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Chapitre 14

Avant

La soirée de mercredi se déroulait dans le garage de la mère de Caleb. Nous étions une bonne trentaine à y être invité et même si l'espace était assez restreint, l'ambiance était agréable. Je venais à peine d'arriver aux côtés de Naël et Alison que Luke est apparu dans mon champ de vision, un gobelet à la main. Pour être honnête, c'est en le revoyant que j'ai repensé à la nuit que nous avions passée ensemble et j'ai attrapé le bras de mon meilleur ami avant qu'il n'ait la bonne idée de l'interpeller.

- J'ai couché avec Luke.

- Tu as quoi?!

Je ne sais pas ce qui m'a pris de l'avouer, comme ça, à l'entrée de la pièce. Alison avait la même surprise au visage que le blond et j'ai plaqué la paume de ma main contre ma bouche. Pourquoi ne l'ai-je pas gardé pour moi? Page: tu es un crétin.

- Ouais. Fuck, attendez, il arrive, faites comme si je n'avais rien dis.

On a tous les trois affichés nos plus beaux sourires et Luke nous l'a rendu en arrivant à notre hauteur.

- Alors, excité? Il a demandé par rapport à la diffusion d'Espace.

- Oui et toi Isaac, tu es excité? Naël a demandé en se tournant vers moi, chaque syllabe était parfaitement articulée.

Avec ma plus belle hypocrisie et toute une haine dissimulée j'ai poursuivis dans cet élan de joie exagérée. Je luttais pour ignorer le sous-entendu.

- Vraiment BEAUCOUP. Mais vous devez l'être encore plus je suppose.

- On est comme des gamins depuis ce matin, on saute dans tous les sens.

- Ah ouais, vous sautez dans tous les s-

J'ai arrêté Naël et ses allusions en écrasant mon pied contre le sien et Luke nous a regardé bizarrement.

- Euh... Ouais, bref, si vous avez soif ou même faim, c'est au fond.

- Merci. Alison a répondu pour nous et le blond est parti.

Il est allé accueillir d'autres personnes et je le remerciais silencieusement de ne pas avoir cherché à comprendre mon crétin d'ami qui a éclaté de rire dès l'instant où il s'est éloigné. Je l'ai poussé pour qu'il se calme. Se battre c'était un peu notre truc je crois et ça l'a amusé encore plus. Lorsqu'il s'est enfin tu, on est allé s'installer dans un canapé et la blonde s'est redressée d'un coup en regardant l'entrée.

- Qu'est-ce qu'il fait là?

J'ai tourné la tête à mon tour pour voir Oscar, qui avait une bouteille de jus d'orange dans les mains. Il nous cherchait du regard et j'en ai profité pour interroger Ali puisque je ne savais pas où ils en étaient depuis leur dispute.

- Vous ne vous êtes pas réconciliés?

- En soit si... Enfin on a couché ensemble, ça compte?

- Euh...

Oscar est arrivé à notre hauteur et a posé la boisson sur la table basse. Il s'est laissé tomber sur le canapé près de Naël.

- J'ai rien loupé? Il a demandé pendant qu'il regardait autour de nous.

- La diffusion est dans un petit quart d'heure, on vient d'arriver. J'ai répondu en lui offrant un sourire qu'il ne m'a pas rendu.

Pour détendre l'atmosphère, Naël n'a pas eu de meilleure idée que de se tourner vers moi pour reprendre le sujet précédent qui restait bien trop mystérieux à son goût.

- On peut revenir sur le fait que Luke et toi vous avez c-

- Non, sans façon. Je l'ai coupé.

- T'abuses... C'était bien au moins?

J'ai lâché un râle de frustration en m'enfouissant un peu plus dans l'assise. Il n'allait pas lâcher l'affaire et Alison semblait tout aussi intéressée.

- C'est intime.

- Gngn, on se connait depuis assez longtemps pour ne plus avoir aucune pudeur ok ? Balance le doss'.

J'ai passé ma langue sur mes lèvres en marmonnant une réponse rapide.

- Jsaispas.

- Tu quoi?

