Chapitre 16 : Souffle d'air frais.
Angelo Jones
Devant le bâtiment de la très chère Mackenzie Wang-Jones, je pris un instant pour fermer les yeux, réguler ma respiration et réaliser tout ce qu'il venait de se passer il y a quelques minutes.
L'air frais New-Yorkais me fit un bien fou. Il me mettait carrément les idées en place et faisait redescendre la pression en moi.
Purée ! J'étais débarqué chez elle, sur un coup de tête.
Moi, Angelo Jones, au système de vie assez rangé et maniaque, je l'avais fait.
J'étais venu la voir, pour m'excuser, mais la voir...
Heureusement que ça n'avait pas été compliqué d'obtenir son adresse grâce à l'inscription pour le concours.
Enfin soulagé, je rouvris les yeux et un sourire naquit sur mes lèvres.
J'étais agréablement fier de moi et de l'avoir revu.
Oui, je radotais mais ... j'étais un peu fan de cette jeune femme depuis ma troisième année, alors qu'elle venait d'arriver à la CIA - Culinary Institute of America pour les personnes pas très lunées.
J'avais toujours imaginé de participer à ce concours prestigieux dans le pays. Et j'avais déjà prévu mon équipe de choc qui était composée de mon meilleur ami et frère, Juan, de la femme de sa vie (mais il voulait se mentir alors il ne faisait rien) et très bonne amie, Inna et de Connor qui était très talentueux.
Et, il y avait Rain avec qui je sortais depuis la deuxième année.
Que dire de notre histoire ...
Nous nous étions connus lors d'une soirée dans un bar.
Nous avions tous les deux bu.
Nous étions tous les deux ivres.
Nous avions passé un bon moment ensemble.
Nous avions couché ensemble et nous avions fini par sortir ensemble.
Très basique.
Très simple.
De vous à moi, je n'ai jamais été amoureux d'elle. Je me demande si cela se voyait. Elle me plaisait. Elle était belle, intelligente et gentille ... bref ! C'était une bonne fille. Notre relation était "saine". Elle voyait les choses en grand entre nous et je m'étais fais à l'idée qu'elle serait la mère de mes enfants et ma femme, car elle comprenait ma passion culinaire et ses contraintes, bien qu'a contrario, ce n'était pas son cas et qu'elle était plus dans les chiffres.
Alors, elle était devenue mon cinquième élément dans cette équipe qui pouvait aller jusqu'à 7 participants.
Malheureusement ou heureusement, avec les mois, je voyais de plus en plus son visage et son obsession de mon contrôle. Oui, elle voulait me contrôler comme si je n'étais qu'un vulgaire pantin. Je sentais une certaine hypocrisie de sa part concernant mes amis et mes proches, mais je ne relevais pas.
J'étais juste à fond dans ma recherche de l'équipe parfaite. Alors, après mes cours, j'allais en tant qu'éclaireur dans les différentes promotions de Clarkson et d'autres enseignants pour sélectionner ces deux autres étudiants précieux.
Ce qui ne lui plaisait pas, car je ne lui accordais plus suffisamment de temps. Nous enchaînions dispute sur dispute pour des crises de jalousie sans sens, juste pour rassurer Madame.
Puis, arriva le moment où le Chef Clarkson me fit découvrir l'une de ses élèves favorites. Mackenzie Jones. Je n'étais pas le premier Jones de l'établissement, mais ça le fit bien marrer qu'un autre Jones soit dans son cœur. Il était convaincu qu'elle irait loin, seule ou accompagnée, car elle était passionnée et déterminée de réussir peu importe les épreuves qu'elle aurait.
Pour moi, ce n'était pas qu'une coïncidence. Plus, il me parlait d'elle, plus j'étais déterminé pour l'avoir dans mon équipe. Et un jour de cours pratique, je fus présent dans les cuisines, sans que les autres élèves ne le sachent.
Elle m'avait tout simplement époustouflé par sa maîtrise, sa rigueur, son sérieux, sa bienveillance avec ses collègues de classe, sa douceur ... C'était la totale !
Elle était et elle devait être mon sixième élément.
Mais Clarkson m'avait averti qu'elle était très têtue sur ses idées et très très souvent en binôme avec Basile Hennes et qu'ils étaient très bons ensemble en travaux dirigés. Et c'était vrai ! Ils étaient excellents ensemble. Alors, je voulais les deux.
Nous serions une équipe parfaite.
Cela dit, je voulais davantage Mackenzie que lui.
