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9. La Croisée des Chemins


Sandy

Ma nuit fut ponctuée de rêves des plus érotiques. Par un simple baiser, Colin a réussi à éveiller en moi un désir fulgurant. Tel un ours sauvage ayant longtemps hiberné ... trop longtemps ... il s'éveille affamé, assoiffé, ne pensant qu'à une chose unique : rassasier sa faim. 

Comment un simple baiser peut-il provoquer une telle tempête d'émotions en moi? Je n'avais plus autant vibré depuis une éternité. Même avec Jeff, je n'avais jamais ressenti ça. Une certaine routine meurtrière s'était installée entre nous et d'ailleurs, nos rapports se ressemblaient tous et sont devenus plus une habitude qu'une envie. La plupart du temps, nous étions tellement saouls où drogués que nous étions incapables de ressentir les saveurs exquises de l'acte en lui-même. 

Une once de culpabilité se répand en moi. Suis-je vraiment en train de remettre en question ma relation avec Jeff ? Idiote ! Jeff est ton sauveur, Sandy. Sans lui, tu serais perdue et peut-être obligée de te prostituer pour vivre. Et toi, tu le lui rends en fantasmant sur un rockeur ténébreux qui n'a qu'une envie: te mettre dans son pieux pour ensuite te jeter. 

Et s'il était différent? 

Impossible! 

Tu es bien placée pour le savoir... 

Un puissant combat intérieur se déchaîne dans ma conscience. Si ça continue comme ça, je serais bonne pour l'hôpital psychiatrique.


La journée de dimanche s'est écoulée à une lenteur infernale. Lorsque enfin la date du rendez-vous avec le producteur est arrivée, une boule de stress s'est formée dans mon ventre. Et si nous n'étions pas payés tout de suite ? Et si nous n'étions pas payés assez pour couvrir la somme demandée par Rob ? Il ne me reste plus assez de temps et à présent, j'ai perdu la marge de quatre-cent dollars que j'avais mise de côté.

Il est 13h30 quand j'arrive devant le building de la maison de production. Je suis largement en avance mais je n'en pouvais plus d'attendre sagement chez moi. Je fais les cents pas dans cette rue de Manhattan lorsque mes pensées s'enchaînent et m'enveniment l'esprit : 

Comment me comporter avec Colin? Que signifie ce baiser finalement? Était-ce une simple une pulsion ou est-ce plus profond que ça ? 

Après tout, ce n'est pas Colin qui m'a embrassée. Lui m'a juste fait la bise et je l'ai attiré vers mes lèvres. S'il avait eu envie de plus, il serait monté chez moi ... 

Oui Sandy, mais il t'a bien rendu ton baiser. Il se peut qu'il ne soit pas monté chez toi parce qu'il ne veut pas précipiter les choses ... 

Pffft, grandit Sandy ! Colin est un rockeur qui saute sur tout ce qui bouge ! Il n'est surement pas attiré par toi, et tu n'as fait que le rendre mal-à-l'aise en l'embrassant aussi sauvagement !

Je deviens folle à m'imaginer des débats intérieurs de la sorte. Mon cœur s'affole quand j'aperçois enfin l'objet de mes pensées arriver, et mon stress remonte d'un cran ... comment me comporter en sa présence? Dois-je l'embrasser? Devons-nous en parler? Je suis si inexpérimentée dans ce domaine que j'ai peur de rater ma seule chance ... 

Je tombe de haut lorsque je vois Doris descendre du côté passager de la voiture de Colin. Que faisait-ils ensemble? Ils rient aux éclats, démontrant aux yeux de tous leur complicité plus qu'évidente. J'en ressens une pointe de jalousie que je tente de camoufler du mieux que je le peux, mais c'était sans compter sur ma voix aiguë, trahissant ma nervosité:

— Salut, ça va ?

Doris me lance un regard moqueur et méprisant pendant qu'un Colin ayant perdu son sourire me regarde le plus sérieusement du monde avant de me lancer d'un ton détaché son habituel:

— 'Lut.