- Je sais PAS. Je n'ai vraiment aucun souvenir. Je sais juste que j'me suis réveillé à moitié à poil dans son lit et qu'il m'a dit que c'était "dingue". Je sais même pas ce qu'on a fait??

Naël a éclaté de rire une fois de plus, j'avais envie de l'étouffer ou de disparaître, voire les deux en même temps. Le regard d'Oscar était dur et c'était pire que gênant, d'autant plus que c'était la première fois que ça m'arrivait. Qu'est-ce qu'on a fait, qui a eu pris quelle initiative, c'était le flou total.

- Au moins t'as été un bon coup, imagine juste à quel point ça aurait été gênant si t'avais tout foiré et que tu te réveillais à côté de lui. Il t'aurait juste genre "bon, bah, tant pis, salut".

J'ai retrouvé ma bonne humeur après les mots de Alison et nous sommes passé à autre chose jusqu'à ce que tout le monde se rassemble autour des canapés pour le lancement. Micha et Ash' ont fait projeter la page YouTube avec le décompte et nous étions tous impatient que la fin arrive. Luke s'est assis sur l'accoudoir à côté de moi et, gentiment, a passé son bras autour de mes épaules. Il avait l'air si heureux que je n'ai pas pu lui refuser cette étreinte.

- 3... 2... 1... Tout le monde comptait avec enthousiasme.

La musique a démarré. Plus de 1 500 personnes étaient sur le live et je n'arrivais pas à croire que c'était pour entendre quelque chose que j'avais écrit dans mon coin. Luke et Caleb n'ont pas pu s'empêcher de chanter par-dessus leurs propres voix et la bonne ambiance qui régnait était juste idéale. L'enregistrement était incroyablement bien mixé, je ne trouvais aucun défaut et je sentais au fond de moi que ça allait marcher. J'aimais cette soirée. A la fin de la chanson tout le monde s'est mis à applaudir, moi le premier et la fête a continué dans cette convivialité chaleureuse une bonne partie de la nuit.

Au beau milieu de la fête, alors que j'avais beaucoup trop chaud pour rester à l'intérieur du garage, je suis allé faire un tour à l'extérieur. Il faisait frais, ça faisait du bien. Il n'y avait pas beaucoup de personne dehors, presque que des fumeurs mais je n'ai même pas fait trois mètres qu'une voix masculine et rauque m'a interpellé.

- Isaac Page?

Les mains dans les poches, je me suis tourné vers l'homme que je reconnaissais être Hans, le producteur. Nos regards s'étaient croisés plusieurs fois dans la soirée mais je ne lui avais jamais adressé la parole. Je me suis approché de lui avec un sourire aux lèvres, sans cet homme aucun de nous n'aurait été là ce soir, alors forcément, je me sentais reconnaissant pour ce qu'il faisait pour Nuit d'Eté.

- En personne.

- Je suis heureux de pouvoir enfin vous rencontrer. Il m'a serré la main puis a repris. C'est donc vous le fameux Isaac dont ils me parlent sans cesse?

- Je suppose. J'ai gardé mon sourire et il me l'a rendu.

- Je tenais à vous connaître un peu plus personnellement. Les garçons m'ont fait écouter Obsession, votre dernière création et je dois dire que je suis assez intrigué de ne jamais avoir entendu parler de vous par ailleurs.

J'ai frotté ma nuque nerveusement. Je n'étais toujours pas un adepte des pluies de compliments. Cependant, Hans avait l'air bien plus chaleureux et gentil qu'il ne paraissait physiquement. Il était un peu plus grand que moi et devait avoir la quarantaine au vu de ses cheveux qui grisonnaient.

- Je ne suis pas quelqu'un de très démonstratif ou extravertie, je... Je préfère faire des trucs pour les autres ou écrire pour moi dans un cadre privé.

Sur ses lèvres s'est étendu un sourire pendant qu'il fouillait ses poches.

- Une cigarette?

J'ai baissé les yeux sur le paquet. Je n'avais jamais fumé de cigarette et je savais pertinemment que ce n'était pas une bonne idée. Andrew m'avait initié, une fois, à essayer un joint et je n'avais jamais retouché à ces choses-là depuis. Mais ça n'allait pas me tuer d'accepter la proposition d'un homme important qui voulait juste partager un moment avec moi. Ce n'était pas le genre de personne à contrarier. D'un hochement de tête j'ai approuvé sa proposition et j'ai pris la cigarette entre mes doigts pour la glisser avec maladresse entre mes lèvres.

