Chapitre 18
Cette nuit, j'ai fait de nombreux rêves, plus bizarres les uns que les autres. Je m'étais blottie contre Jô pour me rassurer.
Je me lève de bonne heure pour me préparer à affronter Shôji. Je me douche, je me coiffe, je me brosse les dents. J'essaye d'avoir une allure irréprochable. J'enfile un t-shirt, un jeans et ma paire de Converse noire. De la cuisine, où je bois mon chocolat chaud, j'observe Jô dormir à poings fermés.
Je stresse à l'idée de l'annoncer à Shôji. Comment lui annoncer ? Comment va-t-il le prendre ? Tant de questions qui me rendent nerveuse, plus je vois les minutes s'écouler.
Jô se réveille doucement et se relève soudainement quand il ne me voit plus auprès de lui. Son regard croise le mien et il semble s'apaiser.
— Non, je n'ai pas pris la fuite pendant la nuit.
Il éclate de rire.
— Pardon... C'est juste que...
Je termine sa phrase.
— Que tu as peur que je me barre pour ne pas t'imposer ce bébé.
Il me sourit.
— Tu en serais capable, je le sais. Mais ce n'est pas ce que je voulais dire. Je ne veux plus te perdre, c'est tout.
Je m'approche de lui pour poser une de mes mains sur sa joue.
— Je ne partirai pas.
Il se recouche brutalement et pose un bras sur ses yeux.
— Je suppose que tu n'arrives plus à dormir et que tu aimerais parler à Shôji maintenant ?
Je lui lance une grimace désolée.
— Je sais qu'il n'est que cinq heures trente...
Il grogne.
— Seulement ? Laisse-moi cinq minutes et je me lève.
Je ris et le laisse se réveiller tranquillement.
Je me dirige dans la cuisine pour lui préparer son café. Je le vois se lever et filer sous la douche. Il met approximativement cinq minutes avant de ressortir de la salle de bains, enroulé d'une simple serviette autour de la taille.
Il s'assoit à table à moitié endormi. Ses cheveux sont trempés et dégoulinent sur son torse. Je lui apporte son café avec toute la gentillesse dont je peux faire preuve.
— Tu vas lui annoncer comment ?
Je hausse les épaules.
— Pas de la même manière que moi, j'espère ?
Je lui souris.
— La manière dont je te l'ai annoncé ne pouvait pas être plus directe, je te l'accorde. Mais il ne faut pas tourner autour du pot pendant des heures non plus.
Il acquiesce et boit une gorgée de son café.
— Tu l'as bien corsé !
Je lui fais un clin d'œil.
— Tu as l'air d'avoir besoin d'un coup de pouce pour te réveiller.
Je n'attends pas sa réponse et cours aux toilettes. Je vomis tout ce que j'ai encore dans le corps, c'est-à-dire pas grand-chose. Je sens la présence de Jô dans mon dos. Je suis à genou au sol devant les WC. Je jette un bref coup d'œil vers lui et remarque qu'il est accoudé contre le chambranle de la porte à s'inquiéter.
— Tu cherches à vomir ton café en voulant me regarder ?
Il pouffe de rire.
— S'il te plaît, ne t'afflige pas cette scène, je m'en sortirai.
Il s'avoue vaincu et retourne dans la cuisine.
Je me relève et me rince la bouche, je me recoiffe un peu tout en frissonnant. Je déteste vomir. Cette chaleur qui nous envahit, nous fait transpirer, et une fois l'effort terminé, nous fait trembler de froid. J'ai hâte que ça passe.
Je rejoins Jô dans la cuisine, il a terminé son café. Je m'affale sur la chaise, il se lève et m'embrasse le front avant de partir se préparer. Je croise les bras sur la table et pose ma tête dessus. Je sens mes yeux se fermer tout seuls, mais je lutte contre le sommeil.
Jô s'approche de moi et dépose une main sur mon épaule.
— Tu vas bien ?
Je cligne des yeux plusieurs fois.
— Tu dormais ?
Il me fixe d'un air interrogateur.
— Non...
Il me sourit.
— Donc Madame me réveille à cinq heures trente pour aller discuter et s'endort sur la table ensuite ?
Je fais l'innocente.
— Tu es prêt ?
Il prend sa veste et m'embrasse furtivement.
