« A ce soir professeur Hannie. »

La petite phrase d'au revoir de Minho fut agrémentée d'une claque sur les fesses que Jisung n'avait pas vu venir. Certes, ils étaient les derniers présents dans l'amphithéâtre, mais tout de même. Pris au dépourvu, le professeur ne pouvait que constater le sourire carnassier de son étudiant lorsque celui-ci lui fit un clin d'œil et sortit de la salle de cours pour aller chercher Soonyeon.

Dans sa poitrine, le cœur de Jisung battait un rythme infernal.

Depuis qu'ils avaient couché ensemble, quelque chose avait vrillé dans son ventre et le professeur ne pouvait pas lutter contre. Il s'attendait à ce que ça arrive mais ne pensait pas être aussi sentimental et trouver autant d'écho dans ses gestes avec le jeune homme. Minho s'était plié à lui, avait prit le moindre de ses baisers et les lui avait rendu avec la même passion. C'était impossible de lutter. Il avait été prêt à l'accepter de dormir avec lui, pour le serrer dans ses bras le plus fort possible. Même s'ils n'avaient pas pu être intime au fil des jours suivants, son étudiant passait du temps à travailler chez lui presque chaque soir. Parfois il se mettait sur ses genoux et l'embrassait jusqu'à perdre son souffle, parfois Minho était si concentré qu'il ne fléchissait pas.

La seule chose rassurante de cette histoire était que Soonyeon ne semblait pas avoir conscience de ce qu'il se passait. Certes, elle avait parfois l'air suspicieuse, mais la plupart du temps elle ne posait aucune question. Il fallait dire qu'ils prenaient tout de même énormément de précaution avec Minho et évitaient tous les gestes pouvant être interprétés en présence de la petite.

Jisung rangea ses affaires dans son sac avant de prendre le chemin de la salle des professeurs. Il avait beaucoup à faire pour les devoirs du lendemain et quelques dossiers à corriger. L'arrivée de l'automne était absolument bénie : les températures élevées de l'été avaient été compliqué à gérer pour les étudiants comme pour les professeurs et Jisung était bien content d'enfin respirer dans la salle des professeurs. Malgré une climatisation sommaire, c'était une réelle torture de devoir y rester jusque tard certains jours.

En poussant la porte de la salle, le professeur fut surpris de trouver Changbin assis sur son bureau entrain d'échanger avec une femme qui semblait appartenir aux services de scolarité de l'université. Ils semblaient être en pleine conversation lorsqu'il s'installa à son bureau, mais la jeune femme se tourna aussitôt vers lui. Elle avait l'air sévère avec son chignon et son tailleur gris, un sourire de façade s'affichait très clairement sur son visage.

« Ah Jisung. » lança Changbin en se mettant debout d'un air gêné. « Mademoiselle Choi te cherchait. »

« Je ne pense pas avoir eu la chance de rencontrer Mademoiselle Choi pour le moment. » répondit Jisung en souriant à la jeune femme d'un air poli. Il avait beaucoup de travail et il n'avait pas que ça à faire que de gérer de l'administratif ce soir là.

« Professeur Han, excusez-moi de venir vous déranger en fin de journée mais je suis l'assistante du professeur Park le doyen de notre université. » lança Mademoiselle Choi de son air pincé. « Il aimerait s'entretenir avec vous immédiatement. »

Un rendez-vous chez le doyen n'était pas forcément bon signe. Jisung resta en suspens quelques secondes, jetant un coup d'œil à Changbin par dessus l'épaule de l'assistante de bureau. Son ami haussa des épaules d'un air perdu : manifestement lui non plus ne savait pas pourquoi il était convoqué. Car oui, le professeur ne se faisait aucune illusion, c'était plus un ordre qu'une réelle proposition. Jisung hésita quelques secondes avant de désigner son sac d'une main.

« J'ai beaucoup de travail à préparer pour demain, est-ce possible d'arranger un rendez-vous en dehors de mes horaires ? » demanda t-il en croisant les doigts pour repousser cette rencontre.

« Je crains que le professeur Park veuille vous voir dans les meilleurs délais. »

Jisung devait s'y résoudre. Il hocha la tête d'un air entendu et prit le temps de prendre son portable de son sac avant de laisser celui-ci sous son bureau. Après un dernier regard à Changbin, le professeur suivit l'assistante pour sortir de la salle des professeurs. Le bureau du doyen était dans un bâtiment voisin. Il n'avait eu à faire au professeur Park qu'en de très rares occasions : c'était principalement pour des remises de prix ou encore pour des accréditations de doctorats. En tant que doyen, il avait une aura très particulière auprès des divers départements de l'université. Même s'il n'était que membre du conseil de celle-ci, le poids du professeur Park n'était pas négligeable dans la politique suivie par le campus.

« Pourrais-je savoir pourquoi le professeur Park me demande ? » lança t-il alors qu'ils quittaient le bâtiment pour rejoindre celui d'à côté, réservé à l'administration de l'université.

« Je n'en ai aucune idée professeur Han. » répondit mademoiselle Choi sans se tourner vers lui. « Il s'agit d'un simple entretien je pense. »

Le professeur était perdu. Il n'avait pas commis de faute au cours de ces derniers mois, il avait toujours rendu ses devoirs en temps et en heure et à sa connaissance, aucun élève ne s'était réellement plaint de lui. Il avait toujours été correct avec ses collègues, même s'il était régulièrement perdu dans ses pensées. Depuis qu'il avait engagé Minho, tout allait mieux au niveau professionnel car il avait plus de temps.

