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Chapitre 13

Jisung n'avait nullement envie de presser Minho à parler, mais il se doutait qu'il y avait eu un énorme changement dans la vie de son cadet. La plupart du temps, le jeune homme restait sur son téléphone lorsqu'il avait un moment de libre. Mais ces derniers temps, son portable était le plus souvent éteint. Mine de rien, le professeur savait que ce n'était pas habituel chez ses étudiants de ne pas passer tout leur temps dessus. Il ne voulait cependant pas le forcer à parler, il voulait lui laisser son propre jardin secret.

Le jeune homme dormait chez lui un soir sur deux quasiment. Minho lui disait simplement qu'il devait travailler quand il ne restait pas et Jisung ne l'avait jamais spécialement retenu. Il connaissait la plupart des devoirs que son étudiant devait faire, et il savait jusqu'à quel point le temps libre d'un élève de son niveau était précieux. Parfois il travaillait une heure lorsqu'il passait la nuit à l'appartement, mais Minho finissait toujours par se rouler en boule à côté de lui dans le canapé, à quémander baisers et caresses pour aller s'endormir avec lui après.

Soonyeon ne posait pas de question. La petite vivait tranquillement sa vie, Minho faisant toujours en sorte de partir avant son réveil le matin pour ne pas être surpris dans le lit de son père. Jisung appréciait le geste, mais au fil des dernières semaines, il ne fut pas spécialement surpris de se dire qu'aborder le sujet avec sa fille devenait de plus en plus une évidence. Il n'aimait pas lui cacher des choses et elle n'était pas non plus bête. Elle finirait par l'apprendre à un moment ou un autre et Jisung n'avait pas envie qu'elle se sente trahie.

Ce matin là, Minho quitta l'appartement avec une longue séance de baisers dans le lit, entrelacé au corps nu de Jisung dans leurs draps. Après des rires et des regards en coin, le jeune homme avait fini par trouver la force de quitter le cocon de leur chambre pour rejoindre l'université. Le professeur s'était préparé pour sa journée dans la salle de bain, le cœur léger et les lèvres encore rouges de baisers avant d'aller réveiller Soonyeon. Les cheveux de sa fille semblaient avoir traversés deux champs de bataille avant de finir sur sa tête et ses yeux étaient si petits que Jisung eu un pincement au cœur à la tirer de son sommeil. La petite se traina du mieux qu'elle pu jusqu'à la cuisine pour déjeuner avant filer dans la salle de bain avec ses affaires du jour.

Après s'être enroulés dans leurs manteaux respectifs, le père et la fille quittèrent l'appartement. Soonyeon embrassa son père sur le palier de son école, Jisung prit le temps de saluer Jeongin d'un geste de la main avant de prendre le chemin inverse pour rejoindre l'université. Il se sentait de bonne humeur ce jour-ci et avait presque le temps de prendre un café au Sunshine Club. Alors qu'il allait s'y rendre, il fut surpris d'entendre son téléphone sonner dans sa poche. Pensant qu'il s'agissait de Minho, il sortit son portable de sa poche mais fut étonné de voir un numéro qu'il n'avait pas d'enregistré. Qui pouvait bien l'appeler si tôt dans la journée ?

« Oui allô ? » lança t-il en décrochant, à quelques mètres de l'établissement de Yongbok.

« Professeur Han ? » répondit une voix féminine qui lui était désagréablement familière. « Bonjour, ici Mademoiselle Choi, l'assistante du doyen le Professeur Park. »

Le sang de Jisung se figea aussitôt dans ses veines. Sa dernière confrontation avec le doyen s'était plutôt bien passée, même si ce dernier s'était montré contre la présence de Minho comme baby-sitter pour sa fille. Ce n'était pas grand-chose, mais cette histoire avait tout de même travaillé le professeur. Ses yeux se levèrent sur le néon du Sunshine Club et il se força à articuler :

« Bonjour Mademoiselle Choi, comment-allez vous ? »

« Je vous appelle car le Professeur Park souhaiterait s'entretenir de nouveau avec vous. » reprit-elle, ignorant totalement sa question. « Nous savons que vous avez une heure devant vous pour votre prochain cours, aussi nous vous attendons dans les meilleurs délais au bureau. »

Jisung hésita quelques secondes. Est-ce que ça valait le coup de mentir pour retarder l'entretien ? Non. Ce n'était que reculer pour mieux sauter. Surtout que les bureaux administratifs donnaient sur la grande esplanade d'accueil de l'université : peut-être Mademoiselle Choi l'avait-elle vu arriver et l'avait appelé pour le convoquer immédiatement.