Il m'a tendu le briquet, je l'ai allumé, et j'ai tiré dessus.

- Et donc vous êtes étudiant?

J'ai essayé d'étouffer mon toussotement pour lui répondre.

- Je suis en deuxième année de sociologie mais j'aimerai me réorienter enfin, je ne sais pas encore.

- Vers quelque chose de plus artistique non? Il ne faudrait pas gâcher un esprit aussi créatif.

J'ai ris ironiquement parce que ça ne m'était jamais passé par l'esprit. Nous sommes restés une bonne vingtaine de minutes à discuter, éclairé par la lune. Hans était très charmant, dans le sens où il savait mettre les gens à l'aise. J'ai appris que lui s'était réorienté plein de fois dans sa vie avant de comprendre qu'il voulait faire de la musique et que c'était pour ça qu'il cherchait des jeunes talents: il ne voulait pas qu'ils perdent le temps qu'il avait perdu. Il possédait trois studios d'enregistrements dans trois villes différentes et son entreprise était en pleine expansion. C'est d'ailleurs pour ça que je ne l'avais pas vu à l'enregistrement d'Espace, il se situait au-dessus dans la chaîne de production. Il aimait rencontrer des gens comme Luke, pleins d'ambitions et de talents, de rêves en grands. J'ai adoré cette conversation et elle ne se serait sans doute pas achevée si tôt si je n'avais pas vu Oscar sortir du sous-sol.

- Excusez-moi. Je me suis tourné vers le bouclé. Caro? Tu veux te joindre à nous?

Après tout, lui aussi était très talentueux, il méritait de se faire connaître. Le concerné s'est arrêté dans son élan pour se tourner vers nous. Il devait être à peine trois mètres et je devinais sa fatigue: il s'était attaché les cheveux.

- Je comptais rentrer.

- Oh. Tu... Tu veux bien m'attendre une minute?

- Non.

J'ai haussé les sourcils face à sa réponse qui m'a pris au dépourvu. Je n'imaginais pas me prendre un refus et Hans l'a compris instantanément. Il a posé sa main sur mon épaule pour retrouver mon attention.

- Je dois y aller moi aussi. C'était un plaisir de faire votre connaissance. On se revoit donc pour rediscuter d'Obsession tous ensemble? Luke vous communiquera la date.

- Merci. Bonne fin de soirée à vous.

On s'est serré la main comme le font les adultes et j'ai presque couru pour rejoindre le bouclé qui était déjà bien plus loin.

- Tu rentres à pied? J'ai demandé en atteignant son niveau.

- Je n'ai pas prévu de voler une voiture.

Ça m'a amusé, il a tourné le visage vers moi sans avoir l'air très content.

- Je t'ai dit que je ne voulais pas marcher avec toi.

- Je ne marche pas avec toi, je vais chez moi et il se trouve que, comme par hasard, c'est exactement dans la même direction que la tienne.

Il n'avait pas l'air ravi mais il n'a pas insisté. D'un geste habile ses doigts ont lentement retirés l'élastique qu'il avait dans les cheveux pour refaire sa coiffure. Je l'ai regardé faire avec admiration. On entendait au loin des oiseaux nocturne chanter, la lune était pleine et son visage était marqué par des ombres qui définissait ses contours. Tout était bleu ce soir-là, des nuances de bleus de la plus claire à la plus sombre. Sauf ses yeux, ses yeux étaient toujours aussi verts. Je me suis reconcentré sur la route après avoir failli louper une marche d'un petit escalier et ça l'a fait quitter cette moue pleine de colère qu'il avait gardé au visage pendant tout ce silence.

Cependant, il ne me parlait toujours pas. J'ai improvisé:

- En tout cas, si je marchais volontairement à côté de quelqu'un ce soir, qui, par pur hasard, se trouverait être Caro Lovell, j'aurai aimé qu'il sache qu'il risque d'avoir des rides à forces de faire la gueule comme ça.

