42. He wants you dead.
ARIA
Los Angeles, Californie.
Allongée à plat ventre sur le lit, j'échangeais quelques banalités avec Lexi. Elle m'avait raconté pour Sanders, ce gros con l'avait clairement prise pour une cruche. Alors qu'elle pensait avoir une relation exclusive avec lui, lui couchait à droite et à gauche, mais surtout avec Kiara. Si déjà Lexi ne pouvait pas se la voir, maintenant elle n'hésitera pas à la tuer dès le premier regard de travers qu'elle lui adresserait.
Je lui souhaitais rapidement bonne nuit avant de soupirer, le visage écrasé contre mon oreiller. Lexi me manquait énormément, nos sorties me manquaient, son rire me manquait, ses réflexions éclatées et dramatiques me manquaient... Notre amitié me manquait.
— Tu ne dors pas ?
Je roulais sur le dos, me redressant sur les coudes pour poser mon regard sur lui. Habillé d'un simple boxer noir, il entra dans la chambre, secouant encore ses cheveux avec une serviette.
Mes iris survolèrent son corps musclés, mais s'éternisèrent un moment sur son torse tatoué, puis caressèrent ses abdos, s'arrêtant à sa v line disparaissant sous son sous-vêtement.
Je fus ramené à la réalité lorsqu'il claqua plusieurs fois des doigts, un rictus malicieux recourbant ses lèvres.
— Mes yeux sont par ici, mon cœur, dit-il en pointant de son index et son majeur en forme de V ses pupilles. Même si j'adore quand tu me mates ouvertement, et j'en suis flatté, c'est limite obsène à ce stade.
Je levais les yeux aux ciels, les joues brûlantes et laissais retomber le haut de mon corps contre le matelas.
— Tiens, dit-il avant que ma vue ne me soit ôtée.
Je fronçais les sourcils dégageant mes yeux pour m'apercevoir que ce qu'il venait de me lancer n'était autre que le tee shirt qu'il portait aujourd'hui.
— Ne me regarde pas comme ça, il soupira. Tu l'aurais mis si je m'étais lavé avant toi.
Je l'observais s'allonger à mes côtés, repliant ses bras sous sa tête, étirant ainsi les muscles de son abdomen pour le plaisir de mes yeux. Son regard se planta dans le mien lorsqu'il daigna tourner son visage dans ma direction.
— Retournes-toi.
— Oh ça va ! il souffla en levant les yeux au ciel.
Je le fusillais du regard, un sourcil arqué et pour la énième fois, il soupira d'exaspération avant de libérer son bras pour le replier sur ses yeux. Je me penchais pour secouer ma main devant son visage.
Après m'être assurée qu'il ne regardait pas, je me redressais en tailleur, retirais mon haut pour le balancer sur la chaise près du lit et passait le tee shirt sur ma tête.
Mes gestes se bloquèrent lorsque je sentis le bout de ses doigts toucher ma colonne vertébrale.
— Il est... superbe, murmura-t-il.
Encore dos à lui, j'abaissais l'avant de son tee shirt pour cacher ma poitrine nue et le laissais dans sa contemplation. Lentement, il sembla le redessiner en effleurant ma peau de son index. Soudain, le matelas s'affaissa et ma respiration se bloqua dans ma gorge lorsque ses lèvres humides entrèrent en collision avec mon épiderme. Je fus immédiatement recouverte d'un long frisson qui déferla sur tout mon corps.
Un second, puis un troisième...
Il recouvra mon tatouage de doux baisers jusqu'à atteindre ma nuque m'arrachant un soupir d'aise.
Il attrapa doucement le bord de mon tee shirt, et le tira vers le bas pour recouvrir mon dos nu. Je me retournais vers lui, il esquissa un sourire avant de se rallonger, dépliant son bras pour m'inviter à me blottir contre son torse.
— Tu n'as pas fait ce que je t'ai demandé, le réprimandais-je faussement tout en m'allongeant, tu m'as maté sans mon accord.
— Ce n'est pas la première fois que je le fais, il pouffa en haussant les épaules.
J'hoquetais indignée, en frappant son torse avant de relever le regard vers lui. Ses paupières plissées par son sourire espiègles gonfla mon cœur d'une sensation inconnue, je ne savais pas ce que c'était mais... c'était agréable et chaud.
— Je ne me rappelle pas non plus t'avoir demandé mon accord pour me mater sans vergogne, plaisanta-t-il.
Une nouvelle fois, le sang afflua vers mes joues et j'inclinais à nouveau la tête vers le bas. Son index se plaça sous mon menton pour le relever et planter son regard dans le mien.
— J'adore le rouge sur toi, dit-il d'une voix plus grave.
— Moi j'adore quand tu la fermes.
Un rire franc fit vibrer son torse.