« Vous avez de la chance, je viens juste d'arriver sur le campus. » répondit-il le plus aimablement possible. Il prit le chemin du bâtiment où se trouvait le bureau du doyen. « Je suis là dans quelques minutes. »

« Ravie d'apprendre cette nouvelle professeur Han. A tout de suite. »

Le ton de l'assistante était froid, mais Jisung ne savait pas comment l'interpréter. Il rangea son téléphone dans sa poche et frissonna. La nervosité et le froid s'insinuait en lui comme du venin. Sans savoir ce qu'il allait se dire ou bien lui arriver, il était trop tard pour reculer. Il n'avait rien fait de mal. Il savait que d'un point de vue professionnel il n'avait rien à se reprocher. D'un point de vue personnel, il en était tout autrement. Mais ça le doyen n'était pas censé être au courant. Lui était muet, et si lors de sa première convocation il avait un léger doute sur Minho, désormais il faisait confiance à son étudiant.

La mort dans l'âme, il entra dans le bâtiment principal pour rejoindre le bureau du doyen. A cette heure de la journée, la majorité des employés de bureau n'étaient pas encore arrivés et il n'y avait aucune trace d'étudiant aux alentours. Jisung se rendit dans la bonne section avant de rester quelques secondes devant la porte gravée au nom du professeur Park avant de cogner à celle-ci.

La porte s'ouvrit sur le petit gabarit de Mademoiselle Choi. Cette dernière le salua de la tête et l'invita à entrer dans la pièce. Comme à sa première visite, le doyen était concentré sur son écran d'ordinateur et semblait écrire un long message. Le bois du bureau contrastait avec la lumière blafarde du néon accroché au plafond de la pièce et Jisung sentit la nausée le prendre au ventre. Ses doigts étaient légèrement engourdis, sa tête tournait.

« Souhaitez-vous boire un café professeur Han ? » demanda Mademoiselle Choi en s'inclinant légèrement.

« Non merci. » répondit-il, la bouche sèche et un nœud dans la gorge.

« Ah bonjour professeur Han. » lança le doyen et ne prenant pas la peine de tourner la tête vers lui. « Installez-vous. Vous pouvez disposez Mademoiselle Choi. »

L'assistante ne demanda pas son reste et fila hors du bureau du professeur Park pendant que Jisung s'installait sur un des fauteuils se trouvant face au doyen. Il sentit le bois craquer sous son poids et le professeur était à deux doigts de vomir. Dans ses oreilles, un vrombissement sourd semblait gronder au loin, lui faisant ignorer le cliquetis du clavier du professeur Park mais aussi les rares pas qu'on entendant dans le couloir. Jisung sentit un frisson parcourir ses épaules. Il détacha les attaches de son caban pour se sentir plus à l'aise dans la chaleur du bureau.

« Bien. » reprit le professeur Park en abandonnant enfin son écran pour se tourner vers son homologue. « Comment allez-vous ? »

« Je vais bien, merci. » répondit mécaniquement Jisung, un sourire poli mais crispé aux lèvres. « Que puis-je faire pour vous aujourd'hui ? »

Jisung n'avait aucune envie de tourner autour de la question. Les convocations chez le doyen de l'université étaient rares, lui même ne l'avait vu qu'en des situations exceptionnelles. La nervosité le faisait se comporter à la limite de l'acceptable mais il n'en avait que faire : le stress nouait son ventre et il faisait vraiment de son mieux pour contrôler sa voix.

« Je pense qu'il est préférable de jouer franc jeu, n'est ce pas ? » lança le doyen d'un ton ferme. Il soupira avant de se caler dans son fauteuil, les doigts croisés sur son ventre. « J'ai toujours eu de bons espoirs pour vous professeur Han, vous êtes jeune, dynamique et très courageux. Je vous en ai parlé la dernière fois mais je vous admire pour tout ce que vous avez traversé dans votre vie. »

Ce n'était pas normal. Le discours était fait pour aller dans le sens positif mais Jisung sentait que quelque chose clochait.

« Néanmoins les épreuves que vous avez traversé ne vous donne aucun passe-droit. » reprit le professeur Park sans le quitter des yeux. « Je vous ai déjà parlé de la situation concernant votre étudiant, le dénommé Lee Minho. »

« Monsieur Lee s'occupe de garder ma fille après les cours la journée en échange de cours de soutien, je ne vois pas quel problème cela apporte. » répondit Jisung le plus platement possible. Il sentait les émotions fluctuer en lui comme des vagues sur des rochers. Ses nerfs étaient à bout, ses doigts tremblaient s'il se risquait à ne pas les crisper dans le tissu de son pantalon.

