Chapitre 2
Pour ma première journée de travail, j'avais passé un bon bout de temps devant le miroir pour me préparer. Je savais bien que ni ma coupe de cheveux ni ma tenue n'influeraient pas quoi que ce soit, mais je le faisais juste pour ma tranquillité d'esprit.
Au final, j'avais finalement opté pour une chemise, un pantalon droit, et j'avais attaché mes cheveux en une simple couette. Ça me donnait peut-être un air un peu trop sérieux, sauf que je ne me voyais pas m'habiller autrement pour le moment.
J'enfilai ma veste et croisai Ben devant l'immeuble. Il était en plein appel et ne me remarqua même pas. De toute manière, nous allions nous recroiser ce soir, ce qui me laissait tout aussi perplexe qu'angoissée.
En une bonne quinzaine de minutes de marche, j'atteignis l'immeuble où se trouvait ma nouvelle entreprise et refis le même chemin que la veille. Ascenseur, cinquième étage puis le code d'accès.
Immédiatement, quelques têtes se tournèrent vers moi, mais ce fut Poe qui vint m'accueillir. Nous avions échangé quelques mots la veille et il avait réussi à me faire sentir à l'aise malgré mes fortes inquiétudes. Je ne saurais pas trop dire pourquoi il me paraissait aussi chaleureux, probablement à cause de son sourire.
— Rey, bienvenue à Resistance ! Je vais directement te conduire à ton bureau.
Je le remerciai timidement alors que nous entamions le pas jusqu'à mon nouvel espace de travail. Nous arrivâmes dans une petite pièce avec trois postes de travail, celui de Poe évidemment et également celui d'une femme asiatique.
Dès que je franchis le seuil de la porte, elle leva sa tête vers moi et se leva d'un bond pour venir me serrer la main.
— Rey ! Je suis vraiment contente de te rencontrer ! Je suis Rose et on va travailler ensemble désormais.
— Enchantée, c'est vraiment un plaisir de pouvoir travailler ici.
Pour beaucoup, ça sonnerait comme une simple phrase de politesse quelconque, mais dans le fond, j'y croyais vraiment. L'aperçu que j'avais de cette entreprise et de ses employés me faisait vraiment rêver.
Une grande partie de la matinée fut alors consacrée à me présenter mon espace et mes outils de travail. On me présenta quelques tâches en cours comme exemple et pour le reste du temps, je me contentais de les observer en prenant de nombreuses notes.
Poe et Rose furent rapidement impressionnés par mes connaissances et mon adaptation. Ils n'avaient jamais douté de mes capacités, mais ils en avaient désormais la preuve sous les yeux.
L'entreprise avait comme priorité la protection des données personnelles et de la vie privée sur internet. On m'expliqua les différents services qu'ils proposaient à leurs clients que ce soit pour leur permettre de complètement disparaître d'internet ou de juste limiter la propagation de leurs données personnelles. Ayant beaucoup travaillé dessus en tant qu'autodidacte, je me retrouvais totalement dans ce monde.
Dès que j'avais commencé à enchaîner les lignes de code, je m'étais penchée vers des problématiques liées à l'informatique. J'y avais découvert à quel point la technologie pouvait nous échapper de nos jours et toutes les alternatives possibles.
Resistance était alors devenue l'entreprise de mes rêves et aujourd'hui, j'en faisais partie. J'avais encore un peu de mal à y croire alors que j'étais entourée par Poe et Rose qui me faisaient entrer dans leur monde.
On s'interrompit un moment pour la pause de midi. Mes deux nouveaux collègues m'invitèrent à manger avec eux tout en me promettant de découvrir des restaurants "bien sympathiques" à côté et je n'avais aucune raison de refuser.
Alors que je m'apprêtais à quitter les bureaux, ma supérieure s'approcha de moi, un grand sourire sur les lèvres.
— J'espère que cette première matinée ne t'a pas épuisée.
— Non, au contraire. Je suis extrêmement heureuse de pouvoir travailler à vos côtés.
— Cesse de me vouvoyer et tutoie-moi plutôt. Tu peux aussi m'appeler Leia.
— Très bien.
C'était assez déroutant de pouvoir être aussi proche d'elle, mais je savais que ce n'était qu'une habitude à prendre.
*
En attendant l'arrivée de Ben, j'en avais profité pour prendre un cappuccino tout en traînant sur mon téléphone.