— Maintenant, je le suis.
On se dirige vers les ascenseurs et on atteint rapidement le hall. On grimpe dans sa voiture et on fonce jusqu'au club. Il s'arrête quelques rues plus loin. Quand je sors de la voiture, il m'imite.
— Tu fais quoi ?
— Je t'accompagne jusqu'à là.
Je hausse les sourcils.
— Et ce n'est pas discutable.
Alors qu'on avance lentement vers l'immeuble, j'ajoute :
— Pourquoi ?
Il soupire.
— Je ne préfère pas prendre le risque de te laisser seule en rue quand je peux t'accompagner.
On arrive devant la vitrine. Je regarde à l'intérieur et vois Shôji au bar, en train de servir un client. Jô m'embrasse avec fougue, j'en perds même l'équilibre. Je glisse mes mains dans ses cheveux tout en savourant ce baiser. J'ai très envie de lui en cet instant.
Il recule légèrement et rompt notre baiser.
— Rentre à l'appartement après et ne bouge pas tant que je ne suis pas revenu de mes réunions.
J'acquiesce tout en lui déposant un petit baiser sur les lèvres.
Il fait quelques pas et disparaît de mon champ de vision. Je contemple Shôji rire avec ce client. Je n'hésite pas et fonce. J'ouvre la porte. Il paraît surpris de me voir aussi tôt ici. Il me lance son sourire charmeur avant que je m'assoie sur un tabouret. Il s'accoude sur le comptoir et pose son menton sur sa main.
— Bonjour, vous !
Je suis très nerveuse.
— Bonjour.
Il se décale et se redresse.
— Ça semble sérieux ce que tu as à me dire. Avant tout, j'aimerais te dire que c'était long sans te voir pendant tout ce temps.
Je soupire.
— Tu es remise avec Jô ?
Il me noie tellement de paroles que je n'ai même pas le temps d'en placer une.
— Tout d'abord, oui je suis de nouveau en couple avec Jô. Ensuite, j'avoue que c'était très long ce voyage. Et puis...
Les mots ne sortent pas.
— Anna, je suis heureux pour Jô et toi. Je ne voulais pas te créer d'ennuis la dernière fois...
— Je n'en suis pas si sûre, mais passons, c'est oublié.
Il semble surpris par ce que je viens de dire.
— Merci.
Je plonge mon regard dans le sien et m'y perds totalement. Je ne savais plus combien c'était apaisant d'y sombrer. Il a toujours ce charme fou... C'est dingue !
— Je vais avoir un bébé.
D'abord, il semble sonné. Ensuite, il commence à sourire faiblement.
— C'est super. Félicitations.
— À toi également !
Il écarquille les yeux, pas sûr de comprendre.
— Tu vas être papa.
Cette fois, ça ne peut pas être plus clair.
— J'hallucine ! C'est... Dingue !
Il contourne le bar pour venir m'observer.
— Tu es certaine que c'est le mien ?
Il me prend la main et me force à me lever.
— À environ septante pour cent.
Il me contemple avec un énorme sourire.
— Je n'en reviens pas ! Et Jô, comment il le prend ?
— Il a été sous le choc au début, mais maintenant il est heureux à l'idée d'élever ce bébé avec moi.
Son visage se ferme, tout à coup.
— Ôte-moi d'un doute Anna... Est-ce que je serai officiellement son père ?
Il s'éloigne de moi, de quelques pas, pour mieux m'observer.
— Je pensais que Jô pourrait l'adopter à sa naissance ou lui donner son nom. Un truc dans le genre.
Son teint devenu blanc vire maintenant au rouge.
— Il est hors de question qu'il s'approprie mon gamin !
Je m'approche de lui et lui prends la main. Un frisson me parcourt le corps. J'avais oublié l'effet qu'il me fait.
— Tu resteras son père, tu l'as conçu...
Il murmure.
— Mais tu ne veux pas que je l'élève avec toi...
Je me mords la lèvre inférieure.
— Il en est hors de question ! Mon gosse portera mon nom, pas celui d'un autre !
J'acquiesce.
— Très bien... Mais Jô s'en occupera.
Il me toise.
— Tout comme Mariko le fera.
Cette histoire commence à virer en catastrophe.
Il soupire et s'approche de moi.