— Ne sois pas si méchante, mon cœur.
Le sourire que ses mots provoquèrent, gonfla mes joues. Il replaça doucement une mèche derrière mon oreille, suivant son doigt du regard avant de le ramener sur mes iris qui le dévisageaient.
— Ne me regarde pas comme ça, il grogna sa paume passant doucement sur mes yeux pour les fermer.
— Pourquoi ? Est-ce que tu te sens gêné ? plaisantais-je en balayant son poignet.
— Non, parce que la dernière fois qu'une fille m'a regardé avec autant d'intensité, elle...
— OK ! OK, le coupais-je en camouflant ses derniers mots de ma main contre sa bouche.
Il gloussa, et lorsque je sentis sa langue contre ma paume, j'hoquetais de surprise en la retirant aussi vite qu'elle n'avait atterri sur sa bouche.
— Tu es dégoûtant !
— Ce n'est pas ce qu'on me dit habituellement de ma langue, continua-t-il sur le même ton taquin. Aimerais-tu savoir ce qu'on dit sur ma façon de-
— Bon, le coupais-je. Je vais aller voir ailleurs si j'y suis.
Il éclata de rire alors que je me redressais, balayant la couette sur le côté. Sa main attrapa mon avant-bras me tirant à nouveau contre son torse.
— Je ferais toutes les allusions sexuelles possibles rien que pour voir tes joues d'hamster devenir rouge, dit-il alors que je me débattais dans son étreinte.
— Je vais fumer ! chantonnai-je après avoir réussi à m'extirper de ses bras.
— Ça tombe bien, moi aussi.
Marmonnant sur sa lourdeur du jour, je dévalais les escaliers pour atteindre la cuisine où se trouvait posé un paquet de cigarettes. Ses pas lourds me suivirent silencieusement.
— T'ai-je déjà dit que j'adorais comment mon tee shirt épousait tes formes ce soir ? je pouvais l'entendre retenir son rire moqueur à des kilomètres.
— T'as fini ? râlais-je en allumant ma cigarette sous ses yeux luisant d'amusement.
— J'ai remarqué que tu ne portes pas de soutien-gorge, ses yeux se plissèrent. Donc si je-
— Tu, tu, tu rien du tout, l'interrompis-je, sous son éclat de rire.
Je l'observais humidifier ses lèvres, un rictus narquois en coin alors qu'il y coinçait une clope avant de la griller. Je fermais les yeux lorsqu'il recracha la fumée sur mon visage. Je ne savais pas ce qu'il avait ce soir, mais je devais avouer que j'aimais beaucoup ce Maze espiègle et jovial.
Puis je me rappelais de son coup de fil, et me demandais maintenant si ce n'était pas plutôt pour faire diversion. Malheureusement pour lui, il me fallait plus que des remarques salaces pour me faire oublier la menace qu'était mon géniteur et la future mission qui pointait déjà son nez.
— Qu'a dit Kaz ?
— Tu as le don pour pourrir l'ambiance, mon cœur, marmonna-t-il avant de tirer sur sa clope.
Je haussais les sourcils en m'adossant contre l'îlot avant de prendre une latte de nicotine, attendant patiemment une réponse.
— Scott s'impatiente, pour ne pas changer. D'après lui, ta mère essaye de gagner du temps, elle veut te protéger mais ça ne crée que des tensions entre eux, il posa brièvement ses iris verts sur moi avant de détourner le regard. Avant que tu ne penses à faire ou dire une connerie, il ne lui fera rien, c'est son seul moyen de pression contre toi. Pour une raison qui m'échappe, il te veut à ses côtés.
Je tirais une nouvelle fois sur ma cigarette, restant silencieuse, il m'imita avant de reprendre d'une voix enroué par la nicotine:
— Ce sera demain. Tu l'appelleras demain pour convenir d'un rendez-vous.
— O-Ok.
Dans ma tête tout se bousculait. Entre la peur que tout ne se passe pas comme prévu et l'adrénaline de poser un visage sur mon géniteur. L'angoisse que quelqu'un ne soit blessé ou tué et le stress de lire de la déception sur le visage des mercenaires présents.
Sur son visage.
Et s'il faisait du mal à ma mère ? Si pendant que nous étions là tranquillement, il la blessait, la frappait ou pire, s'il venait à la tuer ?
— Il ne lui fera rien, sa voix rauque me sortit de mes pensées calmant l'angoisse qui se diffusait dans mes veines.
Debout devant moi, il me dévisagea en tirant sur sa cigarette avant de se pencher vers moi pour venir écraser dans le cendrier posé sur l'îlot dans mon dos. Machinalement, je retins ma respiration par la proximité de nos visages et l'intensité de son regard.
— Ce sera bientôt fini. Ta mère sera à nouveau à tes côtés, tu ne seras plus menacé et...
