12.
Plus que 4 chapitres~
My heart stops when you look at me ~
Le capot de la voiture rouge est froid sous les fesses de Jeongin, le verre de la bouteille de verre dans sa main aussi, et la légère brise qui souffle depuis le matin sur la capitale coréenne n'est pas en reste.
« Au fait, c'est comment aujourd'hui ? »
La question flotte pendant un moment dans l'air froid de la nuit. Bam semble prendre le temps de réfléchir. La lumière jaune de l'épicerie ouverte 24h/24 se reflétant sur son visage et ses yeux noirs qui, pour une fois, ne sont pas dissimulés par des lentilles. Jeongin ne peut pas voir ses cheveux puisqu'ils sont cachés sous la capuche d'un sweat blanc aux larges manches rentré dans un jean noir des plus simples.
« Je sais pas trop, féminin disons, » finit-elle par souffler.
Jeongin hoche la tête en silence et boit une gorgée de bière. La musique qui s'échappe de l'autoradio les enferme dans leur bulle, le froid n'est pas aussi vif que quelques semaines plus tôt et le silence entre eux est agréable.
« J'adore cette musique, souffla Bam en se laissant glisser de la voiture pour tourner sur place, le nez levé vers le ciel et les bras écartés.
- T'es déjà bourré ? ricane Jeongin en la regardant tanguer devant lui.
- C'est ta faute, articule-t-elle difficilement.
- Voyez-vous ça... C'est toujours ma faute, pouffe-t-il.
- Hum... »
La démarche chancelante, elle laisse ses bras retomber le long de son corps pour venir se poster devant lui, lui soufflant son haleine alcoolisée dans la figure.
« Tu pues de la gueule, marmonne-t-il.
- Gâche pas le moment, » râle-t-elle.
Il rigole, mais son rire s'étrangle dans sa gorge quand elle se colle à lui, se faufilant entre ses cuisses et laissant tomber sa tête dans son cou. Il a l'habitude qu'ils soient proches, il a l'habitude d'avoir ses mains dans les siennes, il a l'habitude de l'embrasser autant qu'il le veut. Le contact physique entre eux c'est un peu comme une norme. Il connaît les courbes de son corps par cœur, sait interpréter le moindre changement dans son comportement, et lorsqu'ils ne sont pas ensemble il n'a qu'une hâte, c'est de pouvoir danser de nouveau avec elle (ou lui selon les circonstances). Et pourtant, là, il se fige. Ses mains sont toujours posées sur le métal froid de la voiture et il ne sait pas quoi en faire. Est-ce qu'il devrait les poser sur son dos ? Dans sa nuque ? Sur ses hanches ? Pourquoi est-ce que cette fois-ci leur contact lui paraît différent ?
Il peut sentir son souffle dans son cou et ses mains se resserrer sur les pans de son manteau, alors il comprend : c'est différent parce que c'est affectueux, c'est calme, c'est doux. On est loin de la fièvre de leurs soirées habituelles, loin de la flamme qui l'embrase à chaque fois qu'ils dansent sous les néons du bar, loin de la fébrilité de leurs mouvements lorsqu'ils s'embrassent.
« Jeongin ?
- Oui ?
- Je peux te poser une question ?
- Depuis quand tu demandes la permission pour poser des questions ? »
Bam rigole contre sa peau et celle de Jeongin se couvre de chair de poule.
« Je viens de me rendre compte que je ne connais pas ton âge.
- Oh... »
Bam se recule un peu mais cette fois-ci Jeongin n'hésite pas à poser ses mains sur ses hanches pour la garder près de lui.
« Je suis majeur, si ça peut te rassurer, souffle-t-il. Mais...
- Tu n'es pas obligé de me dire ton âge, le coupe-t-elle. Tant que tu es adulte. »
Un léger ricanement s'échappe des lèvres de Jeongin et Bam l'interroge silencieusement sur la raison de ce rire soudain et si ironique.
« Je suis peut-être assez âgé pour être adulte légalement, mais je suis loin de l'être dans ma tête. »
Un sourire compréhensif apparaît sur les lèvres de Bam qui vient embrasser les siennes chastement.
« Je préfère un enfant dans un corps d'adulte qu'un adulte dans un corps d'enfant, dit-elle dans un souffle, ses lèvres se mouvant contre les siennes.
- Parce que c'est ton cas ? »
Elle hausse les épaules et se détache de lui doucement pour faire le tour de la voiture et se penche par la fenêtre ouverte pour monter le son. Avec un sourire presque insolent, elle se recule et tourne le dos à Jeongin pour danser doucement, les bras tendus vers le ciel.
« I'd sit alone and watch your light, chantonne-t-elle. My only friend through teenage nights. »
Elle se retourne pour lui offrir un clin d'œil et tend la main vers lui pour qu'il vienne la saisir. Avec un temps de retard, il noue leurs doigts et elle l'attire contre elle, posant une main dans son cou et se collant à lui.
« And everything I had to know, chante-t-elle en plongeant son regard dans le sien. I heard it on my radio ! »
Elle balance sa tête en arrière et éclate d'un rire parfaitement incontrôlé et inopiné qui prend Jeongin par surprise, avant qu'il ne la rejoigne dans son fou rire. Pourquoi est-ce qu'ils rient, ils ne savent pas vraiment. Peut-être que c'est l'alcool dans leurs veines (mais Jeongin n'a pas tant bu que ça), peut-être que c'est l'insouciance de la jeunesse, l'envie de hurler leur liberté au monde.
« Queen, Jeongin ! crie-t-elle. Les amours de ma vie !
