- Poussez, allez-y ! Je vois ses cheveux, cria la dame.

La sage-femme avait mal au dos à force de rester debout mais elle ne baissait pas les bras. Kaoru quant à elle était découragée, épuisée, essoufflée. Pourtant, la détermination de cette sage-femme s'étendait jusqu'à elle. Dans un dernier effort, Kaoru serra les barres et poussa aussi fort qu'elle le pouvait.

- Voilà ! C'est bien. Il est là. Un dernier effort.

Grâce à des gestes si souvent répétés, la sage-femme retourna le nourrisson pour dégager ses épaules. Il continua de sortir des entrailles de sa mère sans difficulté. Une fois complètement sorti, la sage-femme et ses collègues s'affairaient à le nettoyer un peu avant de le poser sur la poitrine de sa mère et de couper le cordon qui les reliait. La petite chose rose s'agitait et criait à pleine voix. Un cri qui voulait sûrement dire " Je suis en vie".

Kaoru pouvait enfin voir le produit de trente-sept semaines d'attente. Un savant mélange de ses gènes et de ceux de Shota.

- Il a les cheveux noirs comme lui, commenta-t-elle.

Les yeux du nourrisson étaient encore fermés, donc impossible de connaître leur couleur pour le moment. Soudainement, elle senti sa vue devenir floue. En quelques instants elle perdi connaissance.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? s'étonna la sage-femme. Bipez le médecin ! ordonna-t-elle à ses collègues.

Elle constata que malgré le fait d'avoir perdu conscience, Kaoru tenait fermement son enfant entre les bras. La sage-femme l'admirait à ce moment là. Elle débuta un examen vaginal et compris d'où venait le problème.

- Elle perd beaucoup trop de sang. Pourtant le placenta a été extrait... Elle doit avoir une déchirure. On doit la recoudre.

Elle continua de donner des directives et entrepris de soigner la nouvelle maman. Pendant ce temps, son enfant a été emmené à la couveuse. Le médecin arriva et examina la patiente. Il prescrit une transfusion sanguine et d'autres médicaments. Les points de suture avaient déjà été faits et bien faits. La patiente ne saignait plus alors ils l'ont envoyée en salle de repos. Tout s'était bien terminé.

Ses paupières s'ouvraient lentement, ses yeux s'habituaient peu à peu à la lumière. Puis, elle sursauta.

- Mon bébé, lâcha Kaoru.

Elle parcouru la chambre du regard. Assis à sa droite, un homme aux longs cheveux noirs et à la barbe naissante portait un nourrisson dans ses bras. Il ne prêta même pas attention à Kaoru. Cette image d'un père berçant son enfant émue la jeune maman au point de la faire pleurer.

- Shota... Comment as-tu su ?

Enfin, il détourna son attention du bébé pour s'intéresser à la maman.

- Tu avais vraiment l'intention de me priver de ce moment ? demanda-t-il, lui lançant un regard noir.

Kaoru se senti tellement coupable. La pièce se mit à tourner autour d'elle. Un grand malaise la pris...

Kaoru se lève brusquement, les yeux grands ouverts. Elle a du mal à respirer, son coeur bat plus vite que d'habitude. Son corps est inondé de sueur. Elle se rend compte que tout cela n'était qu'un cauchemar car elle est encore dans sa chambre, dans son studio, chez elle et non à l'hôpital. Petit à petit, elle retrouve son calme et prend une grande inspiration. Mais c'est alors qu'une vive douleur dans le bassin la rappelle à l'ordre. La douleur est si intense qu'elle ne peut bouger.

- Maman... Maman! crie-t-elle.

Une femme d'âge mûr se précipite dans la chambre. Ses yeux montrent bien qu'elle vient à peine de se réveiller.

- Qu'est-ce qu'il y'a ?

- Ça fait mal, horriblement mal. Emmène-moi à l'hôpital, suffoque Kaoru.

- Encore une contraction... Ça fait un intervalle de trois heures entre chaque contraction. On va y aller. Je vais préparer vos affaires à toi et au bébé.

Kaoru tient le poignet de sa mère tandis que celle-ci se levait.

- Préviens Shota, s'il te plaît. Je ne peux pas affronter ça toute seule, dit-elle désespérée. Je suis au courant que tu l'informe de tout ce qui se passe avec ma grossesse. Il t'écoutera et il viendra.

- Si je l'appelle maintenant, il pourrait être là demain. Ne t'en fais pas. J'étais sûre que tu finirais par changer d'avis, sourit-elle.

- J'ai fait un cauchemar. Il portait notre enfant mais il me détestait parceque je ne lui ai pas permis d'assister à sa naissance. Cette sensation, je ne veux pas la ressentir.

La jeune femme était songeuse et s'en voulait d'avoir voulu mettre au monde leur enfant sans lui. Sa mère la laisse seule pour accomplir ses tâches. Kaoru supporte les contractions depuis bien trop longtemps. Le moment est venu d'affronter son cauchemar ; l'accouchement.

Quelques minutes plus tard, les voici aux urgences, attendant d'être prise en charge. Finalement, le médecin la reçoit et l'examine.

- Vous dîtes avoir des contractions toutes les trois heures?

- C'est exacte, affirme la mère de Kaoru.

- Votre col est légèrement ouvert. Ça va mettre long avant la rupture des eaux et la descente du fœtus. Si vous voulez, on peut précipiter la délivrance. Sinon, vous pouvez attendre ici ou à la maison, propose le médecin.

- Je préfère attendre ici, décide Kaoru.