Le muscle de sa mâchoire tressauta, il fit un pas en arrière me permettant de reprendre une respiration plus calme.
— Tu seras à nouveau maître de ta vie, de tes choix. Tu seras libre de faire ce que tu veux par la suite, compléta-t-il son regard glacial soutenant le mien.
— Tout à leur tu m'as dit... si je décidais de partir.
— Oui, il acquiesça alors que ses sourcils se froncèrent. Tu n'es pas une prisonnière, alors je ne vois pas où tu veux en venir.
Je me tournais à moitié en prenant la dernière bouffée de nicotine avant d'écraser la clope sous ses iris brûlant mon épiderme. Il attendait patiemment que je développe et je comptais le faire. J'avais besoin de savoir ce que lui aimerait que je fasse.
Ma question était à double tranchant. Sa réponse allait soit, me blesser, soit au contraire alléger mes pensées.
— Tu m'as demandé pourquoi je voudrais rester quand tout sera fini, mais... je ne t'ai pas demandé si toi tu voudrais que je reste ?
— Tu peux rester si tu le souhaites, il haussa les épaules.
Je levais les yeux au ciel.
Maudit égo surdimensionné.
Je suppose que j'allais devoir me contenter de cette réponse évasive. Je lui adressais un léger sourire avant de simplement acquiesçais.
Je voyais bien que ma question l'avait braqué. Son regard n'était plus jovial mais froid. Parler de ce qu'il ressentait n'était pas son fort. Au fond de moi, une partie espérais qu'il voudrait me voir rester, et même si ma raison me hurlait de ne pas le faire, mon cœur aimait pensé qu'il me voulait près de lui même quand tout serait fini.
— Que voudrais-tu que je te dise ? il soupira alors que je montais la première marche.
— Rien, répondis-je simplement.
— Je m'efforce de te comprendre, vraiment Aria.
Confuse, je me retournais pour le voir tirant nerveusement sur sa mèche de jais. Ma question semblait le tourmenter plus que je ne l'aurais voulu. Alors que je m'étais contenté de sa réponse, lui ne semblait pas être satisfait de ma réaction.
Pourtant je n'avais pas montré de signe de mécontentement, tout simplement parce que je n'avais aucune raison de l'être. Maze était comme il l'était et je l'acceptais. Tout comme il ne me forcerait pas à faire des choses dont je n'étais pas encore prête, je ne le forcerait pas non plus à s'ouvrir davantage à moi.
Il le fera lorsqu'il le voudra.
— De quoi tu parles ? demandais-je attirant son regard.
— Je sais que ce n'est pas la réponse que tu aurais voulu mais je... Je ne peux pas. Je..., il poussa un grognement, agacé de buter sur ses mots. Si je te dis que je veux que tu restes avec nous... avec moi, une partie de moi sait que tu le ferais et... Je ne peux pas te demander ça.
Je redescendais les trois marches avant de me tenir droite et à distance. Sans grande surprise, il grilla une cigarette avant de se servir un whisky. La nervosité engourdit instantanément mes muscles lorsque je compris que ce qui se passait dans sa tête était bien plus sérieux que ce que je n'imaginais.
Maze semblait se battre intérieurement, contre ses envies, sa raison et ses démons du passé.
Je l'observais prendre plusieurs gorgées, il reposa le verre sur le marbre avant d'y prendre appuie de ses paumes, pour quelques secondes seulement car il ramena sa cigarette à ses lèvres pour tirer agressivement dessus durant quelques secondes.
— Mon monde n'est pas fait pour toi. Si je tue Scott c'est exactement pour ne pas le laisser t'entrainer dans son monde, le mien, il ricana soudainement. Madds me répète sans cesse que je suis égoïste... Je ne le suis pas. Pas avec toi.
Ses mots s'ancraient en moi comme un tatouage sur la peau. Mon cœur battait plus vite à chaque fois que sa voix résonnait dans la pièce. Il ne m'avait peut-être pas dit me vouloir à ses côtés, mais ce qu'il m'avouait doucement était bien meilleur.
Il parlait de moi avec Madds, tout comme elle parlait de lui avec moi. Ma curiosité était à présent piquée à vif, j'avais un besoin irrépressible de savoir ce qu'il avait pu lui dire sur moi, du sujet sur lequel ils avaient échangé sans que je ne le sache.
— Te garder à mes côtés serait l'acte le plus égoïste que je puisse te faire. Tu ne mérite pas cette vie tu... Tu mérites mieux que ce que je ne pourrais un jour t'offrir.
— Être égoïste serait ne pas me laisser décider ce qui est bon ou non pour moi, rétorquais-je en m'avançant lentement vers lui. Être égoïste serait m'éloigner de toi, de cette vie, par peur de ne pas pouvoir m'offrir ce qui est juste pour moi.
