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Chapitre 8 - Nina

Nina

Je suis Adam sans comprendre où il veut m'emmener. Il ne pousserait pas le culot jusqu'à nous incruster dans cette soirée privée ? Pourtant son pas déterminé laisse peu de place au doute.

— On va se faire refouler, je chuchote entre mes dents serrées de peur que le couple qui fume devant la galerie nous entende.

Les battements de mon cœur s'accélèrent et l'air devient plus lourd dans mes poumons, qu'est-ce que je fais ici en pleine nuit ? Comme s'il percevait mes réticences, Adam m'adresse un sourire adorable qui pourrait me faire aller n'importe où. C'est un sentiment étrange, presque dérangeant, de perdre mes repères.

J'organise ma vie pour éviter les incertitudes. Travail scolaire, bonnes notes, classe prépa, grande école d'ingénieur, puis un job bien payé dans une entreprise du CAC40 ou une agence de conseil : un projet éprouvé avant moi qui fonctionne encore dans ce monde chaotique. À défaut d'avoir une vocation, je peux au moins avoir un plan de carrière.

— T'as peur ? me demande Adam, qui remarque mon pas réticent.

Évidemment j'ai peur de l'échec, alors que j'ai tous les atouts pour réussir, même si ce n'est pas le sens de sa question.

Sa main ferme dans la mienne m'ancre dans le réel, et cela aussi m'effraie, parce qu'elle fait naître en moi quelque chose d'inédit : l'envie, celle de sentir le poids de son corps contre le mien, autant que celle d'être comme lui, culottée, insouciante.

Adam affiche la joie d'un môme qui anticipe une fête d'anniversaire, à laquelle j'aimerai également être conviée.

— Je suis terrifiée. Je ne supporterai pas l'humiliation d'être refoulée parce qu'on n'a pas d'invitation, j'admets dans un rire embarrassé.

— On ne risque rien, me rassure-t-il, soit on nous vire, soit on rentre.

Même si son argumentation est rationnelle, mon stress me commande de faire demi-tour et de trouver une activité qui ne m'expose pas à une honte abyssale.

— Je ne peux pas faire ça ! j'avoue alors qu'on arrive face à la galerie.

— Allez Nina, fais-moi confiance, murmure-t-il sans cesser d'avancer.

Il m'adresse un clin d'œil, puis salue d'un cordial « bonsoir » le couple de trentenaires et entre. La soirée semble avoir commencé il y a un petit moment, les hôtesses ont déserté leur poste. On longe un couloir, orné de grandes photographies en noir et blanc. Derrière un coude se révèle un ancien bâtiment industriel du 19e siècle, avec de grandes poutres métalliques qui soutiennent une large verrière.

On s'arrête net, et dans un mouvement identique on lève les yeux au ciel pour voir la nuit parisienne à quatre ou cinq mètres au-dessus de nous.

— Putain, c'est beau ! je lâche sans retenue.

Les iris d'Adam pétillent. Il affiche un sourire béat, trop heureux de sa découverte.

— Même si on se faisait virer maintenant, ça valait le coup, pas vrai ?

Je hoche la tête, bien forcée d'admettre qu'il a raison.

— Allons voir ces œuvres d'art, propose-t-il. Si on fonce sur le champagne, on va nous repérer, crois en mon expérience.

D'un geste discret du menton, il désigne la table nappée de blanc derrière laquelle se tient un serveur en livrée, une bouteille à la main.

On se rapproche de quatre œufs colorés de deux mètres de haut, décorés de symboles tribaux. Je me penche sur le côté pour lire le titre de l'œuvre « From time to time ».

— Ça t'inspire un commentaire ?

Je secoue la tête.

— Rien sur leur caractère sexiste ? Les femmes ne seraient-elles pas réduites à leur rôle de poule pondeuse ici ? s'interroge-t-il avec un pseudo accent snob qui me mortifie.

— Pitié, chut !

