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11. Délivre-moi


Sandy

Aujourd'hui, nous commençons enfin l'enregistrement de l'album. Je n'ai plus parlé à Colin depuis que je l'ai abandonné, blasé et en érection sur le canapé de son appartement. Le connaissant, je ne pense pas que ce petit incident passera à la trappe. Colin est un séducteur avant tout et je pense avoir heurté son ego de mâle alpha en réagissant de la sorte.

Nerveuse, je me dirige vers la maison de production où se déroulera la première journée d'enregistrement. Arrivée à l'accueil, l'hôtesse me dirige vers le studio numéro douze. Colin, Adam et Doris sont déjà sur place. Je les salue timidement, évitant soigneusement de croiser le regard de Colin, tâche qui n'est pas difficile à exécuter puisqu'il se contente de m'ignorer avec superbe, comme si je n'existais pas. 

Doris ne cache pas sa joie et affiche un sourire béat, le plus beau que je lui ai vu jusqu'à aujourd'hui. Le producteur arrive en compagnie de l'équipe technique et de l'ingénieur son. Nous nous mettons en place une fois que toutes les explications sur le déroulement de l'enregistrement nous ont été fournies.

Nous attaquons l'enregistrement pendant une bonne partie de la matinée. Les premières tentatives ont été désastreuses. Même Colin que je n'ai jamais vu commettre de fausse note semble avoir perdu ses moyens sous l'effet du stress et de la nervosité. A travers la vitre séparant le studio de la régie, j'observe Baker, rouge de colère, en train de gesticuler pour nous faire signe d'arrêter.

— Stop ! Stop ! Spencer ! Qu'est-ce que c'est qu'ce cirque ? Qu'est-ce qui vous arrive bon sang ?!

— Désolé, boss, soupire un Colin exaspéré. J'pense qu'on a besoin d'une pause.

— Vous avez quinze minutes pas plus ! Grouillez-vous !

L'air grognon, Baker sort de la régie en pestant contre notre incompétence. Adam souffle bruyamment en ramenant ses cheveux blonds en arrière pendant que Colin s'installe sur l'une des caisses d'amplification sonore, le visage fermé.

— On est pas assez concentré, les gars ! Oubliez le studio, oubliez c'casse-couilles de Baker et concentrez-vous sur c'qu'on sait faire de mieux : jouer d'la musique. Rappelez-vous qu'on fait ça surtout pour le plaisir, pour nous avant tout. On va y arriver ! On est les Nightmareden !

— Ne t'en fais pas Colin, on va réussir, lui assuré-je dans un sourire.

Colin me jette un regard assassin qui me glace le sang, il semble vouloir m'étriper sur place. Sans un mot, il se retourne. Un poids lourd vient de se loger dans ma cage thoracique, m'empêchant de respirer convenablement. Si je doutais encore, je viens d'en avoir la confirmation : Colin m'en veut. 

Je préfère ne pas m'attarder sur la question et me concentrer sur ma musique. Doris, elle, est aux anges. Son sourire ne quitte pas son joli visage et ses joues sont rosies. En roulant les hanches, elle vient s'installer aux côtés de Colin et lui chuchote quelques mots à l'oreille avant de glousser comme une dinde en chaleur. Une colère sourde commence à monter en moi. Je me renfrogne et pianote quelques notes sur mon clavier histoire de faire passer le temps. Adam remarque ma nervosité et vient s'installer à mes côtés.

— ça va pas, Sandy ?

— Si, si...

— Arrête je le vois bien que tu es préoccupée. C'est à cause de l'enregistrement ?

— J'ai peur de ne pas y arriver... De ne pas être à la hauteur.

— Mais si, tu vas y arriver. Tu crois que si t'étais pas à la hauteur, Colin aurait accepté de t'intégrer au groupe ? Colin est un perfectionniste. Il s'est même pris la tête avec Doris pour toi. T'inquiètes pas pour ça. Et puis, on a tous merdé tout à l'heure. C'est normal, c'est le début, ça va s'arranger au fur et à mesure.

— Je l'espère. Merci Adam.

— Je vais me chercher un soda au distributeur. Tu m'accompagnes ?