« Le problème c'est qu'un membre du corps enseignant, dont je tairais le nom par respect de son anonymat, vous a reconnu vous, votre fille et monsieur Lee un samedi dans un parc de loisirs il y a de ça plusieurs semaines. »

Jisung sentit sa poitrine se vider. Il se figea sur sa chaise, le cœur arrêté et les yeux écarquillés. Quelqu'un l'avait vu en compagnie de son étudiant. Ils n'avaient pas été spécialement proches ce jour là, après tout ils étaient en public et avec Soonyeon à leur côté, ils n'avaient prit aucun risque. Sauf... Sauf lorsqu'ils s'étaient embrassés pendant le tour de carrousel de la petite. Jisung reprit sa respiration comme ce qu'il lui avait semblé être une longue minute, tout son corps fonctionnait au ralenti.

« Bien évidemment, ce que vous faites sur votre temps libre ne regarde que vous. » continuait le doyen, prenant peu d'attention à la réaction catatonique de Jisung. « Cependant nous ne pouvons tolérer que nos professeurs sympathisent avec nos étudiants sur le temps de repos. Professeur Han, je vous respecte beaucoup, mais cet arrangement avec cet élève doit cesser dans les meilleurs délais. Il s'agit de la réputation de notre faculté qui est en jeu. »

Tétanisé, le professeur fixait son aîné sans même ciller. Arrêter son arrangement avec Minho ? C'était impossible. Il ne pouvait pas sortir le jeune homme de sa vie. Et d'un côté professionnel, il ne pouvait pas non plus s'en passer de toute façon. Le doyen ne semblait pas sous entendre autre chose que de l'amitié de toute façon, à moins qu'il ne dise pas tout...

« Le fait que Monsieur Lee s'occupe de mon enfant me rend plus performant dans mon travail. » trouva t-il la force de croasser au bout d'un moment sous le regard de rapace du professeur Park.

« Vous étiez tout aussi performant avant qu'il ne s'occupe de votre petite avec tout le respect que je vous dois. » rétorqua aussitôt le doyen. « Professeur Han, vous devez comprendre dans quelle situation vous vous trouvez. Établir une relation au-delà de celle de l'étudiant à professeur avec un élève remet en cause votre impartialité. »

« Je suis partial sur mes notations pour Monsieur Lee. Si ses notes sont en augmentation c'est simplement car il a du soutien scolaire assidu en dehors de ses heures de cours. » reprit Jisung, la gorge sèche.

« Alors qu'il prenne des cours avec un autre professeur. » rétorqua le doyen en se retenant visiblement de monter le ton. « Les rumeurs vont vite, je ne vous apprends rien. Être ami avec un étudiant n'est pas quelque chose de tolérable. J'ai passé l'éponge la dernière fois car vous m'aviez assuré que vous gardiez une relation strictement professionnelle, mais force est de constater que vous êtes plus proche de Monsieur Lee que vous n'ayez voulu l'admettre. »

Jisung était pétrifié sur son fauteuil. Il cherchait désespérément ses mots : même si manifestement on ne les avait pas surpris entrain de s'embrasser, on les soupçonnait de plus. Le regard du doyen était perçant sur lui.

« Professeur Han, je vous le redemande une dernière fois : cessez cet arrangement avec votre étudiant et reprenez vos distances. » reprit le professeur Park avec un ton paternaliste absolument insupportable. « Si j'apprends que vous ne le faites pas, je serais contraint de procéder à votre mutation dans un autre établissement ou à une demande de licenciement. »

Jisung se moquait de bien des choses. Mais imaginer perdre son emploi ou le garder et avoir une réputation atroce, c'était bien trop pour lui. Ses joues étaient cireuses, son regard presque perdu dans le vague. La nausée lui faisait tourner la tête.

« P-pardon ? » balbutia t-il, désarçonné.

« Il s'agit de la réputation de la faculté qui est en jeu. » répéta le professeur Park sans en démordre. « Votre comportement pourrait jeter l'opprobre sur la façon dont je gère cette université et je le refuse. Cessez ce comportement et je suis prêt à fermer les yeux. »

Encore quelques heures plus tôt, Jisung se revoyait encore si proche de son étudiant, au lit, entrelacé à ce jeune homme qu'il aimait. Son sourire berçait ses pensées, son cœur battait pour lui. Il était sa chaleur et sa force. Même s'ils restaient discrets, ni l'un ni l'autre n'était à l'abri que quelqu'un, n'importe qui les reconnaissent et faire remonter l'information à ses responsables.

