Chapitre 12
Je me lève très tôt ce jour-là, il doit être au moins trois heures trente. La nuit vient à peine de tomber et j'entends Maya courir partout dans l'appartement. Jô n'a pas dormi avec moi cette nuit, je ne voulais pas le forcer à se lever tôt également. Je suis très excitée par ce week-end de trois jours à Paris ! Onze heures de vol nous attendent. Mais heureusement avec le décalage horaire, on ne va pas arriver tard là-bas. L'avion part à cinq heures, ce qui fait que nous devrions arriver aux alentours de seize heures à Paris. Mais vu qu'il y a sept heures de décalage, nous allons arriver vers neuf heures du matin. De quoi nous laisser profiter pleinement de cette journée !
J'ouvre la porte et constate que Maya est tout aussi excitée que moi par ce week-end. Elle se retourne vers moi affolée.
— Je ne retrouve pas mon pull bleu !
Je marche vers le panier de linge sale et regarde à l'intérieur, je tombe sur son pull bleu et le lui lance à la figure.
— Il faudra t'en passer ! Celui-là doit être lavé.
Elle râle et me le relance pour que je le replace là où je l'ai trouvé.
— Tu es sûr que Jô est capable de s'occuper de Keko ?
— Bien sûr ! Et puis à qui d'autre est-ce que tu veux demander ? Tout le monde vient avec nous.
Elle s'approche de moi et me demande :
— Tu n'as toujours pas dit à Jô que Shôji nous accompagne ?
Je soupire.
— Je ne voulais pas l'inquiéter.
Elle me lance un sourire taquin.
— Ouais, autant dire que tu lui mens !
Je hausse un sourcil.
— Ce n'est pas mentir quand on ne dit rien.
Elle se dirige vers sa chambre.
— Mais c'est tout comme !
Petite peste !
Je ne continue pas cette conversation et termine de préparer ma valise que j'ai déjà commencée la veille. Au moins, j'ai eu la nuit pour me rappeler certaines choses que j'aurais pu oublier.
On sonne à la porte et j'entends Maya courir pour aller ouvrir. C'est Mariko !
— On n'est pas encore prêtes !
J'apparais dans la pièce et la reprends :
— Elle n'est pas encore prête !
J'attrape ma valise, ma veste et mon sac. Mariko et moi attendons à l'entrée que Maya fasse son bisou d'au revoir habituel à Keko.
Une fois arrivée à hauteur de la voiture, je remarque Shôji à l'intérieur, côté passager. Je me retourne vers Mariko.
— Il fait le voyage avec nous ?
Elle soupire et me pousse vers le véhicule.
— Trente minutes de route ne vont pas te tuer !
— Que tu dis !
Je m'installe à l'arrière avec Maya. Mariko s'assoit au volant ; quant à Shôji, il ne se retourne pas pour nous dire bonjour. La politesse dans toute sa splendeur !
Mon portable se met à sonner, je décroche, c'est Jô.
— Oui chéri ?
— Je suis en route pour l'aéroport, je vous attends.
Étonnée, je réponds :
— Tu nous accompagnes ?
Je remarque Shôji tourner la tête légèrement vers moi.
— Non, mais je ne te laisse pas partir trois jours sans me dire au revoir.
Il est trop chou !
— Oh ! Tu es un amour !
Soudain, je me rappelle que Jô n'est pas au courant que Shôji vient avec nous et que s'il vient me dire au revoir, il va le voir et comprendre.
— Mais tu ne devrais pas... On se verra à mon retour !
— J'y suis dans cinq minutes ! Bisous, ma chérie !
Il raccroche. Les battements de mon cœur accélèrent et mon visage se décompose. Tant pis, je dois lui avouer la vérité et puis je suis sûre qu'il ne m'en voudra pas. Il ne sera pas content de me laisser passer un week-end en compagnie de Shôji, c'est certain... Mais il ne peut pas me retenir prisonnière non plus.
Une fois la voiture garée sur le parking de l'aéroport, on va dans le hall pour attendre Nil et Gin qui viennent à deux. J'aperçois Jô au loin, je décide de m'approcher moi-même de lui. Shôji me suit du regard.
— Encore des insomnies ?
Il ramène une mèche de mes cheveux derrière l'oreille.
— Je n'ai pas très bien dormi, effectivement.
— Et pourquoi cela ?
Je lui souris.