A moins qu'il ne l'appelle pour Minho.

Aussitôt, Jisung se sentit transpirer. Un frisson d'effroi le parcouru entièrement. Est-ce que Minho avait finit par retourner sa veste et était allé se plaindre de ce qu'il se passait entre eux ? Non, ce n'était pas possible. Le professeur lui faisait confiance. Ils avaient établis cette relation d'un commun accord : tout devait rester secret à tout prix. Jisung inspira profondément tout en marchant. Hors de question de céder à la panique. Il fallait de toute façon attendre ce que le doyen pouvait lui dire.

Dans le bâtiment administratif, il n'y avait que très peu d'étudiants. Jisung se laissa guider par l'assistante jusqu'au second étage et elle le fit attendre dans un bureau étriqué pendant de longues minutes. Le professeur sentait l'angoisse monter dans son ventre. Il priait de toutes ses forces que Minho ne ce soit pas plaint de lui. Il risquait sa carrière, il risquait sa vie de famille, tout pouvait s'effondrer à la moindre plainte.

Mademoiselle Choi le fit entrer au bout d'un temps qui lui avait paru infini dans le bureau du doyen. Le professeur Park était proche de la retraite, on voyait sans peine le poids des années peser sur les traits de son visage. Assis derrière un bureau en bois clair donnant sur le cercle de bâtiments central, le doyen remonta les lunettes sur son nez tout en faisant signe à Jisung de s'asseoir et en congédiant son assistante d'un revers de la main.

« Ah, professeur Han. Ravi de voir que vous ayez pu venir tout de suite. » lança le professeur Park avec une voix éraillée par la cigarette. « Je suis désolé de vous convoquer si promptement. »

« Il n'y a pas de problème professeur Park. » répondit-il en prenant place dans un des deux fauteuils installés devant le bureau. Jisung déglutit péniblement, il sentait son stress grimper encore et toujours c'était insupportable.

« Vous semblez nerveux, tout va bien ? »

Jisung se rendit compte que sa jambe s'était mise à sautiller toute seule. Inspirant profondément pour se calmer, il s'efforça de sourire pour amadouer l'homme devant lui. Le professeur Park n'était pas réputé pour son éloquence ni même sa bienveillance, mais il n'était pas non plus un monstre.

« Il faut admettre que ce n'est pas tous les jours qu'on se voit demander à se présenter à vous. » reprit Jisung le plus calmement possible. « Je suis plutôt curieux de la raison de ma convocation je vous avoue. »

« Ce n'est rien de grave, enfin pas pour le moment. » répondit le doyen en faisant tourner son fauteuil et en s'accoudant à son bureau pour l'observer. « Je voulais vous parler de monsieur Lee Minho, ce nom vous parle ? »

Aussitôt, le professeur d'anglais sentit une brique descendre jusque dans ses pieds. Ses joues étaient blêmes et une goutte de transpiration se mit à glisser le long de sa tempe. Ce n'était rien de grave. Rien de grave. Il se répétait ses mots comme un mantra pour se calmer le plus possible.

« Oui, il s'agit d'un de mes étudiants. » lança Jisung sans cligner des yeux.

« Il semblerait qu'il soit aussi votre baby-sitter pour votre fille, est-ce exact ? » demanda le doyen avec un sourcil haussé.

« O-oui. » répondit le professeur en déglutissant. « Nous avons trouvé un arrangement pour lui comme pour moi afin de permettre à Soonyeon de rentrer plus tôt à la maison en semaine. »

Le professeur Park hocha la tête d'un air entendu avant de détourner le regard pour fixer l'écran de son ordinateur d'un air absent. Jisung avait envie de le secouer pour qu'il dise tout ce qu'il savait. Comment avait-il apprit une chose pareille ? Jisung et Minho ne se côtoyaient jamais de près sur le campus, hormis quand ils étaient seuls dans les amphithéâtres. Et encore, ils n'avaient jamais rien fait de particulier...

« Je sais que votre situation est très particulière, professeur Han. » reprit le doyen d'un air entendu. « Je n'ose pas imaginer quelles épreuves vous avez enduré ces dernières années, élever seul un enfant après la perte de votre femme... »

Jeehee.

Cela faisait des jours entiers que le nom de son ancienne compagne n'avait pas raisonné au plus profond de Jisung. En pensant à elle, son corps se figea. Jeehee était sortie de sa tête, chaque seconde passée en compagnie de Minho avait poussé encore et encore la mère de sa fille hors de son esprit.

« Franchement, je vous admire. Je me doute que faire un AVC à cet âge c'est terriblement dur, et le fait qu'en plus elle n'y survive pas... »

Ce n'était qu'un détail pour elle. Jeehee se complaisait toujours à rire, à dire qu'elle était une mutante à cause de son sang plus épais que la moyenne. Elle prenait des médicaments pour ça bien entendu, il n'y avait aucun souci. Lors de sa grossesse, elle était extrêmement suivie par plusieurs médecins et sages-femmes. D'ailleurs, dès la naissance ils avaient vérifié que Soonyeon n'était pas porteuse de cette mutation et que son sang avait une fluidité normale, ce qui était le cas.

