Chapitre 25 - Rey
Mes yeux à peine ouverts croisèrent la lumière du soleil puis se posèrent sur la tasse de café, posée sur ma table de nuit. Elle était encore bien chaude, à tel point que de la vapeur en émanait. Puis mon regard se dirigea vers Ben qui était en train de boutonner sa chemise.
— Tu t'en vas ? balbutiai-je d'une voix faible.
Je me redressai d'un bond dans le lit en étouffant une inspiration. Je m'emparai de la tasse et la serrai fermement entre mains – quand bien même elle était encore un peu trop chaude.
Un léger sourire se dessina sur son visage, plein de tendresse. Après avoir boutonné le dernier bouton, il s'assit à mes côtés sur le rebord du lit.
— Je vais voir mon oncle aujourd'hui... Enfin, je vais essayer.
Il fronça ses sourcils un instant et détourna son regard. Malheureusement, ses conflits avec son oncle étaient encore bien à vif et il allait devoir les affronter.
Il posa lentement sa main sur mon poignet et la caressa délicatement, évitant toujours mon regard. Mes yeux ne pouvaient se détacher de lui et je sentais sa douleur grandissante à chacune de ses respirations.
— Je suis sûre que ça va bien se passer... Ton oncle tient beaucoup à toi.
Sa tête se tourna de nouveau vers moi, un sourire en coin, puis son emprise se raffermit sur mon poignet, tout en gardant une étrange douceur.
— Je crois que ce n'est pas ce qui m'inquiète le plus... Mais plutôt le comportement que j'ai pu avoir avec lui jusqu'alors... J'ai juste l'impression d'avoir été quelqu'un d'autre avec lui... Et pas que lui d'ailleurs. Et du coup, il faut que je répare tout ça... Sauf que je ne me reconnais vraiment pas dans tous ces actes.
Ses yeux s'embuèrent, alors je reposai ma tasse pour prendre son visage entre mes mains.
— Je suis sûre qu'il comprendra, insistai-je de plus belle.
Il pensait clairement le contraire, ça se voyait à son air médusé. De nouveau, je sentis cette fêlure en lui. Une fêlure qui avait été plutôt bien masquée ces derniers temps. Malheureusement, les derniers évènements venaient de réveiller ses pires traumas.
— De toute manière, je ne le saurais qu'en m'y confrontant...
Il prit une longue inspiration tout en fermant les yeux puis il déposa un bref baiser sur mes lèvres. J'aurais tellement voulu que ce baiser soit bien plus long, bien plus fougueux, mais il avait vraiment autre chose en tête que ce genre d'échange.
Il se leva et enfila sa veste de la veille.
— Peut-être que je devrais te laisser un endroit pour que tu laisses quelques-unes de tes affaires, lui fis-je remarquer.
Un sourire se dessina sur son visage et j'eus l'impression de faire disparaître toute sa douleur et sa peine avec cette simple remarque – même si ce n'était que temporaire, bien évidemment.
— Peut-être que je devrais en faire de même de mon côté... À moins qu'on finisse par emménager ensemble.
Ma voix s'éteignit un instant alors que son sourire en coin s'accentuait.
— Tu veux... qu'on vive ensemble ? demandai-je à demi-voix.
— Dans le futur, ça me plairait bien. Mais pour le moment, c'est peut-être un peu rapide... Enfin, même si on passe déjà quasiment toutes nos soirées ensemble.
— Et j'emménagerai dans ton immense maison ?
— Ou on pourra trouver quelque chose qu'on aura choisi ensemble, quelque chose qui nous corresponde à tous les deux.
Je n'avais vraiment aucune difficulté à nous imaginer en train de trouver la maison ou l'appartement idéal pour s'y installer. Je pouvais facilement nous projeter ailleurs et partager les mêmes soirées habituelles dans un nouveau lieu. Mais en même temps, il y avait une étrange pression qui se créait dans ma poitrine. Une pression qui en devenait presque douloureuse. Mon souffle s'écourta et je détournai mon regard.
— On a encore un peu de temps pour y réfléchir, ajouta-t-il en percevant mon malaise.
Je hochai timidement ma tête en reposant mon regard sur lui.
Encore heureux qu'on avait du temps... Tout allait si vite entre nous. Parfois un peu trop vite. Dire qu'il y a quelques mois encore, je lui proposais le plan foireux de jouer le rôle de mon petit-ami. Avec le recul, bien foireux ce plan...
— De toute manière, pour le moment, on n'est clairement pas tranquille avec ton grand-père dans le coin... Et j'espère vraiment que mon oncle pourra nous aider.
— Je vais essayer de trouver quelque chose de mon côté... Enfin, après avoir aidé Trilla.
Notre journée allait être bien chargée, chacun de notre côté. Alors, rapidement, il déposa un tendre baiser sur mon front puis désigna ma tasse du doigt tout en lançant :
— N'oublie pas ton café avant qu'il refroidisse...
— Surtout qu'il est bien meilleur quand c'est toi qui le prépares.
Je repris ma tasse en main, ce qui lui arracha un sourire.