Il n'a pas répondu alors j'ai continué pendant qu'on traversait le parc en direction de la maison de retraite.

- Et je lui dirais aussi que je préfère son rire à ses grognements d'ours mal léché.

Il s'est pincé les lèvres pour ne faire aucun commentaire. J'ai accéléré le pas pour me mettre devant lui et marcher à reculons, les mains toujours dans les poches. On était près d'un grand lac, sur un petit chemin bordé par du sable d'un côté et de l'herbe de l'autre.

- Aussi j'aimerai qu'il sache que j'ai envie de regarder son film préféré parce qu'il a regardé le mien.

- Tu vas tomber Page.

- Jamais, je suis bien trop hab-

J'ai trébuché sans avoir le temps de finir ma phrase et il m'a agrippé le bras pour que mes fesses ne finissent pas sur le sol.

Ma maladresse me poussait à continuer de faire le clown et je l'ai vu esquisser un soupçon de sourire. Bref, mais un sourire tout de même.

- Qu'est-ce que tu essayes de faire au juste?

- J'essaye, très chère Watson, de t'empêcher de devenir fripé. Pourquoi t'es tout colère? Je lui demande comme si c'était un enfant et ça l'a fait lever les yeux au ciel.

- Je ne suis pas tout colère.

- Mens mieux.

- Marche mieux.

- Boude moins mieux.

- Fais du canoë avec moi mieux.

- Quoi? J'ai ris parce que je n'ai pas compris, il m'a montré du bout du doigt le canoë qui reposait sur la rive. C'est hors de question.

- J'habite littéralement à l'autre bout du lac. À pied on doit en avoir pour 45 minutes à faire le tour, au moins. Alors qu'en canoë...

- T'as déjà fait ça?

Il avait une certaine assurance en marchant sur le sable.

- Jamais. Il s'est penché vers la barque sans attendre que je donne mon consentement pour embarquer dans cette aventure.

- Oscar, on ne va pas traverser le lac en canoë.

- Moi je vais le faire en tout cas.

C'était bien la première fois qu'il me proposait un plan aussi foireux et je me suis demandé si ce n'était pas les mauvais côtés de Naël qui avaient déteins sur moi, puis sur lui.

- On est en plein mois de janvier, si on tombe à l'eau on va se faire un remake du Titanic là.

- Tu me dessineras comme tes françaises plus tard Jack, aide-moi à l'emmener sur le ponton.

J'ai tourné la tête de droite à gauche, catégorique, pendant que le bruit de la chaîne qu'il défaisait était pire que bruyante dans le silence de la nuit.

- On va se faire prendre. J'ai essayé de le convaincre à nouveau.

- Alors autant se dépêcher avant que quelqu'un ne rende compte de quoi que ce soit.

Puisqu'il semblait vraiment déterminé à traverser le lac je l'ai aidé en marmonnant, ne sachant pas si je devais le maudire ou penser que c'était un génie. Plus vite on s'enfuyait et moins nous avions de chance de nous faire surprendre. On s'est retrouvé au beau milieu de l'eau après cinq bonnes minutes à rire parce qu'aucun de nous deux ne savait se servir d'une rame et que la synchronisation de notre coopération n'était pas parfaite. Loin de la rive, Oscar a reposé sa pagaie pour s'étendre dans la petite barque. Je me suis retourné pour être face à lui qui regardait les étoiles, les deux mains sur le ventre. Le silence était revenu entre nous et je me suis mis à observer ce qui nous entourait. Le peu de courant nous dirigeait lentement dans la bonne direction d'après ce que j'avais compris et les arbres qui bordaient l'entrée du parc semblaient à présent loin. Finalement, ce n'était pas une si mauvaise idée, nous étions en plein hiver mais il ne faisait pas si trop froid que ça. Mon téléphone s'est mis à vibrer dans ma poche. Je l'ai sorti sous le regard attentif d'Oscar.

- Zut. J'ai oublié de dire à Naël que je partais. Il me demande où tu es aussi.

- Qu'est-ce que tu vas lui répondre?

Je me suis mordu la lèvre en réfléchissant. Il était tard, je n'allais clairement pas retourner à la fête et je n'avais pas non plus envie que ça paraisse suspect que Oscar et moi passions du temps tous les deux.

