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Chapitre 13


Devant Ayma à plusieurs dizaines de mètres, la cible immobile, que Maël avait accrochée à l'arbre, semblait la mettre au défi de l'atteindre. La jeune fille inspira profondément et ferma les yeux afin de mieux se concentrer : elle ne ressentait aucun souffle d'air sur la peau nue de ses bras, le vent ne dévierait donc pas sa flèche. Elle avait bandé avec difficulté le bel arc noir de son ami, pourtant ses mains ne tremblaient pas. Elle ouvrit les yeux, décocha sa flèche... et manqua la cible d'un bon mètre.


Maël fut très étonné de constater qu'elle restait calme et concentrée malgré son échec. Il avait placé la cible de telle sorte qu'Ayma ne puisse la toucher. Aucun novice au tir à l'arc n'en serait capable ! Son dessein était de la décourager afin qu'elle abandonne l'idée téméraire qu'elle avait eue quelques jours auparavant : Maël savait bien qu'elle voulait apprendre à tirer pour se battre et non pour l'aider à chasser. L'imaginer dans la mêlée d'une bataille lui donnait des sueurs froides... Il était assez fort, grâce aux dieux, pour la protéger... pour les protéger tous.


La jeune fille fixa de nouveau son attention sur la cible. Elle avait bandé l'arc d'un geste sûr et elle visualisait la pointe de son projectile en train de s'enfoncer dans l'arbre. Elle se sentait parfaitement sereine et détachée. Elle tira... et la flèche se planta au centre du tissu. Elle avait réussi ! Des frissons d'excitation lui parcoururent le corps et elle se mit à crier victoire tout en effectuant une sorte de danse tribale.


Maël resta sans voix quelques secondes avant de se ressaisir et de lui intimer l'ordre d'être plus discrète :


« Arrête de hurler ! Imagine que nos ennemis soient à proximité, ils n'auront qu'à suivre tes cris hystériques pour nous tomber dessus !


- Tout d'abord, ce ne sont pas des cris hystériques mais des cris de victoire, répondit la jeune fille. Et puis, arrête de t'inquiéter ! Cela fait plusieurs jours que nous longeons la route, tout en restant à une distance respectable, et que nous suivons à la lettre toutes tes consignes de prudence. J'ai l'impression d'avoir à peine le droit de respirer, lui reprocha-t-elle. Et nous ne sommes même pas certains que « nos ennemis » nous poursuivent. »


Après de nombreuses heures de discussions vaines à propos de l'attaque nocturne et de l'identité de leurs agresseurs, ils avaient décidé d'un commun accord de les baptiser « ennemis ». Néanmoins, Ayma et Caân supportaient mal la vie austère que leur imposait Maël. Ils n'avaient le droit de faire du feu que durant la journée et au lieu d'avancer sur la route, ils traçaient leur propre chemin dans les broussailles épaisses de la forêt. Maël, quant à lui, avait l'air sans cesse sur le qui vive, prêt à se défendre, ou plutôt à attaquer.


Le jeune homme passa la main dans sa chevelure sombre et regarda son amie d'un air dubitatif. Mais comment avait-elle pu réussir, dès son second essai, un tir aussi difficile ? La jeune fille l'observait, un large sourire s'épanouissant sur ses lèvres. Maël haussa les épaules et lui demanda de recommencer. Il pensait qu'elle avait eu beaucoup de chance et que le hasard avait joué un grand rôle dans sa réussite. Ayma s'exécuta, bien décidée à lui prouver ce dont elle était capable.


Une dizaine de tirs réussis plus tard, Maël dut se rendre à l'évidence : Ayma était naturellement douée... bien plus talentueuse que la plupart des archers qu'il connaissait. Il regarda la jeune fille ranger les flèches dans le carquois. Son visage affichait une expression satisfaite. Elle lui tendit son arc mais le jeune homme refusa de le reprendre. Il lui dit qu'elle avait gagné le droit de le porter et de s'en servir. De joie, Ayma lui sauta au cou afin de le remercier. Leurs regards se croisèrent tandis qu'ils étaient l'un contre l'autre, la gêne alors les fit s'éloigner l'un de l'autre assez rapidement.