Son regard dur se releva doucement vers moi, me dévisageant à travers ses cils sombre, le visage fermé, ses traits angéliques devenus douloureusement diaboliques. Je me stoppais à quelques mètres de lui.
— Tu n'as pas à décider pour moi. Tu ne peux pas penser à ma place. Tu ne sais pas ce que je veux ou non pour mon avenir, sans pouvoir la contenir, je laissais peu à peu la colère s'immiscer dans mon cœur.
— Alors je suppose que Madds a raison, je suis égoïste, pesta-t-il juste avant de finir son verre cul sec.
Comment la soirée avait-elle pu prendre cette tournure ? J'avais accepté sa réponse vague justement pour ne pas le braquer, pour éviter une dispute.
Il avait peut-être besoin de s'exprimer et ce qu'il faisait même s'il s'y prenait mal, même si ses mots étaient durs. Sa vérité, son honnêteté avait toujours un goût amer, peu importe le ton qu'il prenait pour les dires.
La cigarette coincée entre ses lèvres, il ne me laissa aucune chance de continuer à débattre. Je le regardais impuissante monter l'escalier. La discussion était close, et calculant la distance entre l'escalier et la porte qu'il venait de claquer, je savais que cette nuit, mes démons allaient venir me hanter.
Pendant la nuit...
La gorge sèche, la respiration saccadée, le corps tremblant et le cœur battant à la chamade, je me redressais sur le lit. J'étais seule et dans le noir, il n'était pas là. Il n'était pas revenu.
Je m'étais endormie dans l'espoir qu'il ne se calme et finisse par me rejoindre mais il en avait décidé autrement. Il avait choisi de laisser nos démons nocturnes venir ternir notre sommeil et torturer notre esprit.
Est-ce que lui arrivait à dormir ?
Où étais-je la seule à être terrorisée ?
Prenant mon téléphone, je constatais qu'il n'était que cinq heures du matin. Soupirant, je balayais la couette sur le côté et me levais. Après un cauchemar, j'avais toujours eut besoin d'un verre d'eau. Habituellement, ma mère m'en laissais toujours un sur ma table de chevet, même sans savoir de quoi il s'agissait, je n'avais jamais pu lui avouer qu'oncle Tommy hantait mes nuits, ni même pour Josh.
Lorsque je passais la nuit avec Lexi, elle en faisait de même, à la différence de ma mère, elle était au courant. Dès qu'elle sentait mes sursauts, qu'elle m'entendait marmonner, ses bras me serraient vigoureusement contre elle. Sa douce voix me murmurait que j'étais en sécurité et mon corps se détendait.
Mais cette nuit, j'étais seule.
La fraîcheur du carrelage sous mes pieds me fit frissonner et apaisait ma peau brûlante. Je me dirigeais vers le placard, pris un verre que je remplissais d'eau fraîche. Je le descendis en une seule fois avant de m'en servir un deuxième que j'emmenais dans ma chambre.
En passant devant sa porte, je ne pus m'empêcher de m'arrêter et de coller mon oreille contre le bois pour m'assurer que de son côté, tout allait bien. Je n'entendais rien jusqu'au moment où je décidais de m'éloigner.
Sa voix était faible, mais assez forte pour que je puisse l'entendre. J'hésitais un instant, la main déjà sur la poignée.
Et si j'entrais et qu'en se réveillant il m'envoyait me faire foutre ?
S'il m'en voulait de le voir comme ça ?
Je ne pouvais pas le laisser comme ça, quitte à me faire incendier, insulter, ou autre. Je savais ce qu'il endurait. C'était comme une prison, sans échappatoire. Il avait besoin de quelqu'un pour le sortir de là, même s'il ne le voulait pas, il avait besoin de moi.
J'entrebâillais d'abord la porte, juste assez pour passer ma tête et pouvoir poser mon regard sur lui. La chambre était faiblement éclairée par la lueur de la lune, mais pas assez pour que je puisse le voir nettement.
— Laisse-là..., geignit-il, Non... Ne lui fais pas de mal... Papa...
Mon cœur me fit douloureusement mal lorsque je compris qui était le bourreau de son cauchemar. J'ouvris davantage la porte pour pouvoir m'introduire dans la chambre et alors que je posais le verre d'eau sur la table de chevet, Maze gigota en gémissant des mots incompréhensibles.
Je pouvais à présent voir son visage crispé, ses sourcils froncés et ses cheveux de jais lui collant à la peau par la fine couche de transpiration qui perlait sur ses tempes.
— A-Aria... Tout ira... Bien, sa lèvre se mit à trembler et mon cœur pompa plus rapidement. Mon... Mon cœur...
Ne voulant pas le voir souffrir davantage, je m'asseyais et pris son visage entre mes mains. Il hoqueta mais ne sembla pas être réveillé.
