Chapitre 35
Neven tint parole.
Après cette nuit, ils n'en passèrent plus une seule loin l'un de l'autre. Les prochains jours furent exténuants, mais Neven et Arya avaient la chance de pouvoir se retrouver tous les soirs, de pouvoir s'aimer.
La préparation avança bien, et les jours avant la commémoration bien que mouvementés purent défilés sans encombre. Sans attaque. Leurs suppositions semblaient de plus en plus réelles.
Arya retrouva Madame Jupiter avec joie. Elle lui raconta tout ce qu'elle put sur le Phoenix, n'omettant aucun détail. Elle le lui devait bien. Madame Jupiter, curieuse, ne tarit pas d'éloge sur l'Isaki. Le secret de ses larmes était le mystère le plus envoutant auquel elle s'était confrontée. Le Phoenix la fascinait. Qui aurait pu l'en blâmer ?
Juliette était présente également. La jeune fille apportait son aide autant qu'elle le pouvait. Il avait été décidé qu'elle resterait avec les apprentis guérisseurs. Juliette avait refusé d'être éloignée, aussi essayait-elle de prouver son utilité du mieux qu'elle le pouvait, essayant de se rendre indispensable.
Madame Jupiter avait naturellement pris le commandement des troupes médicales. Elle en avait déjà été en charge après l'attaque du Basilic, ce qui facilitait grandement l'adaptation du personnel.
Les stocks de pansements, onguents et autres fournitures avaient été revus et complétés. Ils avaient également été répartis dans l'ensemble de la ville, enfin d'en avoir à disposition à tout moment, en tout lieu. Les guérisseurs étaient déployés dans plusieurs endroits stratégiques. Des centres itinérants avaient été ouverts dans les greniers ou autres sous-sols de la ville, à l'abri sous terre. Ils étaient de petites tailles et les entrées étroites. Tout le monde avait été d'accord pour éviter les rassemblements trop importants.
Arya, Madame Jupiter et Juliette étaient toutes les trois en train de terminer la préparation d'un de ces centres. Camila et Pit étaient avec elles, ayant décidés qu'ils avaient besoin d'une pause dans l'entraînement martial que tous les soldats recevaient.
- Profite de ta lune de miel, dit Camila. Tu feras moins la fière quand ils t'enverront en prison.
- Ils ne peuvent pas faire ça à la future Impératrice si ? se demanda Juliette.
- Ils ne peuvent pas en effet, confirma Arya, l'espérant de tout son cœur.
- Ils n'auront peut-être rien à faire. Dans trois jours, nous serons peut-être tous six pieds sous terre, se plaignit Pit.
- Parle pour toi, rétorqua Camila. Ary et moi allons peut-être nous relever d'entre les morts, grâce au Phoenix.
- Vous seriez tellement classes, se réjouit Juliette.
- C'est nous qui viendrons nous occuper de toi si cela arrive Juliette, répondit Arya en lui faisant un clin d'œil.
- Personne ne mourra, puisque je suis là, dit Madame Jupiter.
Personne ne trouva rien à redire.
- Mais Ary chérie, tu resteras donc ici après tout ça ? Avec l'empereur ?
Elle ne s'était pas vraiment posé la question. Elle échangea un regard avec Camila.
- Je n'y ai pas vraiment réfléchi.
- Allons, très chère, il faut y réfléchir. Il y aura le mariage à organiser, puis les enfants à élever...
- Enfants ? Oh là, ne nous projetons pas tant, je vais avoir des nausées rien que d'y penser.
- Tu ne veux pas épouser Neven, Ary ? s'étonna Juliette comme si c'était inconcevable.
- Bien sûr que si, qui ne le voudrait pas ? Il est parfait.
Juliette hocha la tête, satisfaite. Madame Jupiter approuva également. En fait, Arya repéra même certaines guérisseuses et guérisseurs autour d'elles qui hochèrent la tête d'approbation.
Arya fronça les sourcils.
- Cela en devient même agaçant en vérité. Il va me faire de l'ombre.
Puis elle ajouta pour elle-même en réfléchissant à voix haute :
- Il faut absolument que je lui trouve un défaut...
- L'empereur est grandement courtisé, prévint Madame Jupiter. Si tu ne te dépêches pas, il te filera entre les doigts, tu as beaucoup de rivaux.
Arya balaya ces paroles de la main.
- Je suis exceptionnelle, il ne trouvera pas mieux. Aucune concurrence, je ne m'en fais pas de ce côté-là.
Madame Jupiter rit. Elle regarda ensuite son apprentie et l'autre jeune femme exceptionnelle assise à ses côtés. Arya suivit son regard.
- Humm. Vous avez raison. Camila, ne t'approche plus de Neven.