Et alors quoi ?

Il serait affecté dans une autre université avec de la chance, certainement dans une autre ville où on tairait cette affaire pour ne pas lui porter préjudice. Ou alors pire, on le mettrait à la porte. Qui voudrait alors d'un ancien professeur, licencié pour avoir contesté sa hiérarchie et qui semblait abuser de sa position pour valoriser quelqu'un ? On remettrait en cause son intégrité, son impartialité.

Sans parler de Soonyeon. Qu'irait-elle penser s'il perdait son travail ? L'appartement, c'était tout ce qu'il pouvait lui offrir en plus de la stabilité du foyer. Il avait besoin de l'argent, pour payer son école, pour lui assurer un bon avenir. Ironiquement, il était seul pour assurer l'avenir de cette enfant. Elle ne comprendrait pas pourquoi il perdrait son emploi ou pourquoi ils devraient abandonner ce cocon familial, seul vestige tenant debout de la présence de sa mère dans sa vie.

« D'accord. » murmura t-il d'une voix à peine perceptible, les yeux rivés sur le bureau du doyen pour ne pas affronter son regard.

« Pardon ? Je ne vous ai pas entendu ? »

Jisung releva la tête. Son esprit était vide, son cœur était froid. Il ne sentait même plus qu'il avait trop chaud avec son caban dans ce bureau impersonnel où l'homme devant lui n'avait aucune idée de la réalité des choses. C'était automatique. Rien de plus, rien de moins.

« C'est d'accord. » répéta t-il, la poitrine si serrée que le moindre mot lui écorchait la bouche. « Je vais cesser cet arrangement et de côtoyer Monsieur Lee. »

« Je suis ravi de voir que vous êtes raisonnable, professeur Han. » lança alors le doyen, un grand sourire aux lèvres. « Je savais que je pouvais vous faire confiance. »

Son esprit était prisonnier d'un épais coton. Il entendait à peine les mots bienveillants du professeur Park ou les salutations de Mademoiselle Choi lorsqu'il quitta le bureau. Sa tête tournait, il était perdu. Il ne pouvait pas, ce n'était pas possible.

Vivre sans Minho, c'était vivre sans raison d'avancer. Le jeune homme avait ouvert ses yeux : il était capable d'exister au-delà qu'au travers de sa fille. Il avait le droit d'exister en tant qu'homme, avec ses sentiments et ses désirs. Jisung avait le droit d'aimer à nouveau malgré la façon dont on lui avait arraché la femme qu'il aimait avant. Minho était devenu une bulle d'oxygène, ils se comprenaient, se complétaient et savaient quoi attendre de l'autre sans même parler. Jisung l'aimait. Il l'aimait vraiment à en crever.

Mais il s'était promis de toujours penser à Soonyeon avant tout au monde. Elle était sa fille et son ancre dans l'envie de vivre depuis que Jeehee était partie. Il devait la protéger, coûte que coûte.

Jisung avançait dans sa journée comme un automate. Malgré les questions inquiètes de Changbin et une prise à partie où son ami l'avait presque secoué sur place pour qu'il dise ce qu'il lui arrivait, le professeur d'anglais s'était contenté de rester évasif, invoquant un souci familial assez intense pour esquiver davantage de question. Il ne pouvait en parler à personne. Personne ne savait de toute façon. Et il avait une fierté mal placée qui l'empêchait d'aller voir son propre frère pour lui en parler. Ironiquement, il se disait que Yongbok serait soulagé de savoir que cette histoire avait prit fin, surtout pour la sécurité de Soonyeon.

Au fond, à quoi avait-il pensé ?

Depuis le début, ça n'avait été que de la folie. Aussi beau et attirant était Minho, il aurait dû mettre un arrêt à cet arrangement dès les premières provocations. Il était un adulte responsable, parent d'une enfant qui avait perdu sa mère. Mettre l'étudiant à la porte dès le premier dérapage lui aurait été bénéfique. Jamais il ne serait tombé dans cette affreuse spirale de sentiment. Un profond dégoût de lui même le prit au ventre. Minho n'éprouvait probablement pas le quart de ce que lui ressentait : il s'était laissé happé par sa propre bêtise. Si avide d'avoir de l'attention que la moindre caresse avait enflammé sa peau et le moindre regard un peu tendre l'avait convaincu. Il s'était éprit du jeune homme et il n'avait que le revers de son comportement irresponsable.