— Anna, j'aurais tellement aimé qu'on ait ce bébé en tant que couple amoureux.
Je baisse les yeux.
— Shôji... Ne recommence pas s'il te plaît.
Il retourne derrière le comptoir, légèrement furieux.
— Recommencer quoi, Anna ? J'ai toujours été amoureux de toi ! Bien sûr j'aime Mariko, mais avec toi... C'est plus fort que moi, quand tu es près de moi, je ne me contrôle plus.
C'est exactement l'effet que ça me fait...
— Bref, je voulais te l'annoncer au plus vite, tu t'engageras dans ton rôle comme tu le souhaites.
Il passe une main dans ses cheveux pour écarter les mèches qui lui tombent dans les yeux et me contemple.
— C'est mon enfant ! Et je suis heureux de partager ça avec toi.
Une nausée me monte à la gorge. Je place une main devant ma bouche sous le regard étonné de Shôji.
— Les WC, s'il te plaît ?
Il m'indique une porte à l'arrière-salle. Je cours le plus vite que je peux pour ne pas arriver trop tard. Il me suit d'un pas rapide. Alors que je m'agenouille, il se poste derrière moi et me tient les cheveux.
— Tu n'es pas obligé de subir ça, toi non plus !
Il hausse un sourcil.
— Tu crois que je n'ai jamais vu quelqu'un vomir ici ?
Une fois l'estomac vidé, il s'accroupit à mes côtés et je pose ma tête contre lui, complètement exténuée.
— Anna... Ce n'est ni le lieu ni le moment, mais...
Je me lève et me rince la bouche.
Il se relève également et s'adosse au mur.
— Tu ne t'imagines pas à quel point tu me rends dingue, je n'arrive pas à rester loin de toi ! Tu n'avais pas le droit de m'obliger à faire ça !
Je fais volte-face et le dévisage.
— Tu ne voulais pas de relation sérieuse avec moi ! On ne va pas revenir là-dessus.
Il plonge son regard dans le mien.
— Je suis sûr que j'aurais changé d'avis.
Je ressens des picotements au cœur, à ces mots.
— Je l'annoncerai moi-même à Mariko.
Il soupire.
— Tu peux venir ce soir ici et invites les autres aussi, on est samedi, un petit verre ne leur fera pas de mal.
Je hoche la tête.
— Bonne idée.
Je passe devant lui pour retourner au bar, il me suit après un moment d'hésitation.
— À ce soir.
Je coupe court à la conversation, je ne veux pas revenir sur le sujet épineux. Il le remarque et n'ajoute rien. Il s'approche de moi et dépose sa bouche au creux de mes lèvres. Je le vois hésiter à faire un geste de plus. Je prends mes distances pour ne pas le tenter, attrape mon sac et file. Il reste planté à m'observer partir.
J'entre dans mon appartement et souffle un bon coup en refermant la porte. Maya court vers moi et pose sa main sur mon ventre.
Je suis stupéfaite.
— Tu sais, mon ventre n'a pas tripler de volume durant la nuit, il n'y a rien à caresser pour l'instant.
Elle recule en boudant.
— Alors, tu l'as annoncé à Jô ?
Je me dirige vers la cuisine, Maya a fait des cup cakes pour le petit déjeuner, je prends celui avec le plus de chocolat.
— Oui, il accepte le fait que ça ne soit pas le sien.
Je m'assois et croque dans mon cup cake. Maya me rejoint, étonnée.
— Alors il est de Shôji ?!
Elle s'assoit à son tour, m'offrant un regard plein de curiosités.
— Je n'en suis pas totalement sûre, mais c'est plus probable que ça soit le sien.
Elle m'admire.
— Je suis fan de ta vie, il ne t'arrive que des trucs compliqués !
Je lève les yeux au ciel.
— Je l'échangerais volontiers si tu y tiens !
Elle me sourit.
— Donc tu as mis Shôji au courant ?
Je reprends un cup cake.
— Oui, il a éclaté de joie ! Et puis il a voulu revenir sur notre histoire...
Son regard s'adoucit.
— J'imagine que cette situation n'est facile ni pour lui, ni pour toi.
Je hausse les épaules.
— Je n'ai pas choisi de la compliquer, il s'implique s'il veut, Jô le fera aussi et on gardera nos distances.
Elle mange à son tour.
— C'est beau de rêver.