— Tu me manquais déjà. Je pouvais encore te voir une fois avant ton départ, donc j'ai sauté sur l'occasion.
Il m'embrasse.
— Je t'aime, Anna.
J'écarquille les yeux, surprise par ce débordement d'amour. Puis, Jô se met à regarder derrière moi.
— Tu m'expliques ? Il t'accompagne ?
Je hausse les épaules. Jouer l'indifférence, ça passe à tous les coups.
— Mariko l'a sûrement invité.
Il est tendu, cette situation ne lui plaît pas. Il me prend la main et nous dirige vers les autres.
Mariko lui dit :
— Alors tu viens avec nous ?
Jô répond en fixant Shôji et celui-ci le toise sans discrétion.
— Non, mais je suis sûr que Maya veillera sur Anna, pour moi.
Il fixe à présent Maya, mais n'attend pas une confirmation de sa part, c'est une obligation. Elle doit me surveiller !
— Je suis assez grande pour m'occuper de moi-même, chéri !
Je lui fais un clin d'œil et il me sourit tendrement.
Nil et Gin apparaissent à l'entrée. Ils nous cherchent des yeux quelques instants avant de nous trouver.
— Je ne vais pas te retarder plus, Anna.
Jô m'embrasse sauvagement, nos langues se mélangent, et ce, sous le regard de tous mes amis.
Shôji se racle la gorge, ce qui pousse Jô à se décoller de moi.
— Tu me donnes de tes nouvelles ?
Je lui dépose un bref baiser sur les lèvres et réponds :
— Oh que oui !
Il me lance un dernier sourire avant de s'éloigner et disparaître à l'extérieur. Je sens mon cœur se serrer, il me manque déjà aussi.
Alors qu'on grimpe dans l'avion, je me demande où je suis placée et à côté de qui. On se retrouve tous sur la rangée centrale à trois places, les rangées sur les côtés sont à deux places. Je suis assise à côté de Nil et Maya, Mariko, Shôji et Gin sont assis devant nous.
Je place mes écouteurs dans mes oreilles et écoute ma musique en attendant le décollage. Maya se concentre sur le film et Nil lit un bouquin. Avec ces deux-là à mes côtés, le voyage risque d'être très long.
Je finis par m'endormir au bout d'une heure pour me faire réveiller par Maya qui me secoue le bras, quelques heures après.
— Anna !
— Mmmmh...
— Anna !
Je finis par émerger et fusiller mon amie du regard.
— Je peux utiliser tes écouteurs ? J'ai oublié les miens.
J'ôte les miens de mes oreilles et les lui tends.
— Je vais aux toilettes.
Nil acquiesce.
Je me dirige vers la cabine de toilette, non loin de nos places. J'aperçois Mariko contre la paroi dans le petit couloir conduisant aux WC. Elle n'est pas seule, Shôji est penché vers elle, en train de l'embrasser à pleine bouche. Je les sépare en passant entre eux deux et les bouscule un peu au passage.
— Désolée, mais il y en a qui doivent aller aux toilettes.
Shôji se mord la lèvre, fautif et Mariko devient rouge de honte.
Je m'enferme dans les WC et m'assois sur la cuvette quelques secondes, je ne réalise pas ce que je viens de voir. Alors ils sortent ensemble ? Je ne sais pas si je dois être furieuse ou heureuse pour mon amie.
De retour à ma place, Nil remarque que quelque chose me perturbe.
— Tu vas bien ?
Je secoue la tête négativement.
— Qu'est-ce que tu as ?
Je prends une profonde inspiration.
— Je crois que j'ai le mal de l'air...
— Ah ? Repose-toi un peu, ça passera.
J'acquiesce et pose ma tête sur son épaule.
Je me réveille au bout d'une heure, je me sens mieux dorénavant. Nil me contemple et me sourit.
— Un action ou vérité, ça te tente ?
Il nous reste quatre heures de vol, alors pourquoi pas ?
— Allez !
Maya dit :
— Chouette, je joue aussi !
Gin jalouse, répond :
— J'ai envie aussi !
Finalement, Mariko et Shôji acceptent aussi d'y jouer.
Gin commence et choisit Maya :
— Action ou vérité ?
— Action.
— Embrasse Anna !
Ahurie, je réponds :
— Eh !
Mais je suis vite coupée par les lèvres de Maya sur les miennes.
Maya se retourne vers Mariko :
— Action ou vérité ?
— Vérité !
