Chapitre 25
Ce jour-là, au travail, Rose avait été absente. Je savais ce qu'elle faisait et traversait, et je compris que c'était également le cas de mes collègues. Personne n'osait poser la moindre question à son sujet. On essaya de faire comme si de rien n'était, de faire notre boulot au mieux, mais il y avait toujours une pointe amère dans l'atmosphère.
En fin de journée, Rose me donna les coordonnées pour que je la rejoigne. Alors, accompagnée de Ben en voiture, nous l'avions récupérée devant un café. Elle avait les yeux rougis et dès qu'elle s'assit à mes côtés sur la banquette arrière, j'avais eu envie de la prendre dans mes bras, juste pour la rassurer.
Ben lui demanda timidement si ça ne lui gênait pas d'aller dans son appartement. Il était prêt à nous faire à manger, juste pour nous soulager de cette tâche. Ceci sembla ravir Rose, en partie. Elle avait encore du mal à exprimer ses émotions puisque seule la tristesse prédominait encore, et elle savait qu'elle n'avait pas à faire semblant non plus avec nous.
Après avoir discuté sur ce que nous voulions manger, Rose et moi, on s'était installé dans le salon. Le regard de Rose fut immédiatement attiré par la peinture qu'avait suspendue Ben. Elle l'avait longuement fixé, l'air un peu impressionné.
— C'est super joli... C'est qui Kylo Ren ? demanda-t-elle en se basant sur la signature dans un coin du cadre.
— C'est Ben. C'est lui qu'il l'a fait.
Pendant un instant, ses sourcils se levèrent. Le concerné nous rejoignit alors dans la pièce, l'air un peu maladroit et gêné.
— Je ne savais pas que tu faisais de la peinture, lança Rose. Je ne pensais pas que ce serait ton genre...
— À croire que les apparences sont trompeuses. Mais je n'en parle pas vraiment non plus...
— Je comprends. Je fais un peu de dessin aussi.
Ben arqua un sourcil et Rose se précipita sur son sac pour en sortir un carnet. Un sourire venait de s'installer sur son visage, un sourire bien plus grand que d'habitude. Visiblement, c'était un sujet qui l'égayait un peu. Son petit soleil parmi tous ces nuages.
Immédiatement, Rose ouvrit une page de son carnet et nous la montra. Il y avait de nombreux croquis sur cette page, tellement qu'il était impossible de pouvoir poser son regard sur l'un. Il y avait une myriade de portraits, tous avec des expressions différentes et un style assez cartoonesque.
— J'aime beaucoup ton style de dessin, la complimenta Ben. J'avais essayé de faire quelques dessins comme ça, mais je n'y arrivais vraiment pas... J'étais plus dans du réalisme. Du coup, j'ai toujours tendance à admirer les styles comme le tien.
— Vraiment ? Parce que je complexe toujours à mort de ne pas savoir faire du réalisme ! rétorqua-t-elle la voix tremblante.
— C'est surtout de l'observation et de l'entraînement. J'ai toujours tendance à trouver que je manque de quelque chose quand je dessine comme ça. Comme si je n'arrivais pas vraiment à y mettre mon identité...
Ben prit un moment pour observer de nouveau les dessins de Rose, un léger sourire sur les lèvres. Ceci semblait ravir cette dernière. Tous deux étaient incertains dans leur art respectif et je pouvais totalement le comprendre. Après tout, je doutais beaucoup de mon écriture.
Ben complimenta de nouveau les dessins de Rose avant de retourner en cuisine pour continuer de préparer le repas.
Les traits du visage de Rose s'étaient légèrement adoucis après cette discussion. Il y avait toujours cette mélancolie ambiante qui ne pouvait la quitter, mais pour le moment, c'était juste comme ça.
Pendant un instant, j'aperçus un brin de colère sur son visage. Elle tenta de retenir cette émotion passagère, mais j'étais persuadée qu'elle était juste en train de se faire du mal ainsi.