Je jette un coup d'œil rapide vers Colin et croise son regard de glace. Il nous observait. 

Doris, quant à elle, a perdu son sourire et ses couleurs. Je me demande ce qu'ils se sont dit. 

Après avoir soutenu mon regard pendant quelques interminables secondes, Colin détourne rapidement la tête et se concentre sur Doris. Il m'agace à réagir de cette façon. Même si je l'ai blessé, il n'a pas cherché à comprendre pourquoi j'ai réagi de la sorte. Son indifférence et sa froideur ne permettront pas d'arranger les choses, bien au contraire. 

J'accepte la proposition d'Adam et le suis vers le distributeur. Une fois à l'extérieur de cette pièce étouffante, je respire mieux et m'empresse d'ouvrir la canette de soda que me tend Adam avant d'avaler le liquide froid et sucré sous ses yeux amusés.

— Alors, qu'est-ce qui se trame encore entre Colin et toi ?

La question d'Adam me surprend tellement que j'avale ma boisson de travers. Un cirque de toussotements affolés débute et le grand blond me frappe doucement sur le dos en réprimant lamentablement un fou rire. Lorsque je me calme enfin, je lui donne une tape amicale au torse avant de lui répondre :

— Je ne vois pas de quoi tu parles !

— Dit-elle en manquant de s'étouffer avec son coca !

Adam s'esclaffe de plus belle devant sa blague pourrie pendant que je bois ma boisson avec une vitesse anormale pour éviter de poursuivre cette conversation. Malheureusement pour moi, mon interlocuteur est obstiné.

— Écoute, je sais pas ce qu'il y a entre vous deux mais on sent bien qu'il y a un truc. Vous vous plaisez mutuellement, ça crève les yeux. Vous vous cherchez, vous vous faites la tête. C'est trognon sérieux ! Jamais de ma vie je ne pensais voir Colin comme ça ! 

— Tu te fais des films dans ta tête. Ma relation avec Colin est purement professionnelle.

— Ouais, c'est ça. J'ai bien vu les éclairs dans tes yeux quand tu regardais Colin et Doris discuter ensemble. Et j'avais l'impression qu'il allait me fumer la tête quand je me suis installé à tes côtés y a à peine deux minutes. Donc non, tu peux pas me berner Sand'. Je suis plus futé que j'en ai l'air !

— Adam, c'est vraiment sympa de ta part de jouer les copilotes pour ton copain mais je n'ai pas envie d'être en couple pour l'instant. Pour le moment, y a rien de sérieux entre nous, on flirte de temps en temps, mais ça ne va pas plus loin.

Adam n'est visiblement pas convaincu mais n'a pas le temps de surenchérir puisque le temps de notre pause est écoulé. 

Nous nous remettons en position et Colin demande à jouer Anything but Everything. Cette chanson nécessite ma participation au chant avec le piano. Lorsque le tempo est lancé, la voix de Colin, encore plus grave que d'habitude s'élance au même instant que sa guitare électrique.


You say you feel like you're always alone / Tu dis que tu te toujours seule

Yea you love to pretend but you've never been one / Oui, tu aimes prétendre mais tu n'as jamais été quelqu'un

To let others inside your home / qui laissait les autres entrer.


Son regard est scotché sur moi, comme si les paroles qu'il chantait s'adressaient à moi. Je vois la colère dans ses prunelles, je vois la nervosité sur son visage et je ressens sa frustration dans le ton de sa voix. Clairement, il m'en veut et il vide son ressentiment contre moi à travers sa chanson.

Une veine tapisse son front alors qu'il semble cracher ces paroles qui font plus que jamais écho en moi.


We all have our reasons / On a tous nos raisons

But you can't be feeling / Mais tu ne peux pas continuer à sentir

Like you're better off on your own / Que tu t'en sors mieux toute seule


Indirectement, c'est comme s'il me blâmait pour la réaction que j'ai eue chez lui. Une réaction de fuite, de panique, à un moment de faiblesse.


