8.
You and I, will be young forever ~
Chan est venu les chercher, aucune question n'a été posée, aucune remarque formulée. Le silence a régné tout le long du trajet, trajet que Jeongin a passé la tête appuyée sur la vitre embuée, faisant fi des tressautements et des freinements intempestifs de son ami. Ils sont arrivés à l'appartement de Chan et Changbin un peu après minuit et Jeongin s'est laissé entraîner par son aîné dans la salle de bain pour récupérer la trousse de premier secours, laissant Bam avec Changbin.
« C'est qui ce mec ? » demande Chan innocemment en fouillant dans les placards.
Et Jeongin ne sait pas quoi répondre.
« C'est pas un- »
Sourcil levé, Chan lui jette un coup d'œil attentif.
« Laisse tomber, hyung.
- J'ai des raisons de m'inquiéter ou pas ?
- Je crois pas. »
L'aîné soupire, le cadet se mord la lèvre. Chan pose une main sur son épaule et plante son regard dans le sien, ses yeux noirs remplis d'inquiétude.
« Est-ce que ça va, Jeongin ? Réponds-moi honnêtement.
- Pas des masses. »
Chan hoche la tête et lui ébouriffe les cheveux gentiment.
« On en parlera demain, lui dit-il en souriant doucement. Pour l'instant on va s'occuper de vos plaies.
- Merci, souffle Jeongin, reconnaissant qu'il n'ait pas à expliquer ses états d'âme à son ami ce soir.
- Au fait, ajoute Chan en l'entrainant vers le salon. T'étais très beau ce soir. »
Et Jeongin rougit comme une tomate, presque aussi rouge que l'éraflure sur sa pommette. Une fois de retour au salon, il est rassuré de voir que Bam a l'air de bien s'entendre avec Changbin qui a sorti deux verres d'eau et qui examine sa lèvre fendue. Il s'empresse d'aller s'asseoir sur le canapé à côté d'eux et résiste tant bien que mal à l'envie de prendre la main qui repose à quelques centimètres de la sienne.
« Vous pouvez nous racontez ce qu'il s'est passé ? » demande Chan en sortant du désinfectant et des compresses de la trousse.
Jeongin jette un coup d'œil à Bam, incertain sur ce qu'il devrait dire. Et puis il y a une petite, très petite, partie de lui qui n'est pas sûr de vouloir avouer qu'il a embrassé Bam alors qu'ils ne se connaissent que depuis quelques semaines et qu'ils se sont vu trois fois.
« J'ai embrassé un mec. »
Il se fige et tourne la tête d'un mouvement brusque vers Bam. Le dos droit, les lèvres pincées et le regard dur, il regarde Chan et Changbin avec une légère flamme dans les yeux.
Il est beau. Attractif comme le soleil couchant.
« J'ai embrassé un mec, répète Bam. Et apparemment il y en a que ça choque encore. Alors ils me sont tombés dessus quand je suis sortie.
- Et Innie ? demande Changbin. Qu'est-ce qu'il vient faire dans l'affaire ? »
Pas de remarque sur l'homme qu'il a embrassé. Pas de remarque sur l'action ouvertement homophobe.
« Je n'allais pas le laisser se faire démolir tout seul. »
Et c'est imperceptible mais Jeongin a sentit Bam se tendre à l'emploi du masculin.
« Mais... Vous êtes potes tous les deux ? demande Chan à juste raison et encore une fois Jeongin ne sait que répondre alors il se tourne vers Bam.
- On peut dire ça. »
C'est furtif mais leurs regards se croisent et l'image de leur baiser lui revient en tête.
Ne rougis pas, ne rougis pas, ne rougis pas, ne rougis pas, ne-
Loupé, le regard de Changbin est équivoque.
« Mais qu'est-ce que tu foutais dans ce bar tout seul, Innie, s'exclame alors Chan . C'est pas parce que t'es majeur qu'il faut que tu-
- C'est bon, hyung, le coupe Changbin.
- J'étais pas tout seul, ajoute Jeongin d'une petite voix. Bam était avec moi.
- Ouais bah on en voit le résultat. »
Bam se crispe, Jeongin se fige, et Chan soupire en se passant une main sur le visage.
« Je ne voulais pas dire ça comme ça...
- Tu l'as quand même dit, reproche Jeongin.
- Vous ne voudriez pas nous prévenir quand vous sortez tous les deux ? Le mieux ce serait qu'on vienne avec vous mais-
- Ah non mais stop, râle Jeongin et les deux plus âgés ouvrent de grands yeux. C'est bon je ne suis pas un bébé, j'ai pas besoin d'un chaperon.
- J'ai pas dit ça, essaye de tempérer Chan , mais Jeongin est énervé.
- Minho et Jisung tu ne leur dit jamais rien.
- Un bras de Minho fait la taille de deux de tes cuisses Innie, intervient Changbin. Tu ne peux pas nier le fait que c'est dangereux de sortir seul.
- Mais je ne suis pas seul !
- Innie, souffle Chan . Ne t'énerve pas-
- Ils ont raison, Jeongin. »
Le temps s'arrête, Jeongin tourne la tête vers Bam qui fixe ses doigts.
« On est des poids plumes tous les deux, si le videur n'était pas intervenu je donnais pas cher de notre peau.
- Mais... »
Mais rien. Leurs regards se croisent et Jeongin se calme.
« Je suis désolé, souffle-t-il. Je suis fatigué.