- D'accord. Dans ce cas, nous allons vous installer dans une chambre. Suivez moi.

La future maman est placée dans une chambre d'hôpital, tout ce qu'il y'a de plus banale. Sa mère dresse le lit puis Kaoru s'y allonge. Une infirmière cogne à la porte et entre. Elle salue les deux femmes avant de s'occuper de Kaoru. On lui donne un gros ballon sur lequel elle peut s'assoir. On lui place un moniteur pour surveiller ses contractions et les battements du cœur du bébé. À présent, il ne lui reste plus qu'à attendre.

L'attente est bien plus longue que ce à quoi elles s'attendaient. Toutes les heures, la sage-femme vient vérifier l'avancé du travail.

- Vous pouvez demander la péridurale à tout moment, lui rappelle la sage-femme.

- Non je n'en veux pas. Je veux ressentir ce que ça fait de l'avoir dans les bras après avoir surmonter cette douleur, répond Kaoru.

- Comme vous voulez.

Elle a l'air frustrée que sa patiente rejette sa proposition mais la sage-femme fait impeccablement son travail.

- Ça avance bien. Pour accélérer le travail, vous pourriez faire les cent pas, lui propose-t-elle. Votre mère peut vous accompagner.

- D'ac...

- Je vais plutôt l'accompagner, interrompt un homme qui vient d'entrer dans la pièce.

Il a les cheveux plus courts et le menton lisse comme les fesses d'un bébé mais c'est toujours Shota Aizawa. Kaoru en reste bouche-bée mais ses larmes coulent de façon incontrôlable.

- Qui êtes-vous ? s'hasarde la sage-femme.

- Le père du futur bébé, répond la mère de Kaoru.

- Je suis là aussi, ajoute son père.

Il est derrière le super héro. Il va directement embrasser sa femme et sa fille qui pleure toujours. Elle a tellement honte de ce qu'elle a fait qu'elle ne prononce aucun mot.

- On va vous laisser seuls, commence son père. N'est-ce pas chérie ?

Sa femme acquiesce. Ils s'éclipsent avec la sage-femme laissant Kaoru seule face à Shota. Ce dernier l'observe sans rien dire. Il ne sait par où commencer.

- Ça va ?

C'est tout ce qu'il a trouvé après tout ce temps. Kaoru hoche positivement la tête.

- Toute la grossesse s'est bien passée. Au début, j'avais beaucoup de nausées mais vers le milieu j'avais surtout sommeil. À la fin, j'avais des envies particulières... Pourquoi je te raconte tout ça ? se demande-t-elle à haute voix.

- Parceque j'ai raté tout ça... J'aurais dû être là, pour toi et pour notre enfant. Je t'en veux, évidemment. Tu aurais dû me demander mon avis. Mais d'un autre côté, je te comprends.

Kaoru s'apprête à répondre quand soudain une vive douleur dans le bassin la ramène à l'ordre. Elle se tord de douleur, serre les dents, et tient son bas ventre. Shota se rapproche enfin d'elle, paniqué.

- Qu'est-ce que je dois faire ? demande-t-il.

- Fais pression dans le bas de mon dos. Ça soulage un peu.

Il s'exécute.

- Comme ça?

- Plus fort ! Ça peut pas faire plus mal que ce que je ressens déjà.

Il s'applique.

- Voilà ! Ça va mieux. Ça va passer dans quelques minutes, déclare Kaoru.

- D'accord.

Ils sont si proches mais ne le remarquent pas, trop concentrés sur les contractions. Une fois que celles-ci sont passées, Kaoru demande à Shota de l'aider à se lever et de l'emmener marcher dehors. Il n'a pas le choix. Il voit pour la première fois le gros ventre de maman qu'elle a. Il aimerait le toucher mais n'ose pas. Ce n'est peut-être pas le bon moment se dit-il.

Ils sont arrivés jusqu'au parking de l'hôpital sans échanger un seul mot. Kaoru est soutenue par Shota vue qu'elle tient à peine debout. À chaque contraction, elle doit s'arrêter.

- Je ne pensais pas que tu demanderais que je viennes.

- hier j'ai fait un cauchemar. J'avais accouché sans te prévenir et pourtant tu étais là entrain de bercer notre enfant. Ton regard, ta haine, la douleur des contractions... Tout ça m'a fait changer d'avis.

- Je vois. Je dirais que c'est un mal pour un bien.

- Tu m'en veux, n'est-ce pas ? Je suis sincèrement désolée pour tout ça, pleure-t-elle.

- Si au-moins je peux assister à sa naissance, ça serait déjà un grand soulagement.

- Je t'y autorise. À la place de ma mère, ce sera toi.

- Ne pleure plus s'il te plaît. Ça me fait de la peine.

Il lui caresse tendrement la joue, essuyant ses larmes au passage.

- D'accord, dit-elle. Encore pardon.

- Retournons à l'intérieur.
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Une heure et à peine et demie plus tard, Kaoru donne naissance à son premier enfant. Shota le porte tandis que la maman se repose. Il effectue un contact de peau à peau avec le bébé. Kaoru est surprise de le trouver torse nu avec le nourrisson contre sa poitrine. Elle les regarde avec tendresse et se dit que finalement il n'y avait pas de quoi s'inquiéter.

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Fin.
Et non vous ne connaîtrez pas le sexe du bébé avant la deuxième partie 😜😜😜
J'espère quand même que ceux/celles qui ont été déçus par le dernier chapitre ne m'en veulent plus trop 😇😇😇

Au revoir. 😘😘😘