Au fur et à mesure que les heures avançaient, l'appréhension de voir Minho grandissait dans son ventre. Il ne mangea pas ce midi là, restant isolé à l'extérieur de la faculté pour ne croiser personne qu'il connaissait. A chaque fois qu'il cherchait à formuler une façon de s'exprimer, il ne trouvait rien de bien. Il n'avait pas envie de se justifier. Mais Minho avait l'air de tenir à sa fille et malgré tout, il ne voulait faire ni souffrir l'un, ni l'autre. C'était simplement mieux qu'ils ne se voient plus.

Le courage de Jisung lui fit défaut lorsqu'il observa un des messages que son amant lui avait envoyé en milieu de journée. Il devait lui dire qu'il devait lui parler.

이민호[14:13]

Je récupère Soonyeon comme d'habitude, je devrais juste faire un saut récupérer des affaires après ton retour pour prendre un change chez mes parents.

Mais à la place, il ne répondit simplement pas.

Le soir venu, il repoussa au maximum l'heure de son retour à l'appartement. Pour la première fois de la journée, après avoir enfilé un masque sur son visage pour prendre les transports en commun, il sentait ses nerfs craquer. Ses yeux le piquaient lorsqu'il fendait la foule dans la station de métro. Il devait mettre fin à tout ça. C'était simplement fini. De nouveau ses draps seraient froids et son cœur serait vide.

Jisung sentait son corps parcouru de frissons. Il était au bord de la fièvre et de l'effondrement. Son cœur était malade : tiraillé entre l'amour et la raison. Il n'y avait pourtant qu'une seule solution sérieuse et réaliste. C'était simplement fini, ça ne pouvait plus durer. C'était trop risqué pour lui, mais aussi pour Minho avec un peu de recul. Ou alors se disait-il cela pour se donner bonne conscience ?

En arrivant chez lui, l'ambiance était chaleureuse. L'air était bercé par les rires de sa fille, la bonne odeur de chocolat chaud et d'orange, le bruit de la télévision sur un programme quelconque. La paire de baskets mal rangées de Minho dans l'entrée lui déchira le cœur à la seconde où il posa son regard dessus.

Comme à son habitude, Soonyeon se rua sur lui le sourire aux lèvres et les yeux pétillants de joie. Jisung détourna les yeux pour qu'elle ne voit pas son expression, tâchant de sourire sans la regarder, écoutant sa douce voix pour tenter d'ignorer l'ombre dans l'encadrement de la porte, si proche et loin de lui à la fois. La nausée revenait, encore plus forte et plus étourdissante encore, lorsqu'il reposa sa fille au sol.

« Tu vas faire ton bain ma Princesse ? » lança t-il en essayant de sourire à Soonyeon, qui fronça aussitôt les sourcils.

« ça va Papa ? » demanda t-elle en penchant la tête sur le côté, l'air curieuse. « T'es bizarre. »

« Tout va bien. » mentit le professeur en hochant la tête. Il se sentait malade. « Va vite te laver pour qu'on aille manger après d'accord ? »

L'enfant hésita quelques secondes mais finit par se détourner de son père pour aller récupérer ses affaires dans sa chambre. Jisung inspira profondément pour se donner quelques grammes de courage avant de lever les yeux vers l'objet de toutes ses inquiétudes.

Minho était comme d'habitude appuyé dans l'encadrement de la porte. Il observait Jisung avec un air grave, les lèvres assez pincées et les sourcils légèrement froncés. Le professeur était simplement subjugué par sa beauté juvénile et son air inquiet. Minho était tout ce qu'il désirait, et il allait tout perdre.

« Qu'est ce qu'il t'arrive ? » demanda le jeune homme sans le quitter des yeux alors que Jisung se débarrassait de ses chaussures.

« Après. » trouva t-il la force de répondre en désignant la porte de la chambre de Soonyeon de la tête.

Le jeune homme n'insista pas et retourna dans le salon le temps que Jisung n'enlève son manteau. Ses mains étaient gelées, il avait l'impression d'être si vide qu'elle n'arrêtait pas de trembler. Que ça soit ses émotions ou encore son corps, tout lui échappait. L'impuissance serrait son cœur comme un étau. En quittant la petite entrée, il entendit Soonyeon aller dans la salle de bain et actionner l'eau du bain toute seule. Il ne pouvait plus reculer, ce n'était plus possible.