Mais, aussi bref que fut ce rapprochement, Maël avait eu le temps de remarquer quelque chose d'étrange. Les yeux d'Ayma semblaient différents... plus clairs. La première fois qu'ils s'étaient rencontrés à Monas, il avait remarqué que ses yeux étaient d'un marron très foncé. Or ils avaient à présent la nuance chaude qu'arborent les feuilles juste avant que le froid ne s'abatte sur le royaume. Cette curieuse pensée sortit de son esprit lorsque Caân les appela pour déjeuner.


Depuis qu'il avait tué un homme, Caân avait la violence en horreur. Le gibier, que Maël rapportait de la chasse, lui inspirait un profond sentiment de tristesse. Il avait donc choisi de ne plus manger de viande. Il utilisait son don de fidèle de Carstia pour charmer les petits animaux de la forêt. Ceux-ci lui montraient les racines et les baies comestibles que Caân consommait désormais. Ainsi, il laissait à Maël et à Ayma le soin de faire cuire leur viande, mais il accommodait et cuisinait tous les végétaux qu'il avait cueillis, et cela améliorait considérablement les repas de ses deux compagnons.


Assis autour du feu, ils partageaient leur nourriture en discutant : Maël racontait à Caân les récents exploits d'Ayma au tir à l'arc. Celle-ci, embarrassée par les louanges du jeune homme, paraissait se désintéresser de la conversation et nourrissait le petit t'chama tacheté avec les restes de viande. Le minuscule félin rognait les os en ronronnant de plaisir. La jeune fille se surprit à penser que le bonheur semblait tellement simple pour les t'chamas. Elle caressa la petite tête et reçut en remerciement un coup de langue râpeux qui chatouilla ses doigts.


« Au fait, Caân, dit-elle, tu ne crois pas qu'il serait temps de trouver un nom à ces deux t'chamas ? »


Caân laissa son regard glisser sur la petite femelle noire et le petit mâle tacheté. Il hésitait à parler, comme s'il avait peur de laisser échapper un secret...


« Je leur ai déjà donné un nom. J'ai appelé la femelle 'Son' et le mâle 'Yahmei', avoua-t-il. »


Il avait prononcé ces deux mots de la même voix rauque et basse qu'il avait utilisée pour faire sortir les t'chamas de leur tanière le matin de leur départ. Ces derniers avaient d'ailleurs dressé les oreilles en entendant ces sonorités très particulières. Ayma fronça les sourcils et elle allait demander à son cousin la signification de ces noms étranges quand celui-ci la devança :


« En fait, 'son yahmei' sont les deux premiers mots du refrain d'une très vieille chanson dont je me suis servi pour les apprivoiser. Ils sont très sensibles aux notes graves de cette ballade, alors je m'en suis inspiré pour les nommer, révéla-t-il à ses deux camarades.


- 'Son yahmei'... je ne connais pas cette chanson, s'étonna Ayma. Elle ne fait pas partie de celles que chante Cymaïa. Où l'as-tu entendue ?


- C'est un vieux voyageur qui me l'a apprise, prétendit Caân. Je l'ai rencontré l'année dernière chez Nhiwapu... Vous avez encore faim ? J'ai cueilli des baies qui ont l'air délicieuses, s'empressa-t-il d'ajouter. »


Maël regarda son ami droit dans les yeux afin de lui montrer qu'il n'était pas dupe et qu'il n'accordait aucun crédit à ses propos. Ce dernier détourna le regard, tandis que son visage s'empourprait légèrement, mais il resta muet. La jeune fille, qui n'avait rien remarqué de cet échange silencieux, savourait les fruits au goût acidulé. Son attention se reporta sur l'arc de Maël. Il était presque entièrement noir, à l'exception de mystérieuses inscriptions argentées. Elle n'avait jamais vu de signes identiques et elle demanda leur signification au jeune homme. Celui-ci lui répondit qu'il n'en connaissait pas le sens. On lui avait offert cet arc quelques années auparavant et personne n'avait jamais réussi à déchiffrer ces arabesques argentées.


« Même pas la personne qui te l'a donné ? demanda Ayma.


- Je ne sais pas, avoua-t-il. Cette personne est peut-être capable de lire cette écriture...


- Comment ça ? On dirait que tu parles d'un étranger... Qui t'as offert cette arme ?