Elle était tout sobrement fascinante. Ainsi, j'avais commencé à la voir s'entraîner dans les cuisines, sans qu'elle ne remarque ma présence. Elle y était souvent en fin de journée où il y avait beaucoup moins de monde. Et c'était l'idéal, car je n'avais pas mes groupies qui me suivaient et qui tentaient de me draguer, alors qu'elles m'importaient peu.
Oui, j'avais des fans, sans le vouloir. Ce qui ne m'aidait absolument pas dans ma relation avec Rain, qui cherchait tout le temps à savoir avec qui j'étais. Heureusement que Juan me couvrait la plupart du temps.
Tout ce qui comptait pour moi, c'était d'être l'un des meilleurs étudiants de cette école, un futur cuisinier de renom et avoir mon restaurant pour faire vivre notre passion commune à ma mère et moi.
Cela ne m'importait guère ce que je reflétais ou la beauté qu'on me donnait. Je savais que je n'étais pas terrible, mais ce n'était pas ça qu'il allait me faire vivre et vibrer.
Et Mackenzie dans cette équipe m'aiderait à accomplir cet objectif.
Sauf que j'avais été con. J'avais laissé traîner mes notes la concernant et Rain était tombée dessus. Pour moi, ce n'était que des notes professionnelles. Selon elle, j'en étais ensorcelé, obnubilé et potentiellement, déjà amoureux de cette jeune femme à qui je n'avais jamais parlé.
Oui, professionnellement parlant !
En bref, une énième dispute avait éclaté. J'avais pété un câble en mettant un poing dans le mur, parce qu'elle me gonflait. J'avais pris la fuite. Je m'étais rendu en soirée où je trouvais mon meilleur ami batifoler pour noyer sa peine de ne pas pouvoir former qu'un avec Inna.
J'avais bu et certainement en plein conscience, j'avais embrassé une autre fille qui était très plaisante et qui me faisait littéralement du rentre-dedans.
Evidemment, comme si je pensais que ça allait être ma porte de sortie, au risque de perdre un membre de l'équipe - qui n'était pas très doué en cuisine, il fallait l'admettre - je lui avais dit, en ayant intimement l'espoir qu'elle me quitterait, mais elle n'en fit rien.
Elle était juste devenue ... plus folle et plus chiante.
Nos disputes étaient de plus en plus violentes verbalement et physiquement, elle ne se gênait pas pour me donner des coups, mais je n'en faisais rien. Même si parfois, elle allait trop loin que j'avais envie de les lui rendre.
Mais ma mère m'avait toujours dit de ne jamais au grand jamais lever la main sur une femme. Et je savais que mon père aurait honte de m'avoir en tant que fils si cela arrivait.
Alors, dès qu'elle allait trop loin, je quittais les lieux et j'allais me calmer à l'extérieur.
Même si cinq minutes après, elle me rappelait en pleurs et commençait à se la jouer mélodramatique ... Je commençais à connaitre ce manège.
En conclusion, je n'en pouvais plus.
Cette situation me dépassait. Je ne savais pas comment me débarrasser d'elle, car c'était elle qui s'était occupée du budget du futur restaurant et ses parents qui m'appréciaient fortement avaient décidé de contribuer financièrement dans ce projet, car ils avaient les moyens. Oui, elle me tenait par les burnes et elle n'hésitait pas à me le dire et forcément que cela touchait ma relation avec mes associés qui n'en pouvaient plus de mes sauts d'humeurs.
Sauf que j'étais bien trop fier pour demander de l'aide et je n'avais pas envie qu'ils sachent mes problématiques de couple.
Oui, même Juan.
Pourquoi je vous disais tout ça ?
Ah ! Ce n'était clairement pas pour que vous éprouviez de la sympathie à mon égard, juste pour que vous compreniez ma joie de savoir que Mackenzie ré-embarquait à bord.
C'était la plus jeune, mais elle était mon petit souffle d'air frais. Toujours souriante et elle savait résister à la pression et c'était un point fort, surtout en cuisine.
Je l'avais poussé à bout donc j'avais clairement mérité cette mayonnaise en pleine gueule.
En même temps, je ne comprenais absolument pas pourquoi j'étais aussi possessive avec elle.
Je la voulais juste ... pour moi, juste dans mon équipe, juste dans mon environnement, juste autour de moi.
J'avais l'impression qu'en la prenant sous mon aile, je lui permettrai de déployer les siennes de manière encore plus majestueuses, mais ... maintenant, elle avait Basile dans sa vie.
Attention, je ne disais pas que je voulais une quelconque relation avec elle, mais j'avais bien l'impression de lui plaire pour qu'elle informe faussement ses proches qu'elle ne m'avait laissés aucune chance...