— Est-ce que tu es amoureuse de quelqu'un en ce moment ?
Elle baisse les yeux et réponds :
— Je crois oui...
Elle jette un froid entre Shôji, elle et moi. Elle le choisit d'ailleurs.
— Action !
— Drague l'hôtesse.
Il hausse un sourcil et part en direction d'une hôtesse, ils discutent puis se mettent à rire, elle lui donne un bout de papier et il revient vers nous avec un énorme sourire aux lèvres. Il donne le papier à Mariko.
— Son numéro de portable.
Il lui fait un clin d'œil.
À son tour, il choisit Gin. Elle choisit une vérité.
— Tu te dis gay, mais est-ce que tu as déjà réussi à sortir avec une fille ?
Elle est furieuse.
— Non !
C'est au tour de Nil, qui choisit une action.
— Bois ta petite bouteille d'eau cul sec.
Il pense que ça sera facile, mais arrivé presque à la fin, il laisse échapper de l'eau de sa bouche et en reverse sur lui.
— Anna.
Je redoute ce moment.
— Vérité...
— Entre Jô et Shôji, qui choisirais-tu ?
Nil touche où ça fait mal et il le sait très bien. Qu'est-ce qu'il essaye de faire ? En colère, je me lève et dis :
— Ce jeu est ridicule !
Mariko est mal à l'aise, Nil semble comprendre la situation, Shôji ne cesse de me fixer et les deux autres filles nous observent tout en essayant de savoir ce qu'il se passe. Je me réfugie aux toilettes.
Au bout de quelques minutes, on frappe à la porte.
— C'est occupé.
Quelqu'un soupire et dit :
— Ouvre, c'est Nil.
Je déverrouille et le laisse entrer. Il referme derrière lui.
— Je suis désolé... Je voulais juste vous faire réagir.
— J'aime Jô !
— Et Mariko est peut-être amoureuse de Shôji. Tout devrait aller pour le mieux ! Mais non. Dis-moi pourquoi il y a autant de tensions ?
Je le pousse et sors des WC pour aller m'asseoir à mon siège. Je reprends mes écouteurs et les place sur mes oreilles. Je ferme les yeux et espère ne plus devoir parler à quelqu'un avant d'atterrir.
Chose faite ! Nil me réveille en douceur sous l'œil bienveillant de Maya. On est arrivé.
Après avoir marché une vingtaine de minutes en direction de l'hôtel, les garçons se décident à nous aider à porter nos sacs.
Nil prend ceux de Gin et Maya, Shôji prend celui de Mariko et s'approche de moi.
— Tu as besoin d'aide ?
Son regard en dit tellement, il est désolé. Désolé de ce que j'ai pu voir et entendre pendant ce trajet en avion. Ces yeux me supplieraient presque pour prendre mon sac. Je lui tends ma valise tout en douceur.
— Merci...
Il baisse les yeux et reste à mes côtés. Il entrouvre la bouche pour dire quelque chose, mais je murmure :
— Tais-toi, s'il te plaît...
Le reste de la route se fait dans le calme, on trouve rapidement l'hôtel et on passe par l'accueil pour récupérer nos clés. Une fois à l'étage, on se disperse dans les chambres.
Nil dit :
— Shôji, une chambre à deux ça te tente ?
Celui-ci acquiesce, disant que les soirées entre mecs promettent d'être sympas.
Gin et Maya décident de dormir ensemble, ne restent plus que moi et Mariko. Je dépose ma valise, en silence, dans la chambre. Mariko inspecte les environs et la vue. Elle s'assoit sur le lit et fixe un point devant elle.
— Anna... Je ne veux pas te faire de mal... J'ai revu Shôji quelques fois après la journée à la plage et on s'est rapprochés.
Je m'assois près d'elle et lui sourit.
— Tu as raison, Shôji est un mec bien et tu mérites d'être heureuse. Je sais que je n'accepte pas facilement cette situation, mais je suis sûre que d'ici quelques jours, on n'en parlera plus.
Elle paraît rassurée et semble aller mieux à présent.
— Shôji et moi, on va aller se promener de notre côté aujourd'hui.
— Bonne idée.
Alors qu'elle part rejoindre Shôji, j'examine à mon tour la chambre.