- Merci, je connais Queen, rigole-t-il.
- Radio gaga ! chante-t-elle désormais à tue-tête. Radio blah blah ! »
Leurs mouvements sont désordonnés, nombreux sont ceux qui diraient que ce n'est plus de la danse ce qu'ils font à ce moment-là, mais ils s'en fichent parce qu'à cet instant il n'y a plus qu'eux sur Terre. Eux et la voix magnifique de Freddy Mercury.
De l'extérieur ils paraissent presque en transe, jusqu'à ce que la musique ne touche à sa fin et que Bam attrape le visage de Jeongin entre ses mains et plonge son regard dans le sien, plus sérieuse qu'elle ne l'a jamais été.
« You had your time, chante-t-elle en même temps que Freddy. You had the power, you've yet to have your finest hour. »
Et elle l'embrasse. Les bras de Jeongin se referment dans son dos et il la sent se cambrer sous son toucher, provoquant une décharge de chaleur qui se propage dans tout son corps, à l'image d'une traînée de poudre que Bam vient d'enflammer. La musique est finie et il ne saurait même pas dire laquelle résonne désormais dans le parking vide.
Les mains de Bam glissent depuis ses joues jusqu'à son cou, puis dans ses cheveux, de retour sur ses joues et enfin sur son torse. Les myriades de feux d'artifices qui explosent partout autour d'eux sont trop bruyants pour qu'ils entendent quoi que ce soit. Leurs lèvres se caressent comme si elles se découvraient pour la première fois, comme si ça ne faisait pas presque un mois qu'elles se dévoraient à intervalles réguliers, toutes les semaines. Bam gémit contre ses lèvres et c'est une véritable tornade qui les arrache à la réalité. Il n'existe plus qu'eux dans leur propre monde, leur propre univers parallèle dans lequel plus rien n'a d'importance si ce n'est la chaleur de l'autre contre la leur.
« Je ne parle pas anglais, marmonne-t-il lorsqu'ils se détachent pour reprendre leur respiration un instant.
- Tant pis pour toi, » répond Bam dans un souffle avant d'agripper le col de manteau pour l'attirer contre elle de plus belle.
« Eh ! Vous deux ! Allez faire ça ailleurs ! »
Complètement désorienté, Jeongin s'arrache à l'étreinte de Bam pour tourner la tête vers ce qu'il suppose être le gérant de l'épicerie qui est sorti sur le pas de la porte et qui n'a pas l'air content du tout.
« Casse-couille, putain, » marmonne Bam sans qu'il ne l'entende et Jeongin ne peut s'empêcher d'éclater de rire.
Son rire s'étrangle pourtant bien rapidement quand les lèvres de Bam viennent se poser brutalement dans son cou, le prenant lui, et probablement le gérant, par surprise. Avec un grognement et une détermination hors du commun il la repousse du mieux qu'il put et la traîne vers la voiture, la forçant à s'asseoir sur le siège passager.
« Rassure-moi, tu ne comptes pas conduire ma caisse là ? s'enquit-elle et le retenant par le bras lorsqu'il fait mine de se reculer ?
- Tu vas pas conduire dans cet état, si ?
- On n'est pas obligé de partir, dit-elle en grognant et Jeongin indique du menton le gérant qui les fixe toujours de ses petits yeux de fouines, les bras croisés sur son torse. Tu m'fais chier. »
Jeongin rigole et ferme la portière. Il récupère les cadavres de bouteilles qui traînent encore sur le capot ou par terre et met tout à l'arrière avant de se glisser sur le siège de cuir, derrière le volant.
« T'as le permis, hein ?
- Mais oui, t'inquiètes pas.
- Je ne m'inquiète pas, juste cette voiture compte plus pour moi que tout le reste.
- Plus que moi ? » lui demande-t-il, un sourire en coin sur les lèvres.
Il ne sait pas d'où lui vient l'assurance qui le possède à cet instant, mais il compte bien en profiter avant qu'elle ne disparaisse.
« Ça dépend d'où tu m'emmènes, répond Bam du tac-au-tac et Jeongin manque de s'étrangler en comprenant le sous-entendu.
- Je vais te ramener chez toi parce que t'as trop bu et qu'il est déjà deux heures du matin, dit-il calmement.
- Mouais, bah je préfère la voiture alors.
- Eh oh ! C'est pas ma faute si l'autre nous a interrompu, râle Jeongin en tournant la clé dans le contact.
- J'avoue. »
Un rictus goguenard se peint sur ses lèvres et elle baisse la vitre pour se pencher dehors alors que Jeongin fait demi-tour pour passer devant le gérant qui les surveille, un air mauvais sur le visage.
« Va te faire foutre, connard ! » hurle-t-elle.
Jeongin s'étrangle et manque de piler alors que Bam éclate de rire en levant bien haut son majeur en direction de l'homme.
« T'es malade, articule-t-il difficilement.
- Bien sûr que oui, rie-t-elle. On est tous fous, Jeongin. »
Il passe une vitesse et lui jette un regard. Elle a la tête penchée au-dehors, le corps tendu au maximum pour qu'elle puisse tendre les bras dans l'air de la nuit. Sa capuche est tombée et ses cheveux courts s'envolent dans tous les sens sous l'effet du vent et de la vitesse.
La liberté guidant celui qui se croyait condamné, voilà ce qu'elle représente. Alors Jeongin passe son bras à travers la fenêtre à son tour et accélère en criant et en riant, The Clash en fond sonore. L'impertinence de la jeunesse les possédant tandis qu'ils hurlent en cœur le refrain bien connu : should I stay or should i go ?
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