Minho était installé dans le canapé lorsqu'il entra dans le salon. Le jeune homme était en tailleur, l'air grave et sincèrement inquiet. Jisung hésita à s'asseoir à côté de lui avant de se raviser et de s'installer sur une des chaises de la minuscule salle à manger. Il ne voulait pas s'asseoir à côté de lui. Il aurait été incapable de lutter contre l'envie de l'embrasser et de le serrer tout contre lui.

« Jisung... » lança la voix de son cadet. « Qu'est ce qu'il s'est passé ? Tu n'as pas répondu à mon message et tu arrives comme ça à l'appartement. »

Quels étaient les meilleurs mots ? Comment le dire ? Il ne voulait pas être cruel, il en était incapable. Il ne savait pas ce que Minho ressentait mais lui ne pouvait que contempler le désastre. Il allait lui même s'arracher le cœur et le piétiner pour éviter à sa famille de se détruite. Aucune bienveillance n'allait lui être accordée.

« Lors de notre sortie tous les trois à Lotte World. » commença t-il d'une voix blanche qu'il espérait être dénuée d'émotion. « Quelqu'un nous a vu. »

Jisung ne s'attendait à aucune réaction en particulier de Minho. Il ne s'attendait à rien, il ne savait pas quoi faire. Il se sentait empoté à être assis comme ça, si loin de son cadet, alors que d'ordinaire il se fondait si facilement dans ses bras. Qu'il se haïssait. Il voulait revenir en arrière pour ne pas tomber amoureux de Minho, ou alors se propulser dans le futur en priant que la plaie béante de son amour pour le jeune homme soit cicatrisée.

« J'ai déjà été convoqué par le doyen de l'université car l'information comme quoi un de mes étudiants était mon baby-sitter avait fuité, je ne sais pas comment. » continua t-il face au silence de plomb. Ses yeux étaient rivés sur le bout du canapé, incapable de regarder son cadet. « Il m'a reconvoqué aujourd'hui en me demandant expressément d'arrêter notre arrangement pour la garde de ma fille. »

La langue de Jisung était en plomb, il avait presque du mal à parler tant il marchait par automatisme. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Il fallait que ça s'arrête.

« Il en va de la réputation de l'université mais aussi de la mienne : le doyen a été très clair sur le sujet. Si jamais je décide de continuer de te voir en dehors des cours, il se réserve le droit de me faire muter ou bien de me licencier. »

C'était trop dur. Jisung sentait la brûlure de sa propre respiration. Ses poumons étaient en feu et il luttait de toutes ses forces pour ne pas laisser des larmes monter à ses yeux. L'absence de réaction de Minho était encore pire. Il ne savait pas quoi faire. Détourner le regard voulait dire croiser celui de son cadet et il ne savait pas s'il en était capable. Pourquoi ses mots sonnaient comme une séparation, alors qu'ils n'étaient même pas en couple ?

« Il n'a pas le droit de faire ça. »

Pourtant, la voix de Minho sonna comme le tonnerre. Le professeur sentit son souffle trembler à chaque mot prononcé. Et il arrêta de lutter contre ses propres peurs. En tournant la tête, il tomba sur le regard glacial de Minho et se figea.

« Pas le droit... ? » demanda t-il, l'air perdu.

« Il n'a pas le droit de te faire ça. De me faire ça. » reprit l'étudiant, les traits crispés. « Tu m'aides pour m'améliorer en anglais et je te dépanne pour Soonyeon. Qu'est ce que ça peut lui foutre si on se voit en dehors ? »

« Ce n'était pas raisonnable depuis le début. » répondit Jisung, s'étonnant de voir Minho dans cet état. Au fond il ne l'avait jamais vu en colère. « Je connaissais les risques et je n'ai pas mis un arrêt dès le début. »

Jisung avait beau être l'aîné des deux, le regard aiguisé de Minho le tétanisait. Il avait l'air si dur, inflexible, ça n'avait rien à voir avec le jeune homme qui le suppliait de ne pas le lâcher lorsqu'ils étaient pressés l'un contre l'autre. La bile lui remontait dans la gorge. Plus que jamais, Jisung avait besoin de sentir son cadet dans ses bras.

« Qu'est ce que ça peut lui foutre ? » répéta le jeune homme. Pour la première fois depuis qu'il s'était assis, son visage semblait fondre sous la tristesse. Ses yeux noirs brillaient plus que jamais et le cœur de Jisung se tordit à cette vision. « Qu'est ce que ça peut faire franchement... »

« Minho... » murmura le professeur, à deux doigts de sentir les larmes monter. « Ce n'est plus possible. »

« Mais Soonyeon... » le coupa Minho en se mordant les lèvres. « Et... et nous ? »

Un frisson parcouru l'échine de Jisung. Il devait se lever, prendre le jeune homme dans les bras. Lui dire qu'il l'aimait et que ce n'était rien, qu'ils allaient juste mieux se cacher ou qu'il allait déménager pour le faire venir avec lui. Mais son corps ne bougeait pas : seule sa raison le contrôlait. Il devait penser à Soonyeon avant tout.