Cet hôtel est luxueux, la chambre est magnifique et la vue est à couper le souffle. Quand on entre, il y a un petit couloir, sur la gauche, le mur est en verre. On y aperçoit la salle de bains. Quand on avance, la chambre est sur le côté gauche, face au balcon. Sur la droite, un petit salon y est installé, avec frigo et télévision mis à disposition.
Les couleurs du mobilier sont très chics, noires, blanches, grises et rouges pour le canapé. Je me dirige vers la salle de bains, on y entre par le couloir. La baignoire est collée à la paroi en verre donnant sur la chambre et sur le balcon, observer la tour Eiffel de la baignoire, c'est juste énorme ! Sur le côté gauche, une douche, un lavabo et des WC. Tout dans les tons noirs et blancs.
La literie est blanche avec des oreillers à carreaux noirs, gris et blancs, l'armoire est dans le fond de la chambre.
Et le design du salon est très moderne. Bureau en bois et chaise noire, canapé rouge comme j'ai pu déjà le dire et un fauteuil une place, noir et rouge, en forme d'œuf.
Je craque complètement devant cette chambre !
On frappe à la porte et je vais ouvrir. Ce sont mes amis, impatients de partir découvrir Paris. Je leur souris, file prendre mon sac et me précipite les rejoindre.
On commence par la tour Eiffel naturellement. On paye une visite guidée et on subit les commentaires parfois barbants qui vont avec ça. On prend l'ascenseur jusqu'au deuxième étage puis au troisième. On s'y attarde pour flâner sur les plateformes d'observation pour contempler la ville à plus de cent quinze mètres de hauteur. On peut apercevoir la cathédrale Notre-Dame, notre prochaine destination. On profite du bar à champagne à cet étage, pour boire un petit verre avant de reprendre nos visites.
Direction la cathédrale Notre-Dame. On explore cette église, l'une des plus célèbres du monde. Elle est à proximité de la Seine et reste d'une grande beauté en architecture gothique. À l'intérieur, on découvre plusieurs statues et leurs origines. Des vitraux et des objets religieux. On y passe un agréable moment, émerveillé par tant de splendeur. On prend notre courage à deux mains et on grimpe les quelque trois cent quatre-vingt-sept marches jusqu'au Campanile de Notre-Dame, pour bénéficier d'une vue sur Paris et y découvrir les Gargouilles.
On fait une pause, on est complètement crevé ! Entre le décalage horaire et ces deux visites, on n'en peut plus. Il est déjà quatorze heures et on a faim ! On s'arrête dans un petit restaurant français.
Nil dit, plus fort qu'il n'aurait cru :
— J'adore cette ville !
Quelques personnes nous regardent et Gin leur tire la langue. Je la gronde.
— Gin ! Un peu de tenue !
Le serveur s'approche et nous tend les cartes.
Maya demande :
— On commande du vin ?
Je lui réponds :
— Moi, je n'y connais rien !
Maya reprend :
— Dans ce cas on va faire simple, Crémant d'Alsace.
Le serveur revient vers nous au bout de dix minutes pour prendre nos commandes. Nil commande une bouillabaisse, Gin prend une ratatouille, pour Maya ça sera du bœuf bourguignon et moi je choisis la carbonnade flamande.
Après avoir bien mangé et pour digérer, on s'octroie une balade le long de la Seine. On passe devant le musée d'Orsay et on fait un petit détour pour voir le musée des Invalides. Deux magnifiques bâtiments.
Gin dit :
— Ça fait quand même du bien d'être ici au lieu de bosser !
On rit et on confirme.
Nil demande :
— Ça vous dit une balade en bateau-mouche ?
Gin hurle :
— Oh oui !!!
Maya ajoute :
— En plus la nuit commence à tomber, c'est romantique !
Maya et Gin s'échangent un regard et je regarde Nil, intimidée. Il s'approche de moi et passe un bras sur mes épaules.
— Ce n'est pas parce qu'on est seul, qu'on ne doit pas profiter !
Il a raison et il est tellement gentil de vouloir me remonter le moral. Comme je voudrais tant que Jô soit là.
Après avoir fait la file pour le bateau, on est enfin dedans. On grimpe à l'étage, Gin et Maya s'assoient devant Nil et moi. Le paysage est époustouflant. Le ciel vire à l'orange avant de s'assombrir. Les lampadaires des rues entourant la Seine, ainsi que ceux sur les nombreux ponts sous lesquels on passe, sont les seuls éclairages de la ville. Les lumières se reflètent dans l'eau, nous offrant une ambiance vraiment particulière. On contemple au loin la Tour Eiffel illuminée ainsi que Notre-Dame, visitée plus tôt dans la journée. Je me blottis contre Nil et admire ce spectacle.
