MARIANNE

Je n'ai jamais été autant bouleversée, j'ai pu ressentir toutes les émotions qui existent dans le monde en seulement quelques secondes. Tout m'avait parut irréel , mais j'ai eu la preuve qu'il me fallait. Tommy est vraiment là, il me parle vraiment! Il sait pour tout et je sais pour lui. Mais j'ai un blocage qui s'est installé et je ne sais plus quoi penser. Après l'école, j'ai cherché Noah pendant un long moment, mais il ne s'est jamais manifesté. J'ai pensé qu'il était pressé ou qu'il avait eu un empêchement, mais de toute manière, j'ai pensé aller le voir chez lui ce soir. J'ai remarquée qu'il agissait bizarrement et je crois peut-être qu'il a besoin de quelqu'un à qui parler. Je suis rentrée chez moi en autobus comme à chaque soir.

-Salut! s'exclame mon père, tu as passée une bonne journée?

-Oui très bien, dis-je souriante.

-Wow! Ça fait longtemps que je n'ai pas vue ce sourire!

Je lui souris timidement. Ça me gêne vraiment quand on me dit des compliments, surtout quand c'est mes parents. Je descend à ma chambre pour y faire mes devoirs. Habituellement, je n'accorde pas tellement de temps pour ça, mais j'essaie de passer mon année donc je n'ai pas trop le choix. Je m'installe sur mon lit avec mon cahier d'histoire et m'y met. Toujours pas de textos de la part de Noah, habituellement quand j'arrive chez moi, j'ai toujours un petit message de sa part. J'espère qu'il ne lui ai rien arrivé de grave, il ne faudrait pas qu'il soit dans un coma à son tour! Je consulte mon cellulaire un million de fois, mais toujours rien! J'hésite à lui envoyer un message. Il n'est pas connecté sur Facebook....rien! De toute manière, il faudra que je texte un de ses amis pour savoir son adresse, en même temps je le demanderai. Je fais quelques recherches sur le profil de Noah et je vois  qu'il a beaucoup de publications avec....Samuel Dufresne. Je me lance.

MOI: Salut, je suis une amie de Noah, je n'ai pas de nouvelles de lui et j'aimerais le voir chez lui. Si tu es au courant pour son adresse, ça serait gentil de me la donner, merci!

SAM: Je sais qu'il avait un cours à donner à l'école de son père. Il habite à Prévost au 2034 rue Champêtre. Tu verras c'est immanquable!

MOI: Merci 😊

Je me déconnecte par la suite. Dès que je m'apprête à monter à l'étage, Tommy apparaît devant moi.

-Tommy! je crie, s'il-te-plaît arrête de me faire ça d'accord? Je passe près de faire une crise de cœur à chaque fois!

Il rit.

-C'est noté.

-Et puis avec Lucas?

-On s'est amusés. Jeremy n'est toujours pas au courant.

Je m'assois sur mon lit et il fait de même. Un petit silence s'installe entre nous. C'est trop bizarre qu'il soit là. J'ai de la difficulté à comprendre le fonctionnement de son coma depuis qu'il apparaît devant moi. Je crois que ça va me prendre un moment pour m'y habituer. C'est trop perturbant.

-Jamais j'aurais pensé que ça aurait été possible d'être aussi près de toi.., dit-il.

Cette parole m'a fait directement chaud au cœur. C'est un miracle qu'on aies les mêmes sentiments un envers l'autre.

-Même chose pour moi.., dis-je.

-Tout à l'heure, tu as dis qu'on en parlera...c'est quoi les sentiments que tu as pour moi? Est-ce que tu les ressens encore?

-Oui, dis-je, mais c'est compliqué.

Je vois qu'il est un peu déçu.

-Noah?

-Pourquoi tout le monde pense que j'ai des sentiments pour lui?!

-Peut-être parce que c'est vrai.

-Non! Nous nous connaissons que depuis 1 semaine!

-Tu sais, ça existe des coups de foudre. Et ça ne prend pas nécessairement 1 semaine pour être amoureux. Une seconde peut suffir.

Là, il a absolument raison. Mais Noah n'est pas un coup de foudre, si? Je ne sais plus!

-Écoute, j'en ai aucune idée. Je ne sais plus quoi penser...

-Je comprend. Noah est beau gosse.

-Tu serais jaloux par hasard?

Tommy jaloux de Noah? Incroyablement impossible!

-Non!! Ce n'est qu'un commentaire!

D'accord il est jaloux. Il ment très mal!

-Écoute, dis-je, j'avais pensé aller lui rendre visite.

-Ahh...

-Donc, si ça serait possible pour toi de ne pas me suivre ça serait bien.