« Je suis désolé. » répondit-il, ne supportant plus le regard de son cadet. Il finit par détourner les yeux avant qu'une larme ne pointe le long de ses cils.

Avant de pouvoir esquisser le moindre geste, il sentit Minho se lever du canapé. Lentement, presque trop méthodiquement, le jeune homme passa à côté de lui sans le toucher pour se rendre dans l'entrée. Dans sa poitrine, son cœur semblait se briser petit à petit, grain par grain. Jisung n'entendait que des bruissements de tissus, des claquements de semelle sur le sol. Rassemblant son courage, il finit par se lever pour rejoindre Minho dans l'entrée. A la lumière tamisée, il devinait son étudiant. Son manteau trop fin sur ses épaules, son sac accroché au dos, ses chaussures lacées, il était sur le départ. Le professeur sentit son cœur faire une chute libre dans sa poitrine.

« T-tu veux dire au revoir à Soonyeon ? » demanda t-il, la voix tremblante et les larmes au bord des yeux.

Minho semblait être mal en point, mais il était déterminé à garder un visage impassible. En entendant Jisung parler, il se tourna vers lui et de nouveau, l'aîné se sentit pathétique. Il l'aimait tellement qu'il était sur le point de se jeter à genoux, de le supplier de rester, qu'importe les conséquences. Mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait juste pas. La raison et son amour étaient en guerre et il ne pouvait se résoudre à laisser le second gagner.

« Ce n'est pas une bonne idée. » répondit Minho en secouant la tête.

Le jeune homme enfonça sa main dans la poche de son manteau et en sortit le pass magnétique de chez Jisung. Ce dernier l'observa le poser sur le meuble de l'entrée avant de regarder, impuissant, son étudiant ouvrir la porte de son appartement pour le quitter. Aucun regard en arrière. Aucun mot d'au revoir.

Jisung était de nouveau brisé.

Le coton dans sa tête était épais. Il resta planté de longues secondes dans son entrée. Son cœur était vide et sa tête embrouillée. Rien. Il ne ressentait rien, si ce n'était le trou béant dans sa poitrine qui semblait engloutir la moindre de ses émotions. Ce ne fut qu'en sentant les sillons humides de ses larmes qu'il prit une profonde inspiration. Ce n'était que pour le mieux. Pour lui, son travail, pour Soonyeon. Minho avait été une petite bulle de joie au milieu de ce désert et il fallait savoir tourner la page. Il fallait qu'il pense à sa fille. Elle méritait d'avoir une meilleure vie, elle méritait toute son attention. Être avec un de ses étudiants n'avait pas été intelligent de sa part, il s'était laissé charmer par un jeune homme, beaucoup trop jeune pour lui. Il avait profité de sa jeunesse pour exercer une forme de domination envers lui. Jisung ne méritait aucune compassion : il s'était lui même brisé le cœur et Minho n'avait que subit ses effroyables sentiments.

« Papa ? »

La petite voix de Soonyeon résonna dans l'entrée comme un hurlement, alors que l'enfant avait simplement chuchoté. En se tournant vers elle, Jisung la voyait porter maladroitement ses vêtements sales du jour pour aller les mettre dans sa bannette de linge à laver. Ses grands yeux le dévisageaient comme une bête curieuse avant qu'elle ne constate que son père pleurait. Se rendant compte qu'il montrait à Soonyeon ses larmes, Jisung s'empressa d'essuyer ses joues.

« Papa, pourquoi tu pleures ? » demanda t-elle en s'approchant de lui, abandonnant son linge sur le sol sans même le regarder. « Où il est Mimho ? »

Comment le dire, comment l'annoncer ? Maintenant que c'était fait, la simple vision du pass magnétique sur le meuble de l'entrée semblait faire s'effondrer toute la solidité de Jisung. Les larmes se mirent à couler de plus belle : il ne voulait pas imposer ça à Soonyeon mais il était incapable de se retenir.

« Papa... » se lamenta t-elle en agrippant le pantalon de son père entre ses petites mains.

