▸ treize
Oikawa se rendit compte que quelque chose n'allait pas lorsqu'un matin, il trouva qu'Iwa-chan était carrément adorable lorsqu'il venait de se lever.
Certes, il le trouvait mignon tout le temps (bon, peut-être pas tout le temps, mais au moins régulièrement). C'était en vérité le cas depuis des années, malgré tout ce qu'il pouvait dire contre ça, mais ce matin-là il le fixa longtemps, la mâchoire décrochée, avant de tourner les talons pour cacher ses joues rouges. Il ne savait pas vraiment ce qui était si différent, mais la vision de son meilleur ami bâillant avec son t-shirt de pyjama relevé le força à s'asperger le visage d'eau claire une fois dans la salle de bain.
Hajime, lui, n'avait même pas relevé. Il fut bien trop occupé à se réveiller un minimum, à sortir ses céréales et son bol du placard, et à grogner contre son coloc' qui avait encore oublié de remettre du lait au frigo.
Tooru essaya d'y penser le moins possible. Il faisait comme d'habitude ; boudait, chouinait, rigolait, dormait avec son meilleur ami, et finissait le PQ. Rien ne pouvait le trahir, sauf peut-être ses nouvelles rougeurs et sa gêne palpable lorsqu'une certaine personne se trouvait trop proche.
Il ne voulait rien montrer, ou tout serait terminé, il en était sûr. Iwaizumi Hajime avait confiance en lui, et il ne pouvait pas simplement tomber amoureux comme ça. Il ne pouvait pas s'en rendre compte maintenant, après tant de temps passés ensemble.
Mais petit à petit, il essaya tout de même de mettre un peu de distance. Pour voir si cela arrangeait les choses. Il sortait avec de plus en plus de filles, rentrait tard ou pas du tout, dormait désormais le plus souvent tout seul, se collait moins à lui le soir quand il était là. Sans même s'en rendre compte, il se mit à l'éviter.
Oikawa et Iwaizumi étaient amis, meilleurs amis, depuis des années, depuis le jardin d'enfance, depuis que tous les deux avaient commencé à parler et à porter des couches culottes. Ils avaient toujours été ensemble. Toujours tout partagé, et ils se connaissaient tous les deux comme s'ils ne formaient qu'un. Donc, lorsqu'Oikawa commença à découcher de plus en plus souvent, sans même le prévenir (chose qu'il faisait pourtant à chaque fois, avant) Hajime commença immédiatement à sentir que quelque chose n'allait pas.
Un soir, il décida d'aller le récupérer après l'entraînement. Malgré ses plaintes, il le ramena à l'appartement.
— C'est quoi ton foutu problème, Oikawa ?
Il avait fini par le coincer sur le canapé, son visage exprimant une colère qu'il ne pouvait à présent plus contenir.
Oikawa détourna le regard et commença à secouer la tête.
— Pas de ça, putain. Tu te barres de l'appart', tu m'évites, tu détournes les yeux, donc je répète ; c'est quoi ton foutu problème ?
— Iwa-chan c'est pas contre toi, vraiment... c'est juste que je.... que je.... je veux juste....
Ses lèvres se serrèrent et il baissa les yeux.
Hajime ne comprenait pas. Il avait toujours pensé qu'Oikawa lui disait tout, qu'il était la personne en qui il avait le plus confiance (était-il vraiment si arrogant de penser ça ? C'était vers lui qu'Oikawa s'était toujours tourné, alors pourquoi et à quel moment cela avait-il changé ?). Certes, Iwaizumi n'était pas très démonstratif ; il criait souvent, ne souriait pas beaucoup, et ce n'était jamais lui qui initiait les contacts physiques (ou en tout cas très rarement).
Mais il aimait Oikawa. Il était la personne qu'il aimait le plus au monde. Oikawa Tooru était son âme sœur, à sa manière, et cela faisait longtemps qu'Hajime s'était résolu à n'être que son meilleur ami. Il l'aimait suffisamment pour ça.
Mais là, il l'ignorait, et c'était la pire des choses qu'il pouvait faire.
— Tu veux juste... quoi ? De quoi tu parles ?
Ses sourcils froncés, son air peiné.
— Iwa-chan...
Un soupir. Une inspiration.
— Ne me force pas à le dire, s'il te plaît.... ça va.. ça va tout forcément tout gâcher...
— Oikawa.
Une voix rauque. Un appel triste. Les mains d'Hajime lui attrapèrent les épaules, et leurs regards se croisèrent.
Oikawa chuchota :
— Je suis amoureux de t —
Sa bouche se ferma avant la fin, mais Iwaizumi comprit. Il comprit, parce que tout s'illumina dans son esprit. Et un sourire prit forme sur ses lèvres.
— Moi aussi, murmura Hajime.
Dans un moment d'hébétement, Tooru éclata en sanglots. Puis explosa de rire en reniflant.
Sa poitrine ne serra, ses bras passèrent autour du cou de son meilleur ami, et il inspira profondément.
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