-D'accord.

Je lui souris reconnaissante. Il disparaît d'un seul coup et je suis confuse. Est-ce que je l'ai énervé? Bref, je monte quand même à l'étage. Mon père est au salon en buvant tranquillement sa bière. Je m'approche de lui espérant qu'il me dise oui.

-Papa?

-Qu'est-ce que tu as a me demander cette fois?

Je pense quelques secondes à ce que je vais lui dire.

-Je voudrais simplement aller voir Noah. J'irai en autobus, tu n'auras pas à sortir ce soir.

En fait, je ne veux pas l'avoir dans mes pattes, voilà pourquoi...

-Il est dans quel coin de la ville?

-Prévost.

-Tu vas garder ton cellulaire avec toi et toujours répondre à mes appels?

-Oui papa.

Il hoche la tête et je l'enlace dans mes bras. Je le remercie et me prépare un sac. Je regarde les horaires d'autobus et je décide de partir a 19h15. Il commence à faire sombre, le ciel est bleu marine. Je me dirige tranquillement à l'arrêt d'autobus de la ville qui se trouve à un pâté de maison de chez moi. Je suis seule avec ma tuque, mon petit manteau kaki pas attaché et mon sac sur les épaules. J'attend seulement 2 minutes et l'autobus s'arrête devant moi. Le chauffeur me salue sans me regarder et je fais de même. Je paie 3,75$ et je vais m'installer dans un banc dans le milieu. Il y a juste 4 autres personnes avec moi. Le trajet est long, car l'autobus s'arrête tout les 2 secondes. Je consulte mon téléphone et je n'ai toujours pas de texto. J'espère qu'il sera là lorsque j'arriverai. La ville commence à disparaître pour laisser place à la forêt.

-Excusez-moi, dis-je au chauffeur, où est la rue Champêtre?

-Nous y sommes.

Je me lève et il m'ouvre la porte. Je lui souhaite une bonne soirée et descend. La rue est sombre, il n'y a aucunes maisons ce n'est que des arbres autour de moi. Pourquoi Samuel m'a dit que la maison est immanquable? On ne voit rien! J'espère qu'il ne m'a pas menée en bateau. Je décide quand même de marcher, peut-être qu'elle est plus loin. Les sons des animaux, le vent qui frappe les arbres m'effraie un peu. Si ça n'aurait pas été pour Noah que je suis ici en ce moment, je serais partie en courant. Je marche et je marche. Je tombe sur une énorme baraque blanche protégée par une énorme clôture surveillée. La maison doit avoir la taille de 10 maisons normales en une! La rue est pavée, il y a une fontaine qui coule près du stationnement. Des fleurs, arbustes et arbres entourent la propriété. Des lampadaires illuminent l'entrée et je vois déjà des tonnes de caméras de surveillance. Merde. Je m'avance à la clôture et une voix de femme me fais sursauter. Elle provient d'un système de caméra qui mobserve.

-Qui êtes-vous?

-Marianne, une amie de Noah...

Un "bip" se fait entendre et la clôture s'ouvre doucement. Je met un pied à l'intérieur , hésitante, mais je termine par entrer au complet. Il faut que je marche quelques mètres pour atteindre l'entrée. Je cogne à la porte. J'attend et je cogne une seconde fois. La porte s'ouvre brusquement. C'est une femme habillée en noir et les cheveux en bataille.

-Je peux t'aider jeune fille?

-Euh...j'aimerais voir Noah.

Elle n'eut même pas le temps de commencer à parler qu'elle se fait interrompre par...Adrian.

-Suzie! Va faire ton travail! Je m'en occupe!

Donc cette femme c'était une bonne? C'est de l'injustice! Adrian apparaît devant moi après avoir chassé la pauvre femme. Il est absolument séduisant: il porte une chemise noire avec les trois premiers boutons de détachés et un pantalon noir qui moule parfaitement ses fesses. Son regard est toujours si accrochant et son sourire vaniteux est chavirant...putain, suis-je vraiment entrain de fantasmer sur le père de mon ami?

-Encore toi, dit-il en me regardant de la tête aux pieds, qu'est-ce que tu viens faire chez moi?

-Noah est ici?

-Oui, mais tu crois vraiment qu'il a quelque chose à  faire d'une fille comme toi provenant d'une famille au salaire minimum?

-Pardon?! Écoutez monsieur, j'ai 15 ans c'est vrai, mais vous avez aucun droit de me traiter comme vous venez de faire!

Il me fait un sourire hypocrite.

-Entre, j'appelle mon fils.