— T'es toute pâle, Sandy, commente Doris avec un ton faussement inquiet. Bah alors ! T'as vu le loup ?

Elle s'esclaffe toute seule face à sa blague nulle. A ma grande satisfaction, Colin lui jette un regard noir et lui intime de se taire. Lorsque Adam arrive enfin, nous nous dirigeons vers l'accueil du bâtiment. Une jeune femme rousse nous montre le chemin vers le bureau de Monsieur Baker. Colin frappe trois coups à la porte, et quand l'autorisation d'entrée nous est donnée, nous nous précipitons en silence vers l'immense bureau du producteur.

Les murs de ce dernier sont ornés de poster géants de couvertures d'albums des groupes que Baker Production a déjà produits. L'immense bureau en bois est surmonté de dossiers qui s'empilent, de photos de groupes, de boîtes de CD, de stylos et de post-it éparpillés par-ci par-là. Quatre sièges visiteurs en cuir sont disposés en face du bureau. Du haut de sa stature, Baker fume une cigarette électronique par laquelle se dégage une agréable odeur de menthe. Nous nous installons l'un après l'autre sur les sièges après avoir salué le producteur.

— Bien, à nous. Je vous remercie tout d'abord de votre ponctualité, il faut le dire, dans le showbiz' c'est une qualité à ne pas négliger. Les gens sont tout le temps débordés et le moindre retard n'est pas toléré.

— Vous pouvez compter sur nous pour... commence Colin.

— Deuxième chose, ne m'interrompez jamais quand je parle. Comme je vous le dis, mon temps est compté. Rentrons directement dans le vif du sujet.

Plus antipathique que ce Baker, tu meurs !

— Voici vos contrats de travail. Je vais vous laisser une heure pour en prendre connaissance. Prenez le temps de les lire attentivement et point par point. Pour résumer, ceci est un contrat afin de produire votre premier album. Si celui-ci est un succès, comme je m'y attends, nous en produirons un deuxième et ainsi de suite. La signature du contrat implique votre disponibilité pour enregistrer l'album dans sa totalité avec douze titres dont l'un sera enregistré en Clip Vidéo. Le choix de la chanson à enregistrer sera fait une fois la totalité de l'album enregistrée, même si j'ai une préférence pour Mercurial. Mais cela reste à voir. De plus, un événement aura lieu à Atlantic City regroupant les nouveaux groupes de Rock émergents. Je veux que vous y participez afin de faire le promotion de votre album. Ensuite, nous sortirons l'album et si le succès est au rendez-vous, vous partirez en tournée dans tous les US pendant un mois. Comme vous le voyez, notre temps est compté. Il faudra enregistrer l'album assez rapidement pour avoir le temps de participer à l'événement à Atlantic City. Mais attention, rapidement ne signifie pas médiocrement. Je vais avoir besoin de toute votre énergie, toutes vos ressources. Aucune défaillance ne doit être rendez-vous aussi bien de la part des chanteurs que de celles des musiciens. Est-ce bien clair?

Nous hochons tous la tête en silence. Baker se lève en rajustant sa veste.

— Je vous laisse prendre connaissance des contrats. Si vous avez des questions, ma secrétaire sera ravie de vous éclairer. Je serais de retour dans une heure.

Sans attendre de réponse, Baker s'éclipse en faisant claquer la porte derrière lui. Dans un silence religieux, chacun d'entre nous se penche sur la lecture de son contrat. La seule chose qui m'interesse, c'est de savoir si nous allons être payés avant ou après l'enregistrement de l'album. Mais pour le moment. Aucune clause ne mentionne la rémunération que nous allons obtenir. 

En plus de tout ce que Baker nous avait dit, nous devons faire des apparitions dans des événements de la haute société, comme des galas ou des événements musicaux. Je m'en fiche de ces détails ! 

Je feuillette rapidement les pages du contrat à la recherche de la section "rémunération" sous l'œil suspicieux de Colin. Celui-ci m'interroge du regard mais je préfère l'ignorer. Quand je tombe enfin sur la section que je cherche, je m'empresse de lire ce qui est noté. 