Je m'étrangle avec mon morceau et tousse.
— Pardon ?
Elle me fixe sérieusement, à présent.
— Sincèrement Anna, tu évites Mariko pour ne plus le voir. Et maintenant, tu comptes garder son enfant en espérant continuer à tenir tes distances avec lui ?
J'en reste bouche bée tellement elle a raison.
— Bon sang, j'ai bien envie de te dire de coucher avec lui une bonne fois pour toutes pour régler le problème, mais d'un, il y a Jô, et de deux, ça n'amène rien de bon, on en voit le résultat.
Je porte une main à mon ventre.
— Eh ! Je ne te permets pas de dire ça !
Elle me lance quelques miettes de son cup cake.
— Ton bébé est ce qu'il pouvait nous arriver de plus beau, toi bientôt maman et moi marraine, c'est une belle connerie finalement.
Maya être la marraine de ce bébé ?
— Enfin ! On se réunit ce soir pour l'annoncer, tu es invitée.
Elle se met à rire.
— Cool ! Ça promet une belle soirée ! On va où ?
Je me lève pour me servir un verre d'eau.
— Simplement au Club.
Elle me lance une grimace désolée.
— Donc on se rend dans un bar où tu ne pourras même pas boire, que c'est triste !
Quelle petite peste !
— Dis donc, si tu finis la journée entière, estime-toi heureuse !
Elle éclate de rire.
— J'aimerais bien voir ça !
Je lui souris.
— Je te réglerai ton compte dans sept mois.
Elle adore ma répartie, elle cherche à me renvoyer la balle, mais ne trouve rien.
Pendant ce temps, je décide de prendre l'air sur le balcon et de profiter des derniers jours de chaleur avant que l'hiver pointe le bout de son nez. Je m'allonge sur le transat et pense à ce bébé. Un évènement comme ça dans une vie, ça la change totalement. On n'a plus la même vision du monde.
Je finis par m'endormir et rêver.
Je suis dans mon lit et j'entends le bébé pleurer, alors que je me dirige dans la chambre du petit, il n'y a plus un bruit. Inquiète, j'accélère le pas et découvre son berceau vide. Je me mets à le chercher partout tout en hurlant. Cette douleur me déchire les entrailles. Je finis par apercevoir à travers la fenêtre de la chambre, quelqu'un partir en courant. C'est kyle qui s'enfuit avec mon bébé. Je pars à sa poursuite dans la rue pour essayer de le rattraper, en vain. Un bruit aigu se fait entendre et me happe. Une voiture vient de m'écraser.
Je me réveille en sursaut. La tête de Maya penchée au-dessus de moi.
— Tu m'as foutu une sacrée trouille !
Elle semble inquiète.
— Désolée, tu avais l'air de t'agiter fortement.
Je me redresse, tout en reprenant mon souffle.
— Ouais, je fais pas mal de cauchemars en ce moment.
Elle s'assoit sur le transat à côté du mien et me demande :
— Des nouvelles de Kyle ?
Je me rends compte que je suis trempée de sueur.
— Il y a quelques jours, il m'a téléphoné pour me faire comprendre qu'il me suivra partout où j'irai. J'ai l'impression qu'il adore me faire vivre dans la peur. Je ne sais pas ce qu'il cherche.
Elle soupire.
— Et dire qu'on ne peut rien faire pour l'instant. C'est injuste !
Je me lève précipitamment et m'enferme dans la salle de bains. Je fais couler l'eau du robinet de la vasque, passe mes mains sous l'eau et les pose dans mon cou pour me rafraîchir. Je me tapote le visage et le front par la même occasion.
Je ne veux pas m'inquiéter, j'ai trop peur que ça soit néfaste pour la grossesse et pourtant je ne peux m'en empêcher. Kyle est quelque part je ne sais où et je ne sais pas pour quelle raison il s'obstine à vouloir me retrouver. Je ne suis en sécurité qu'à l'intérieur et je ne me vois pas rester enfermée jusqu'à ce que la police l'arrête, quand ils auront assez de preuves pour le faire.
Je suis fatiguée. Épuisée de fuir. À bout de forces à cause de ces nausées. Exténuée de mes sentiments pour Shôji alors que j'aime énormément Jô ! Et j'aimerais pouvoir dormir paisiblement cette nuit.