La grossesse avait été dure et ce fut sans spécialement de suivi que Jeehee reprit sa pilule contraceptive peu de temps après son accouchement. Elle venait de finir son congé maternité lorsqu'elle se plaignait de douleurs dans la jambe lorsqu'elle marchait. Jisung avait voulu prendre rendez-vous avec son médecin, mais sa femme avait balayé ses doutes en expliquant que c'était probablement une vieille foulure qui se réveillait. Il connaissait Jeehee, elle avait toujours tendance à minimiser ses douleurs pour n'inquiéter personne. Jisung avait alors commencé à vouloir gérer plus de choses à la maison pour la débarrasser un peu.

Pourtant un jour, on l'appela en milieu de l'après-midi en plein cours. Il s'agissait d'un des collègues de Jeehee et il lui annonça que sa femme venait d'être emmenée par les pompiers à l'hôpital.

Jisung avait agit par automatisme. Il avait quitté ses cours en prévenant lui aussi un collègue. Après être allé récupérer Soonyeon à la crèche, encore minuscule dans son porte-bébé, il avait filé à l'hôpital. Une fois sur place, il avait prévenu ses parents, ses beaux-parents, avant d'attendre longuement dans la file d'attente des urgences. Son esprit était terriblement vide, il ne savait pas ce qu'il se passait, mais un horrible pressentiment broyait son cœur.

Jeehee avait fait un AVC, lui avait alors expliqué le médecin qu'il avait réussit à voir en fin de journée. Un Accident Vasculaire Cérébral. La consistance de son sang était encore épaisse après son accouchement, et avoir reprit la pilule contraceptive n'avait pas aidé au problème sans consultation au préalable avec son médecin. La douleur dans sa jambe avait été une phlébite : un caillot de sang qui avait grossit, jour après jour à cause de l'épaisseur de son sang.

Jusqu'à se décrocher, et aller se loger dans son cerveau.

Jisung eu bien du mal à comprendre les mots « mort cérébrale » lorsque le médecin devant lui observait la tête de Soonyeon dépasser du porte-bébé. Il lui avait dit qu'il était désolé, qu'elle était arrivée trop tard. Son cœur battait encore grâce aux machines, mais il n'y avait plus aucune activité nerveuse dans son corps. Jeehee était cliniquement morte.

« ... surtout d'une façon aussi abrupte, j'ai conscience que ça a du être une épreuve absolument affreuse et difficile à vivre. » continuait la voix du doyen quelque part dans la tête de Jisung. « Perdre la vie si jeune, après avoir accouché d'une enfant, c'est tragique. »

« Tragique oui. » répéta machinalement le professeur d'anglais en reprenant enfin son souffle, l'esprit profondément ancrée dans les mois et les années de souffrance qu'il avait enduré après le départ de Jeehee.

« Vous devez bien comprendre que nous n'avons pas le droit d'embaucher des étudiants pour faire nos petits travaux. » reprit le doyen d'une voix monotone. « Il s'agit d'un travail illégal et je n'ai aucunement envie qu'il vous arrive quoi-que ce soit pour ça. »

En relevant la tête, Jisung fut presque ébloui par la lumière derrière les vitres du bureaux du doyen. Il avait l'impression d'être retourné des mois en arrière, dans cet océan de solitude et de douleur qu'avait été l'absence de Jeehee à ses côtés. Néanmoins, il réussit à reprendre pied en quelques secondes.

« Il n'est techniquement pas embauché, nous n'avons aucun échange monétaire. » reprit-il en essayant de garder une voix stable. « En échange, je lui fais des cours de soutien en anglais. Nous nous rendons service mutuellement, comme des adultes responsables. Il n'a jamais été question d'autre chose professeur Park. »

Bouleversé, Jisung s'en voulait d'avoir douté de Minho l'espace de quelques secondes. Il n'avait aucune idée de qui avait répété cette histoire au doyen, mais il fallait être plus prudent. La perspective de perdre la seule personne de son entourage qui lui permettait de reprendre son souffle après des années de solitude paraissait absolument atroce à Jisung. Il était hors de question qu'il subisse une chose pareille. Il avait déjà assez perdu pour ne pas écarter cette personne de son entourage, par caprice d'un fonctionnaire.

« Vous devez bien savoir que ce n'est pas spécialement éthique, professeur Han. » reprit le doyen d'un air ennuyé. « J'aimerais vraiment que vous compreniez que c'est dans votre pur intérêt. »

« Et je vous en remercie professeur Park. » répondit Jisung en se levant du fauteuil, le poids du deuil sur ses épaules et des années de solitude qui en avait découlé. « La relation que j'ai avec cet étudiant est purement basée sur l'échange de service, je reste partial quand à ma notation envers lui. Je n'ai aucune raison de le favoriser. »

Ces quelques paroles semblèrent convaincre le doyen de l'université qui hocha la tête pour marquer son accord. Jisung soupira à peine avant de saluer le professeur Park et d'enfin pouvoir prendre congés, non sans avoir le cœur qui battait un rythme infernal dans sa poitrine. Il avait vécu un véritable ascenseur émotionnel. L'idée que Minho puisse le trahir avait fendu son cœur en deux. Il allait devoir être plus prudent sur le campus et vraiment devoir faire preuve de froideur envers lui en public pour apaiser les soupçons.