Bordel !!!!! 

Je serais payée deux-mille dollars rien que pour l'enregistrement de l'album ! Sans parler des rémunérations qu'on aura si nous effectuerons la tournée et des commissions que nous remporterons avec chaque album vendu. Bien entendu, les plus gros gains reviendrons à la maison de production mais c'est déjà un très bon début. Par contre, aucune clause n'indique si nous serons payés avant ou après la fin de l'enregistrement de l'album. 

J'attends patiemment le retour du producteur afin de lui poser la seule et unique question qui m'intéresse. 

A son retour, Colin demande la révision de deux clauses du contrat. Son habileté à négocier me surprends. Sous ses airs de rockeur charmeur, inaccessible et mystérieux, se cache un cerveau en pleine action, une grosse tête et une intelligence bien au-dessus de la moyenne. Colin n'est pas le genre d'homme qui se laisse manipuler, bien au contraire, c'est lui qui manœuvre les esprits afin d'obtenir ce qu'il veut. Et cette qualité le rend à la fois aussi dangereux qu'attirant ! 

Lorsque Baker nous pose enfin la question que j'attends, je sens l'angoisse monter en moi:

— Avant de signer vos contrat, avez-vous des questions?

— Euh ... oui, j'ai une question.

— Je vous écoute ...

— Concernant notre rémunération ... serons-nous payés avant ou après l'enregistrement de l'album?

Ma voix tremblote légèrement, et heureusement que je suis assise, faute de quoi, j'aurais perdu mon équilibre tant mes jambes sont chancelantes. Colin me scrute d'un regard perçant, comme s'il tentait de deviner à quoi je pensais en posant cette question. J'ignore tant bien que mal son regard posé sur moi et attend la réponse du producteur.

— Après l'enregistrement bien entendu, me lance-t-il sur un ton dédaigneux, comme si c'était une évidence.

Même si je m'en doutais, je gardais espoir qu'on soit quand même payé avant. Je tente de cacher mon trouble et surenchérit.

— Et l'enregistrement va prendre combien de temps à peu près ?

Le regard de Colin pèse plus lourdement sur mes épaules et j'entend Adam qui se racle maladroitement la gorge. Le producteur semble s'impatienter et me répond rapidement.

— Cela dépendra de vous et de votre travail. Par contre j'aimerais bien en finir assez rapidement pour que vous participez à l'événement de Rock & Roll annuel à Atlantic City et qui aura lieu fin mai.

— Fin mai ? s'exclame Doris comme si elle venait de se réveiller d'un long somme. Mais c'est dans moins de deux semaines ! On aura jamais l'temps d'enregistrer l'album en si peu de jours !

— On fera tout pour ! interviens Colin. M'sieur Baker, vous nous avez fait confiance en acceptant d'nous produire. On sera à la hauteur d'vos exigences et on vous décevra pas. Vous avez ma parole.

— Je compte sur vous, Spencer. D'autres questions ? ... non ? ... Vous pouvez signer.

Nous signons chacun nos contrats respectifs puis un contrat commun nous engageant à ne pas quitter le groupe avant la fin de la promotion de l'album et de la tournée au cas où il y en aurait une. 

Même si l'enregistrement de l'album semble être une course contre la montre, la date indiquée par Baker semble être postérieure à l'ultimatum imposé par Rob. Tout cela n'arrange pas mes affaires personnelles, et la raison principale pour laquelle j'ai choisi d'intégrer le groupe me semble être assez inutile en ce moment. 

Je n'ai plus d'autre choix que de demander une avance sur mon salaire auprès de Charlie. Avec un peu de chance, il ne posera pas de questions sur mes réelles motivations. Perdue dans mes pensées, je suis le mouvement de mes trois collègues en direction de la sortie. Une fois arrivés dans le hall d'entrée de la maison de production, Colin me retient par le poignet et fait signe à Adam et Doris de nous laisser seuls.

