Chapitre 33 - Rey
(tw : alcool, pédophilie, violence physique, sang)
Un soir, Ben était venu chez moi, extrêmement stressé. Pendant un bon bout de temps, il n'avait pas voulu m'en parler, puis voyant qu'il était incapable de parler d'autres choses, il avait fini par se confier.
Ses premiers mots avaient été assez simples... mais extrêmement exténuants pour lui :
— J'ai besoin de ton aide.
Sa voix était un ton légèrement plus aigu et ses mains tremblaient. Immédiatement, je le rassurai en le prenant dans mes bras.
— Bien sûr... Mais qu'est-ce qu'il se passe ?
— Des problèmes avec mon patron. Il a quelques problèmes avec le fait qu'on se fréquente étant donné nos entreprises... Et il souhaiterait te rencontrer.
Il laissa échapper un petit rire gêné et soupira longuement. Vu son état, ça n'allait pas être une partie de plaisir mais son patron était aussi grandement responsable de ses malheurs.
— Je vais y aller... Ne t'en fais pas, tout va bien se passer.
— Je l'espère...
Je l'embrassai tendrement. Ç'aurait pu être un bref échange, mais il m'embrassa de plus belle. Mes mains se posèrent sur son cou tandis que les siennes saisirent fermement ma taille.
— Merci d'être là...
— C'est normal. Il est hors de question que tu restes seul dans cette situation...
De nouveau, nos baisers s'étaient enflammés juste le temps d'une soirée. Comme un arrêt dans le temps, parce que le pire risquait d'arriver prochainement, à notre plus grand malheur.
*
Le lendemain, je m'étais éclipsée dès la fin de mon travail pour retrouver Ben au sien. J'avais à peine salué toute l'équipe et j'allais peut-être les inquiéter sur le moment. Mais pour le moment, chaque chose en son temps.
Ben était en bas de l'immeuble en train de faire les cent pas. Il me remarqua bien assez vite mais son angoisse était encore bien trop lisible sur son visage. Ma présence le rassurait un peu, bien qu'insuffisante.
Il embrassa doucement mes lèvres et me proposa de le suivre. Je pris sa main en lui adressant un timide sourire.
Dès qu'on franchit le seuil de son entreprise, sa démarche devint bien plus mécanique et son regard ne déviait jamais vers moi. Il ne fixait que devant lui. Sa main avait resserré la mienne et je sentais que nous étions entrés dans une zone de conflits.
Il me conduisit jusqu'à l'ascenseur. Même si l'attente fut brève, ce n'était pas le cas pour lui. Il avait fermé longuement ses yeux et ses doigts bougeaient d'une manière frénétique.
Quand on entra dans la cabine, son regard se posa sur le miroir brisé. Ce fut la seule chose qui capta son attention jusqu'à maintenant. Mon regard se posa sur sa main aux plaies encore ouvertes et je compris.
Quelque chose ne tournait vraiment pas rond dans cette entreprise...
Sa respiration s'accélérait alors que les étages défilaient et un frisson le parcourut lorsque nous atteignîmes le dernier étage.
Les portes s'ouvrirent alors sur cet immense bureau. Quand bien même une grande baie vitrée recouvrait un mur – et donnait une superbe vue sur San Francisco –, elle était étrangement sombre, comme si la lumière n'arrivait pas à atteindre cet endroit.
Le patron de Ben, Snoke, était assis sur un fauteuil, un verre en main, probablement rempli d'un alcool fort. Dès que son regard croisa le mien, un sourire à la fois malicieux et mesquin se dessina sur son visage. Je remarquai la balafre qui recouvrait la moitié de son visage. Forcément, une sale histoire était liée à ce qui s'apparentait à une brûlure.
— Je ne m'attendais pas à ce que tu la ramènes ici mon jeune apprenti. Je suis fier de toi. Et toi Rey, bienvenue...
Son ton grave était un énième élément en plus pour ne pas avoir en confiance en lui.
D'un signe de main, il nous invita à nous asseoir devant lui. Ce canapé face à lui. Ben me força à l'écouter et à nous installer en face de lui. Sur la table basse se trouvaient deux verres vides.
— Ma petite, il est temps que nous ayons une petite discussion, annonça-t-il, toujours le même sourire en coin.
Je détestais sa manière de me surnommer "ma petite" et autre surnom dans le genre. Malheureusement, je voyais déjà où il voulait en venir. Pour le moment, je ne devais pas foncer dans le tas, quand bien même mon instinct me hurlait de le faire.
Il se leva pour remplir nos deux verres et Ben relâcha ma main. La sienne était devenue extrêmement moite.
— J'avais prévenu mon apprenti que sa famille tenterait de le récupérer, de le ramener sur le chemin de la lumière... Mais je ne pensais pas qu'ils enverraient une jeune fille comme toi pour le séduire.
— Vous sous-estimez Ben... Et moi, répliquai-je, ne pouvant plus me retenir.
Le même sourire carnassier sur son visage.
