Chapitre 18 - Adam ~ Nina
Adam
Je tente de me débarrasser de la frustration en étouffant un juron sous le jet d'eau chaude. J'étais sérieux quand j'ai annoncé à Nina que ce n'était que l'histoire d'une seule nuit. Juste une putain de nuit ! Pourquoi je me retrouve dans ce pétrin ? Je comptais sur elle pour être raisonnable, mais la situation dégénère.
Nina s'attache à un mirage. Si elle se rapproche, qu'elle m'observe attentivement, elle verra d'elle-même mes limites.
La solution est peut-être là : lui laisser le temps, quelques rendez-vous suffiront, pour comprendre sa méprise. Un boulet comme moi ne pourrait que freiner sa trajectoire de comète. Cette pensée douloureuse me noue la gorge. Non, une nuit, pas plus. Sinon c'est moi qui vais souffrir.
J'attrape sa bouteille de shampoing pour me laver les cheveux et retrouve le sourire sans le vouloir grâce à ses effluves fruités, qui me propulsent dans les souvenirs de nos étreintes, des plus douces aux plus passionnées. J'ai envie d'elle. Tout le temps. Quand elle sourit, quand elle parle, quand elle marche, quand elle étudie, quand elle boit un coca, quand elle danse. Tout le temps. Au point que je ne parviens même plus à garder le contrôle. La sentir jouir entre mes bras tout à l'heure m'a retourné le cerveau. J'expulse tout l'air de mes poumons, mais ça ne suffit pas à la chasser de ma tête. Elle m'a ensorcelé. Je mémorise la marque de son shampoing. Si Nina me manque, je pourrais m'en faire des shoots à la supérette.
Je sors de la salle de bain, partagé entre l'envie de m'enfuir et celle de rester pour gratter encore quelques minutes d'illusions. L'appartement est plongé dans l'obscurité. Seule une lumière faible filtre de sa chambre par la porte entrouverte.
Nina est allongée sur le ventre en travers de son lit, un genou replié à la hauteur du coude. L'ourlet de son short remonte sur sa hanche et révèle le pli à la naissance de sa fesse. Cette vision me bouleverse.
Je retire mon jean et mon tee-shirt, avant de me glisser à côté d'elle. Je me retiens de caresser chaque contour de son visage endormi pour savourer la sérénité de ses traits.
Après quelques instants, Nina inspire comme si elle retrouvait son souffle. Les yeux toujours fermés, elle tend le bras et effleure mon torse. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Sa main descend plus bas et se faufile sans préambule sous mon caleçon.
— Je t'attendais, murmure-t-elle, alors que ses doigts s'enroulent autour de mon sexe.
— Non, tu dormais...
— Pas du tout, j'étais prête à te poursuivre si tu étais parti, c'est pour ça que je me suis rhabillée, m'explique-t-elle, en amplifiant le va-et-vient de son poignet.
J'étouffe un gémissement contre mon poing.
Elle s'interrompt pour se mettre à genoux. Elle sort une capote de sous son oreiller et me la tend, puis se déshabille en quelques gestes rapides. Je la découvre enfin nue. Sa peau mate, ses seins minuscules aux tétons sombres qui pointent vers le ciel, son pubis brun. Je me redresse sur un coude, prêt à la dévorer. Mais elle bloque mon élan en s'appuyant sur mes épaules pour me repousser sur le matelas. Elle me chevauche et d'un mouvement lent du bassin, elle trouve mon sexe. Ses yeux se ferment, alors que je m'immisce doucement en elle. Elle dégage sa longue tignasse bouclée sur le côté, que j'attrape avec une fermeté possessive pour la garder contre moi. Ses soupirs me rendent dingue. Elle encadre mon visage avec ses paumes et quand elle plonge son regard noir dans le mien, je me sens perdu. Confiant. Insignifiant. À ma place. Je la prends dans mes bras et la serre contre mon torse. J'aimerais l'engloutir, car je redoute déjà le moment où elle va me quitter.