— Qu'est-ce que ...

— Pourquoi t'as besoin d'cet argent ? me coupe-t-il d'un ton ferme. 

— Hein ? Lâche moi ! 

— Tu veux t'acheter d'la drogue c'est ça ? 

— Mais t'es malade ma parole !

Colin me domine de toute sa hauteur, me scrute d'un regard assassin et glacial. Ses yeux tombent sur mes lèvres alors qu'il s'approche plus dangereusement de moi, me collant contre le mur. En ce moment, deux émotions contradictoires s'emparent de moi : la colère et le désir. Je deviens folle ... Cet homme me rend complètement folle ! 

Le hurlement de Colin se radoucit alors qu'il s'approche de mon oreille pour y murmurer:

— Je sais que tu cherchais du travail. Pourquoi ce besoin d'argent, Sandy ? Qu'est-ce que tu m'caches ?

— De quoi je me mêle ! Et d'ailleurs, comment tu sais que je cherchais du travail ?

Mon tortionnaire ne me répond pas et continue de me fixer, caressant chaque parcelle de mon visage de son regard azuré. Mon cœur rate un battement. J'ignore si c'est cette proximité avec lui ou le fait qu'il sache que je lui cache quelque chose, ou encore un farfelu mélange des deux qui fait qu'en ce moment même, je me sens toute chose. Je tente de garder contenance lorsque les lèvres de Colin effleurent les miennes, les frôlant impitoyablement sans jamais les prendre entre les siennes. Il joue avec moi ... il est conscient de l'effet qu'il exerce sur moi et tente de me déstabiliser afin que je lui divulgue les informations qu'il recherche.

Il me manipule... 

— C'est une blague ?!

Nous sursautons et recherchons la personne à l'origine de cette voix. Doris se tient devant nous, la colère luisant sur son visage. Colin s'éloigne de moi et relâche sa prise sur mon poignet avant de répondre calmement à la jeune femme.

— Qu'est-ce que tu veux, Doris ?

— Non mais pince-moi, Colin ! Je tourne le dos deux minutes et j'te retrouve en train de fricoter avec la nouvelle !

— Baisse d'un ton Doris. Tu vas attirer les regards des gens du label.

— Ouais, c'est tout c'qui t'intéresse, toi. Ton précieux album, et baiser tout ce qui bouge. T'es pathétique Colin !

Colin prend sur lui et pousse Doris vers sa voiture. Celle-ci continue son cinéma et crie de plus belle face au calme olympien de son interlocuteur qui démarre furtivement en sa compagnie, me laissant seule avec Adam, impuissante, sur le trottoir. 

Et le cœur en miettes. 

Je n'arrive pas à saisir la nature de leur relation. Il est clair et net que Doris est folle de lui, mais est-ce réciproque ? Une main bienveillante se pose sur mon épaule et je prends conscience que je regarde en direction de la citadine de Colin qui s'éloigne petit à petit. Je me retourne pour faire face au sourire communicatif d'Adam.

— Laisse couler, me dit-il de sa voix calme et chaleureuse. Doris pique sa crise comme d'habitude. Colin va la calmer. Je te dépose ?

— C'est gentil, Adam, mais je vais prendre le métro.

— Le métro c'est pour la populace ! T'es une star maintenant ! Allez princesse, monte dans mon carrosse, je t'emmène vers ton château.

— Crois-moi Adam, je suis loin d'être une princesse.

—  Tant mieux, parce que mon van est pas trop un carrosse, tu vois. 

Je pouffe de rire et nous grimpons dans le van d'Adam. Le trajet se déroule dans le plus grand calme, tant je suis perdue dans mes pensées. Comment Colin a-t-il su que je cherchais du travail ? Pourquoi m'a-t-il parlé de drogue ? Est-ce qu'il saurait quelque chose sur moi ou mon passé ? C'est sûrement le cas... il est intelligent, certes, mais il n'est pas devin ! 

— Et voilà, madame ! s'écrie Adam en arrivant devant le Blue Train.

