Undated memories :

Cela faisait maintenant six heures que je fixais le plafond d'un blanc immaculé et d'un vide sidérale.

Il m'avait promis qu'il serait là avant la fin, je suppose que je vais devoir y aller toute seule. Je me levai doucement sachant qu'il me restait encore un peu de temps et m'habillai chaudement avant de sortir dans la rue éclairée par le soleil qui commençait à peine à se lever. Les rues étaient vides, tout comme moi sans lui, il faisait froid, très froid et pourtant je me sentais d'une légèreté à défier celle d'une plume. Je marchai tranquillement jusqu'à l'étendue d'eau où nous devions nous rendre une heure plus tôt, c'était vraiment un magnifique lac, son eau cristalline, sa profondeur abyssale, tout était parfait.

Les quelques rares passants me regardaient comme si j'étais une créature. Je peux les comprendre. Ils verront rarement une personne comme moi dans leur vie. Ils verront rarement une personne qui sourit alors que dans quelques instants tout va s'arrêter pour elle.

Je m'essayai sur l'herbe encore humide face au lac attendant patiemment qu'il arrive.

Je me remémorai des souvenirs sans importance comme le regard que mes parents me portaient, accusateur et triste ou encore celui qu'ils me lançaient quand je rentrais de l'école, du dégoût et parfois de la peur. Pourtant j'avais essayé de leur plaire, j'avais essayé d'être une enfant modèle mais un problème de taille résidait en moi. Mon premier baiser refit surface, ce pauvre garçon avait finit par passer sa vie à l'hôpital juste pour avoir posé ses lèvres sur les miennes. Et inévitablement je finis par me souvenir de lui, de nôtre première rencontre jusqu'à la dernière il y a quelques jours, tout ce qu'il m'avait fait ressentir, ce qu'il m'avait fait devenir, un fantôme qui erre sans lui. Une larme coula le long de ma joue, ma vie avait vraiment été un court chemin sans repos. Je sentis une présence à mes côtés et une main vint m'essuyer la joue.

« Pourquoi tu pleures Mary ? Tu devrais être heureuse pour notre dernier jour ! »

« O-oui tu as raison... » Un sourire peu convaincant avait pris place sur mon visage

« Mary s'il te plaît je veux te voir heureuse, rien qu'une dernière fois... »

J' acquiesçai et il passa lentement les bras autours de mon corps frigorifié, ses lèvres humides et chaudes se déposèrent sur mon front avant qu'on ne se lève tout les deux.

« Tu est prête ? » me demanda t-il avec son sourire digne d'un ange.

« Bien sûr ».

Ses cheveux violacés flottaient avec la brise du petit matin, il me prit fermement la main et entrelaça nos doigts.

Nous entrions doucement dans l'eau glacée du lac et à ce moment là un autre souvenir refit surface, la fois où nous avions parlé sans relâche jusqu'au petit matin :

« Mary tu ne peux pas mourir car tu n'as jamais vraiment vécu et je suis dans le même cas que toi, mais heureusement maintenant que nous sommes deux, je commence enfin à vivre ! »

Je souris alors de plus belle malgré l'eau glaciale qui me coupait les jambes. Jeonghan lui aussi sourit, il me sourit.

Nous avancions jusqu'à ce que l'eau m'arriva au cou, j'avais froid, très froid, mes lèvres devaient être bleues. Je me mis face à Jeonghan qui me serra fortement la main.

«Ce n'est pas un adieu Mary, nous allons nous revoir. »

« Vraiment où ? » tentai-je d'articuler malgré mon visage endolori.

« Nous allons nous revoir au ciel Mary, je retourne d'où je viens et je t'emmène avec moi. »

J'étendis mon rire face à sa réponse.

Nous faisions encore quelques pas, j'avais sommeil, je ne sentais plus mon corps. Ses derniers mots résonnèrent avant que l'eau nous submerge complètement :

« Je t'aime Mary, à bientôt »

Un dernier sourire étendit mes lèvres et je sentis mon cœur et ma respiration se stopper, la vie quitta peu à peu mon corps et tout ce que je vis, fut la surface qui paraissait si loin. Le soleil l'éclairait d'une façon éblouissante, je fermai doucement les yeux, nos mains restèrent l'une dans l'autre jusqu'au bout. Même si je n'avais vécu que très peu, je serai toujours reconnaissante d'avoir vécu avec lui. Je pouvais enfin quitter ce monde avec lui à mes côtés, quoi de plus joyeux ?

Unwritten :

J'étais rouge et tu étais bleu, quand nous nous sommes touchés, je suis devenue un étendu de violet et ensemble nous l'avons répandu.

« Tu vois ma chérie ce lac est rempli d'une eau qui n'as pas une couleur banale, ce lac est violet et tu sais pourquoi ma puce ? »

La petite fille de huit ans secoua la tête et sa mère lui répondit tendrement :

« Un ange a emmené une jeune fille malheureuse dans ce lac et ensemble ils ont trouvé la sérénité et le repos éternel... »

La petite fille répéta avec amusement : « Un ange ! »