- Hm... Que je ne sais pas où tu es et que je suis rentré?

- S'il est déjà dans son appartement il va se rendre compte que tu lui as menti.

Il était doué en mensonge. Bien plus que moi.

- Alors... Que je fais un tour et que je compte peut-être rentrer?

Il a approuvé d'un hochement de tête et j'ai envoyé ma réponse. Quelques secondes plus tard, c'est son portable qui vibrait, mais il n'a même pas pris la peine de regarder la notification. A la place, il s'est redressé sur ses coudes pour reprendre la parole.

- C'était qui le mec avec qui tu parlais tout à l'heure?

- Il s'appelle Hans. C'est le producteur de Nuit d'Eté. J'ai répondu en regardant l'eau.

- Et il voulait quelque chose en particulier?

- Juste me connaître je crois, j'ai écrit un autre morceau pour les garçons.

- Ça parle de quoi?

De toi. D'à quel point tu m'obsèdes et me fascine, d'à quel point même quand tu n'es pas là j'ai l'impression que tu me regardes, d'à quel point ton étreinte au nouvel an me rend dingue parce que je ne la comprends pas et qu'elle a laissé sur ma peau un souvenir indélébile. J'ai frotté ma nuque en me penchant un peu plus pour chercher des poissons malgré l'obscurité.

- Euh... De quelqu'un que j'avais dans la tête. Tu sais que j'adore les poissons? Je veux dire, ça doit être super marrant de se réincarner en poisson. J'ai changé de sujet très vite. Tu passes d'un environnement à un autre, t'as des écailles et ça se trouve les miennes seraient multicolores ! Oh, regarde!

- Isaac, arrête de te pencher comme ça, tu vas tomber. Il m'a prévenu calmement.

- Non mais viens voir, celui-ci est énooorme!

Oscar s'est assis pour regarder ce que je pointais du bout du doigt. Il a plissé les yeux pour réussir à le distinguer et s'est penché vers moi pour le trouver.

- Je ne vois r-

A peine a-t-il eut le temps de prononcer sa phrase que notre poids réuni a fait totalement basculer le petit bateau. Dans un cri commun nous sommes tombés dans l'eau glaciale qui m'a englouti tout entier en une fraction de seconde. J'ai bu la tasse dans la surprise de ma chute et lorsque j'ai réussi à retrouver la surface, je me suis mis à tousser bruyamment et à cracher d'une manière très peu élégante. Oscar n'était pas très loin de moi, il faisait de grands gestes avec ses bras pour rester à la surface.

- Isaac, tu vas bien? Il semblait inquiet et s'est rapproché vite.

- Je, merde. Pourquoi quand on est tous les deux et qu'il y a de l'eau rien ne se passe simplement?

Il s'est mis à éclater de rire comme si la pression de toute la soirée venait de quitter ses épaules. Il m'a éclaboussé d'un revers de main.

- C'est toujours ta faute!

- TU as insisté pour traverser le lac en canoë, à quel instant c'est MA faute cette fois?

Il a évidemment rejeté les responsabilités sur moi à nouveau à cause du poisson et, à la nage, frigorifiés, nous avons rejoint la rive qui n'était plus très loin, en continuant de nous chamailler. Si la traversée était plus que froide, ce n'était rien en comparaison à l'air extérieur qui s'engouffrait contre nos peaux et nos vêtements mouillés. Une fois sur terre, j'ai plaqué mes mains sur les poches de mon jean.

- Oh, non.

- Shit.

Nous avons sorti d'un même geste nos téléphones complètement morts ; on continuait de jurer chacun son tour. Ils étaient clairement irréparables et irrécupérables mais ce n'était pas le plus grave sur le moment. Nos lèvres tournaient au bleu et Oscar s'est empressé de prendre mon poignet pour me sortir de mes pensées qui quittaient le rationnel.

- Viens, on va chez moi, c'est à deux rues d'ici.

