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Chapitre 21


Dirigée par le courant mousseux d'un ruisseau boueux, une fleur mauve dérivait en virevoltant. Ywan suivit des yeux les pétales fragiles de la kwasiuf et jeta une nouvelle fleur dans l'eau. Il était appuyé contre la rambarde d'un vieux pont en bois délavé, qui enjambait ce mince cours d'eau serpentant dans les ruelles de la cité. Ses cheveux avaient poussé depuis qu'il avait quitté Monas car il avait renoncé à se raser le crâne comme les disciples de Cognaa ont coutume de le faire. Ils étaient hirsutes et aussi noirs que la barbe de trois jours qui ombrait ses joues, soulignant ses traits anguleux.


Perdu dans ses pensées, perdu, perdu dans le flux de ces images qui traversaient son esprit tourmenté, Ywan regardait les fleurs d'un air absent... Le visage d'Ayma revenait sans cesse. Le jeune homme secoua la tête, espérant par ce procédé naïf chasser ces visions qui le hantaient.


Il étouffa un bâillement. Il dormait mal depuis quelques nuits... depuis qu'il avait assassiné le messager qui leur avait apporté des nouvelles d'Ayma et de ses compagnons. Chaque nuit, il rêvait... Et il se réveillait de nombreuses fois, troublé par ces rêves étranges. Il n'en avait compris que récemment l'origine.


Son premier rêve, il l'avait fait la nuit où il avait assassiné le messager venu de Monas. Il avait appliqué sans état d'âme l'ordre silencieux de Sihoq. Alors qu'il se promenait avec cet homme dans les ruelles sinueuses d'Ijaïh, il l'avait entrainé, sous un prétexte fallacieux, près du vieux port. Là, dans la brume nauséabonde qui s'enroulait autour d'eux, il l'avait égorgé et il avait jeté son cadavre dans les eaux sales, comme on se débarrasserait des restes de son repas... Il n'avait rien ressenti : ni dégoût, ni joie, ni honte, ni peine... rien.


Mais quelques heures plus tard, dans la moiteur nocturne de sa chambre, il s'était réveillé en sueur, son cœur battant la chamade. Son esprit confus avait mis quelques instants à se souvenir de son identité. Un rêve troublant se répétait sans cesse dans sa tête et, chose étrange, il avait l'impression qu'il ne s'agissait pas d'un véritable rêve : il lui semblait qu'il avait réellement vécu chacun des événements dont il se rappelait le moindre détail.


Dans ce songe, il se trouvait dans une forêt. Son cheval avançait lentement, le bruit de ses pas étouffé par l'herbe, et le jeune augure pouvait apercevoir Tsuki briller à travers les branchages. Un sentiment d'excitation le parcourait alors qu'il se cachait derrière des arbres plus épais. Il attendait, confiant... mais rien ne se passa comme prévu. Les hommes qu'il avait engagés furent massacrés par un jeune homme brun. Mais était-ce vraiment un homme ? Ses mouvements étaient si vifs qu'on pouvait à peine les suivre des yeux et sa force si brutale qu'on aurait cru qu'un dieu était venu parmi les hommes et s'amusait à leurs dépens. Il frissonna quand Tsuki éclaira le visage du jeune guerrier : celui-ci souriait. Il prenait du plaisir à commettre ce massacre. Alors une peur sans nom s'empara d'Ywan, il voulut prendre la fuite mais ses jambes refusèrent de bouger. Il essaya de se fondre encore davantage dans la végétation... L'odeur âcre du sang imprégnait l'air nocturne. Puis le calme revint. La jeune fille et ses deux compagnons s'enfuirent, le guerrier portant sur son dos le deuxième jeune homme.


C'était à ce moment-là qu'Ywan s'était réveillé, le visage de la jeune fille comme marqué au fer rouge dans son âme.

Ayma.

C'était elle, il en était sûr... Quant aux deux garçons, il devait s'agir de son cousin et du jeune homme au don obscur dont leur avait parlé le messager. Ywan pensa que ce cauchemar était dû au récit de celui-ci. Après tout, il leur avait fait son rapport plus tôt dans la soirée et il était normal que cela ait influencé ses songes. Rassuré, il s'était rendormi.


Malheureusement, les cauchemars se poursuivirent.


Il ne se passait plus une nuit sans qu'Ywan ne soit la proie de ces rêves déconcertants. Chaque fois, le même schéma se répétait : il voyait une scène à travers les yeux de quelqu'un d'autre. Une nuit, il avait rêvé qu'il était de retour dans le temple de Cognaa à Monas. Il se trouvait dans la salle de la Révélation. En abaissant son regard, il vit qu'il portait une robe et que ses mains étaient celles d'une femme. Il regarda le mur en face de lui : il connaissait cette fresque mais il ne lui avait jamais accordé son entière attention. La pierre était d'une blancheur si lumineuse qu'elle semblait luire dans la semi-obscurité de la salle déserte. Le sculpteur avait gravé les silhouettes des dieux formant un cercle autour d'une jeune fille.