Nina
Allongée contre son flanc, je laisse courir mes doigts sur les muscles dessinés de son torse imberbe.
— Interdiction de dormir !
— Je dors pas, me répond Adam en resserrant son étreinte.
La fatigue rend sa voix plus grave. Si le sexe m'a donné un regain d'énergie, Adam paraît épuisé. Mais il est toujours là, c'est tout ce qui m'importe.
Ma tête se soulève au rythme de sa respiration, alors que je continue ma balade sur son épiderme. Quand j'arrive à son cou, il frémit. Derrière son oreille, à la naissance de son cuir chevelu, je découvre le tatouage d'un petit dinosaure souriant. Mon index suit les contours de ce dessin enfantin.
— C'est quoi ce truc trop mignon ?
— Un dinosaure.
— Merci, j'ai vu. Mais pourquoi ?
— Un souvenir.
En attendant qu'il se confie, je poursuis mon exploration. Mes doigts suivent la ligne saillante de sa mâchoire, le creux de sa joue piqué de quelques poils ras, la pulpe de ses lèvres, l'arête de son nez, son arcade sourcilière, sa tempe.
— Mais encore ? j'insiste, espiègle.
— Le souvenir d'une époque où j'étais heureux, soupire-t-il.
Sa mélancolie me trouble, mais avant que je ne puisse répliquer, Adam s'empare de ma main, l'embrasse et l'emprisonne dans la sienne.
— Raconte-moi pourquoi tu as cette affiche en déco, m'interroge-t-il en désignant le tableau périodique des éléments suspendu au mur.
— Pour ce qu'il représente : les symboles de toute la matière connue de l'Univers. Tu savais que ce qui nous compose à l'échelle atomique vient du Big Bang...
Adam passe un bras derrière sa nuque pour mieux me regarder.
— Ce tableau me rappelle qu'on est insignifiant mais surtout qu'on a de la chance d'être ici, maintenant, en vie. Avec des proportions différentes, on est composé des mêmes éléments qu'un pauvre caillou.
— Comment on explique la vie alors ? m'interroge Adam.
Je secoue la tête en souriant.
— Tu veux dire qu'on ne sait pas ?
— Pas encore... Je ne vais pas te faire un cours de biochimie, mais en gros, on a pu déterminer les conditions de l'émergence de la vie sur Terre. Il faut de l'eau liquide, du carbone, de l'énergie, mais le passage de l'inerte au vivant... c'est le grand flou. Pourquoi certaines briques de matière se sont agrégées entre elles et se sont organisées pour se répliquer, y a pas de consensus scientifique.
Adam pince les lèvres et ferme les yeux, puis dans un souffle il me balance :
— Tu dois arrêter avec ce genre d'exposé, t'es beaucoup trop hot.
— Tu penses pouvoir assurer une fois de plus ? je le provoque.
— Si tu continues tes petits cours de sciences, y a des chances...
Au moment où je vais l'embrasser, le grincement de la porte d'entrée me met en alerte, puis quelques pas dans le couloir.
— Annelise ?
— Hum... me répond-elle d'une voix pâteuse, désolée de t'avoir réveillée...
— T'inquiète, je ne dormais pas.
Je l'entends fouiller le placard de la salle de bain, puis tirer la chasse d'eau. Elle fait un boucan incroyable comme s'il n'était pas 4 heures du matin. Adam se marre en silence.
Annelise entre dans la cuisine, ouvre le frigo, puis elle passe devant ma chambre, et s'arrête.
— T'es pas toute seule ? demande-t-elle à travers la porte close.
— Non...
Elle décapsule une canette de coca d'après le pschitt caractéristique.
Après une courte pause, où je l'imagine boire, elle finit par dire :
— Salut, Adam.
— Salut Annelise, répond-il avec un sourire dans la voix.
— Bon, soyez cool, faites pas trop de bruit, OK ? exige-t-elle, en rejoignant sa chambre. Il ne me reste que trois heures de sommeil...
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