Il y a une bonne cinquantaine de personnes qui circulent et discutent en petits groupes, un savant mélange de looks si parisiens : d'un côté de jeunes artistes avec des Docs Martens plateformes, des casquettes colorées et des piercings septum et de l'autre, des quadragénaires qui jouent les rockers chics avec leurs fringues hors de prix de chez The Kooples. Ce n'est pas qu'une question de cartons d'invitation, on n'appartient pas au même monde.

— OK, j'ai compris, miss flipette. On fait profil bas, c'est ça ?

J'acquiesce en me retenant de lancer des regards affolés autour de moi pour ne pas attirer l'attention, puis on reprend notre déambulation entre les sculptures extravagantes de l'exposition.

Au bout de quelques minutes, on se retrouve devant le serveur et Adam demande deux coupes avec son aplomb naturel. Je me liquéfie, persuadée qu'on va être démasqués, et que le propriétaire de la galerie va nous jeter à la rue sous les injures de ses convives.

Mais rien ne se passe et Adam dépose une flûte entre mes doigts.

Il tend son verre vers moi et lance :

— À cette soirée, que je ne suis pas prêt d'oublier !

Je trinque avec un sourire crispé et commence à avaler rapidement le champagne pour écourter la visite.

Quelques hommes grisonnants s'approchent de nous. Mon cœur bat à un rythme inquiétant. Cette fois, on est fichus. Ma main tremble, j'ai un instant peur de faire tomber mon verre.

Tétanisée, je suis incapable bouger. Adam m'attrape par les épaules et me fait pivoter avec douceur pour que les quinquas accèdent à la table du traiteur. Puis, il pose sur moi un regard soucieux.

— On va y aller, annonce-t-il avant de finir sa flûte. Tu ne t'amuses pas.

Reconnaissante, je le suis en récitant une incantation imaginaire pour qu'on sorte d'ici sans attirer l'attention.

— Jeunes gens ?

Et, merde ! On n'était qu'à un mètre de la porte.

Adam se retourne pour faire face à notre interlocuteur, alors que mon regard coule au sol.

— Oui ? s'enquiert-il avec un sourire mutin.

— Vous avez apprécié ce vernissage ? demande l'homme d'une voix, qui me semble étrangement sincère.

— Beaucoup, répond Adam sur le même ton. Surtout les œufs.

— C'est-à-dire ?

Adam devient nerveux, il ne trouve rien à dire. Alors je relève la tête et me lance avec timidité :

— « From Time to Time », ces quatre œufs qui préfigurent la vie. Il me semble que cette œuvre, qui convoque autant l'art sacré que l'art brut non occidental s'inscrit dans le mouvement de « figuration libre » n'est-ce pas ?

— Pertinent, très pertinent ! Vous accepteriez de laisser votre avis sur notre livre d'or avant de partir ?

J'acquiesce, même si je suis si tendue que ma nuque est douloureuse.

L'homme nous confie un cahier relié en cuir et s'éloigne.

— L'art sacré et l'art brut ? m'interroge Adam alors que je griffonne quelques mots.

— Les œufs symbolisent la résurrection du Christ, d'où les œufs de Pâques et l'art brut non occidental, c'est parce qu'ils sont décorés de motifs tribaux.

— Quand tu balances des exposés comme ça, Nina Guillot, chuchote Adam contre mon oreille, j'ai une putain d'envie de chercher ton clitoris !

— Non mais franchement ? je rétorque mi-offusqué, mi-amusé.

Adam plisse les yeux avec un air de conspirateur.

— Nina, ma douce, on est déjà au quatrième rendez-vous ! Ça me semble normal de commencer à penser au sexe, non ?

Je le repousse sans répondre, contenant difficilement mon sourire, puis sors de la galerie.

Une fois dehors, Adam déclare d'une voix de vaincu :

— OK, j'ai compris, j'attendrai le cinquième rendez-vous.


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