— Merci Adam. Je t'offre un verre pour te remercier ?

— Trop facile ! Tu le payes même pas ce verre ! 

— Toi non plus ! 

J'accompagne ma phrase d'un clin d'oeil et invite Adam à m'accompagner vers l'intérieur. Je m'empresse de déverrouiller la porte et d'allumer les lumières tout en prenant bien soin de verrouiller derrière moi, les heures d'ouverture n'ayant toujours pas débuté. Adam s'installe sur un tabouret long en face de mon bar et je commence à nettoyer les surfaces brillantes.

— T'as pas l'air en forme, relève Adam. Qu'est-ce qui t'arrives ?

— T'inquiètes pas pour moi Adam. Je vais bien.

— Hey... Écoute Sandy. Une est une même team maintenant. Tu peux me faire confiance.

Les mots rassurants d'Adam ne font qu'attiser mes angoisses. Dois-je lui faire confiance et lui confier mes problèmes ? Serait-il lui aussi au courant que j'ai quelque chose à cacher, comme Colin ? 

C'est peut-être lui qui l'envoie pour aller à la pêche aux infos à sa place, pendant que lui console sa précieuse Doris. 

— Je peux te poser une question bizarre ? soupiré-je en lui tendant sa bière.

— Vas-y.

— Est-ce que Colin et Doris sont ensemble ?

Le sourire d'Adam s'estompe. Il a l'air surpris par ma question. Il est vrai que je l'ai pris de court mais il fallait que ça sorte, je dois le savoir.

— Colin et Doris hein ? Pourquoi tu me poses cette question ? T'as flashé sur lui, c'est ça ?

— Paaaaaas du tout ! Je voulais juste savoir. Ils semblent... proches tous les deux.

— Colin, Doris et moi, on se connaît depuis tout petits. On a tous les trois grandit dans le même quartier et on avait chacun nos problèmes. On a monté le groupe ensemble et on s'est toujours soutenus les uns les autres.

— ça ne répond pas à ma question...

— Qu'est ce qui te fait penser qu'ils sont ensemble ?

— Ses yeux brillent quand elle le regarde. Elle le colle en permanence. Et là, tout à l'heure, ose me dire que son cirque n'était pas une crise de jalousie. Je suis une femme Adam, même si j'ai l'allure d'une gamine de lycée. Je sais reconnaître une femme amoureuse, il y a des signes qui ne trompent pas.

Adam me sourit d'un air bienveillant avant de boire une gorgée de sa bière.

— Et là, qui est-ce qui me fait une crise de jalousie ? me lance-t-il d'un ton taquin.

Le rouge me monte aux joues. Je ne voulais pas être aussi transparente mais visiblement, c'est raté. Adam se penche vers mon oreille et me murmure:

— Moi aussi, je sais repérer une femme amoureuse. 

Le beau blond s'éloigne en me lançant un dernier clin d'œil avant de se lever en frappant sur le bar.

— Merci pour la bière, Miss. Faut qu'on fête la signature du contrat. On se tient au courant. 

Sur ce, Adam me laisse dans mon jus avec pour seules réponses, plus de questions. Adam est dans un délire total. Je ne peux pas être amoureuse ! Pas aussi vite !

Même si Colin me plaît beaucoup, mon cœur appartiendra toujours à Jeff. Je ne peux en aimer un autre. 

Refusant d'être la source de conflit d'un couple, je décide d'envoyer un texto a Colin: "J'espère que j'ai pas foutu la merde entre ta copine et toi. S"

La porte du bar s'ouvre sur Charlie. Il est temps de me lancer. Je n'ai plus le choix, il faut que je lui demande de l'argent. Prenant mon courage à deux mains, je me dirige vers lui en lui amenant sa boisson habituelle. Après m'avoir saluée, mon boss me demande comment s'est déroulé la signature de contrat. Je lui résume dans les grandes lignes.

— Je suis tellement fier de toi Sandy, me dit Charlie avec le sourire. Je te souhaite vraiment que ça marche. Tu le mérites. 