Il s'éloigne en me laissant entrer et c'est moi qui ferme la porte derrière moi. C'est absolument magnifique. Un grand chandelier est suspendu au-dessus de ma tête, le plancher est en bois ciré, des escaliers droits sont à chaque extrémité et rejoignent un seul étage en particulier. Des cadres garnissent les murs blancs, de peinture et de photos d'Adrian en pose de danse classique tout maquillé et habillé bizarrement. Je crois qu'il a aperçu que je regardais ses cadres.

-J'ai créé mes écoles suite à ma graduation à l'université de ballet classique. Maintenant, je transmet cette passion aux autres qui ont un potentiel.

Il m'énerve. Il rabaisse tous ceux et celles qu'il ne croit pas à sa hauteur. Quel prétentieux!
Il m'amène dans un long couloir qui contient des tonnes de trophées, de certificats et de photos dont Noah, qui sont protégés par un mur de verre. Cela nous amène dans la salle à manger où il y a une table à 24 chaises. Cette salle m'eblouie. Adrian sort son cellulaire et envoie un texto.

-Noah va descendre.

C'est pitoyable! Ils ont tellement une relation de merde qu'ils se contactent par texto même si ils habitent sous le même toit.

-Alors, dit-il s'asseyant à une chaise au bout de la table mettant ses pieds dessus, tes parents font quoi dans la vie?

Je m'assois aussi mais le plus loin possible de lui.

-Mon père est camionneur et ma mère est vendeuse dans une boutique.

-Oh ( je vois qu'il essaie de cacher son dégoût) et toi, tu as l'intention de gagner ta vie comme il le faut?

-Absolument! Je vais sûrement aller étudier dans le cinéma ou la musique.

-Original. Bosses dur pour être comme moi.

Là il m'énerve!

-Je n'ai pas besoin d'être millionnaire pour être heureuse, contrairement à vous qui êtes malheureux dans vos millions!

J'entends des pas provenant du couloir et je sais tout de suite que c'est Noah. Il pénètre dans la salle surpris et à la fois bouleversé. Il a l'air naturel dans son jogging gris et son t-shirt noir.

-Marianne?? Que fais-tu ici?!

Je croyais qu'il allait être content que je sois là, mais on dirait bien que ce n'est pas le cas. Et je dois avouer que ça me fait un pincement au cœur.

-Salut, dis-je, je n'avais pas eu de tes nouvelles donc je me suis inquiétée...

Il fronce les sourcils et soupire...Qu'est-ce qu'il se passe?

-Noah, tu es certain que ça va?

-Bon, je vais vous laisser vous entre-tuer entre bons à rien, dit Adrian en sortant de la pièce.

Noah et moi restons un devant l'autre en silence. Pourquoi il se montre si distant? Ça fait mal ce qu'il me fait présentement. Il regarde le sol pendant un moment en serrant la mâchoire et me regarde.

-Il faudrait que tu partes, finit-il par me dire.

Je reçois l'équivalent d'une gifle dans le visage. Qu'est-ce que j'ai pu lui faire pour qu'il me rejette ainsi?!

-Pourquoi? Qu'est-ce que je t'ai fais?

-Tu as vue dans quel milieu je vis? Mon père tiens à ce que je devienne riche comme lui, je ne vais pas le décevoir. Et pour que j'y arrive, il faut que je mette de côté mes déconcentrations.

-Ton père te manipule, il essaie de gâcher ta vie! Je sais que tu ne veux pas être malheureux comme lui. Noah...regarde moi. Regarde moi dans les yeux. Ne met pas tout de côté. Tu vas le regretter.

-Tu ne comprend pas Marianne....je ne peux pas faire partie de ta vie. Alors tu vas faire ce que je te dis: retourne chez toi.

-Explique moi Noah...on débutait quelque chose. Et ce quelque chose vaut énormément à mes yeux.

Je me rend compte maintenant que je pleure de chaudes larmes. Il y a rien de pire que de perdre une amitié....

-Essaie de comprendre, dit-il m'accompagnant dans les sanglots, tu n'as aucune idée de ce que je vis, ce que j'endure et qui je suis!

-Noah...

-Non arrête, si tu savais à quel point c'est embarrassant pour un mec de pleurer!

Il enfouie sa tête dans ses mains et pleure. J'en ai le cœur brisé de le voir ainsi. Je m'avance rapidement vers lui et entoure mes bras autour de son cou et le serre fort. Il est hésitant au début, mais il a tellement besoin de réconfort qu'il me serre à son tour. Je sens mon épaule humide...je pleure à mon tour. Ça torture de voir un ami ainsi et encore plus quand nous avons des sentiments pour cette personne...