— Maze, réveilles-toi, chuchotais-je par peur de le brusquer. C'est moi, Aria. Ce n'est qu'un cauchemar.
Il fronça davantage ses sourcils, secouant négativement la tête.
— Maze, répétais-je. Tout va bien, je suis là. Ce n'est que moi, Ar... C'est moi, ton cœur.
Sa respiration saccadée faisait monter et descendre son torse à vive allure, ses jambes gesticulaient par à-coups et ses poings étaient serrés emprisonnant fermement le drap.
Je décidais d'en attraper une, faufilant mes doigts entre ceux-ci pour défaire son poing et après quelque secondes il sembla vaincue, et me laissais faire.
— Réveille toi Maze... Tout va bien, répétais-je à nouveau tandis que ma main sur sa joue laissa mon pouce caresser sa pommette humide.
Soudain ses paupières s'ouvrirent, il redressa la tête, ses lèvres entrouvertes laissèrent passer son souffle bruyant. Ses yeux écarquillés bougeaient rapidement d'un bout à l'autre de la pièce sous la panique.
— A-Aria ? geint-il d'une voix nouée lorsqu'il planta enfin ses iris affolés dans les miens.
— Je suis là, je vais bien, le rassurais-je alors que ses mains vinrent empoigner mes bras. Tu es en sécurité, il n'y a que toi et moi.
Il déglutit difficilement. Je repoussais sa mèche pour dégager son visage tandis qu'il fermait les yeux, ses bras retombèrent contre le matelas au même prix que sa tête sur l'oreiller.
Il expira bruyamment, repliant son bras sur ses yeux.
— Tiens, bois, ordonnais-je doucement en lui tendant le verre d'eau qui au départ m'était destiné.
Il ne se fit pas prier et se redressa, pour appuyer son dos contre la tête de lit. Silencieusement, je le regardais boire d'une traite l'eau, le cœur battant.
Il venait de faire un cauchemar sur moi, de ce que j'avais compris, son père voulait me faire du mal et il essayait de me protéger. Il essayait de combattre la terreur qu'il éprouvait pour lui afin de me venir en aide.
— Ça va mieux ? demandais-je alors qu'il reposait le verre sur la table de chevet.
Je n'essayai pas de le toucher par peur qu'il ne se braque contre moi, je restais assise près de lui, analysant les traits de son visage déjà beaucoup plus détendus. Il soupira en repoussant sa mèche ébène en arrière dont quelques mèches retombèrent à nouveau sur son front.
— Comment tu as su ? m'interrogea-t-il, éclaircissant sa voix enrouée.
— J'étais partie boire un verre d'eau et en revenant je... je t'ai entendu.
— C'était pour toi ? il demanda en pointant le verre vide.
— J'en avais déjà bu un, répondis-je en haussant les épaules.
— Est-ce que toi aussi...
J'esquissais un faible sourire avant d'acquiescer.
— C'était... mon père, il...
— Je sais, le coupais-je voyant la douleur se peindre sur son visage. Tu as parlé pendant... ton sommeil.
Il soupira en balayant une nouvelle fois sa mèche d'une main tremblante. Son regard balaya la pièce et je savais qu'à ce moment précis, il cherchait son paquet. Il ne l'avait pas pris avec lui hier soir alors je l'avais monté dans ma chambre.
Sous son regard confus, je me levais et sortis. Je me dirigeais rapidement vers ma table de chevet pour le prendre avant de revenir dans sa chambre.
Un léger rictus étira ses lèvres lorsque je brandit le paquet en l'air et lui fis signe de me suivre. J'ouvris la porte en verre de son balcon avant de sortir.
MAZE
Los Angeles, Californie.
Le lendemain...
Jamais je n'aurais cru qu'un jour Aria prendrait la place de ma mère dans mes cauchemars. J'étais si impuissant face à lui, il n'y avait rien que je ne puisse faire. Je voulais l'aider, putain je mourrais d'envie de l'aider mais pour une raison qui m'échappais encore, j'étais pétrifié sur place. Mon corps ne voulait pas bouger, tout ce que j'arrivais à faire c'était le supplier de ne pas la toucher, de ne rien lui faire.
J'étais pathétique.
Et il ne manquait pas de me le faire remarquer. Il me riait au nez tout en caressant sa joue de sa main à la peau rugueuse. J'avais encore ses iris émeraude larmoyant, me suppliant de l'aider ancré dans ma tête.
Je donnerais n'importe quoi pour oublier cette vision, malheureusement j'en étais incapable. Je l'avais suivi sur le balcon et nous avons fumé en silence. Elle avait respecté mon mutisme et dire que sa simple présence à mes côtés m'avait suffit.