Ywan s'attarda sur chaque divinité. Il reconnut les courbes généreuses et la longue chevelure sensuelle de Belté, le sourire énigmatique de Sutheia, la couronne de coquillages de Pescari, l'épée ensanglantée de Werran et la gravité des traits de Cognaa qui tenait des parchemins contre son cœur. Il s'approcha du mur afin de détailler la jeune fille. Celle-ci gardait les yeux clos et son visage exprimait une grande sérénité. Sa longue robe au drapé harmonieux lui cachait les pieds mais laissait ses bras découverts. De longs cheveux s'étalaient sur ses épaules, glissant jusqu'à ses hanches. Alors qu'il la contemplait, une joie profonde naquit dans la poitrine d'Ywan et se répandit dans tout son corps. Il savait qui elle était !


A son réveil, un large sourire s'était épanoui sur ses lèvres, le visage d'Ayma flottant encore dans son esprit. Mais ces quelques instants bénis avaient volé en éclats quand la réalité l'avait rattrapé... Son sourire s'était effacé, ne lui laissant qu'un goût amer dans la bouche.


Cependant, ce fut seulement la nuit qui suivit qu'Ywan avait compris la malédiction qui pesait sur lui. Il se retrouva de nouveau dans le temple de Cognaa mais la scène était différente. Il se tenait sur le seuil de la chambre de son vieux maître et... il se vit debout à côté du cadavre de celui-ci baignant dans une mare de sang. Ywan crut qu'il était devenu fou. Comment pouvait-il être à l'intérieur de la pièce et dans l'embrasure de la porte ? Et l'horreur l'envahit complètement quand son double s'avança vers lui. Il resta immobile tout en sachant qu'il était en danger. Son double posa ses mains sur sa gorge et la serra avec violence. Ywan se débattit... en vain. Il sentait qu'il perdait connaissance...


Il s'était réveillé, tremblant et couvert de sueur, dans son lit. Il s'était levé et avait chancelé à travers la chambre jusqu'à la fenêtre... Il avait vomi.


- Tu es à Ijaïh, tu es à Ijaïh, tu es à Ijaïh... s'était-il répété.


Puis, il s'était assis à même le sol, la tête reposant contre le mur, des larmes coulant sur ses joues blêmes. Ses rêves... Ses rêves n'étaient pas de vrais rêves ! Les souvenirs de ses victimes le hantaient. Il revivait certains moments de leur vie... Il était mort en même temps que la jeune prêtresse qu'il avait assassinée. Il comprit que Cognaa l'avait maudit : elle lui avait accordé la connaissance intime de ses victimes. La conscience douloureuse de l'atrocité de ses actes avait frappé de plein fouet le jeune homme.



Après avoir livré une dernière fleur mauve à l'avidité du courant, Ywan s'étira et partit d'un pas nonchalant. Il aimait vagabonder dans le labyrinthe de ces vieilles rues. Soudain, il remarqua un chemin de traverse qu'il n'avait encore jamais emprunté. Il déboucha sur une petite place gorgée de lumière. En son centre, une fontaine majestueuse laissait entendre sa chanson aquatique. Il la regarda avec plus d'attention : la statue d'une déesse se dressait en son milieu. Celle-ci ouvrait ses bras en signe de bienvenue. Un mouvement attira son regard qui se porta au bord de la fontaine. Il n'avait pas remarqué qu'une fillette se trouvait là, agitant ses pieds dans l'eau fraîche.


Presque malgré lui, il s'approcha d'elle. Alors, elle leva sur lui des yeux étonnants qui semblaient faits d'or liquide. Ywan eut l'impression que son âme était mise à nu par ces yeux lumineux. Un rire s'échappa de la bouche de la petite fille et Ywan crut qu'il résonnait à l'intérieur de sa tête. Dès que les derniers échos de ce rire se furent évanouis dans l'air, l'enfant parla.


- Qui es-tu ?


- Je m'appelle Ywan, répondit-il en essayant de sourire malgré son malaise.


- Qui es-tu ? répéta l'enfant imperturbable.


Un silence pesant plana un instant entre ces deux êtres qui ne se lâchaient pas du regard. Finalement, Ywan brisa le silence d'une voix monocorde.


- Je suis un disciple de Cognaa.


- Vraiment ? Tu ressembles plus à un disciple de Murthjan qu'à un prêtre.


- Murthjan ? Je ne connais pas ce dieu... Qui est-il ? interrogea le jeune homme.


La fillette ne répondit pas. Un sourire énigmatique étira ses lèvres. Ywan s'apprêtait à reposer sa question quand un bruit derrière lui le fit se retourner. Il ne vit rien mais quand il porta de nouveau son regard sur la fontaine, l'enfant avait disparu. La place était de nouveau déserte, seul un parfum familier flottait dans la brise. De nouveau pensif, Ywan contempla le sourire étrange de la statue qui ressemblait à celui de cette, non moins étrange, petite fille.

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