Celle-ci leva les yeux au ciel.
- Suis-je la seule inquiète ici de ton procès ? Tu as participé à la rébellion et causé la mort du précédent empereur.
En vérité, c'était belle et bien la seule personne inquiète à ce sujet.
- Peut-être que si j'écope d'une ou deux blessures un peu graves pendant l'attaque des Isakis, on chantera mes louanges et on oubliera mes... écarts du passé ?
- Ce serait quel type de blessures ? s'enquit aimablement Madame Jupiter.
- J'abandonne, s'exaspéra Camila. Viens Pit, retournons nous faire martyriser par le cher et tendre de ma sœur. Je t'informe qu'il est loin de gagner des points auprès de sa future belle-sœur.
- Ah ! Une piste pour un défaut ! Attends, dis m'en plus sur ces entraînements.
***
Le jour suivant, dans la région de Pejin, réputé pour ses bovins et son vin raffiné d'exception, dans la cité d'Estaros, l'ancienne capitale du royaume, un orphelin de huit ans déambulait dans le marché du centre-ville. Ses amis et sa surveillante étaient un peu plus loin, ils s'étaient arrêtés auprès d'une échoppe de jouet en bois. Le jeune garçon avait suffisamment de jouets. Il se désintéressa donc des objets à disposition et s'éloigna quelque peu pour jeter un œil aux ventes alentours.
Un homme fin à l'allure androgyne et aux cheveux long attachés en queue de cheval sur sa nuque le héla.
Le jeune garçon fut surpris. Il demanda si c'était à lui que le monsieur s'adressait. Il le lui confirma.
L'orphelin jeta un œil derrière lui à sa surveillante. Elle était en train de conclure l'affaire avec le vendeur. Elle ne l'avait pas vu s'éloigner. Le jeune garçon observa de nouveau l'homme qui l'avait interpellé. Il souriait et son visage amical, ajouté à son allure peu imposante, le mit tout de suite à l'aise. L'orphelin s'avança.
- Bonjour, jeune homme, tu vas bien ? Excuse-moi je ne voulais pas te séparer de ton groupe. Ce sera rapide : tiens prends ça.
Il lui tendit une petite sacoche. Le jeune garçon hésita.
- Il s'agit de bonbons.
L'homme ouvrit le sac, sortit un bonbon et le mangea. Il le referma et le tendit de nouveau.
- Je suis marchand, je dois m'en aller pour rejoindre Bordan, mais il me reste un bon stock et cela m'embêterait de le jeter. J'ai donc pensé à le donner à l'orphelinat. Tiens, ce petit échantillon est un avant-goût.
L'orphelin, ravi, s'empara du petit sac en remerciant le marchant. C'était si aimable à lui. Tous les marchands n'étaient donc pas des voleurs comme le répétait la surveillante, certains étaient vraiment gentils.
- Pour me remercier tu peux me rendre un service ?
L'homme sortit quelque chose de sa poche. Il le plaça dans sa main et le tendit à l'orphelin. Au centre de sa paume, une belle pierre pourpre réfléchissait la lumière.
- J'aimerais que tu brises cette pierre, en l'écrasant sous ta chaussure quand la cloche aura sonné deux fois cet après-midi. Est-ce que tu peux faire ça ? Et en échange, je ferais livrer le reste de mon stock à l'orphelinat, qu'en penses-tu ? C'est un bon accord tu ne crois pas ?
Ecraser une pierre en échange de ces délicieuses friandises ?
L'orphelin hocha la tête en avalant un bonbon.
Cela semblait un bon accord en effet.
Le même matin, à Everlens, au Sud de Mistrala, une orpheline se vit confier une petite pierre pourpre avec pour consigne de l'écraser sous sa chaussure lorsque les cloches auront sonné deux heures de l'après-midi.
Dans la région de Glacilonne, dans une cité de taille moyenne articulée autour d'un immense lac, ce fut un sans-abri qui accepta en échange d'autres pierres précieuses qu'il pourrait revendre par la suite.
La région de Jaling, réputé pour ses grands divertissements et son attrait touristique, comprenait une ville d'environ un million d'habitants. Parmi ce million de personnes, l'une d'elles fut choisie. Un petit garçon qui venait de se faire gronder par ses parents, fut consolé par une belle jeune femme aux yeux étranges. Elle lui promit que s'il brisait la pierre pourpre qu'elle lui confiait, lorsque l'horloge aura sonné deux coups, en priant très fort, son vœu se réaliserait. La seule chose qu'il avait à faire était de prier de toutes ses forces en écrasant la petite pierre.
Ce n'était pas grand-chose pour voir son vœu se réaliser alors pourquoi pas ?
**--- Note de l'auteur ---**
Ça y est ! L'arc final commence, on y arrive !
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