Cause you and I both know / Parce que toi et moi, on le sait

We've traveled down this road / On a parcouru ce chemin

So many times before / Plusieurs fois auparavant

And we always end up back where we started / Et on finissait toujours par revenir à la case départ


Incapable de détacher mon regard du sien, j'accepte sa colère, et je suis prête à riposter, mêlant ma voix à la sienne. 

Broken down and broken hearted / Détraqués et le cœur brisé 

Au contraire du sien, mon chat n'est pas imbibé de rage. Il est doux, presque désolé. Alors qu'il me crache ses ressentiments à la figure, moi, je le rassure. 

Nos voix s'unissent, donnant naissance à un léger rictus sur les lèvres de Colin. Je souris de même malgré moi. Nous réglons nos comptes en musique, en plein enregistrement. Le monde en régie a disparu, Adam et Doris se sont évaporés, il n'y a plus que lui et moi dans ce petit espace. Alors que les battements de la batterie marquent un léger temps de pause, je continue de chanter.

So where do we go from here / Alors où allons-nous à partir de là ?

— Cause I can't make it all just disappear / Car je ne peux pas tout faire disparaître

— I've tried to be whatever you wanted / J'ai tenté d'être tout ce que tu voulais

But we can't confront it / Mais nous ne pouvons pas le confronter 


A nouveau, nos voix se mélangent, se combattent, se marient. 


— Cause we don't know where to begin / Car nous ne savons pas par où commencer

And we fall back on hard times / Et nous retombons sur des moments difficiles

Both lose our minds / Nous perdons la tête tous les deux

Scream and yell again / Nous crions et hurlons de nouveau

We wake up in the morning / Nous nous réveillons le matin

We try to move on / Essayant de passer à autre chose

But the cycle starts again / Mais le cycle recommence

L'effet de cet échange est immédiat. Colin semble s'être apaisé, délivré de sa frustration envers moi. Nous ne commettons aucune fausse note et le producteur est aux anges. Moi, j'ai le souffle coupé, les joues sans doute écarlates vu la chaleur qui me gagne, et par dessus tout, je frôle la tachycardie tant les battements de mon cœur sont accélérés. 

Malgré l'épuisement, je suis plutôt satisfaite. Colin a ce pouvoir pour me pousser dans mes retranchements.

En fin d'après-midi, l'enregistrement des trois premières chansons est terminé. Cela prend beaucoup plus de temps que je le croyais. Plusieurs prises ont été nécessaires et parfois nous avons dû enregistrer différentes tonalités de voix qui seront retravaillées au montage. 

Épuisés mais satisfaits du travail accompli, nous sortons du studio. Adam propose à Doris de la raccompagner chez elle, nous laissant seuls Colin et moi. Sans me lancer le moindre regard, le grand ténébreux est prêt à monter dans sa citadine lorsque je l'interpelle. Il faut casser la glace !

— Colin, attends !

Toujours sans piper mot, Colin lève ses iris durs et glacés vers moi et m'interroge du regard. Il n'est visiblement pas remis de sa colère contre moi, mais attend quand même patiemment de voir ce que je compte lui dire. 

— Je ... j'ai terminé la chanson, lui lâché-je d'une voix peu assurée.

Une lueur étrange et inexplicable passe dans les yeux de Colin.

— Si tu as le temps, poursuis-je en gagnant de l'assurance, j'aimerais te la faire écouter.

— Monte. 

Sans un mot de plus, il grimpe dans la voiture et attend patiemment que je l'imite avant de démarrer furtivement. L'air est électrique entre nous et un silence pesant règne dans l'habitacle.

— Colin, je crois qu'il faut qu'on parle de ce qui s'est passé entre nous la dernière fois.

— Laisse tomber, Sandy. Ça sert à rien d'en parler. La prochaine fois évite juste de m'chauffer si tu veux t'casser juste après ! 

Un puissant coup de frein me projette vers l'avant. Colin lâche un juron et klaxonne violemment en insultant le chauffard devant nous. On a frôlé l'accident. Je soupire, prenant conscience que ce n'est pas le moment de discuter. 

Contrairement à son habitude, la conduite de Colin est nerveuse et les limitations de vitesse non respectée. Je m'accroche à mon siège en silence, attendant patiemment notre arrivée à l'appartement. Une fois chez Colin, je me débarrasse de mon perfecto en cuir et croise les bras.