« Minho ne peut plus venir ma princesse. » finit-il par lâcher, la voix plus tremblante que jamais. Il se força à s'empêcher de pleurer en s'accroupissant pour se mettre à hauteur de sa fille. « C'était son dernier jour. »

« Mais pourquoi ? »

Soonyeon semblait vraiment perdue. Elle qui d'habitude était si joyeuse, si souriante en toute circonstance, elle semblait terriblement affectée par l'état de son père. Jisung essuya de nouveau ses larmes, essayant de sourire au travers.

« Ne t'en fais pas ma princesse, Papa va revenir te chercher à la sortie de l'école d'accord ? Je vais faire en sorte de ne pas être en retard et... »

« Mais pourquoi Mimho n'est plus là ? » bredouilla t-elle encore avant de regarder la porte d'entrée de l'appartement. « Il ne veut plus me voir ? »

« Oh non non, ma chérie ne va pas penser ça. » l'interrompit aussitôt Jisung avant d'attraper les joues de sa fille entre ses mains pour qu'elle le regarde. « Ce n'est pas du tout à cause de toi d'accord ? Minho ne peut juste plus venir, c'est tout. »

C'était bien la dernière chose que Jisung souhaitant : que Soonyeon se sente coupable de la situation. Ce n'était en rien sa faute, elle était la plus innocente de l'histoire. Le professeur s'en voulait d'avoir été si irresponsable : mêler à ce point les sentiments de sa fille dans cette histoire avait été une grossière erreur. Elle s'était attachée à son baby-sitter, comme tout enfant était susceptible de le faire, et après avoir été abandonné par sa mère, elle l'était par un de ses gardiens. Rien de tout cela ne serait arrivé si Jisung avait su mettre des barrières dès le départ.

« Moi je voulais que Mimho reste. » continua Soonyeon en s'approchant de son père pour se glisser dans ses bras. « Quand il est là, tu souris, et moi aussi. »

Jisung sentait la tristesse écraser sa poitrine encore et encore. C'était dur de rester le plus contenu possible devant sa fille alors qu'il ne rêvait que d'une chose : hurler la douleur qui poignardait son cœur. Il voulait hurler au monde à quel point son cœur était détruit, à quel point ça faisait mal de repousser la personne qu'on aimait pour protéger la personne la plus précieuse à ses yeux. C'était un dilemme que Jisung n'avait jamais imaginer subir un jour. Peut-être était ce aussi la raison pour laquelle il s'était toujours refuser de passer à autre chose après la mort de Jeehee.

« Il va me manquer. » reprit l'enfant en serrant ses bras autour du cou de son père.

« Il va me manquer aussi. » trouva la force de répondre Jisung en la serrant étroitement contre lui pour se donner la moindre once de courage.

Après s'être prit dans leurs bras, le père de famille finit par se séparer de sa fille. Elle avait la mine sombre, mais Jisung ne doutait pas de la force de Soonyeon. Il l'invita à rejoindre le salon pour regarder quelques épisodes de Molang pour l'occuper, le temps qu'il prépare le repas.

Elle hocha la tête et fila de l'entrée. Jisung ramassa donc le linge qu'elle avait laissé au sol pour le mettre dans la bannette de linge sale dans la chambre de sa fille avant d'aller dans la cuisine. La mort dans l'âme, il sortit son téléphone pour le poser sur un des comptoirs et se mit à préparer le repas.

D'ordinaire, Minho restait avec lui. Il le guidait pour lui apprendre comment faire certaines choses. Ironiquement son cadet était bien meilleur que lui pour la cuisine. Jisung sortit des légumes de son congélateur et mit une casserole sur le feu pour les faire réchauffer. Son esprit était vide, et c'était bien mieux comme ça. Ne pas réfléchir l'empêchait de souffrir.

Mécaniquement, il prépara un plat complet pour le repas du soir sans faire attention à ce qui l'entourait. Ce ne fut qu'au moment où il ouvrit le réfrigérateur qu'une nouvelle vague d'angoisse l'envahit.

Au milieu des quelques courses qui étaient au frais se trouvait la bouteille de vin entamée qu'ils avaient commencé à boire l'avant veille à deux. Sur le goulot, un simple post-it griffonné signé par Minho et agrémenté d'un petit dessin de chat.

« Attends moi pour la finir 🖤 »

Jisung sentit de nouveau les larmes monter aux yeux. Il trouva à peine la force de fermer la portière de son réfrigérateur avant de fondre en larmes et s'appuyer sa tête contre le mur à côté de lui. Depuis la mort de Jeehee, jamais il ne s'était sentit si vide d'envie ni même de sens.


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