— Parce que tu crois le connaître ? Je le connais alors que tu n'étais qu'une gamine qui pissait encore au lit. Tu crois vraiment pouvoir le cerner autant que moi ?
— Oui, totalement, affirmai-je sans la moindre honte.
— Quelle combativité ! Je n'en attendais pas moins de toi.
Il prit une gorgée de son verre et regarda nos verres d'un air dédaigneux. Je m'emparai du mien et fis mine d'y tremper mes lèvres. Je ne voulais certainement pas avoir la conscience altérée pour cet échange.
— C'est bien pour ça que je suis prêt à t'offrir une place dans mon entreprise. Bientôt, Résistance ne sera qu'un vestige du passé. L'entreprise s'effondrera. Alors, je t'offre une opportunité de s'extirper du vaisseau avant qu'il ne s'écrase...
Mon regard se posa un instant sur Ben. Il était toujours placide, mais cette fois-ci, il semblait avoir repris un peu le contrôle.
— Jamais je ne vous rejoindrai ! ripostai-je en haussant le ton.
J'aurais probablement mieux fait de me taire mais voir Ben aussi passif me poussait à agir, quand bien même mes décisions seraient totalement mauvaises.
— Oh... Ma petite... Tu ignores tout ce que j'ai sur Ben.
— Au contraire, le contredis-je fermement. J'en sais bien assez.
En me tournant vers Ben, je pus constater qu'il mordait sa lèvre inférieure tandis que son poing droit s'était fermé. Il se retenait d'agir contrairement à moi. Enfin, je compris que sa méthode était bien plus calculée lorsqu'il sortit plusieurs feuilles pliées de sa veste.
Snoke arqua un sourcil face à ce geste, comme si c'était suffisant pour le déstabiliser et le faire descendre de son piédestal.
— Vous n'êtes pas le seul à savoir suffisamment de choses sur l'autre...
Il posa une feuille sur la table, une capture d'écran d'une conversation.
— Je me suis permis d'accéder à votre ordinateur et à vos données, comme vous avez pu le faire avec moi. Alors, parmi mes recherches, je suis tombé sur cette conversation. Au début, je pensais qu'il ne s'agissait que d'une conversation anodine avec une potentielle partenaire. Puis je suis tombé sur certaines photos qu'elle vous a envoyées. Je n'ai rien contre des nudes et je n'aurais rien eu à redire s'il ne s'agissait pas d'une mineure.
Mon cœur sauta un battement face à de telles révélations et Snoke perdit pied un peu plus à cet instant.
— Je me doute que pour quelqu'un d'aussi puissant que vous, ces révélations ne sont qu'anecdotiques, ajouta Ben, l'air assez calme. Alors, à contrecœur, j'ai dû chercher davantage d'informations. Sur quelques photos, il y a avait quelques vêtements, quelques accessoires qui m'ont permis d'identifier certaines victimes.
Il posa une autre feuille sur la table. La photo d'une gamine qui me semblait familière.
— Marsha Dahill, fille d'Ellen Leiker et Garth Dahill. Deux acteurs plutôt bien réputés actuellement. Je doute qu'ils apprécieront savoir quel genre de pervers abusent de l'innocence de leur fille. Et eux, ils auront clairement plus de pouvoirs que moi.
Une partie du visage de Snoke se décomposa. Visiblement, Ben avait réussi à le coincer dans une impasse, assez astucieusement.
Nos regards se croisèrent alors et j'eus l'impression de voir un petit sourire sur le visage – ou peut-être était-ce plutôt ce que je voulais y voir. Encore une fois, je craignais qu'il s'éloigne de moi, quand bien c'était loin d'être rationnel en ce moment même.
Un bref moment d'attention. Snoke en profita pour se lever et se jeter sur Ben. Celui-ci le contra assez justement malgré la rapidité de cette altercation. Mes yeux remarquèrent alors le poignard dans la main de Snoke. Avant même que je puisse prévenir Ben, sa défense ne fut pas efficace et son patron réussit à l'atteindre au visage.
Snoke s'extirpa alors de cette situation et de la pièce en prenant l'ascenseur.
Ben avait sa main sur sa blessure et je m'approchai de lui pour constater les dégâts. Il avait une belle entaille qui commençait au milieu du front et descendait jusqu'au cerne pour atteindre le bas de sa pommette droite.
— Je vais appeler les urgences...
— C'est pas grave, prétendit-il.
— Tu déconnes ? T'as le visage en sang !
— Je suis un homme mort. Snoke me retrouvera.
— Tu mourras à l'hôpital si tu veux, mais on va à l'hôpital et ça ce n'est pas négociable.
Je sentais qu'il avait terriblement envie de me faire une remarque sarcastique, mais il n'était clairement pas en état pour le faire. Et puis, je n'aurais pas supporté qu'il continue de minimiser la situation. Enfin, il avait quand même conscience de la gravité de la situation... Peut-être que c'était moi qui en doutais encore.
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