« Vous devriez refaire votre vie professeur Han. » lança alors le doyen alors qu'il allait quitter son bureau. « Vous êtes encore jeune, vous avez tout votre temps pour ça. »

« J'y songerais professeur Park, merci pour votre précieux conseil. » répondit aussi cordialement que le pouvait Jisung à cette seconde malgré son corps entièrement crispé.

Le soulagement l'envahi considérablement en sortant du bureau. Son cœur battait un rythme furieux dans sa poitrine. Il avait été terrifié par les conséquences de cette entrevue et il trouvait qu'il s'en sortait très bien. Le professeur pressa le pas, il avait hâte de sortir du bâtiment pour éviter d'être rappelé par le doyen. Ce ne fut qu'en rentrant dans la salle des professeurs qu'il se sentit de nouveau en sécurité, même si c'était illusoire, mais voir Changbin devant lui le rassura immédiatement.

« Ah te re-voilà. » lança son ami en le voyant s'asseoir à son bureau. Il n'y avait que quelques professeurs dans la salle, déjà en pleine conversation ou occupés à travailler sur la préparation de leurs cours. « Qu'est ce qu'il s'est passé ? »

« Convocation par le doyen. » répondit platement Jisung en s'affaissant dans son fauteuil. La nervosité lui donnait l'impression que son dos était plein de nœuds impossibles à démêler.

« J'ai cru comprendre oui mais pourquoi ? » insista Changbin en croisant les bras sur son bureau. « Je veux dire, tu es clean... »

Etait-ce quelque chose à dire à Changbin ? C'était un ami précieux, un père de famille comme lui qui savait ce que ça faisait d'élever des enfants. Même s'il était marié à Yoona, la famille Seo avait traversé des épreuves comme tout le monde. Jisung savait qu'il pouvait se confier à lui, mais il se ravisa. Ce n'était pas le moment ni l'endroit d'aborder le sujet.

« Il a juste découvert que j'embauchais un étudiant pour baby-sitter Soonyeon. » reprit-il, se cantonnant au minimum d'explication. « Et disons que ce n'est pas vraiment légal mais surtout pas éthique de ma part de faire une chose pareille. »

« ça va, ce n'est rien. Qui n'a jamais embauché un étudiant pour faire un petit boulot chez soi pour dépanner ? » demanda Changbin en levant les yeux au ciel. « Si ce n'était que ça, ce n'est rien. »

« Non, il ne m'a pas demandé d'arrêter de toute façon. »

Quant bien même dans le cas contraire, Jisung n'était pas certain d'y arriver. Minho s'était introduit dans son quotidien et y prenait une place à laquelle se trouvait un gouffre jusqu'à son arrivée. Le professeur préférait ne pas trop y penser. Il se doutait que son cadet avait bien d'autre projet, notamment celui de partir à l'étranger et de faire l'école de ses rêves. De son point de vue, il voulait prendre toute la douceur que Minho était prêt à lui donner en attendant de connaître la suite des événements. Ça lui convenait. Le trou noir dans sa vie était moins vorace et moins colérique. C'était tout ce qu'il lui fallait pour se sentir un peu heureux.

Jisung eu bien de mal à se concentrer à la préparation de ses cours. Lorsqu'il fut assez tard à son goût, il rangea ses affaires et salua Changbin qui était également entrain de plier bagage. Ils se séparèrent sur le parvis du bâtiment, prenant tous les deux des lignes différentes pour rentrer chez eux, et le professeur s'engouffra dans le métro avec une impatience difficilement dissimulable.

C'était indescriptible, d'entendre les rires de sa fille adorée en rentrant dans son appartement baigné d'une musique pop. Jisung sentait son cœur se gonfler de joie et se fit le plus petit possible pour enlever ses chaussures discrètement. A pas de loup, il se dirigea vers le salon pour voir le spectacle qu'il adorait le plus ces dernières semaines.

Les échanges entre Minho et Soonyeon étaient d'une pureté qui déchirait le cœur du père de famille dans sa poitrine. Sur la dernière musique sortie, sa fille se trémoussait comme un beau diable en tenant la main de son baby-sitter. Ce dernier était plus modéré, mais il suffisait d'un regard pour voir à quel point son corps était habitué à la danse, aux rythmes et aux cadences des musiques qu'on lui imposait. Tout n'était que grâce avec lui, même si ça ne restait qu'une danse amusante dans un salon intime, Jisung pouvait le contempler sans fermer les yeux une seule seconde. Appuyant sa tête contre l'encadrement de la porte, il observa la scène encore quelques instants pour les capturer dans sa mémoire à jamais avant que Minho ne se rende compte de sa présence.

Aussitôt son étudiant lui fit un clin d'œil et Soonyeon se stoppa immédiatement. Elle relâcha la main de Minho pour se précipiter sur son père, le rouge aux joues et l'air ravi.

« Papa !! ça fait longtemps que t'es là ? » lança t-elle assez fort pour couvrir le bruit que la musique faisait pendant que Minho attrapait son téléphone pour baisser le son.

« Non pas du tout, je voulais vous regarder danser encore. » répondit Jisung en se penchant pour embrasser le front de sa fille. « Vous êtes très doués tous les deux !! »

« Mimho est vraiment trop fort !! » s'exclama Soonyeon avec emphase, les yeux brillants « Je veux savoir danser comme lui un jour ! »

Minho avait les joues rouges et l'air embarrassé mais il soutint tout de même le regard de Jisung. C'était déstabilisant pour lui, souvent les personnes plus jeunes se montraient déférentes face à lui, mais son cadet ne s'était jamais dévalorisé par rapport à lui. Il le trouvait mature et fier.