- C'est normal, répond Chan en se levant pour aller s'asseoir à côté de lui. Tu me laisses regarder ? »
Il lui indique sa pommette et Jeongin acquiesce. Les dix minutes qui suivent ne sont rompues que par les demandes de Changbin et Chan qui vérifient qu'ils ne leur font pas plus mal que nécessaire et des grincements de Jeongin et Bam sous la piqûre du désinfectant.
« Vous restez dormir ici ? demande Chan une fois qu'ils ont fini.
- C'est pas une question, ajoute Changbin. »
Bam rigole légèrement.
« Je vais dormir avec Binnie, tu peux prendre ma chambre Jeongin, Bam on te laisse le canapé. Y a de quoi vous démaquiller dans la salle de bain, fouillez dans mes placards si vous voulez vous changer. »
Ils remercient tous deux Chan qui vient serrer Jeongin dans ses bras quelques instants avant de rejoindre Changbin dans sa chambre.
Dans un silence pesant ils se démaquillent et Jeongin attrape un jogging et un sweat dans le placard de la chambre de Chris avant d'aller se changer dans la salle de bain. Quand il repasse dans le salon, les lumières sont éteintes et il distingue à peine une forme dans le canapé.
« Dors bien, » murmure-t-il.
Mais seule la nuit lui répond.
En soupirant, il se couche dans le lit de Chan , s'enroulant dans ses couvertures, humant l'odeur réconfortante qui s'échappe des draps. C'est comme s'il était pris dans un énorme câlin du plus âgé. Nombreuses sont les fois où cela aurait suffit à le calmer, mais pas ce soir.
Les yeux grands ouverts, la soirée ne cesse de repasser en boucle dans son esprit. Il revoit leurs corps pressés l'un contre l'autre, leurs bouches dansant entre elles, puis la musique qui coule dans leurs veines et les deux inconnus prétendant connaître le fondement du monde.
"Ils n'en valent pas la peine trésor".
Jeongin rougit dans son lit.
Tout est trop puissant quand il est avec Bam. La puissance de son désir le surprend lui-même et, comme pris dans un tsunami, il ne peut que se laisser emporter par les flots sans réussir à se contrôler.
Toc toc.
« Jeongin ? »
Il se redresse sur un coude alors que la porte s'entrouvre dans la pénombre.
« T'arrives pas à dormir ? demande-t-il en s'asseyant.
- Hum... J'ai pas envie de dormir seul. »
Alors Jeongin tapote la place à côté de lui et Bam vient se glisser sous les couvertures. D'abord ils ne disent rien. Jeongin n'ose même pas bouger de peur de l'empêcher de s'endormir. Il écoute sa respiration et en l'entendant si régulière il commence à paniquer à l'idée qu'on puisse entendre les battements bien plus irréguliers de son cœur à lui. Les ongles enfoncés dans le matelas, il se force à inspirer et expirer sur un rythme précis. Dans sa tête il chantonne une comptine qu'il avait appris étant enfant sur un facteur ayant perdu son nez, se concentrant sur cette tache simple pour éviter de penser au corps étendu à côté de lui.
N'y pense pas et tu l'oublieras, voilà ce qu'il se dit. Mais ça ne marche pas comme ça les choses. Plus on veut éviter de penser à quelque chose, plus on y pense, c'est comme ça, c'est pas drôle.
Il sursaute alors. Une main vient de glisser le long de son bras pour se mêler à la sienne.
Interdit, Jeongin tourne la tête vers Bam qu'il distingue à peine dans la pénombre qui les entoure. Il aurait voulu dire quelque chose, mais leurs regards se sont croisés et avant qu'il n'ait le temps de comprendre quoi que ce soit, Bam s'est jeté sur lui et leurs lèvres se sont rencontrées violemment.
Tremblant, il se redresse du mieux qu'il peut pour se caler contre la tête de lit et Bam l'enjambe pour venir coller leurs torses et poser ses mains sur ses joues, approfondissant d'autant plus le baiser. Sauf qu'une fois de plus, Jeongin a l'impression de se faire mener, et il déteste ça. Alors il tire sur les cheveux courts et noirs de Bam pour lui faire basculer la tête en arrière et laisser la sienne venir se caler dans son cou. Ses lèvres courent le long de la peau diaphane et un frisson de panique le prend lorsque Bam gémit doucement dans son oreille.
« Ils vont nous entendre, » marmonne-t-il contre sa peau.
Arrête-t-il pour autant ? Non, bien sûr que non. D'une main il maintient Bam contre lui, et de l'autre il vient l'empêcher de refaire le moindre son en la plaquant contre sa bouche.
Mais alors qu'il embrasse, suçote, mordille, la peau tendre entre ses lèvres, il sent Bam venir mordre doucement la peau de sa main et tout d'un coup c'est trop.
Trop de passion, trop de violence, trop de noirceur. Et en même temps ce n'est pas assez. Il n'y a pas assez de douceur, pas assez de couleurs, pas assez d'amour.
« Pas ici, anone-t-il difficilement et Bam vient l'embrasser doucement.
- Pardon, je vais trop vite.
- Non... Non, vraiment pas. »
Ils se regardent dans la pénombre qui les entoure qui s'apparente bien trop à la noirceur de leurs cœurs.
« J'en ai envie aussi, mais pas ici. »
Bam descend donc de ses genoux et ils se recouchent sans dire un mot. Seule trace de leur écart, un hématome violacé dans le cou d'un d'entre eux et une trace indélébile dans l'esprit de l'autre.
Ça commence : ils perdent le contrôle.
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