▸trente-et-un
Depuis le temps qu'ils avaient commencé à habiter ensemble, Iwaizumi avait fini par comprendre quelque chose de primordial : Oikawa ne vivait pas comme la plupart des vivants.
Là où le Hajime adorait dormir des heures et des heures d'affilée, s'endormir tôt le soir, ou encore faire une bonne grosse sieste en milieu d'après-midi, Tooru lui ne considérait décidément pas le sommeil comme une chose importante. Bien qu'il puisse passer des heures à parler de sa peau parfaite (regarde ce teint Iwa-chan, il est parfait j'ai besoin de rien d'autre) et de l'importance du repos pour cette dernière, il lui était arrivé plusieurs fois (trop de fois) qu'Iwaizumi se lève le matin alors que son colocataire n'avait même pas encore fermé un seul œil. Et souvent, pour des raisons ridicules, Tooru semblait considérer que le sommeil d'Iwaizumi était aussi important que le sien, c'est à dire autant que le jour en plus d'une année bissextile.
Donc, lorsqu'une nuit encore Oikawa arriva dans la chambre de son coloc à deux heures du matin en chouinant comme un gosse, Iwa-chan se jura de lui faire la peau un jour et lui assurer enfin un sommeil éternel.
— IWAAAA-CHANNNN !
Il se laissa tomber sur son lit, les bras en croix, puis se mit à parler très vite :
— Ils étaient si heureux, enfin ! Après des années – des années tu te rends compte ? – ils étaient enfin ensemble, heureux, et ils étaient sauvés. Enfin lui, j'ai bien cru qu'il était sauvé, parce qu'il ne restait que quelques minutes, tu vois, et que clairement, qui fait mourir quelqu'un d'aussi important en quelques minutes ? Mais non, d'un coup il a disparu, et il était mort ! MORT ! Et elle, elle fait quoi ? Bah, elle va le rejoindre ! ET ILS SONT MORTS TOUS LES DEUX ! Alors d'accord, peut-être que c'est romantique d'un certain point de vue, mais mince, je les voulais ensemble, et EN VIE ! C'est trop demandé ? OUI, APPAREMENT ! Tu te rends compte ? Eux aussi, on me les a enlevés, et je ne vais pas réussir à m'en remettre. Pas pour eux. Ces foutues statues de mes deux –
— Oikawa. La ferme.
Il se frotta les yeux pour se réveiller un peu plus, et put réellement constater qu'il était tard, et que son coloc' venait bel et bien de lui sauter dessus au milieu de la nuit pour lui crier dans les oreilles.
— Je vais te tuer –
— IWA-CHAAAN !
Il se jeta dans ses bras en gémissant, et Iwaizumi commença réellement à se demander si quelque chose de grave était arrivé. Puis il se rappela que cet imbécile était Oikawa Tooru, alors il lui frappa le dessus du crâne.
Ce dernier couina en lui lançant un regard outré et mouillé de larmes.
— Bon, tu t'expliques ou tu vires.
Ce dernier fit la moue. Il sembla hésiter un court instant, puis...
— Et bien en fait, tu vois, je regardais une série, et...
— Je te demande pardon ? lui demanda-t-il, incrédule.
— Et alors même que mon OTP allait enfin être heureux après presque trois saisons...
— Qu'est-ce que tu baragouines ?
— ILS SONT MORTS IWA-CHAN ! TOUS LES DEUX ! COMME DES CHIENS ! Ô MONDE CRUEL POURQUOOOI ?
Tooru s'écroula sur son colocataire qui était resté figé, une expression sidérée sur le visage.
— Attends, si je résume bien, tu m'as réveillé au milieu de la nuit parce que des personnages fictifs sont morts dans une putain de série ?
— Tu peux parler ! Tu pleures comme un bébé chaque fois qu'on regarde Godzilla !
— Ça n'a rien à voir !
— J'avais l'impression que ces deux-là étaient mes parents Iwa-chan, comment peux-tu être si insensible ?
— DÉGAGE DE LA OIKAWA AVANT QUE JE PLANQUE TON CADAVRE DANS LE VIDE ORDURE !
— Bonne nuit, Iwa-chan, lui dit-il en courant hors de la chambre.
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