradoxale vu qu'il appartenait à une caste de guerriers d'élite, semblait ne posséder aucune arme. Il portait une armure de plates légères, mobiles, et un turban couleur sable lui enserrait la tête. Des mèches de cheveux noirs et drus dépassaient des plis du tissu. Son visage ne transparaissait aucune émotion, tel une porte verrouillée, et il n'avait pas ouvert la bouche une seule fois.

     Les quatre autres, par contre, n'avaient pas lésiné sur leur arsenal. Olfiyûr portait un sabre courbe, une machette et plusieurs poignards; l'homme à la peau sombre gardait sur les genoux une impressionnante arbalète ouvragée ainsi qu'une caisse qui, de par sa forme et sa décoration similaire, devait contenir de nombreux carreaux. La femme à la perruche, quant à elle, était armée d'un magnifique katana, à la valeur inestimable. Les Sozyès ne connaissaient pas les secrets de fabrication de ces armes, ils en avaient seulement hérité une certaine quantité d'un des peuples précédents. Chacun d'eux valait donc une fortune.

     Enfin, la vieille dame avait couché son grand bâton en travers de la pirogue. L'ondoiement des eaux faisait glisser des reflets hypnotiques sur la lame demi-circulaire à son extrémité. Olfiyûr Ruisseau d'Argent fixait celle-ci d'un œil contrarié.

     « Pourquoi avoir emmené une telle arme, l'ancienne ? Elle n'est pas pratique pour circuler, si le fleuve se resserre, on va se retrouver coincés !

     - Que veux-tu ? chevrota la vieille. Dans ma jeunesse, je maniais la hache, mais ce n'est plus vraiment de mon âge à présent...

     - Et cette expédition alors, est-elle de ton âge ? intervint l'homme à la peau sombre avec son accent flûté. (Il fixa la broche à tête d'ocelot fixée sur sa tunique. ) À quoi pensait donc Zasanjal Larme de Sang en t'envoyant avec nous ? Nous aurions préféré rester entre guerriers solides.

     - Il a sans doute pensé que les guerriers solides auraient besoin d'un cerveau avec eux, mon grand.

     - Quoi, s'esclaffa l'homme, tu crois que j'aurais besoin de toi ? Je t'ai dit que je suis Shand-Zang le Fléau des Farles. J'ai mené bien des embuscades contre eux, je n'ai pas besoin qu'on m'assiste. »

     L'énoncé du nom fit sursauter Fuzal.

     Le Fléau des Farles ?

    Il avait déjà entendu parler de cet homme et de ses raids personnels contre les ennemis. Pour beaucoup de Sozyès, c'était un héros. Fuzal ne pensait pas le rencontrer un jour, et voilà qu'ils voguaient dans la même pirogue ! Il le dévisagea avec un nouvel intérêt. Il dégageait une prestance indéniable, avec sa haute taille, sa belle carrure et ses cheveux tressés ramenés en queue de cheval. Fuzal se sentit honoré de voyager avec lui. Il allait falloir être digne d'une telle compagnie. Il s'efforça de prendre un air sérieux et concerné.

     « Moi aussi, j'ai mené de nombreuses expéditions en solitaire, intervint la femme à la perruche. Mais il arrive parfois qu'on ait besoin d'aide. »

     Tous se retournèrent vers elle. Olfiyûr l'apostropha :

    « C'est pour ça que tu as emmené cet oiseau ? Franchement, on s'en serait bien passé. Ça va attirer l'attention sur nous, en territoire farle. Il faudra t'en débarrasser.

     - Quoi ? Jamais de la vie ! Cette perruche est exceptionnelle. Elle est dressée, elle est capable de retrouver les gens et les endroits qu'elle connaît, même à l'autre bout du continent. Si je lui demande par exemple d'amener un message à ma mère, dans la région Sud, elle le fera et viendra me rejoindre ensuite.

     - Comme les Farles qui dressent les pigeons, railla Shand-Zang.

     - Ma perruche n'a rien à voir avec les petits pigeons farles, rétorqua la jeune femme. Tiens, ajouta-t-elle en tendant le bras, prends-la, parle avec elle.

     - Mais je n'en veux pas, protesta Shand-Zang en s'écartant comme si l'oiseau était gravement malade.

     - Moi non plus, grinça Olfiyûr. Si elle me touche, je lui tords le cou. »

    Dépitée, la femme fit remonter la perruche sur son épaule, mais s'interrompit  en percevant le regard de Fuzal posé sur elle.

     « Et toi ? Tu la veux ? »

     Sans attendre sa réponse, elle fit monter le volatile sur ses mains. C'était un bel oiseau, de taille moyenne, au plumage d'un magnifique violet sombre. Il penchait la tête sur le côté d'un air intrigué, comme s'il réfléchissait, et Fuzal eut envie de pouffer.