— Qu'est-ce qu'il y a ? osai-je demander.
— C'est... Hum... Rien. J'ai pas envie de t'embêter avec ça...
— Si t'as envie d'en parler et de te défouler, n'hésite vraiment pas.
Elle s'assit sur le canapé et croisa ses bras, la tête baissée. Je m'installai à mon tour à ses côtés.
— La personne qui s'en est pris à ma sœur... Ils ne l'ont pas retrouvé... Mais ils n'ont pas vraiment cherché à le retrouver. Ils ont rapidement jugé que les vidéos de surveillance étaient inutilisables...
Le ton de sa voix s'était un petit peu haussé. Malheureusement, le meurtrier de sa sœur n'avait pas été arrêté et je pouvais totalement comprendre sa haine. Sa sœur avait été victime d'une double injustice ainsi.
— J'aimerais vraiment pouvoir retrouver cette personne et lui faire payer...
Ses poings se serrèrent et ses yeux se levèrent quand Ben entra dans la pièce pour croiser son regard.
— Je n'aurais probablement pas dû écouter votre discussion... Mais je peux probablement retrouver cette personne.
— Comment tu pourrais retrouver une personne que même les flics ont pas été capables de retrouver ? l'interrogea Rose en fronçant des sourcils.
— Parce que je peux avoir accès à d'autres données grâce à mon travail, répondit-il simplement. Des données que la police auraient pu avoir accès s'ils avaient contacté mon entreprise.
— La police te contacte des fois ?
— Assez souvent. Quand on ne répond pas à des demandes de particuliers, c'est ce qui est le plus fréquent.
Rose le fixa silencieusement et respira lourdement, juste pour réfléchir à sa réponse. Au bout de quelques secondes, elle annonça :
— Je veux bien que tu retrouves cette personne.
— Alors, après manger, je ramène mon ordinateur ici.
Un faible sourire se dessina sur le visage de Rose, mais ce n'était pas vraiment un sourire de soulagement. Elle avait encore probablement un bien long chemin à parcourir...
*
Après le repas, Ben avait rapidement fait un détour à son appartement pour ramener son ordinateur et entreprendre ses recherches.
— Je suis désolé par avance d'être aussi indiscret, commença Ben en allumant son ordinateur et en se tournant vers Rose. Mais il va me falloir quelques informations quant à la mort de ta sœur. Il va me falloir la date, l'heure et le lieu pour pouvoir retrouver les vidéos de surveillance correspondantes.
Immédiatement, Rose s'exécuta, la voix tremblante.
— Comment tu peux retrouver ces vidéos ? demanda-t-elle faiblement.
— Mon entreprise a accès à ce genre de données... Une branche s'occupe des vidéos de surveillance et développe des tas de technologies pour la reconnaissance faciale.
— Mais comment ça peut exister ce genre de trucs ? s'étonna-t-elle.
— Malheureusement, la science-fiction est bien plus proche de la réalité qu'autre chose, crois-moi.
Il ouvrit un logiciel sur son bureau. Après avoir entré ses identifiants, il eut accès à une interface assez peu ergonomique – à croire qu'il ne fallait pas que n'importe qui comprenne son fonctionnement. Néanmoins, je remarquai le nom de son entreprise Snoke Entreprise dans un coin accompagné de son nom, Ben Solo. C'était probablement le peu d'informations facilement compréhensibles en un coup d'œil.
— Est-ce que tu serais capable de me confirmer que les vidéos sont les bonnes ? interrogea Ben en s'arrêtant un instant.
— Est-ce que ça implique de...
— Revoir la scène ? Ça pourrait, mais je peux faire en sorte de sélectionner une partie de la vidéo. Mais si tu es trop sensible, je ferai sans.
Elle secoua la tête, refusant alors totalement de se replonger dans cet atroce évènement. Ben n'insista pas plus et accepta simplement son refus.
— Du coup, c'est ça que tu fais à ton travail ? osai-je demander.