Je téléphone à Nil pour lui demander de nous rejoindre à vingt heures au club, je lui demande de faire passer le message à Mariko.
Je sors de la salle de bain et me dirige vers Maya, toujours assisse sur le transat.
— Est-ce que tu peux prévenir Gin pour ce soir ?
Elle acquiesce pendant que je me charge de prévenir Jô également. Je lui envoie un sms :
— Tu pourrais venir ce soir au club à vingt heures ?
Il m'envoie sa réponse rapidement.
— Oui, bien sûr. Tout s'est bien passé avec Shôji ?
— Je te raconterai plus tard. Bisous <3
Je ne veux pas trop le déranger pendant ses réunions.
— À ce soir. Bisous, ma chérie.
La fin d'après-midi est arrivée rapidement, après la douche de Maya, c'est à mon tour d'y aller. Je me détends enfin sous l'eau chaude, je me sens apaisée. Je m'adosse au mur, la tête en arrière et laisse l'eau se répandre sur mon visage. Je passe mes mains dans mes cheveux trempés et décide de me les laver. Une fois essorés, je me savonne rapidement et me rince avant de sortir de la cabine. J'enroule mes cheveux et mon corps dans des serviettes. Je sors de la salle de bain et vais m'habiller dans ma chambre.
Ce soir, je porte une jupe en cuir noir et un débardeur rouge. J'opte pour ma paire de Converse noire, je vais éviter les talons à partir de maintenant. Ça m'évitera de faire une chute indésirable.
Je m'essuie les cheveux, tout en observant Maya déballer nos bentos qu'elle vient d'aller chercher. Je meurs de faim, elle pense vraiment à tout !
Je l'embrasse sur la joue et me mets à table. Je me goinfre comme une cochonne sous l'œil amusé de Maya.
— Bah dis donc, il vaut mieux te tuer que te nourrir !
J'éclate de rire.
On sonne à la porte, Maya se lève et va ouvrir. C'est Jô.
— Bonsoir !
Elle lui fait la bise et le laisse me rejoindre. Je lui saute au cou.
— Bonsoir, mon chéri ! Tu as passé une bonne journée ?
Il m'embrasse tendrement.
— Elle aurait été meilleure si je l'avais passée avec toi ; et la tienne ?
Je hausse les épaules et me réinstalle à table pour finir de manger. Il s'assoit en face de moi.
— Comment il a réagi ?
J'avale une bouchée et réponds :
— Très bien, mieux que toi.
Il plisse le front, pas très ravi d'entendre ça.
— Au moins, ce bébé aura l'attention de ses deux parents, c'est déjà ça.
J'acquiesce et ajoute :
— Et de ses beaux-parents également !
Il me sourit, ravi d'entendre que je pense quand même à lui.
— Termine de manger, on ne va pas tarder à rejoindre les autres en bas.
Je lui tire la langue et m'exécute.
Au bout de dix minutes, on descend au bar. Quand on y entre, je peux apercevoir mes amis assis à une table près du comptoir. Derrière celui-ci, Shôji s'affaire à contenter des clients. On s'installe à table après avoir fait la bise à tout le monde. La présence de Mariko me trouble un peu malgré tout.
Shôji me remarque et s'approche. Il pose une main sur mon épaule et me fait un clin d'œil. Jô n'a pas l'air d'apprécier, assis à mes côtés, mais il ne bronche pas. Il tire une chaise prise à la table derrière la nôtre et s'incruste entre Maya et moi. Sous le regard ahuri de Mariko.
Je prends la parole en première.
— Tout d'abord, merci à tous d'être venus.
Je tiens la main de Jô d'un côté et Shôji m'a prise l'autre.
— Bon voilà, j'ai appris hier que...
Jô m'aide à trouver les mots.
— Elle est à huit semaines de grossesse.
Les yeux stupéfaits de Gin et Nil dévisagent Jô alors que ceux de Mariko se posent sur Shôji. Jô toussote, légèrement mal à l'aise, et mes amis suivent à présent le regard de Mariko. Un silence pesant s'installe. Ni Jô, ni Shôji ne sont à l'aise avec cette situation.
Nil finit par lâcher :
— Sérieusement ? T'es en cloque, Anna ?
J'acquiesce.
— Oui.