Sans que nous n'échangeons sur la suite de la nuit, elle s'était simplement glisser sous ma couette, se tenant à une certaine distance de mon corps, elle m'avait tourné le dos après m'avoir souhaité une bonne nuit et s'était endormie presque immédiatement.
Je me rappelais encore de la sensation qui avait enveloppé mon cœur et le sentiment d'avoir mon estomac qui se tortillait lorsque je compris pourquoi il avait été si facile pour elle de sombrer dans le sommeil.
Elle se sentait en sécurité...
Et aussi difficile soit-il pour moi de l'admettre, moi aussi.
— Salut, m'accueilla-t-elle gaiement depuis la cuisine alors que je descendais la dernière marche.
Son sourire jovial était comme une bouffée d'air frais dans la chaleur de mon enfer. Elle était là, derrière la plaque de cuisson en train de faire griller du bacon et près d'elle, se trouvait deux assiettes face à face contenant chacune une portion d'œufs brouillés.
— Je sais que d'habitude tu bois juste ton café, mais je me suis dit que peut-être...
— Merci, la coupais-je.
Je pouvais sentir d'ici la nervosité qui émanait de son corps. Je savais à quel point je pouvais être lunatique et imprévisible. Elle en avait d'ailleurs subi les conséquences. J'aimais l'ambiance ce matin, et après la nuit cauchemardesque que j'avais passé, je n'avais pas envie de lui infliger ma frustration.
Sous son regard attentif, je me dirigeais vers la cafetière contenant déjà le liquide noire brûlant. Je pris une tasse et la remplis. Ma main se crispa un instant, le regard posé sur le mur en face de moi.
Je lançais une œillade par-dessus mon épaule pour la voir esquisser un sourire les iris braqués sur la poêle où crépitait le bacon bientôt prêt. Lorsque je m'en rendis compte, une seconde tasse était déjà dans ma main.
Je passais près d'elle en la déposant avant de prendre place devant l'une des assiettes.
— Merci, sa voix se fit tellement basse que je crus un moment l'avoir imaginée.
Un rictus s'immisça sur mon visage lorsque je l'entendis soupirer d'aise après la première gorgée.
— Je peux... te poser une question ? demandais-je l'attention braquée sur la boisson sombre entre mes mains.
— Oui, sa voix sonnait incertaine.
Elle éteignit la plaque avant d'approcher la poêle de mon assiette faisant glisser deux tranches de bacon contre une dans la sienne.
— Est-ce que... tes cauchemars ont pris une autre tournure depuis que... que tu me connais ?
Elle prit place sur le tabouret en face de moi, ses iris d'un vert à damner mon âme se plantèrent dans les miens. Ses lèvres se pincèrent et elle hocha la tête juste avant de prendre une bouchée de ses œufs brouillés.
— Je n'en faisais plus trop depuis que..., son regard m'évitait à présent, ...depuis que tu dors à mes côtés. Mais hier, oncle tommy est revenu hanter mon esprit. Tu étais là, mais... tu étais impuissant, tu ne pouvais pas m'aider.
Je déglutis difficilement.
Son cauchemars était similaire au mien. On lui faisait du mal et je ne pouvais rien y faire.
— Lorsque je me réveille je suis déboussolée et affolée mais... les secondes passent et la réalité engloutit mes angoisses et mes peurs, continua-t-elle plus sereinement. Je sais qu'ici, rien de tout ça ne pourra se passer parce que... tu es là.
Buvant plusieurs gorgées de café, je confirmais ses paroles en hochant la tête. Ses joues avaient prit une légère teinte rosée la rendant encore plus... mignonne. Mais ça, il était hors de question que je ne lui dise.
L'écran de mon téléphone s'illumina sur le marbre attirant notre attention.
Kaz.
Je le pris rapidement avant de répondre.
— Maze ! sa respiration saccadée m'alerta immédiatement.
— Kaz est-ce que tout va bien ? demandais-je bondissant du tabouret près à aller le retrouver.
— Putain Maze, je suis en route pour le QG. Scott à mit ma tête à prix, dit-il juste avant que je n'entende le moteur de sa moto vrombir davantage. Il a prévu de te tuer lors de la mission Maze, il... BORDEL !
Le bruit de pneus crissant contre le sol fit trembler mon corps d'une sensation que je détestais: la peur.
— Kaz, tu es là ? Est-ce que tu vas bien ?!
— Ouais, ouais, il soupira, ils me suivent déjà ! Si je n'arrive pas à temps Maze promet moi-
— QUE DALLE ! JE TE PROMET QUE DALLE, m'époumonais-je tandis que la peur qu'il lui arrive quelque chose s'immisçait dans mes veines me faisant faire les cent pas. T'ES OÙ ?
J'évitais le regard inquiet d'Aria qui s'était elle aussi levée dès lors que je lui avais demandé s'il allait bien.
— Je suis à cinq minutes du QG, l'entendis-je à travers le micro de son casque, malgré les vrombissements du moteur de sa moto de sport.
— Tu es déjà passé sous le pont ?
— Dans quelques secondes.
— Ok, alors passes par le chemin de droite juste avant le pont, ils ne pourront pas te suivre en voiture, lui indiquais-je et j'entendis sa moto freiner faisant crisser les pneus contre le goudron. Prends que des petites ruelles étroites, Kaz. Tu m'entends ?
— O-Ouais, je... Je t'appelle dès que j'arrive.
— On te rejoint, annonçais-je en plantant mes iris dans ceux d'Aria écarquillés.
Je raccrochais lui ordonnant de monter s'habillais rapidement. Il était hors de question qu'elle sorte en mini short jogging et tee shirt large, surtout sans un putain de soutif. Je pouvais voir d'ici sa poitrine bondir alors qu'elle s'empressa vers l'escalier à pas de course.
*
Le visage pâle d'Aria, dû à ma conduite à plus de cent cinquante kilomètres heures, aurait pu me faire rire dans d'autre circonstance, mais pas aujourd'hui. Toutes mes pensées étaient rivées sur Kaz.
Je sortis rapidement de la voiture à peine garée dans le souterrain et elle me suivit. Lorsque mes yeux se posèrent sur sa moto, des sueurs froides envahirent mon corps.
La carrosserie était criblée de balles et de rayures. Ils avaient surement essayais de l'en faire tomber en la collant de leurs putains de bagnoles. L'idée de savoir que ses hommes avaient essayé de l'abattre me faisait littéralement perdre la tête.
J'aurais réagi exactement de la même façon pour chacun d'eux, nous avions déjà perdu Tex lors du kidnapping d'Aria, je ne comptais pas laisser ses foutus Turners m'enlever un autre membre de ma famille.
— Suis-moi, lui ordonnais-je ignorant l'impression qu'elle était sur le point de vomir.
Je suivis les voix qui me menèrent directement à la salle principale où tout le monde était réuni. Leurs regards se braquèrent immédiatement sur la petite brune à mes côtés, et la lueur de colère qui en émanait m'entraîna à tirer sur son poignet pour la mettre dans mon dos.
— Où est-il ?
— Tu ne penses pas que ça va trop loin, sérieusement Maze ? demanda Emerson en faisant un signe du menton vers elle.
— Je t'ai pas demandé ton avis ! pestais-je. Je t'ai demandé où est-ce qu'il est !
— Il a raison, reprit Ron près de lui. Est-ce qu'elle en vaut la peine ? On a perdu Tex et maintenant ils s'en prennent à Kaz juste parce que tu refuses de la lui amener ?
— Depuis quand es-tu devenue couille-molle comme ça ? railla Emerson.
Avant même que je ne réagisse, Ezra planta son dos devant moi et braqua son arme vers lui, le corps tremblant de rage.
— Pour qui tu te prends Emerson ? cingla-t-il. Depuis quand toi tu as les couilles de lui parler comme si c'était ton putain de pote ?!
— Ezra, c'est bon, je posais ma main sur son épaule mais il la balaya d'un geste brusque me faisant soupirer.
— Non c'est pas bon ! Vous avez tous besoin d'une putain de dose de rappel ! Si vous êtes vivant et putain de riche c'est grâce à lui bande d'ingrats que vous êtes ! s'époumona-t-il en serrant davantage son arme qu'il braqua sur chacun d'eux à tour de rôle. Sans lui vous n'êtes rien, bande de cons ! Le prochain... et je dis bien, le prochain, qui que ce soit, qui remet en question ses choix, je le bute.
Lorsqu'Emerson pouffa légèrement, je fis reculer Ezra de force et sortit mon arme de ma ceinture avant de la braquer dans sa direction.
Qu'on s'en prenne à moi, ok.
Mais qu'on s'en prenne à lui ? Hors de question.
Dans mon dos je pouvais entendre Aria hoqueter d'horreur mais je n'en fis rien. Si je voulais la protéger, je devais les remettre à leur place. C'est pas ça une famille. Une famille doit rester soudée, ne pas se révolter comme ils étaient en train de tenter. Ils me doivent loyauté et respect. Tout comme Ezra leur avait dit.
Putain je les considérais comme ma famille mais apparemment, je semblais être le seul.
— Si tu n'es pas content avec ce que je propose, tu connais la porte de sortie, crachais-je le canon contre son front. Je n'autoriserais personne et je dis bien personne, a refaire ce que vous deux avez osé faire. Depuis toujours, les missions sont risquées, celle-ci l'est tout autant alors si vous n'avez pas les couilles de rester et de vous battre... Vous n'avez rien à faire à mes côtés.
Le silence submergea la pièce.
— Regardez-là ne serait qu'une seule fois encore de cette façon et ça me sera suffisant pour vous tirer une putain de balle entre les deux yeux, les menaçais-je en les fusillant du regard un par un.
Ils se dévisagèrent entre eux, avant de revenir sur moi.
— EST-CE QUE C'EST CLAIR ?!
— O-Ouais, bégaya Ron perdant son semblant de courage. Ça ne se reproduira plus.
Mon attention revint sur Emerson qui acquiesça rapidement. Un rictus étira malignement mes lèvres lorsque je vis leur mains près de leur corps trembler.
— Maintenant dites-moi où est Kaz.
— Avec Mike, répondit Ezra dans mon dos. Il s'est pris une balle.
Je me sentis immédiatement blêmir. Sans perdre plus de temps, Ezra sortit de la pièce et je le suivis à travers le couloir, Madds et Aria marchant côte à côte derrière nous.
— Est-ce que Mike à dit quelque chose à son arrivé ?
— Kaz m'a appelé lorsqu'il était près du QG et je l'ai attendu dans le souterrain. J'ai dû le rattraper, il ne tenait presque plus sur sa moto, m'informa-t-il. Putain, tu as vu ce qu'ils ont fait à sa moto ? Ils voulaient vraiment l'abattre, mec. Tu aurais dû le voir, il pissait le sang.
Je grimaçais alors que mon esprit se mit à me tourmenter. Nos pas se stoppèrent lorsque la porte menant au cabinet de Mike s'ouvrit le laissant apparaître.
Ses mains étaient en sang malgré qu'il semblait les avoir lavé. Sa blouse présentait des marques de paumes rouges que je devinais être celles de Kaz.
— Comment est-ce qu'il va ? demandais-je.
— Il a perdu beaucoup de sang, soupira Mike. Mais heureusement la balle n'a pas touché d'organes vitaux.
J'acquiesçais, soulagé.
Cependant il semblait vouloir dire encore quelque chose, je le dévisageait les sourcils froncés.
— Il est stable mais...
— Mais quoi ? demandais-je abruptement.
— Nous devons lui laisser la nuit, il a perdu énormément de sang Maze.
— Il a besoin d'une transfusion ? C'est quoi son groupe sanguin ? s'empressa Aria sous mon regard confus.
— Je lui ai administré ce que je pouvais mais, je ne pense pas que c'était suffisant.
— J-je le ferrais, dit-elle en faisant un pas vers Mike. Je suis volontaire.
Mike me lança une œillade avant de revenir sur elle.
— Quel est ton groupe sanguin ?
— O+.
— C'est parfait, lui sourit-il. Si Maze est d'accord alors-
— Je veux l'aider, dit-elle en se tournant vers moi.
Mes yeux jonglèrent entre les siens, ses iris brillaient d'espoirs. Elle voulait l'aider et qui étais-je pour l'empêcher de sauver la vie d'un membre de ma famille ? Je savais pertinemment que je n'était pas compatible, personne dans le groupe ne l'était étant donné qu'il était du groupe O+, aucun de nous ne faisait partit des potentielles donneurs.
Sauf elle.
— Ok, acquiesçais-je étant donné qu'elle semblait attendre mon accord.
— Mais je veux que vous sachiez qu'il est encore inconscient, rappela-t-il. Il faut le laisser... faire son choix.
Pardon ?
Faire quoi ?
— Faire son quoi ? m'étranglais-je. Bien sûr qu'il va revenir !
Un léger sourire étira tristement les lèvres de Mike.
— Est-ce qu'on peut quand même le voir ? demanda d'une voix tremblante Madds.
— Vous pourrez le voir à partir de demain, si son état s'améliore, annonça-t-il d'une voix désolée. Il doit se reposer.
Mike demanda quelques minutes à Aria, elles s'éloignèrent vers l'aquarium, se consolant l'une à l'autre, Mike attira mon attention en posant sa paume sur mon épaule.
— Maze, je peux te parler ?
Je déglutis difficilement en lisant l'inquiétude dans son regard. J'intimais à Ezra de faire attention à Aria avant de suivre Mike.
— Avant de s'évanouir sous la douleur, Kaz à dit plusieurs choses, il était vraiment affolé...
Croisant les bras, je le regardais refermer la porte avant de contourner son bureau. Instinctivement, je grillai une clope, soutenant son regard.
— Aria n'est qu'un prétexte, c'est toi qu'il veut.
Je tirais lentement sur ma cigarette tandis qu'il semblait analyser ma réaction. Hors je restais impassible.
— Il veut te tuer.
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Hello !
Comment allez-vous ? Moi impec' !
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Ca ne fait que commencer !
Ouverture des hostilités ! hahahaa.
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Kisses&Love,
Mélissa.
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