Dans la journée, j'avais reçu quelques commentaires sur le dernier chapitre que je venais de publier. J'avais beau ne pas être une grande romantique, je passais une grande partie de mon temps à développer de longues histoires d'amour entre mes bien étranges protagonistes. Encore une fois, j'avais reçu de nombreux messages où nombreux étaient ceux qui étaient étonnés de me voir encore célibataire à ce jour.
Au bout d'une dizaine de minutes, Ben finit par se pointer. Contrairement à la veille, il s'était habillé bien plus élégamment avec un costume noir et une chemise blanche. Il prit quelques instants pour me repérer dans la pièce puis vint finalement s'asseoir sur la chaise de devant.
— Désolé pour le retard, j'ai eu une réunion avant de partir du boulot qui s'est un peu éternisé.
— Ce n'est pas grave.
— Alors comme ça tu es prêt à me donner tes prix ?
Il laissa échapper un petit rire, un peu trop amusé par la situation.
— Sincèrement, je connais pas les prix de ce genre de trucs...
— En vrai, je préférerais quelque chose de plus équitable. Tu veux un copain pour de faux, parfait, je veux une copine pour de faux.
— Va falloir qu'on se mette au clair sur les règles et ce qu'on attend de l'autre alors.
Il sortit alors un carnet et un stylo de sa sacoche puis prit une longue inspiration.
— Il va nous falloir un scénario de rencontre qu'on connaîtra sur le bout des doigts et voir ce qu'on est prêt à faire pour rendre ça plus crédible. Est-ce qu'on va se montrer publiquement ou pas ? Jusqu'où on ira devant nos proches ? Et des questions comme : est-ce qu'on devrait coucher ensemble ?
— Pardon ?
Cette dernière question me prit un peu de cours et mon cœur sauta un battement. J'avais totalement oublié ce que sous-entendait un "couple" pour la plupart des gens, autrement dit le sexe pour certains. Maintenant, je prenais conscience qu'un faux couple, potentiellement, ce n'était pas que tenir la main d'une autre personne.
— C'est une question comme une autre le sexe. Les gens vont forcément se poser des questions dessus. À quel point on brouille la réalité ou non ? Et ça s'appliquera pour tous les domaines.
Je devais être complètement blanche et vide. Je ne savais même plus quoi penser de cette situation où je m'étais fourguée toute seule comme une grande dedans.
Si seulement je n'avais rien dit à Finn, j'aurais facilement pu faire marche arrière. Mais désormais, c'était impossible. Le pire était que je découvrais l'arrogance de ce voisin qui était un inconnu jusqu'alors.
— On... est obligés de répondre à ce genre de questions maintenant ? articulai-je péniblement.
Il plissa un peu son regard puis posa ses coudes sur la table pour croiser ses deux mains et s'approcher légèrement de moi.
— Tout dépend si tu veux quelque chose de crédible ou non.
— Bien évidemment que je veux quelque chose de crédible...
Il y avait une pointe d'agacement dans ma voix, du moins, c'était ce qu'on pourrait facilement en déduire. Mais en réalité, j'avais involontairement viré dans les aigus parce que j'étais complètement prise de cours dans cette situation.
— Si tu veux, je te note les points qu'on devra aborder plus en détail et je te laisse du temps pour y réfléchir.
— Ok, ça me va très bien...
Il afficha un sourire à la fois satisfait et un peu trop sûr de lui.
Maintenant que je l'avais sous mes yeux, je pouvais apprécier un peu plus les traits de son visage, ce que je n'avais jamais pu faire entre quelques "bonjour". Alors qu'il commençait à écrire, quelques mèches de ses cheveux lui tombèrent délicatement sur son front.
Il enchaîna les lignes silencieusement, ce qui m'angoissait un peu à vrai dire. Puis à mi-page, il s'arrêta pour me tendre la feuille.
— Tu vas devoir te questionner dessus. Tu as mon numéro, alors n'hésite pas à me dire quand tu sauras pour chacune de ces catégories.
Sans même me laisser le temps de répliquer, il se leva et quitta le café. Je restai un instant immobile, essayant de prendre conscience de la situation. Puis je rangeai la feuille dans ma poche, comme si de rien n'était, et tentai de prendre tranquillement mon cappuccino... Enfin, je n'allais pas pouvoir faire le vide aussi facilement avec une boisson chaude malheureusement.
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