« On va devoir travailler les cours de Minho, d'accord ma Princesse ? » demanda le professeur en glissant sa main dans les cheveux de sa fille. « Tu vas faire ton bain en attendant ? »

Soonyeon ne fit pas la difficile et Jisung lutta contre ses propres instincts pour ne pas aller embrasser son étudiant comme il en avait envie. A la place, il alla se laver les mains le temps que sa fille se prépare pour se laver et se fit un café dans la cuisine. Ce ne fut qu'en retournant dans le salon qu'il trouva Minho assis à la table de la salle à manger, observant ses notes de cours d'un air concentré. Impossible de lutter plus longtemps pour Jisung, il s'approcha de son cadet après avoir posé sa tasse de café sur la table et déposa délicatement un baiser sur sa tempe. Aussitôt, Minho se tourna vers lui : même si son visage était placide, son sourire en coin était immanquable pour Jisung.

« ça a été ta journée ? » demanda l'étudiant en approchant sa tête pour l'enfouir dans le cou de Jisung. Ce dernier sentit son cœur s'emballer, son seul réflexe fut d'englober le jeune homme dans ses bras.

« Oui, c'était très long. Et la tienne ? »

Minho était si simple à tenir dans le creux de ses bras. Jisung avait envie de le tenir étroitement contre lui, le plus proche de son cœur. L'étudiant raconta vaguement sa journée sans le quitter des yeux, ceux ci étaient brillants et doux, le professeur était certain de ne jamais pouvoir s'en lasser. Alors que Minho expliquait où il était allé déjeuner le midi, Jisung fut incapable de se retenir plus longtemps et plongea pour l'embrasser.

Le jeune homme se stoppa net, accueillant le baiser avec surprise et plaisir mêlés. Ce n'était peut-être qu'un baiser pour Minho, mais pour Jisung c'était bien plus. C'était une habitude, une caresse tendre, un simple geste qu'il voulait partager avec le jeune homme constamment. La chaleur sur ses lèvres lui faisait tourner la tête et presque perdre pied.

« C'était si peu intéressant ce que je racontais ? » murmura Minho contre les lèvres de son aîné, une fois le baiser rompu.

« Désolé, je n'ai pas pu lutter plus longtemps. » répondit le professeur en sentant un sourire envahir ses lèvres. Son cadet était aussi taquin que lui, aussi picora t-il un nouveau baiser avant de se redresser. « Prêt pour travailler un peu ? »

« Seulement si j'ai droit à des baisers comme récompense. » taquina le jeune homme.

Le marché ainsi conclu, ils s'installèrent pour commencer à travailler les cours de soutien de Minho. Dans tous les cas, le profond désir de Jisung était d'accorder à son cadet la vie qu'il rêvait quoi qu'il en coûtait. Il était un garçon sérieux en grande majorité du temps mais il manquait aussi de confiance en lui à bien des aspects. Prêt à éclore dans ce monde, il était avide de connaissance mais aussi de reconnaissance. Jisung le savait et le comprenait plus qu'il ne l'imaginait.

D'ailleurs, il ne tarissait pas d'éloge lorsque Minho brillait par son intellect lors de ses divers exercices. Il voulait vraiment l'encourager et le pousser pour qu'il aille de l'avant. Sans trop en avoir parlé avec lui, Jisung s'était bien rendu compte que les parents de son étudiant ne le soutenait pas dans ses projets. Et lui voulait s'y consacrer. Minho méritait de briller.

Ils travaillèrent un bon moment, Soonyeon eu le temps de prendre son bain et de retourner jouer dans sa chambre, avant que le jeune homme ne finisse par relâcher son stylo d'un air dépité en pleine explication de Jisung. Ce dernier fut plutôt surpris de voir son cadet rapprocher sa chaise de la sienne : le professeur posa presque aussitôt le livre qu'il tenait entre ses mains.

« Quelque chose ne va pas ? » demanda t-il, inquiet de voir Minho qui ne parlait pas.

« Je suis fatigué, je t'ai dis j'ai besoin de t'embrasser pour avoir une récompense. » rétorqua le jeune homme, les joues rouges et les yeux rivés sur le sol.

Jisung fondit aussitôt en entendant son cadet. Il guetta s'il entendait le moindre son de la part de Soonyeon avant d'être rassuré et d'ouvrir ses bras pour accueillir Minho entre eux. Le jeune homme coula dans son étreinte aussitôt, un soupir d'aise sur le bords des lèvres. L'aîné ne pouvait s'empêcher de sourire. Il retrouvait tant de choses familières et tendres qu'il prit une profonde inspiration : l'odeur de Minho, sa chaleur et sa tête posée sur son épaule étaient tant de petites choses qui faisaient s'emballer son cœur.

Aussi doucement que possible, Jisung se tourna vers son cadet. Du bout des doigts il lui fit relever la tête et l'embrassa de nouveau. Minho se laissa faire, les yeux clos et les lèvres déjà entrouvertes. Prêt à être engloutit par tout ce que Jisung pouvait lui donner. Le professeur approfondit le baiser sans attendre, savourant lèvres et langue contre les siennes dans un ballet lent.