Cela me fit doucement sourire. Car, j'avais connaissance de son petit secret et que les autres, non.
Cela pourrait tourner à mon avantage...
Mon téléphone me signala un message. Je le sortis de ma poche et effaçai tout ceux de Rain sans prendre le temps de les lire. Je regardai celui de Mackenzie qui contenait juste l'adresse de son très cher meilleur ami et son numéro de téléphone.
Rien de plus, rien de moins.
J'avais envie de réengager une conversation avec elle, mais ça n'aurait pas été juste envers son copain.
Je me demandais comment Basile allait supporter cette relation fusionnelle entre ces deux-là. J'espérais pour lui qu'il n'était pas trop jaloux.
Pas très loin l'un de l'autre, je m'y rendis à pied.
Une bonne vingtaine de minutes plus tard, je me retrouvai devant une maison et je préférai l'appeler que de me la jouer "acteur oscarisé" comme chez Mademoiselle WJ.
Il finit par décrocher, intrigué et sans aucune politesse.
— Qui est-ce ?
— Bonsoir à toi, Romeo.
Il prit un temps avant de soupirer, comme agacé par ma personne.
Il était marrant ce type.
— Qui t'a donné mon numéro ?
— Figure-toi que je suis devant la maison de tes parents. Peut-être que tu pourrais m'octroyer quelques minutes de ton temps pour qu'on discute.
— Quoi ? s'exclama-t-il, interloqué. T'es vraiment là ? à New-York ?
— C'est ce que je viens de dire.
Et il raccrocha.
Légèrement abasourdi par son attitude, je réfléchis à ma nouvelle manière de procéder.
Je n'allai certainement pas sonner chez ses parents. Comme tout allait beaucoup mieux avec sa meilleure amie, il fallait que mon attitude soit irréprochable. J'avais bien compris que si je me comportais mal, elle pouvait se tirer encore une fois.
Alors, je décidai de le rappeler, sauf que la porte de sa demeure s'ouvrit sur sa personne. Il croisa aussitôt les bras et me dévisagea tandis que je voyais sa petite-amie par-dessus son épaule.
Je fis un signe de main à celle-ci avec un sourire et il se retourna avant de fermer la porte et de s'approcher de moi.
— Qu'est-ce que tu fais là ? Comment tu as obtenu mes informations personnelles ?
— C'est Ken qui m'a tout filé...
— Quoi ? Ma Ken ?
— Oui, ta Ken. Je viens de chez elle ...
— Quoi ?
— Tu te répètes un peu beaucoup, Romeo. Si tu pouvais me laisser t'expliquer et éviter de m'interrompre chaque seconde, nous irions plus vite.
Il me dévisagea avec ses yeux bruns et d'un geste, m'octroya la parole.
— Merci. Je suis venu à New-York pour m'excuser de mon attitude. C'était important pour moi de le faire en face à face. J'ai pété un plomb. Ce n'était pas pro. Alors, je suis navré. Cela n'arrivera plus.
Il me scruta du regard, comme pour tenter de me déchiffrer, mais il n'y avait rien à déchiffrer, j'étais honnête et sincère dans ma démarche.
— OK.
Comme avec Basile, et je ne savais pas comment le prendre, il n'épilogua pas longuement.
Prêt à disposer, je pivotai sauf qu'il m'arrêta.
— C'est sympa ce que tu viens de faire.
— C'est normal. J'ai mal agi.
— Tant mieux si tu le reconnais.
Je pinçai mes lèvres entre elles, ne sachant quoi dire de plus et une nouvelle fois, je pris l'impulsion de m'en aller, excepté qu'il avait d'autres plans pour moi.
— Tu t'es rendu chez elle ?
— C'est ce que j'ai dit plus tôt.
— Les mains vides ?
Bien sûr que j'avais désiré lui offrir un quelque chose. Toutefois, je ne connaissais pas son goût pour les fleurs, j'avais envisagé de lui ramener des beignets, mais je n'avais pas eu le temps de les préparer, car j'étais parti sur un coup de tête alors ...
Il leva les yeux et balança :
— Elle n'est pas trop fleurs, mais elle aime bien les bouquets en tout genre. Sans surprise, elle est plus fan de présents culinaires. Elle n'a pas de plats favoris. En revanche, son dessert préféré la tartelette à la framboise. Elle raffole des tartelettes à la framboise. Elle est dingue des framboises.
— C'est marrant, parce que j'adore ça aussi, répliquai-je avec un énorme sourire sur la face.