Après ce bref échange silencieux, il quitta mon appartement. Je pris une grande gorgée de ma tasse avant d'enfiler un peignoir et de rejoindre Trilla dans le salon. Elle venait tout juste de se réveiller à en voir ses petits yeux.
— Tu veux que je te prête des vêtements pour la journée ?
Elle secoua la tête et se leva d'un bond. Elle repoussa ses cheveux derrière les oreilles avant de jeter un coup d'œil aux alentours. Ses yeux clignèrent plusieurs fois et elle grimaça légèrement avant de lâcher :
— Est-ce que ça serait possible d'avoir un café ? J'ai vraiment besoin de quelque chose pour me réveiller là.
— Je m'en doutais, rétorquai-je avec un petit rire.
Je me dirigeai vers la cuisine pour lui préparer un café tandis qu'elle me suivit. Elle peinait à tenir debout.
— T'es vraiment pas du matin...
— En partie, mais j'ai surtout eu du mal à m'endormir, lâcha-t-elle d'une voix rocailleuse.
— J'espère que Ben et moi, on ne t'a pas réveillé...
— Non et maintenant, j'ai confirmation que vous vous êtes bien défoulé cette nuit.
Je détournai mon regard pour prendre une grande gorgée de mon café.
— Ne t'en fais pas... Vous êtes adultes et consentants... Et j'ai vraiment rien entendu, me rassura-t-elle en retenant un léger rire.
Un rire m'échappa à mon tour, un rire assez nerveux.
Je constatai que la machine venait de terminer son café, alors je le lui tendis après lui avoir proposé du sucre – qu'elle refusa poliment.
— Tu veux faire quelque chose en particulier aujourd'hui ou tu veux juste te reposer ? lui demandai-je en reprenant peut-être un peu trop violemment mon sérieux.
Elle souffla sur sa tasse pour en prendre une brève gorgée avant de me répondre :
— J'aimerais bien me reposer, vraiment. Mais je ne pense pas être tranquille plus d'un week-end... Alors je sais que Ben va tenter quelque chose de son côté, mais de mon côté, je vais me tourner vers mon ex, Cal. Ça s'était plutôt mal terminé entre nous et il faut que je sois honnête avec lui.
— Tu veux que je t'aide pour quoi que ce soit ou je t'accompagne quelque part ? lui proposai-je maladroitement.
— Je serais pas contre le fait que tu m'accompagnes... D'habitude, j'aurais aucun souci à faire tout ça toute seule, mais au vu des circonstances, je n'ai pas vraiment le choix...
On échangea un sourire complice, parce qu'on savait que la journée allait être longue. Très longue.
*
En fin de matinée, j'avais suivi Trilla jusqu'à un parc à quelques mètres d'ici. Même si elle avait refusé de m'emprunter des vêtements, il n'en était pas de même pour mon maquillage. Elle avait pu arranger son crayon noir autour des yeux et son mascara. En même temps, elle pouvait bien plus facilement adapter mon maquillage à ses habitudes plutôt que mes fringues. Nous n'avions vraiment pas le même style vestimentaire.
Elle avait plutôt tendance à s'habiller de manière très formelle et constamment en noir – un peu comme Ben. En dehors de son teint basané, elle pourrait être une copie presque parfaite de celui-ci. Après tout, ils n'étaient pas amis pour rien – en dehors de leur attrait pour le noir.
Elle s'arrêta à l'entrée du parc et prit une longue inspiration. Son regard se figea sur un rouquin posé sur un banc. Probablement Cal.
— Ça va aller ? lui demandai-je naïvement.
— Ouais... De toute manière, j'ai pas trop d'autres choix.
Elle reprit une dernière respiration avant de tracer son chemin jusqu'à lui. Il leva immédiatement sa tête vers elle et leurs regards se croisèrent. Un tendre sourire se dessina sur son visage. Peu importe ce qui avait bien pu se passer entre eux, il était terriblement heureux de la revoir.
Elle s'assit à côté de lui et avant même qu'il puisse entamer la moindre discussion, elle le prit dans ses bras, assez émue. D'ici, j'aperçus tout de même la cicatrice de Cal sur son nez. Elle passait perpendiculairement à son arête, passant d'un cerne à l'autre de son visage. J'ignorais bien évidemment l'histoire de cette cicatrice, mais je serais à peine étonnée d'entendre une histoire similaire à celle de Ben.
Même à plusieurs mètres d'eux, sans pouvoir les entendre, je pouvais lire l'enthousiasme sur leur visage. Tous deux étaient si heureux de se retrouver. Comme pour Ben et moi.
Trilla en venait même à essuyer quelques larmes au bord de ses yeux. Je ne pensais pas la voir dans un tel état un jour. Dire que je l'avais détestée lorsque je l'avais croisée la première fois, parce que je pensais que ce n'était qu'une froide calculatrice. Au final, elle avait un masque – tout comme Ben – pour dissimuler ses pires failles.
Au bout d'une dizaine de minutes, Trilla se tourna vers moi, un sourire timide sur le visage. Puis elle et Cal se levèrent pour s'approcher de moi.
La brune nous présenta rapidement avant d'enchaîner :
— Je pense que Cal a de quoi pouvoir nous aider.
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