- Très bien, très bien, soupira le jeune homme, je vais tout vous dire. Mais je vous préviens, vous risquez d'être déçus car cette histoire reste bien mystérieuse encore aujourd'hui... C'était la veille de mon dixième anniversaire. Je revenais d'une partie de chasse avec mes cousins. Nous adorions chasser pendant des heures et à l'époque j'étais très fier car chacun de mes tirs touchait toujours sa cible. Mon cousin Ges, qui a trois ans de plus que moi, avait coutume de dire qu'une fois mon Wjajy accompli, je serais le meilleur disciple de Chacëor... »


L'amertume se lut sur les traits de Maël qui dut marquer une pause dans son récit. Il secoua la tête, comme pour chasser ses sombres pensées, et reprit le fil de son histoire :


« Le crépuscule venait de mettre un terme à nos jeux et nous rentrions chez nous. Ma mère avait préparé un dîner copieux pour notre joyeuse petite bande et l'on pouvait sentir l'odeur de viande grillée depuis l'entrée du village. Alors que nous étions tous attablés, les chiens se mirent à hurler à la mort devant la maison. C'était assez inhabituel de leur part et la curiosité nous fit sortir. La nuit était tombée, les rayons de Tsuki éclairaient faiblement la rue principale de notre petit village. Une grande silhouette se tenait à quelques pas de nous. Quand j'étais enfant, je n'avais peur de rien et les gens disaient que j'étais assez effronté. J'interpelai l'inconnu en lui demandant ce qu'il faisait devant chez nous... Je m'en souviens comme si c'était hier... Il s'avance vers nous de sa démarche silencieuse, presque dansante, et il pose sa main glacée sur mon épaule. J'avais du mal à distinguer son visage dissimulé par la capuche de son manteau. Il me demanda alors d'une voix grave, mais douce, si nous pouvions lui accorder l'hospitalité pour la nuit. Mon père, qui s'était approché, accepta en vertu des coutumes des disciples de Chacëor : ils accueillent toujours de bon cœur les voyageurs qui se présentent à leur porte.

Il s'installa à notre table et partagea notre repas cette nuit-là. J'étais assis en face de lui et je ne pouvais m'empêcher de l'observer. C'était comme si mon regard était incapable de se détacher de son visage. Il avait abaissé sa capuche et ses longs cheveux noirs s'étaient répandus sur ses épaules. Sa peau paraissait translucide tant elle était pâle, son visage était figé comme s'il n'était pas humain... J'aurais pu croire que je mangeais en compagnie d'une statue, mais ses yeux démentaient cette impression. Ses yeux ! Comment vous expliquer ? J'avais la sensation qu'ils me brûlaient... comme si la vie, à l'état pur, miroitait dans son regard... c'en était presque insoutenable...

L'inconnu ne cessait de poser des questions à mon sujet, et je dois avouer que, même si cela m'embarrassait un peu, j'étais content que l'on s'intéresse à moi. Il finit par apprendre que j'allais fêter mes dix ans. Il me tendit alors un arc qui sembla sortir de nulle part... dans mon souvenir, il est encore plus beau qu'aujourd'hui : le bois est plus sombre que la nuit la plus noire et les inscriptions ont l'air faites d'argent liquide tant elles luisent. Je me souviens de la sensation de puissance que je ressentis quand je le pris en main pour la première fois. J'avais l'impression d'être invulnérable ! »


Maël demeura silencieux quelques instants, perdus dans ses souvenirs...


« Mais que s'est-il passé ensuite ? demanda la jeune fille. Comment s'appelait ce voyageur ?


- Je ne l'ai jamais su... Il m'a offert cet arc et c'est le dernier souvenir précis que je garde de cette soirée. C'est comme si le reste de la nuit était brouillé, recouvert d'un voile presque opaque... Le lendemain matin, l'inconnu était reparti bien avant que quiconque ne se lève. C'est très étrange... il n'a laissé aucune trace de son passage et si je ne possédais pas cette arme, je croirais qu'il n'est jamais venu, qu'il n'existe peut-être même pas. »


Ayma et Caân se regardèrent avec étonnement, mais ils ne questionnèrent pas davantage leur ami qui s'était levé et s'éloignait en silence.

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