Gin est perplexe et finit par demander :
— C'est le môme de qui ?
Les yeux de mes amis passent de Jô à Shôji sans savoir sur lequel se poser.
Shôji réagit enfin et dit :
— C'est le mien.
J'ai l'impression que la terre s'écroule sous nos pieds. Mariko me lance un regard méprisant, pour ensuite se mettre en colère.
— Tu n'as rien à dire, Jô ? Tu acceptes le fait que ta copine ait un enfant avec un autre ?
Comment savait-elle que je sortais de nouveau avec lui ? Jô lui en a parlé ? À moins que ça soit Maya qui l'ait dit à Gin, qui l'a répété à Nil, qui a fini par le dire à Mariko.
Elle continue.
— Je savais que tu voulais fonder une famille, mais pas comme ça, si ?
Je m'enfonce sur ma chaise, complètement embarrassée. Alors que Jô essaye de garder son calme, Shôji, lui, est furieux.
— Et toi, Shôji ?! Tu veux avoir un bébé avec une fille avec qui tu n'as couché qu'une seule fois ?
Shôji inspire profondément avant de répondre.
— Mariko...
Elle lui coupe la parole.
— Tais-toi ! C'est parce que je ne peux pas avoir d'enfants que tu veux garder celui-là ?
Il soupire.
— Je pensais que tu serais contente pour moi.
Elle rit jaune.
— Contente ?! De savoir qu'Anna va avoir un bébé avec MON mec ?!
Cette fois, s'en est trop pour Shôji.
— Ça suffit, Mariko !
Jô préfère rester en retrait, je sais qu'il va s'énerver s'il s'en mêle.
Mariko n'en a pas fini avec Shôji et Jô.
— Réfléchissez un peu tous les deux ! Dans quel monde vous vivez ?! Ce n'est pas dans des conditions comme celles-ci qu'on fait naître un enfant !
Elle se lève brusquement, faisant tomber sa chaise dans un fracas assourdissant.
— C'est ridicule !
Elle part à toute vitesse, Shôji se lève rapidement et essaye de la rattraper sans succès. Il revient vers nous en s'affalant sur sa chaise et en soupirant.
Nil demande :
— Vous ne vous êtes pas protégés ?
Je lui réponds, à présent, démoralisée.
— C'était quelques jours après la tentative de viol... C'est arrivé soudainement, on n'avait pas de préservatif sous la main et je n'avais pas la tête à penser contraceptif. Voilà quoi...
Jô ne semble pas apprécier mon récit...
Shôji ajoute :
— Bah alors, vous ne nous félicitez pas ?
Gin me sourit
— Félicitations !
Nil me fait un clin d'œil.
— Content pour vous trois.
Shôji se retourne vers Jô et lui dit :
— Félicitations futur beau-papa.
Jô semble étonné de voir la réaction si joyeuse de Shôji. Jô me serre la main et répond :
— C'est très gentil.
Gin demande :
— Et tu connais le sexe ?
Maya éclate de rire et répond :
— Si elle ne connaissait pas le sexe, elle ne serait pas enceinte !
Gin pouffe de rire à la blague nulle de sa copine. Elles sont faites pour s'entendre ces deux-là.
Nil ne peut s'empêcher de m'observer. Je hausse un sourcil dans sa direction, qu'il remarque.
— Je me dis juste que tu seras parfaite dans ce rôle et que ces deux mecs ont de la chance de t'avoir.
Je me lève pour le prendre dans mes bras.
— Je compte sur toi pour prendre soin de lui, parrain.
Il se recule, sidéré.
— Putain, Anna, t'es la meilleure !
Il me serre encore plus fort dans ses bras. Jô vient à mon secours.
— Ne l'étouffe pas non plus !
Il s'éloigne de moi.
— Pardon... Merci ! Merci ! Merci !
Les autres éclatent de rire pour l'attitude de Nil alors que moi, je ne cesse de penser à Mariko...
Shôji ajoute :
— Buvez ce que vous voulez, c'est moi qui paye. Anna, pour toi ça sera de l'eau !
Je lui souris, avant de me retourner vers Jô et de l'embrasser tendrement.
--------------
Coucou,
Comment allez-vous ?
J'espère que l'histoire vous plaît toujours autant et qu'elle vous donnera envie de lire la suite.
Des bisous !
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