Dressée dans toute sa splendeur minérale, la forteresse de Xashyzan luisait comme la promesse d'une journée radieuse à venir. Ayma, qui marchait derrière ses amis, s'était retournée pour contempler la citadelle une dernière fois. La lumière du petit matin caressait les pierres de la cité majestueuse. Depuis qu'ils avaient quitté l'enceinte de la ville, une profonde nostalgie rendait le pas de la jeune fille pesant et elle se laissait facilement distancer par le reste du groupe. Elle se demandait si quelqu'un l'observait depuis les terrasses encore endormies... Elle soupira et tourna les talons à contrecœur.

Ses amis ne s'étaient pas arrêtés si bien qu'elle dut accélérer le pas pour revenir à leur niveau. La chevelure rousse de Solay et celle de son jumeau étaient illuminées par les reflets de la lumière matinale. La jeune femme avait une foulée volontaire : ses empreintes se détachaient bien dans la poussière du chemin. Elle allait d'un air décidé, presque conquérant, comme si les cuisines du palais (qui étaient son but ultime) se trouvaient juste aux portes du plateau. Son frère la suivait avec docilité, essayant d'adapter son rythme au sien.

Caân, quant à lui, cheminait d'un pas tranquille mais assuré. Les t'chamas étaient assis, presque avec nonchalance, sur ses épaules. On aurait dit deux petits esprits protecteurs et Ayma sourit devant ce spectacle insolite. Pressant l'allure, elle rejoignit son cousin. Elle saisit Yahmei, qui était son préféré, et le posa sur sa propre épaule. Le petit félin ronronna et lui lécha l'oreille pour manifester son contentement.

Le chemin devant eux serpentait parmi les hoveqihoïs, rappelant à Ayma le jour de leur arrivée au monastère. Maël avait cueilli une de ces fleurs sacrées et la lui avait offerte. La jeune fille n'aurait su dire si ce souvenir suscitait en elle de la joie ou de la tristesse... Elle se pencha pour en cueillir une. Mais alors que ses doigts effleuraient les pétales vermeils, elle eut la sensation désagréable de commettre un sacrilège. Elle retira vite sa main et croisa le regard sévère de son cousin qui l'attendait.

- Combien de fois vais-je devoir répéter qu'il ne faut pas toucher à ces fleurs ? demanda-t-il avec agacement.

Puis, d'une façon assez inattendue, un grand éclat de rire le secoua. Prenant sa cousine par le bras, il la poussa sur le sentier, la forçant à avancer. Il semblait tellement heureux de poursuivre leur voyage qu'Ayma le dévisagea avec étonnement. Elle vit dans son regard une lueur fiévreuse qu'elle ne lui connaissait pas. Caân répondait à l'invitation de la route avec un bonheur non dissimulé.

Ayma sentait dans son dos l'appel silencieux du sanctuaire mais elle décida de ne plus se retourner. Elle se concentra sur cette route qui lui chuchotait des mots d'espoir et des promesses d'aventures.

**********************************

Désolé pour ce "mini" chapitre mais je ne pouvais pas couper autrement... Le prochain sera bien plus long, promis ! :-)

Merci à tous ceux qui lisent et votent ! (et n'oubliez pas : un petit commentaire fait toujours plaisir ! :-) )