    « Comment tu t'appelles ? s'enthousiasma la jeune femme. Donne-lui ton nom, elle s'en souviendra toujours !

    - Fuzal », dit-il.

     La perruche le scruta de nouveau, puis ouvrit le bec et lâcha d'une voix haut perchée:

     « Fou-ssal ! »

     Fuzal éclata de rire.

    « Non, Fuzal ! Fu-zal ! »

     Et le volatile hoqueta de plus belle:

     « Fou-ssal ! Fou-ssal ! »

     Fuzal en pleurait de rire. La propriétaire de l'oiseau aussi semblait bien s'amuser. Son visage agréable et ses yeux noirs étincelaient comme un reflet du soleil. Mais Olfiyûr frappa sèchement sur le plat-bord.

     « Vous allez vous calmer, oui ? Vous allez faire chavirer la pirogue ! Tais-toi, le môme, ou je te dépose sur la berge, là-bas, et je t'y laisse ! Et au fait, je t'ai vu tremper tes mains dans l'eau tout à l'heure. Ne recommence pas ça, il y a des crocodiles par ici ! Tu es donc si bête ? Ou tu veux qu'on t'appelle Fuzal Sans Mains ? Réfléchis avant de faire quelque chose ! »

     Fuzal se recroquevilla, mortifié. Olfiyûr le toisait avec fureur et cette expression, combinée à la cicatrice blanchâtre qui lui recouvrait la figure, tordait ses traits de façon grotesque. Fuzal ne put s'empêcher de penser:

     Il est vraiment moche... C'est normal qu'il ne soit jamais content avec une tête pareille ! Je ne vais plus rien dire pour qu'il se calme...

     Peu avant le coucher du soleil, ils firent accoster l'embarcation sur une langue de terre sablonneuse, en bordure d'une jungle épaisse. L'air s'était rafraîchit, et des nuages gris-bleu, aux formes filamenteuses, maculaient le ciel pâle. Olfiyûr et le Chasseur tirèrent la pirogue sous le couvert des arbres. Des centaines de crissements et de caquètement y résonnaient, comme si chacun des arbres renvoyait sa propre symphonie. Fuzal leva les yeux vers les cimes lointaines, soudain écrasé par sa propre petitesse.  Un mouvement dans les branches lui fit oublier sa résolution de garder bouche close. Il tendit le doigt.

     « Oh ! Des singes ! Il y a des singes !

     - Bien sûr qu'il y a des singes, imbécile ! s'énerva Olfiyûr. Pourquoi est-ce que tu restes planté là comme ça ? Viens aider ! Tu crois que tu es un invité d'honneur ? Le camp ne va pas se monter tout seul ! Ramasse du bois ! Et fais attention aux serpents et aux araignées ! »

    Peu rassuré par ces paroles, Fuzal se hâta de récupérer quelques brindilles, et les amena à la femme à la perruche. Celle-ci, à genoux dans la poussière, préparait un foyer. Mais elle écarta son fagot.

     « Non, c'est trop humide, tout ça. Il n'y a rien de pire pour un feu. De toute façon, j'en ai déjà assez. Regarde... »

    Avec vivacité, elle sortit deux pierres plates de ses affaires et les frotta l'une contre l'autre. Des étincelles en jaillirent et un filet de fumée s'éleva du tas de mousse posé devant elle. Elle souffla dessus et ajouta du petit bois, puis secoua ses deux pierres devant Fuzal.

     « Il n'y a rien de plus précieux que ça pour survivre dans la nature, lui confia-t-elle. Ici, sans feu, tu n'as aucune chance. »

     Et en effet, quand les ténèbres s'épaissirent et que, d'une part la forêt et d'autre part le fleuve, s'emplirent de sons inconnus et inquiétants, le feu répandit une lumière rassurante. Tous s'installèrent et partagèrent un repas frugal. Le Chasseur s'était bien enfoncé sous les arbres mais était revenu bredouille.

     « C'est bien la peine d'avoir un Chasseur avec nous s'il ne sait pas chasser », railla Shand-Zang.

     L'intéressé demeura imperturbable, et la conversation dévia vers un autre sujet. Fuzal avait du mal à la suivre, tourmenté par des démangeaisons aux jambes. Il s'était fait piquer par des fourmis en satisfaisant un besoin naturel, mais il n'osait pas se plaindre, de crainte d'attirer de nouvelles remontrances.

     Ce n'est que le retour de la perruche, partie quelques instants, qui parvint à le distraire de sa douleur. Il se tenait justement assis à côté de sa propriétaire, et l'oiseau se posa avec une exclamation retentissante:

    « Fou-ssal ! Fou-ssal !

    - Assez ! s'écria Olfiyûr. Assez. Je vais en faire des cauchemars. D'ailleurs, parlons des tours de garde. Comment allons-nous nous organiser ?

     - Deux par deux, suggéra la vieille dame. Cela nous permettra de parler avec quelqu'un et de ne pas nous endormir.