Jamais il ne s'en serait cru capable. Jamais auparavant il n'avait eu cette envie depuis le départ de Jeehee : l'envie d'avancer. Il avait envie d'abandonner ses démons, son malheur, il pouvait être de nouveau heureux bien entendu. Minho lui offrait tout ça sur un plateau d'argent. Le jeune homme répondait à ses baisers par des soupirs à peine retenu et lorsqu'il plongea sa main dans la chevelure de son étudiant, ce dernier étouffa une plainte du mieux qu'il le pu. Jisung voulait prendre ses distances avec son passé, il voulait avancer encore un peu plus loin dans sa vie, mais pas seul.

A bout de souffle, il se sépara de Minho dont les yeux à peine ouverts étaient déjà vitreux. Un frisson parcouru le corps de Jisung : ce n'était pas assez. La moindre caresse et la moindre étreinte était toujours trop peu pour lui.

« Reste ce soir. » murmura t-il doucement, avant d'embrasser de nouveau tendrement son cadet. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. « Dîne ici et reste dormir. »

Les yeux de Minho fixèrent longuement ses lèvres avant qu'il ne mordille les siennes, perdu dans ses pensées. Jisung l'aurait dévoré tout entier. Lorsque le jeune homme hocha fébrilement la tête, un vague sourire emprunta ses lèvres délicates.

« D'accord, ça me va. » répondit-il avant de quémander un nouveau baiser.

Encore une embrassade qui laissa Jisung avec les mains tremblantes et ils durent se résoudre à arrêter de s'embrasser. Soonyeon n'allait pas tarder à les rejoindre et ni l'un ni l'autre n'avaient envie que la petite sache quoi que ce soit. Du moins pour le moment, se disait le professeur en observant les lèvres roses de baisers de Minho.

Ils arrêtèrent le cours de soutien pour se consacrer à la préparation du repas du soir. Jisung aurait pu se lamenter sur son niveau lamentable de cuisine, à tel point qu'on pouvait se demander comment il avait réussi à élever seul sa fille sans qu'elle ne meure de faim. Minho était bien plus à l'aise que lui sur ce domaine. Ils prirent leur temps ensemble, et lorsque Soonyeon fit irruption dans la cuisine en entendant la porte de réfrigérateur s'ouvrir et se fermer à répétition, l'enfant sauta au plafond en voyant son baby-sitter encore là. Au final, ils cuisinèrent tous les trois, la petite fièrement debout sur son marche-pied pour être à hauteur des comptoirs, pour observer les adultes préparer le repas. Elle fut assignée à la tâche délicate de remuer le bouillon dans lequel des cuisses de poulet devaient cuire. Soonyeon babillait à propos de sa journée comme à son habitude. Jisung ne manquait pas la façon dont Minho semblait attendri par la petite et répondait avec emphase à ses questions.

C'était un goût de trop peu.

Jisung aurait aimé pouvoir embrasser la joue de son cadet devant Soonyeon et que ça soit naturel, qu'ils aillent la border ensemble le soir avant de pouvoir se câliner toute la soirée devant la télévision. C'était ça qu'il voulait.

Ils mangèrent ensemble dans la salle à manger. Jisung était incapable de détourner les yeux de son cadet, il observait le moindre de ses gestes. Il avait conscience d'être probablement gênant. C'était pourtant plus fort que lui : la moindre courbe du visage de Minho détournait son attention, ses mimiques lorsqu'il mâchait son plat, l'étincelle dans le creux de ses yeux lorsqu'il croisait son regard. Il en voulait toujours plus.

Assez tôt après le repas, Soonyeon se mit à somnoler dans le canapé. Lorsque Jisung revint de sa propre douche, la petite dormait avec la tête posée sur le bras de son baby-sitter qui était occupé à envoyer des messages sur son téléphone. Il le relâcha pourtant aussitôt en voyant son aîné s'approcher de lui, désignant la petite du pouce.

« Elle s'est écroulée. » articula t-il doucement avant de se tourner vers elle. « Je voulais t'attendre avant de la coucher. »

La poigne délicate autour de la gorge de Jisung se refermait de plus en plus : Minho était simplement l'être le plus précieux qu'il connaissait à cette seconde. Le professeur hocha la tête et se chargea lui même d'aller coucher sa fille, suivi par son étudiant qui l'observait faire dans l'encadrement de la porte. Encore et toujours cette scène domestique, si bête et simple que Jisung voulait en faire son quotidien. Soonyeon était profondément endormie lorsqu'il la borda dans son lit, elle ne répondit même pas quand il lui souhaita bonne nuit.

En rejoignant Minho dans le couloir, Jisung sentait presque son corps vibrer d'impatience. Il se sentait propre de sa douche, à l'aise dans son cocon, il attrapa la main du jeune homme devant lui pour le ramener dans le salon. Son cadet avait les joues rosées lorsqu'ils s'installèrent l'un contre l'autre dans le canapé et que Jisung le prit aussitôt dans ses bras.

« Tu es certain que ça ne te dérange pas si je reste ? » demanda Minho en se blottissant contre lui, enfouissant la tête dans son cou. Le professeur se sentit frémir au souffle brûlant contre sa peau.