Incapable de refuser une telle proposition, je l'ai suivi en tremblant de tout mon corps. Moi qui détestais le froid, j'étais servis. Il ne m'a pas lâché de tout le trajet, comme s'il avait peur que je m'écroule sur le sol d'une seconde à l'autre. La route me semblait interminable, dangereuse et trouble. Nous nous sommes arrêtés au niveau de ce qui semblait être une grosse maison entre deux bâtiments et après avoir monté un escalier, nous sommes rentrés dans un grand appartement plongé dans le noir. Oscar m'a fait signe de me taire et j'étais si ailleurs que je n'ai même pas posé de question. Nous avons retiré nos chaussures et, discrètement, avons grimpé à l'étage. Le bouclé a lâché mon poignet en allumant la lumière. Il s'est directement dirigé vers le fond de l'espace. Tout le niveau n'était qu'une gigantesque pièce, où se trouvait, un peu en bazar, un coin chambre avec un lit et une grande bibliothèque, un autre coin un peu salon avec un canapé, une télévision et une console, puis un peu plus loin il y avait des guitares. Sur les murs quelques posters, des photos en noir et blanc, il y avait le Monnet aussi. J'étais subjugué de découvrir un endroit aussi intime que le lieu où vivait Oscar. Il est sorti de ce qui semblait être un dressing avec un petit tas de vêtements dans les bras et a ouvert la seule porte qui était présente.

- Isaac?

J'ai compris que je devais le suivre au son de sa voix. Tout tournait autour de moi, même si la chaleur me faisait un bien fou, comme un anesthésiant. J'ai rejoint mon partenaire de crime qui a posé les affaires sur le rebord de l'évier de la salle de bain.

- Laisses tes vêtements mouillés là et surtout si tu as besoin de quoi que ce soit, demande-moi, je reste à côté.

J'ai hoché la tête lentement, il a posé sa main sur mon front avec prudence pour jauger ma température et après un bref rictus crispé, il s'est reculé et est sorti pour me laisser prendre une douche. Dès que j'ai retrouvé mes esprits j'ai réalisé qu'il m'avait fait passer avant lui même s'il devait tout autant que moi mourir de froid et que flûte, j'étais chez lui. J'ai essayé de me dépêcher pour finir et je me suis séché avec la serviette qu'il m'avait sorti. Sans trop réfléchir, j'ai mis les vêtements qu'il avait laissé, c'est-à-dire un tee-shirt et un sweat trop grand, un caleçon noir, des chaussettes et un short de sport. C'était exactement ce que je mettais pour dormir et ce que je portais à Glasgow mais peut-être n'étais-ce là qu'un hasard. Je portais ses vêtements. Je portais un de ses sous-vêtements. Jamais avant je n'avais imaginé que ce genre de situation arriverait mais il faut croire que c'était le genre d'imprévus auquel je devais m'habituer avec lui. En sortant de la salle de bain, je me suis rendu compte que les choses semblaient plus rangées et surtout, que sur le lit se trouvait un plateau avec une tasse qui fumait encore et un bol de céréales.

J'ai avancé vers le lit et je m'y suis assis, presque timidement. J'avais laissé mes vêtements dans la salle de bain comme il me l'avait recommandé mais j'ai repris mon téléphone pour m'assurer qu'il n'y ait vraiment plus aucun espoir pour lui.

- C'est pour toi, le plateau.

J'ai relevé la tête vers la voix mais Oscar était déjà dans la salle de bain. Je ne l'avais pas entendu monter les marches de l'escalier.

- Oh... Euh...Merci, au son de ma voix il a repassé la tête pars le cadrant de la porte qu'il n'avait pas encore fermé, me regardant avec attention, je, merci beaucoup, pour tout.

- Tu aurais fait la même chose pour moi.

Il a étiré prudemment ses lèvres et je lui ai rendu son sourire plus franchement avant qu'il ne disparaisse à nouveau. C'était vrai. Je l'aurai fait pour lui sans hésiter. Après avoir bu le chocolat chaud et mangé les céréales du bol, je me suis allongé sur son lit et sans m'en rendre compte, au son de sa voix qui chantonnait faiblement sous la douche, je me suis endormi.



"Quand il me regardait avec cette expression au visage, c'était comme si pour une poignée de secondes tout s'arrêtait, que son sourire perçait mes nuages gris et que tout promettait d'aller bien de nouveau." O.

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