     - Sauf que nous sommes cinq, fit Shand-Zang.

     - Mais le gamin va guetter aussi ! protesta Olfiyûr en le pointant du doigt. Quoi, il ne manquerait plus qu'il dorme pendant qu'on veille sur sa petite sécurité... Il est là, autant qu'il serve à quelque chose. Et gare à lui s'il s'endort ! »

    Malgré la menace, Fuzal se sentit flatté de participer au guet. Il pourrait prouver ses capacités et être considéré comme un membre à part entière du groupe. Shand-Zang le Fléau des Farles le scruta depuis l'autre côté du feu.

     « Mais au fait, qu'est-ce que tu fais là ? Je n'ai pas bien compris pourquoi tu es venu avec nous. »

     Fuzal baissa la tête, intimidé. Tous le regardaient, mais ce fut Olfiyûr qui répondit à sa place:

     « Le gouverneur Mian-Meh m'a dit qu'il devait trouver son nom. »

     Shand-Zang eut une moue dubitative.

     « Franchement, même pour ça, ce n'est pas une raison pour participer à une telle expédition, il aurait pu trouver autre chose...

     - Je suis d'accord avec toi, acquiesça la femme à la perruche avec des gestes volubiles. D'autant plus que le nom n'a finalement pas grande importance dans la vie... Moi je m'appelle Nilani Rire de Lame, et pourquoi ? »

     Elle se leva en tenant son katana par le fourreau. Puis, d'un geste théâtral, elle tira la lame qui émit un son virevoltant, clair et léger comme un éclat de rire.

     « Voilà, dit-elle. C'est tout. J'aimais bien faire ça quand j'étais enfant alors on m'a appelé Rire de Lame. J'y arrivais mieux avec les épées d'ailleurs, avec ce katana c'est plus difficile.

     - Je trouve quand même que de façon subtile, ce nom reflète aussi ta personnalité », intervint la vieille dame.

     Nilani se rassit, sa perruche sur l'épaule.

     « Peut-être, mais si je m'étais appelée autrement, qu'est-ce que ça aurait changé ? Je suis devenue une aventurière... et même avec un autre nom, tout aurait été pareil. (Elle regarda Fuzal.) Donc ne t'en fais pas, quel que soit le nom que tu trouveras au cours de ce voyage, peu importe. 

     - Bien sûr que si, ça a de l'importance », grogna Olfiyûr, assis avec Shand-Zang de l'autre côté du feu.

     Les regards se portèrent vers lui. La lueur dansante des flammes projetait des ombres inquiétantes sur son visage abîmé.

     « Ça ne m'a servi à rien de m'appeler Ruisseau d'Argent. Au contraire, ça a été un handicap. J'ai longtemps eu l'ambition de devenir chef de la sécurité de la région Nord, c'est un poste haut placé et prestigieux. J'ai pu y postuler quand Marfil Bris de Crâne est arrivé au pouvoir. »

      Fuzal tressaillit. Il se sentait gêné à chaque fois que l'on prononçait le nom de son père. On ne l'évoquait guère que pour en dire du mal, et Fuzal avait alors l'impression que le fait d'être son fils le rendait tout aussi coupable. Il resta crispé tandis qu'Olfiyûr reprenait:

     « Il n'y avait alors qu'un seul autre candidat, Dabiang Trois Griffes. C'est lui que Marfil a choisi... Pour quelle raison, à votre avis ? Parce qu'il a trouvé que Trois Griffes sonnait mieux que Ruisseau d'Argent, tout simplement. »

     Une grimace amère lui tordit à nouveau les traits.

     « Mais le pire dans tout ça, c'est que vous savez pourquoi il s'appelle Trois Griffes ? »

     Il se pencha en avant et pointa la triple cicatrice blanche qui le défigurait.

     « Parce que c'est lui qui m'a fait ça, quand nous étions enfants. »

     Suivit un silence aussi lourd qu'un sarcophage, puis Nilani Rire de Lame dit:

     « Je compatis. »

     Au regard qu'il lui lança, même Fuzal comprit qu'elle aurait mieux fait de se taire.

     D'un geste négligent, Shand-Zang jeta quelques branchages dans le feu, qui gonfla et lâcha un halètement de bête affamée.

     « J'ai cru comprendre que Dabiang Trois Griffes avait été capturé par les Farles, dit-il.

     - En effet, acquiesça Olfiyûr.

     - N'allons-nous pas précisément en territoire farle ? reprit Shand-Zang avec un air entendu. Nous rencontrerons peut-être ce Dabiang... et qui sait, il lui arrivera peut-être malheur ? Les accidents arrivent si vite, hélas... »

     Le sourire torve d'Olfiyûr montra qu'il appréciait cette ironie. Il rendit à Shand-Zang son regard et, du revers de la main, lui tapa sur l'épaule.

     « On verra comment les choses se présenteront. »

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