« Je te l'ai proposé voyons. » répondit Jisung en déposant un baiser dans les cheveux du jeune homme. C'était au début égoïste, il voulait profiter de la moindre seconde avec lui, ne sachant pas combien de temps cette situation allait pouvoir durer. Mais au fond, il était aussi content de le sortir de sa maison familiale dans laquelle il ne semblait pas s'épanouir. « Je ne veux juste pas te causer de soucis vis-à-vis de ta famille... »

« Quoi que je fasse tu sais, ça ne leur convient pas de toute façon. » reprit le jeune homme. « Autant me faire plaisir dans ce cas là. »

C'était difficile d'entendre ces mots sortir de la bouche de Minho. Aux yeux de Jisung, il méritait de sortir grandit du début de sa vie d'adulte. Lui avait eu beaucoup de chance avec Yongbok, leurs parents avaient été très compréhensifs à des dizaines de points de vue. Que ça soit leurs études, leurs choix de partenaire ou même de fonder ou non une famille, ils avaient toujours été là pour eux.

« Si tu as besoin de parler, tu sais je suis là. » répondit le professeur avant de poser une de ses mains sur la taille de son cadet pour l'approcher de lui. « Je suis doué pour garder les secrets. »

« ça je n'en doute pas. » lança Minho avant de se décaler pour l'observer. Aussitôt, Jisung se sentit submergé par l'affection. Les yeux de son étudiant brillaient, ils étaient captivants. « Il y a plein de choses que je ne sais pas sur toi, professeur Hannie. »

« J'essaie de me protéger, et protéger ma fille. » reprit-il en esquissant un sourire. « ça n'a rien contre toi. »

« Je sais. »

Même s'il ne savait rien, Jisung ne pouvait pas lui en vouloir. Minho avait la fougue de la jeunesse, le désir d'avancer intact et de forger sa vie comme il l'entendait. Lui était probablement trop vieux pour lui, trop enchaîné dans une vie de famille qui rebuterait n'importe qui. Il était seul au fond, malgré tout le soutien qu'il pouvait en tirer de ses proches. Minho apparaissait comme une bouée de sauvetage, une lumière au bout d'un tunnel plein de ténèbres dans lequel il luttait depuis trop longtemps.

« Je peux dormir avec toi cette nuit ? » murmura le jeune homme, les yeux suppliants.

Personne n'avait dormi avec lui depuis des années. Personne n'avait partagé son lit, sauf Minho pour coucher une fois ensemble. Pourquoi alors ça lui avait semblé être si juste lorsqu'il avait accepté le garçon dans son lit ? Jisung voulait tout effacer, il voulait oublier son passé et les souffrances qu'il avait traversé. Il avait assez donné, la page était prête à se tourner. Pour la première fois, il s'en sentait capable.

Alors, Jisung hocha la tête et plongea pour embrasser son cadet tendrement. Ce dernier se coula aussitôt dans ses bras, les yeux fermés et un soupir coincé dans la gorge. Laissant ses mains s'emparer du corps du jeune homme, l'aîné savourait simplement cet éclat sur sa langue : le bonheur. Il se sentait bien.

Bientôt, les mains de Minho se firent plus aventureuses. Impossible de lutter lorsqu'il referma ses doigts dans la nuque de Jisung, le plaquant contre lui dans un baiser qui s'échauffait de plus en plus. Le professeur essayait de se retenir : il désirait le jeune homme plus que tout et ce dernier ne faisait rien pour calmer le jeu. Au contraire, ce fut même lui qui rompit le baiser en premier pour le guider dans la chambre.

Ils fermèrent la porte de la pièce, baignée uniquement par les lumières de la ville qui filtraient à travers la fenêtre. Jisung prit aussitôt son cadet dans les bras, glissa ses mains sous le tee-shirt qu'il portait pour sentir la chaleur de sa peau. Minho retint un gémissement d'impatience et l'aîné se sentit sourire : il n'était pas le seul à désirer l'homme à ses côtés plus que tout.

« Jisung, s'il te plaît... » chuchota le jeune homme contre ses lèvres alors qu'il commençait à le déshabiller.

« Oui ? Qu'est ce que tu veux Minho ? » répondit-il en plongeant pour embrasser la naissance de son cou, juste sous son oreille. Son cadet l'enveloppa dans ses bras, rejetant sa tête en arrière pour dégager sa peau. Dans sa poitrine, Jisung sentait son cœur battre contre ses côtes plus fort qu'il ne l'aurait imaginé.

« Toi. » reprit le jeune homme, ondulant des hanches pour sentir son aîné tout contre lui. « Toi, tout, je veux tout. »

Jamais Jisung n'aurait pensé pouvoir déshabiller quelqu'un si vite. Lorsqu'il poussa le jeune homme dans ses draps, nu et les jambes légèrement écartées, il prit quelques secondes pour le contempler. Minho était l'adonis parfait, dans la pénombre de la chambre, ses yeux scintillaient comme des galaxies. D'un geste impatient, Jisung écarta les cuisses de son cadet pour se glisser entre, papillonnant sa peau de baisers. L'étudiant se mordait les lèvres pour ne faire aucun bruit, cabrant son corps pour sentir l'homme contre lui toujours plus proche.

Après s'être débarrassé de ses vêtements, le professeur reprit ses caresses. Le corps du jeune homme pliait sous ses doigts et sa langue, alors que l'audace le faisait s'aventurer toujours plus loin sur la peau de Minho. Ce dernier murmurait son nom comme une litanie, toujours et encore, jusqu'à ce que Jisung ne perde enfin pied.