Depuis petit, j'avais toujours préféré la framboise à la fraise pour son acidité et son final sucré, tandis que tous les gamins adoraient la fraise.
— Eh bien, offre-lui une tartelette à la framboise et elle te sera reconnaissante à vie.
J'esquissai un sourire. Il n'était pas si méchant que ça ce Romeo...
— Et comment elle a pris ta venue ? Non. Attends. J'imagine. Elle devait être choquée et elle voulait que tu te tires, non ?
J'acquiesçai. Il la connaissait parfaitement et c'était beau à voir. Il ricana en secouant la tête, comme fier de son enfant.
— Je dois admettre que j'aime ton audace. Tu sais qu'elle est fraîchement en couple avec Basile dont tu es jaloux ?
Sa question, qui était aussi une affirmation, me fit rigoler. Ce type ne pouvait pas retenir sa franchise.
— Oui, je l'ai vu. Et ils vont bien ensemble.
Ça me faisait mal de le dire, mais c'était vrai.
— Tu n'as pas intérêt à tout gâcher. C'est un bon type. Tant pis si cela n'a pas marché entre vous. Basile l'a mis plus en confiance que toi.
Cette histoire et son énorme mensonge me revenaient en pleine face.
Comment je pouvais paraître comme le mec le plus nul pour gérer une fille, alors qu'on ne m'avait même pas laissé de chance ?!
J'étais convaincu qu'avec un peu de séduction, elle tomberait amoureuse de moi, comme c'était arrivé avec plein de filles avant elle.
Mais je ne lui dis pas. C'était un secret entre elle et moi.
Pour l'instant, je lui sauvais les fesses.
Ainsi, je haussai les épaules pour toute réponse et ajoutai :
— Peut-être. Ou peut-être que non. Peut-être qu'elle craignait de se perdre dans tout l'amour que j'aurais pu lui donner. Peut-être que j'y suis allé un peu vite avec elle.
— Ouais, lâcha-t-il en réfléchissant. Bref ! Merci de ta venue. Dorénavant, tiens-toi à carreau avec elle, sinon je te dégomme et remportez ce concours.
— Compte sur moi, compte sur nous.
Il me tendit sa main que je serrai.
— Au plaisir de te revoir, Angelo Jones.
— De même, Romeo.
Nous échangeâmes un dernier regard et il retourna vers chez lui, tandis que je pris le pas en direction de ma voiture, qui se trouvait à cinq minutes de chez Mackenzie.
J'étais soulagé et satisfait.
Je m'étais attendu à pire, mais finalement, tout s'était très bien passé.
Je pouvais retrouver mon père et ma sœur, l'esprit léger et déterminé pour gagner ce concours.
Et pour ça, il fallait que je lui prépare la meilleure des tartelettes à la framboise et que je lui offre.
Mon téléphone me signala encore un message.
J'avais comme l'intuition que c'était elle, alors je le regardai et c'était bien un message de sa part.
De Mackenzie Wang-Jones :
J'ai beaucoup réfléchi avant de t'envoyer ce message.
Je n'arrive pas à croire que tu sois venu sans ma permission.
Je ne sais pas ce qu'il t'a pris, mais merci.
C'est quand même gentil de ta part pour le déplacement.
Comment ne pas être fascinée par elle ?! Elle avait son caractère, mais elle savait reconnaître la vérité et c'était adorable.
A Mackenzie Wang-Jones :
Je suis encore en vie. Ton Romeo ne m'a pas tué et
il a été surpris que sa Ken n'en ai rien fait de ma présence aussi.
Et ça me torturait de devoir attendre jusqu'à lundi, alors
je l'ai fait. On a qu'une vie.
De Mackenzie Wang-Jones :
Si tu le dis.
A Mackenzie Wang-Jones :
Lundi matin, je sais que tu commences à 10h.
On pourrait se voir à 9h, pour que je te dise ce que tu as à rattraper ?
Encore une fois, ce que je venais de lui proposer n'était pas réfléchi.
Mais ça me laissait demain et lundi matin pour lui préparer à la perfection de magnifiques tartelettes dont elle n'oubliera jamais le goût.
De Mackenzie Wang-Jones :
Dans ce cas, à lundi Angelo.
Juste à la lecture de son message, j'arrivai presque à entendre sa voix douce et rassurante qui prononçait mon prénom.
J'adorais lorsqu'elle le faisait, mon souffle d'air frais.
***
Bon bon bon ... je sus Team Basile et vous le savez...
Maintenant, j'admets qu'Angelo Jones ne blague hein ! Il veut gérer la petite ;).
J'espère que Ken, c'est une vraie seulement ...
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