— Entre autres choses... Disons que je peux me servir de ce genre d'informations pour quelques dossiers.
— Comment des gens ont pu laisser passer ça ?
— C'est très simple... Il suffit de vendre ça sous prétexte que c'est pour la sécurité. C'était le cas au début. On a retrouvé quelques criminels comme ça. Alors ça donne du crédit à ce qu'on fait. Puis viennent des gens qui ont de l'argent et qui peuvent faire ce qu'ils veulent... Surtout utiliser ça à mauvais escient.
Je le fixai bouche bée. Encore une fois, on en revenait aux mêmes conclusions malheureusement.
— Il n'y a pas de bon ou mauvais outils, ajouta-t-il en se replongeant son regard sur son écran. Il y a juste des personnes qui en font de bonnes comme de mauvaises choses. Et croire qu'on fait actuellement une bonne action est presque illusoire...
Ni Rose ni moi n'ajoutâmes quelque chose à ses propos. Malheureusement, on devait reconnaître qu'il avait raison.
— J'ai désormais beaucoup d'informations personnelles à son sujet via ces vidéos. Je vais voir ce que je peux trouver de plus sur lui.
— Quoi comme informations personnelles ? s'enquit Rose.
— Nom, prénom, adresse, âge... Même casier judiciaire et quelques infos sur d'autres membres de sa famille.
Rose était assez surprise par toutes les informations qu'il avait pu déniché en si peu de temps – tout comme moi à vrai dire –, mais en même temps, il avait accès à des données très particulières via son entreprise.
— Je peux essayer de voir si je peux avoir accès à certaines de ses coordonnées bancaires, annonça-t-il, faisant une brève pause de ses recherches.
— Pour quoi faire ? l'interrogea Rose.
— Tu peux littéralement lui faire payer le crime qu'il a commis envers ta sœur.
Rose hésita un instant. Tout le monde savait que c'était tout autant dangereux que mauvais comme vengeance, mais il était impossible de ne pas être tenté. Surtout pour Rose. Elle désirait un brin de justice dans cette affaire et elle en avait désormais l'occasion.
— Non... Je ne peux pas faire ça...
— En tout cas, je pouvais vraiment remonter au moins jusqu'à son PayPal. Certaines informations comme ses mots de passe sont accessibles après une fuite de données. Y a aussi moyen de lui foutre un ransomware. Je pense qu'il ne paiera pas, mais ça fait toujours chier quelqu'un de voir son ordinateur complètement bloqué.
— J'ai pas envie de ça, refusa Rose. Mais j'ai quand même envie qu'il paie...
— Si tu veux quelque chose de plus soft, on peut balancer son mail dans plein de spams... Ça a toujours un côté assez satisfaisant.
Rose considéra cette idée, un peu plus longtemps que les précédentes.
— Je peux te redemander une autre fois pour ça ? finit-elle par dire, assez mal à l'aise.
— Bien évidemment... Ce n'est pas une décision à prendre à la légère. Mais sache que beaucoup de choses sont possibles contre lui. Y compris lui détruire totalement sa vie.
Il éteignit alors son ordinateur dans un long soupir. Rose avait les yeux humides, prête à pleurer à tout moment, mais elle se retenait. Et je voyais bien qu'elle était totalement perdue.
— T'as déjà fait ça à des gens ? m'enquis-je en craignant déjà sa réponse.
— La réponse ne va clairement pas te satisfaire encore une fois... Mais oui.
Sa main était encore posée sur son ordinateur et se mit à trembler. Je sentais qu'un énorme conflit le déstabilisait. Il savait qu'il jouait avec les limites et qu'il était impossible de ne faire partie que d'un camp. Mais j'étais persuadée que, actuellement, il se rendait compte de quelques-uns de ses mauvais choix...
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Juste pour petite info, le prochain chapitre sera sous le PDV de Ben. Je savais que c'était un peu attendu, mais malheureusement, vous allez souffrir. Donc je prépare à me faire tuer au prochain chapitre. ;-;
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