« ça va aller ? » chuchota t-il alors qu'il préparait l'étudiant après avoir prit les préservatifs et le lubrifiant dans sa table de chevet.

« J'ai besoin de toi. » répondit Minho d'une voix terriblement tremblante. « Ne me laisse pas... »

Le cœur de Jisung battait un rythme infernal dans sa poitrine. Il plongea de nouveau, embrassant le torse de son cadet avant de venir sucer la peau au dessus de son cœur. C'était plus fort que lui, alors que ses doigts allaient et venaient, il voulait le marquer, se l'approprier. Il voulait tout effacer pour que Minho soit à lui et à personne d'autre.

Lorsqu'il pénétra le jeune homme, Jisung laissait parler son cœur. Le baiser qu'il partageait avec Minho était bien trop fort pour n'être qu'un baiser sans importance. Son amant était enroulé autour de lui, les bras autour de ses épaules, les jambes nouées dans son dos, les gémissements coincés dans la gorge. Minho tremblait comme une feuille quand il fut enfin en lui. Jisung rompit le baiser l'espace d'une seconde pour regarder le jeune homme dans les yeux. Ces yeux si brillants et si doux. Front contre front, ce fut des secondes hors du temps et de tout ce que Jisung avait connu un jour.

A la force de ses bras, il écarta les cuisses de son cadet pour commencer à aller et venir sans le quitter des yeux. Immédiatement, Minho se mordit les lèvres pour s'empêcher de geindre et son aîné se sentit perdre la tête. Il enfouit sa tête dans le cou du garçon, embrassant la chair offerte, savourant les soupirs dans le creux de son oreille. Il l'adorait. Il adorait ce jeune homme, il ne voulait que son bonheur et il voulait le partager avec lui. Les vagues brûlantes de plaisir consumait son corps à petit feu, chaque aller et retour dans la chaleur de Minho donnait à son professeur envie de gémir tout son saoul.

Bientôt, le rythme fut erratique. Jisung tendait l'oreille pour percevoir la moindre plainte ou inconfort de Minho, mais ce dernier s'accrochait à lui comme si sa vie en dépendait. Le jeune homme l'attira davantage à lui, cherchait à l'embrasser encore et encore, murmurant son nom sur ses lèvres sans cesse. Jisung se forçait à ne pas aller trop vite, il voulait faire durer ce plaisir, mais son corps en avait décidé autrement.

« N-non, continue, s'il te plaît continue... » chuchota le jeune homme, les doigts crispés dans les épaules de son aîné.

« Je vais jouir si je continue. » répondit Jisung en ralentissant, sentant son orgasme pousser encore et encore malgré ses gestes plus lents.

« Moi aussi, t'arrête pas... »

Minho semblait être à deux doigts de pleurer tant ses yeux brillaient. Alors Jisung céda. Il chercha à attraper la main de son cadet pour la tenir dans la sienne avant de l'embrasser et de laisser ses hanches reprendre des mouvements plus amples. Les corps tremblants se tendirent dans le plaisir, submergés par les sensations, avant de se détendre lentement. A bout de souffle, Jisung continuait d'embrasser encore et encore le visage de son amant qui respirait la bouche grande ouverte et les yeux perdus dans le vague.

Avec douceur, il se retira de Minho avant de se coucher à côté de lui et de retirer le préservatif qu'il avait mis. Le jeune homme semblait reprendre pied : il se roula tout contre son aîné en soupirant d'aise.

« C'était intense... » murmura t-il en s'agrippant à son aîné, qui l'enroba aussitôt de ses bras pour le rapprocher de lui. « J'ai beaucoup aimé. »

« Moi aussi j'ai aimé ça. » répondit Jisung en souriant, le cœur encore affolé dans sa poitrine. Le jeune homme releva la tête pour le regarder dans les yeux. Son sourire était si attendri, si doux...

« J'aime vraiment tout ça. » reprit Minho avant de se redresser et de venir déposer un baiser sur les lèvres de son aîné.

Jisung aimait tout ça aussi. Il aimait l'entièreté de Minho, que ça soit ses côtés taquins ou sa fragilité dissimulée. C'était un tout qui faisait fléchir son cœur à chaque seconde passée en sa compagnie. Il voulait tout lui donner.

« Tu veux aller te rafraîchir ? » demanda t-il en caressant d'une main les cheveux légèrement humides du jeune homme. « Tu dormiras mieux. »

« C'est un souci pour le Minho de demain ça. » plaisanta son cadet en faisant un vague signe de la main. « Le Minho de maintenant n'a qu'une envie et c'est de rester là. »

En retenant un rire, le professeur tendit le cou pour embrasser le jeune homme sur le coin des lèvres. Il joua maladroitement des pieds pour essayer d'attraper la couverture sans relâcher Minho, ce qui faillit le faire éclater de rire à deux reprises avant qu'ils ne puissent se blottir l'un contre l'autre dans le lit. Avoir un corps chaud pressé contre le sien, voilà une sensation qui avait bien plus manqué à Jisung qu'il ne voulait l'admettre. Au delà de ce simple manque, le jeune homme lui inspirait tant de désirs qu'il avait du mal à mettre les mots dessus.

Minho se fit petit dans ses bras et le professeur soupira d'aise. Il embrassa de nouveau son front avant de lui souhaiter une bonne nuit. Avant même de s'en rendre compte, il s'endormit.