Un peu plus d'une heure s'est écoulée quand on arrive au quai. On décide de reprendre la route jusqu'à l'hôtel. On le traverse en riant et en attirant les regards vers nous. On monte jusqu'à nos chambres. On se dit à plus tard. On se rejoint pour le souper une heure après, le temps de se laver et de se changer.
J'ouvre la porte de ma chambre et me dirige vers le salon. Je tombe nez à nez avec une scène qui me déplaît particulièrement. Shôji est allongé torse nu, dans le lit, sous Mariko en sous-vêtement. Quand ils m'aperçoivent, Mariko saute sur ses vêtements et Shôji me regarde avec stupéfaction. Les larmes me montent aux yeux, j'attrape mon sac et cours vers la porte. Mariko me rattrape.
— Anna ! Attends !
Je suis à présent dans le couloir, à la porte.
— Je suis désolée, j'ai mis la pancarte « ne pas déranger » sur la porte, je pensais que tu la verrais...
J'attrape la pancarte, les mains tremblantes de colère et la jette au sol.
— Bordel, Mariko ! C'est ma chambre aussi !
Shôji apparaît derrière elle.
Mes yeux me brûlent, je retiens de toutes mes forces les larmes qui ne demandent qu'à couler. Je ne voulais pas être témoin de cette scène, et ce, même si je me doutais que ça arriverait. Je ne voulais rien savoir de leur relation, ni où ils en étaient...
Je ne dis plus rien et m'en vais. Shôji me court après et m'attrape par le poignet, me forçant à le regarder. Mariko ne cherche pas à se mêler de notre conversation et part se réfugier dans la chambre.
— Tu joues à quoi, Anna ?
Je le gifle, c'est plus fort que moi. Il ne s'énerve pas contre moi, il me dévisage juste avec ses yeux, qui me demandent pardon.
— On va parler ailleurs !
Il me tire par le bras, jusqu'au petit salon isolé de l'étage. On s'assoit en face l'un de l'autre. J'évite son regard.
— Anna... Regarde-moi.
Je plonge alors mon regard dans le sien et mon cœur explose.
— Tu ne crois pas qu'il serait temps qu'on arrête ça ? Que tu cesses d'être jalouse de ta meilleure amie et moi de ton copain ? On a tous les deux de la chance d'avoir trouvé une personne qui nous aime...
— Pourquoi tu crois ça ?
Il me dévisage.
— Croire que tu es jalouse ? Parce que c'est le cas ! Cependant, je ne doute pas de tes sentiments envers Jô...
Je murmure :
— Je l'aime, tu sais...
Son regard se brise. Il ne s'attendait pas à ce que je dise ça.
— Qu'est-ce que tu ressens pour moi, Anna ?
— Rien...
Il perd patience.
— Arrête de te voiler la face, assume face à moi ! Moi, je vais te dire ce que tu ressens, tu es amoureuse de moi ! Et tu es jalouse de me voir avec Mariko ! Mais n'oublie pas que c'est toi qui m'a forcé la main !
Je crie :
— Tout comme tu l'as fait pour moi ! Tu n'as pas voulu de mes sentiments...
— Je l'ai fait pour toi, Anna...
— Je ne sais pas pour qui tu l'as fait... Pas pour moi en tout cas !
Je me lève, mais il m'attrape le bras pour me tirer vers lui. Il passe une main derrière ma tête et m'embrasse avec passion. Je devrais le repousser, mais mon corps ne réagit plus. Il se recule légèrement et me murmure à l'oreille :
— Au moins maintenant, tu sais ce que tu ressens...
Je porte mes doigts à mes lèvres, je ne réalise pas ce qu'il vient de se passer.
— Mariko doit m'attendre... On se voit demain !
Il me laisse en plan, sans explications, sans même avoir vraiment terminé cette conversation. De toute manière y a-t-il une fin à tout ça ? On tourne en rond ! Je pensais pouvoir tirer un trait sur lui, mais il a décidé de se faire ma meilleure amie... Au moins, il a ce qu'il voulait, je ne peux plus l'éviter.
Je vais frapper à la porte de Nil et celui-ci m'ouvre rapidement. Il me dévisage gravement.
Anna ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro