08. Not my choice
ARIA
Santa Monica, Californie.
— Bonjour ma chérie, m'accueilla chaleureusement ma mère.
J'eus un moment de recul.
Pourquoi était-elle si calme ? C'était sûrement le calme avant la tempête. Prudemment je pris place sur l'un des tabourets de l'ilot central alors qu'elle me servit une tasse de café.
J'allais me jeter dessus mais ma suspicion me retins. Analysant chacun de ses faits et gestes alors qu'elle était dos à moi.
Lorsque Maze m'a raccompagné hier, aucun d'eux n'étaient à la maison. C'était la première fois que je la voyais depuis samedi, et pourtant elle n'était pas là à m'engueuler sur le fait de ne pas l'avoir prévenu que je ne dormais pas à la maison. Pas de cris sur mon irresponsabilité, sur le fait que mes actes étaient suicidaires étant donné le danger qui me collait à la peau.
— Bonjour ? elle répéta, un sourcil arqué dans ma direction.
— Bonjour maman, répondis-je finalement avant de boire une gorgée de mon café.
Je grognais lorsqu'il me brûla la langue, mais n'en fis pas la remarque.
— Papa est déjà parti ?
— Non, il finit de se préparer.
J'acquiesçais avant que ses pas dans les escaliers ne se fassent entendre. Je me retournais pour le voir me dévisager un instant, droit comme un I au milieu du salon.
— Bonjour, papa.
Je me retournais dos à lui, les mains serrant plus fortement ma tasse. Les secondes s'écroulèrent, le silence pesant sur nous. J'attendais qu'il explose d'un moment à l'autre, mais... Rien.
Je ne suis pas rentrée de la nuit, je ne leur ais pas envoyé de messages, ils ne m'en ont pas envoyé. Quelque chose n'allait pas dans cette histoire. Ils étaient bien trop calmes pour ce genre de situation. N'importe quels parents auraient fait la morale à leur enfant, ou l'aurait puni, j'en sais rien.
Leur silence était bien plus terrifiant qu'une bonne dispute sur le fait d'être irresponsable à ce point.
Je tressaillis lorsque ses lèvres se posèrent sur le haut de mon crâne avant de s'asseoir en face de moi, près de ma mère.
— Ce soir après tes cours, je veux que tu rentres immédiatement à la maison, annonça-t-il de sa voix encore enrouée.
Nous y voila. La punition.
— Pourquoi ?
Intérieurement, je me tapais le front.
Cette question pouvait faire tout exploser sous ce toit, les amorçant.
— C'est quoi cette question, il grogna prenant la tasse de café que ma mère venait de lui servir. Je veux que tu rentres immédiatement, c'est tout.
Je me retenais de soupirer. Je devrais être contente qu'il ne dise que ça.
— Ok.
Je vis le coup d'œil que ma mère lui fit, pas si discrètement que ça.
— Tu dois rentrer parce que... Tu vas rencontrer celui qui a été désigné pour ta protection.
Je levai les yeux au ciel, le nez dans la tasse que je finissais rapidement. Je devais partir en cours où je serais en retard.
Je n'avais vraiment pas envie d'être suivi à longueur de journée par une personne que je ne connaissais pas et que je n'avais pas envie de connaître. Tout ça devenait trop réel à mon goût.
Le déni, j'adorais être dans le déni.
Je trouvais ça, d'une certaine façon, rassurant.
— T'as entendu ? il demanda alors que j'enfilais mon manteau.
Je soupirais comme simple réponse.
— Elle a entendu, confirma ma mère.
Attrapant mon sac à dos et mes clefs, je sortis.
***
Quittant le parking, je cherchais Lexi du regard. Elle m'avait affirmé par de nombreux textos qu'elle m'attendait sur le campus depuis vingt minutes et qu'elle trouvait que mon retard devenait un peu trop fréquent.
C'est arrivé littéralement, deux fois.
Et je ne suis pas en retard pour le cours, je suis en retard sur mon avance habituelle, c'est tout.
Alors que je m'attendais déjà à m'en prendre plein la gueule, mon regard croisa le sien et d'emblée, nous éclatâmes de rire. Nous avions toutes les deux, des mines affreuses.
Ce matin je m'étais réveillée avec une flemme immense, pour tout. Mes cheveux étaient enroulés dans un chignon rapide, je portais le premier pull beige que j'avais trouvé et un legging. La seule chose dont j'avais pris le temps de faire était, mon visage.
Il était si horrifique que je ne pouvais partir sans camoufler les ravages de la soirée de samedi, qui concrètement, n'était pas encore passée.
Parole de mon estomac, en vrac.
— Putain, meuf...
— Non, tais-toi, la coupais-je avant de l'entendre éclater de rire une nouvelle fois, je l'imitais.
Nous avions échangé des messages pour se mettre au courant de ce qui s'était passé. Sanders l'avait ramené chez elle et l'avait même mit au lit, d'après ce que sa mère lui avait dit, parce qu'elle tout comme moi, avons fini dans un lit sans savoir comment. Après s'être réveillée, elle m'avait bombardé de messages pour savoir avec qui j'étais rentrée et si j'allais bien.
— Tu sais que je vais te cuisiner, c'était plus une affirmation qu'une question. Je veux tout savoir sur ce petit con.
Je levai les yeux au ciel, un sourire bête accroché à mes lèvres.
— Pas de ça avec moi ! me prévint-elle en faisant des gestes circulaire devant mon visage de son index. Je suis de loin ta meilleure-amie et... en fait je suis ta seule amie donc...
Elle se tut lorsqu'elle perçut le regard noir que je lui lançais. Elle n'avait pas besoin de le dire, ça.
Elle me suffisait en tant qu'amie, étant donné qu'elle regroupait toutes sortes de personnalités en une seule personne.
— J'attends, elle arqua un sourcil, insolente.
— C'est lui qui a dit à Sanders de te ramener.
— Je veux du nouveau, pas du retranscrit.
— Il m'a raccompagné mais je me suis endormie avant de lui avoir donné l'adresse, je soupirais, donc... Il m'a ramené chez lui. C'est tout ce que je me rappelle de la fin de soirée.
— Ok, dit-elle lentement. Et quand tu t'es réveillée ?
— Il m'a fait croire qu'on avait couché ensemble lorsqu'il a compris que je ne me rappelais pas d'avoir atterri chez lui.
— Le petit con ! chantonna-t-elle avec un sourire en coin.
— Alors je suis rentrée dans son jeu et je lui ai dit que peut-être si on remettait ça je pourrais me souvenir.
Ma meilleure amie fut prise d'une toux violente. Je ne pus m'empêcher de rire en posant ma main sur son épaule pour m'assurer qu'elle allait bien.
— Mais qui êtes vous ? elle se racla la gorge.
— Une putain de goddess, dis-je lui rappelant ses mots.
Un sourire fier étira ses lèvres.
— Ducoup, il a réagit comment après ?
— Je lui ai fait comprendre que son mensonge ne prenait pas, dis-je alors que nous marchons vers notre cours. J'aurais pu y croire, si je n'avais pas ma robe sur moi et c'est ce que je lui ai dit...
Lexi m'admirait de son regard pétillant, comme moi lorsque je regardais The vampire diaries.
— Et là, il m'a dit...
« Crois-moi, non seulement elle ne serait plus sur ton corps..., susurra-t-il lentement, approchant ses lèvres dangereusement des miennes, tellement que je crus un instant les sentir,...mais elle serait surtout inutilisable. »
Je revivais le souvenir qui traversait, non seulement mon champ de vision mais aussi mon corps tout entier, me rappelant de la sensation que m'avait provoqué sa voix rauque près de ma bouche avide de ses baisers.
— Putain, t'es dans la merde.
— Pourquoi ? pouffais-je alors que nous passions la porte de l'amphithéâtre.
— Tenir ses mains hors de ton corps, sera plus difficile que ce que je pensais.
— C'est un petit con, soupirais-je. Un petit con supplémenté par un caractère bipolaire.
— Un petit con bipolaire qui fait bouillir ton sang en un regard.
Elle venait tout simplement de résumer ce que je ressentais lorsqu'il était dans la même pièce que moi, et ça, ça avait le don de m'énerver.
Le déni.
Le déni est mon meilleur-ami.
Le déni, c'est mauvais.
Pas pour moi.
T'es carrément dans le déni de ce qu'est le déni.
Et ça me va, parfaitement.
***
Après avoir quitté Lexi, je fis ce que mon père m'avait demandé, ou plutôt ordonné. Soupirant, je claquais la portière de ma voiture, la verrouillant à distance alors que je montais le petit perron.
— Je suis rentrée ! annonçais-je.
Posant mon sac au sol, je relevais mon regard vers mon père qui sortait de son bureau. Je lui souris légèrement tout en accrochant mon manteau à l'un des crochets sur le mur.
— Je pensais que tu ne m'écouterais pas.
— La preuve que si.
— Il ne devrait pas tarder.
Cette simple phrase me fit angoisser.
Mon père le connaissait-il vraiment ?
Et s'il jouait double jeu et n'est pas celui qu'il prétend être ?
On ne peut faire confiance à personne, c'est papa qui l'a dit.
Ton père a confiance en lui.
Pas moi.
Tu devras.
Je me dirigeais vers la cuisine pour me servir un verre d'eau essayant de calmer les pensées qui brouillaient mon cerveau.
Mon corps se crispa lorsque j'entendis un bruit de moteur. Poussant le rideau de la fenêtre de la cuisine, je regardais l'allée pour apercevoir...
C'est une blague ?!
Qu'est-ce que...
Une putain de BMW toute noire se garait dans notre allée. J'étais peut-être bourrée la première fois que je l'avais vu, mais je m'en rappelais parfaitement. Ma respiration se bloqua dans ma gorge lorsque je le vis sortir du côté conducteur, balayant ses cheveux ébènes en arrière avant qu'ils ne retombent en quelques secondes.
Je rêve.
Non je ne rêve pas, c'est un putain de cauchemars.
Savait-il qui j'étais ?
« Je te connais bien plus que ce que tu peux imaginer. »
Bien sûr qu'il le savait, il me l'avait lui même dit et c'est ce qui me faisait le plus peur. En venant ici, il savait pertinemment qu'il me verrait. Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi ?
Je reculais doucement de la fenêtre essayant d'assimiler ce que je venais de voir, ou plutôt qui je venais de voir.
Maze putain de Reed.
Je m'appuyais contre le comptoir de la cuisine, me soutenant de mes mains sur le rebord. J'avais l'impression que les secondes duraient des minutes.
Tout ce que je pouvais entendre était le son des battements de mon cœur qui pulsaient dans mes oreilles.
Mes parents ayant une cuisine ouverte sur le salon, j'était carrément visible depuis la porte d'entrée. Je n'avais pas envie de le voir.
Je calculais alors le temps qu'il me faudrait pour atteindre les escaliers et m'enfermer dans ma chambre.
Mais sa main toqua à la porte, faisant de mon corps une statue de pierre.
Mon regarde fixa un point imaginaire tandis que j'entendais mon père me dire d'ouvrir.
— Aria ?
Je le dévisageais sans bouger, il était hors de question que je lui ouvre la porte de notre maison.
Mon père sait-il que je le connais déjà ?
Sait-il que nous nous sommes déjà embrasser à de nombreuses reprises ?
Mes pensées se turent lorsque je l'entendis prononcer le prénom de ce petit con, avec joie qui plus est.
— Dev, le salua-t-il, d'une voix neutre.
Je remarquais presque immédiatement ses iris qui me cherchèrent dans la pièce et lorsque son regard d'un vert glacial se posa sur moi, je crus m'évanouir.
— Aria, il inclina la tête.
Ma respiration se fit plus lourde.
Le simple fait qu'il prononce mon prénom rendit toute cette histoire claire comme de l'eau de roche. Mon père n'avait même pas sourcillé et je compris.
Il était au courant que nous nous connaissions déjà.
— Aria, mon père prit enfin la parole, je ne te présente pas Maze, n'est-ce pas ?
J'ouvris la bouche mais rien n'en sortit.
— Il a été désigné pour ta protection.
— J'avais compris, merci.
Le regard glacial du con ne se détourna pas du mien, il resta stoïque.
— Viens ici, nous devons parler.
— J'entends très bien, d'ici, dis-je, soutenant le regard du brun.
— C'est du sérieux, Aria ! il éleva la voix, attirant le regard de Maze sur lui. Arrête de faire l'enfant gâté et ramène toi.
J'arquais un sourcil face au ton qu'il venait de prendre avec moi. Qu'essayait-il de prouver devant lui ? Qu'il était autoritaire et que je lui obéissait au doigt et à l'œil ? Soit, je ne voudrais pas entacher sa réputation.
— Je suis au courant pour samedi soir, tu étais en sécurité chez Maze. C'est pour ça que ta mère et moi n'avons rien dit.
Je me sentis blêmir, c'était donc ça qu'il pianotait sur son tel ? Je me demande maintenant quelle était la raison de son changement d'humeur. Était-ce ce qu'avait pu répondre mon père ?
— Alors quoi, c'est ton toutou maintenant ?
Ce fut au tour de mon père de blêmir.
— Aria, il me menaça d'un regard alors que j'entendis Maze rire derrière nous. Il n'a fait que son travail, veiller sur toi.
J'ouvris la bouche dans l'intention de lui demander si, m'embrassais avec autant d'avidité, de ferveur et hargne faisait partie aussi de son travail mais Maze comprit rapidement et me devança.
— Je n'ai réellement pas le temps pour un désaccord familial alors Dev, si on pouvait écourter tout ça.
Je le fusillais du regard.
— Trouvez quelqu'un d'autre, je ne veux pas de lui près de moi, dis-je en croisant les bras sous ma poitrine.
Sa langue passa rapidement sur sa lèvre inférieure, suivant mon geste du regard. Je décroisais immédiatement les bras.
— Maze est le meilleur mercenaire que connaissent les Rivers.
— Le pire, ouais.
Il poussa un rire mauvais sans briser notre contact visuel.
— Tu n'as pas le choix.
— Mais...
— Écoutes, il soupira s'approchant de moi, posant ses mains sur mes épaules. Ce n'est pas tout... Les Turner sont déjà au courant. Comment ? On ne sait pas. Tu cours un danger plus important que ce que nous avions pu imaginer... Ils voudront se venger et tu es ma fille unique Aria, tu seras la cible parfaite.
Pourquoi avais-je un mauvais pressentiment.
— Avoir seulement Maze comme protection lorsque tu sors n'est plus suffisant, Aria.
— Quoi ? Mais...
— Tu dois partir avec lui pe...
— C'EST UNE BLAGUE ? m'écriais-je, riant nerveusement. Non, non, non. C'est mort.
— Ce n'est pas une demande. À vrai dire, tu n'as pas le choix.
— Tu vas quand même pas m'obliger à partir avec ce... ce... cette espèce de...
Je grognais face à mon bafouillement.
— Ce n'est que pour un temps, juste le temps de trouver une solution.
Je sentis mes yeux me brûler face à mon impuissance.
— Papa, ne le laisse pas m'emmener..., le suppliais-je larmoyante.
Il soupira avant de me prendre dans une étreinte serrée. Ce geste aurait pu me rassurer, si je savais qu'il changerait d'avis. Or, il ne pouvait pas.
— Ta mère a fait tes valises pendant que tu étais en cours.
— Pardon ?
Elle aussi était d'accord avec tout ça ? Pire encore, elle avait fait mes valises me propulsant plus rapidement hors de la maison, peut-être même de leur vie.
— La voiture est chargée, annonça le connard de service.
Je n'avais même pas remarqué son absence trop obnubilé à essayer de faire changer mon père d'avis.
— Papa, je t'en supplie...
Son regard désolé me brisa le cœur, ce fut la goute de trop. Mon corps fut pris de spasmes incontrôlables, les larmes se déversèrent.
J'étais impuissante, je subissais.
— Et maman ?
— Elle est anéantie et ne se sentait pas capable de te voir partir.
— Mais elle se sentait capable d'empaqueter mes affaires ? pouffais-je, mauvaise.
— Aria...
— Je dois voir Lexi avant de...
— Non, trancha le connard de service.
— Qui t'as sifflé toi ? le fusillais-je du regard.
Sa mâchoire tressauta.
— Aria, me réprimanda mon père. Ce n'est que pour un moment, tu reviendras.
Je lui lançais un dernier regard, essuyant toutes traces de larmes et de tristesse de mon visage.
Même si son air abattu brisait mon cœur déjà émietté, je le détestais de m'arracher de leur vie comme ça. En cachette qui plus est. Je vis sa lèvre légèrement trembler mais il se saisit rapidement.
— Je...
Je tournais les talons, sa voix faisant écho dans ma tête sans que je ne puisse percevoir ses mots. J'attrapais mon sac, mon manteau et passais près de ce bouffon en le bousculant de l'épaule.
Il ne broncha pas, je dirais même qu'il n'avait pas bougé d'un millimètre.
Tu as vu son corps.
Toi, ferme ta gueule. C'est pas le moment.
J'ignorais mon père qui m'appelait encore. Ils avaient voulu tout faire en cachette, en m'ignorant ? Soit, je les ignorerais en retour jusqu'à ce qu'ils doutent de leur propre existence.
Il ouvrit sa voiture à distance et je me faufilais sur la banquette arrière. Il ne lui fallut que quelques secondes pour me rejoindre et ouvrir ma portière.
— Je suis pas ton putain de taxi, montes devant.
— Non.
— Ne test pas ma patience, Aria. J'en ai très peu.
— Rien à foutre.
Il soupira lourdement en attrapant mon bras avant de m'extirper de la voiture alors que je me débattais comme je le pouvais, sans succès.
Il referma la portière avant, côté passager après m'avoir jeté dedans. Tout ça sous le regard de mon père. Il n'avait pas cillé d'un poil.
Je te déteste, Papa.
Je te déteste de ne pas réagir devant ses actions envers ton unique fille.
Je te déteste de ne pas être à la hauteur pour me protéger comme un père le devrait.
Je te déteste de le laisser m'emmener.
Et je déteste maman pour avoir préféré ne pas me dire au revoir.
Je vous déteste tous les deux pour encore une fois, ne pas avoir su me protéger quand j'en avais besoin, quand il le fallait.
Encore une fois, je dépendais d'un homme.
_________________________
Hello tout me monde !
J'espère que vous allez bien ?
J'espère que votre lecture se passe bien jusqu'ici et ça vous plaît ?
N'hésitez pas à me faire part de vos pensées, je ne mords pas !
Bisous,
Mélissa.
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