Un sentiment déchirant de culpabilité se déchaîne en moi. Non Charlie, je ne le mérite pas. Non Charlie, je ne suis pas la personne que tu crois. 

Je pousse un long soupir avant de me lancer:

— Charlie, je te connais maintenant depuis un an et demi. Tu sais que je suis sérieuse et très consciencieuse dans mon travail. 

— En effet, et je suis bien embêté maintenant que je me retrouve dans l'obligation de te trouver une remplaçante !

— Une remplaçante ? Tu veux me virer ?

Charlie explose de rire devant mon air paniqué.

— Tu crois vraiment que tu vas continuer à travailler dans ce bar après être devenue une célèbre rockeuse ?

— Tu m'as fait peur ! Mais je reste quand même ici pour un bon bout de temps. Tu vas devoir me supporter encore un moment. 

Charlie me regarde, les yeux embués avant de prendre mon visage en coupe.

— Tu n'imagines pas à quel point je suis heureux pour toi. Quand je t'ai aperçu dans cette rue, errant toute seule avec tes vêtements déchirés, je me suis dit que j'allais faire tout mon possible pour rendre ta vie meilleure. Et voilà, on y est. Tu es à la croisée des chemins entre ton passé et ton avenir. Une vie pleine de gloire t'attend. Tu as le talent requis pour réussir. Oublie tout ce que tu as traversé, oublie tout ce qui te chagrine, et surtout, oublie celle que tu étais. Concentre-toi sur celle que tu veux être.

Un flot de larmes coule sur mes joues. Charlie s'empresse de les effacer de ses pouces tout en me souriant. Un flot d'amour m'enveloppe. Je n'ai jamais su ce qu'était l'amour paternel, mais il ne peut être plus puissant que ce que je ressens pour cet homme en ce moment. Un père est obligé de prendre soin de ses enfants. Charlie ne l'était pas. Il m'a recueillie, soignée, reconstruite, de son plein gré. Sans jamais rien demander en retour. Et voilà qu'aujourd'hui, il me donne sa bénédiction pour que je prenne mon envol. 

J'ai honte... tellement honte. Comment lui demander de l'argent après ça ? J'aimerais tellement faire ce qu'il me dit et aller de l'avant, mais tant que Rob est à mes trousses, je ne pourrais être délivrée de mon passé.

— Charlie, je dois te demander quelque chose.

— Bien sûr ! Dis-moi de quoi tu as besoin.

— Est-ce que je pourrais toucher mon prochain salaire en avance ?

Ma demande semble surprendre mon patron qui écarquille les yeux.

— Tu es en manque d'argent ?

— Oui. C'est assez urgent.

— Je peux t'en prêter, Sandy. Tu as besoin de combien ?

— Non Charlie, s'il-te-plaît, je ne veux devoir de l'argent à personne. Je préfère avoir mon salaire en avance. De toute façon je toucherais beaucoup d'argent quand l'album sortira. Je n'aurais besoin de rien. 

— En plus d'un an, tu ne m'as jamais demandé une avance sur ton salaire. Qu'est-ce qui a changé ? Tu n'as pas d'ennuis au moins ?

Encore et toujours cette bienveillance de la part de Charlie qui me tue ... Cet homme m'a sortie de la rue. Il ne mérite pas que je lui mente. Mais je n'ai pas le choix. Je préfère lui mentir plutôt que de lire la déception dans ses prunelles.

— Je ... j'ai oublié mes clés chez moi donc j'ai du faire intervenir un serrurier. Je n'ai pas de quoi le payer donc ...

— Il me semble que l'on a souscrit à une assurance quand on a loué le studio. Attends, je vais les appeler pour voir ce que je peux faire. 

Charlie sort son portable pour appeler l'assurance. Paniquée, j'empêche son geste en lui disant que je les ai déjà appelé mais qu'ils ne remboursent que les accidents causés par un tiers. Charlie me lance un regard soupçonneux avant de hocher doucement la tête et acquiescer.

J'ai eu chaud. 



A suivre ...

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