— J'ai rien anticipé moi, tu sais. Je t'ai pas chauffé, ça s'est fait tout seul et tu le sais très bien !Je... J'en avais envie moi aussi mais... C'est compliqué. 

Colin s'approche de moi, tel un félin affamé, en me scrutant de son regard dur. Il me bloque contre le mur, me longe de toute sa hauteur, et se saisit de mes poignets qu'il colle au mur au-dessus de ma tête. 

Mon cœur s'affole comme à chaque fois qu'une telle proximité nous unit. Ses mouvements sont brutaux, presque violents. Il semble se retenir pour ne pas se ruer sur moi. Cette attitude sauvageonne réveille en moi un puissant tourbillon de désir bestial que je n'avais jamais ressenti auparavant. 

Je retiens mon souffle, captive à la fois de son corps et de son regard.

— Tu voulais pas m'chauffer hein, grogne-t-il, la mâchoire serrée ? Qu'est-ce que tu voulais alors ? J'le vois bien que j'te plais ! J'le vois dans tes yeux. Tes yeux sont l'miroir de ton âme, chaton, tu peux rien m'cacher. Alors dis-moi, pourquoi tu m'résistes ?

Mon cœur s'affole à mesure qu'il s'approche de moi. Ses lèvres sont à quelques millimètres des miennes et nos souffles chauds s'entremêlent. Colin ne cesse de souffler le chaud et froid avec moi, guettant chacune de mes réactions. Il joue avec moi comme un fauve sauvage joue avec sa proie avant de la dévorer. 

Dans un murmure presque implorant, je lance à mon tortionnaire :

— Colin, s'il-te-plait ...

— Jusqu'à quand tu comptes t'laisser enfermée dans ton passé, Sandy ?

— Quoi ... je ...

— Réveille-toi ! T'es en train de foutre ta vie en l'air ! Tu t'bloques dans un souvenir ! Ton ex est parti, il reviendra plus ! Ouais, tu l'aimais, tu voulais construire quelqu'chose avec lui. Mais c'était pas destiné. Regarde les autres opportunités qui s'ouvrent à toi. Efface cette tristesse dans tes yeux ! Il s'rait temps qu'tu passes à autre chose... Il s'rait temps qu'tu vives.

Je suis hypnotisée par cet homme qui me domine par sa hauteur en me hurlant dessus. Des paroles dures mais non dénuées de vérité. Un coup de pied au cul, comme pour me secouer.

J'avale ses paroles et ses mots qui résonnent en moi tel un écho en pleine montagne. 

Il reviendra plus, il s'rait temps qu'tu vives

Une larme silencieuse glisse le long de ma joue, sans que je ne puisse détacher mon regard de celui de Colin. Je me noie dans ses prunelles opalines qui me scrutent à distance. Quand il m'observe de la sorte, je me sens nue, soumise, offerte comme un livre ouvert. Je ne peux rien lui cacher. 

Il sait. 

Il sait qu'il me plait... Il sait l'ascendant qu'il a sur moi... Il sait qu'il lui suffit de m'embrasser pour que je lui succombe. 

Pourquoi tu m'résistes. 

Si tu savais à quel point j'avais envie de te sentir contre moi ... 

Comme pour me rassurer, il se met à caresser ma joue et sa voix se transforme soudain en un murmure tendre et doux :

— Ça m'tue de t'voir si vivante, si pétillante et pourtant si triste... si mélancolique.

Ces dernière paroles m'achèvent et me fournissent le courage qu'il me fallait pour embarquer dans une chute libre préméditée. 

— Descendons... je veux jouer.



Colin

Je fais signe à Sandy d'avancer vers le sous-sol. Elle s'exécute sans un regard vers moi. Elle a l'air déterminé. J'ai hâte de voir ce qu'elle a préparé. 

Installée devant son piano, elle prend une profonde inspiration avant de commencer à jouer. Je prend place en face d'elle, et l'observe. Ses yeux sont fermés et elle est pleinement concentrée sur sa musique.

Un air mélancolique emplit la pièce, mais très vite, je n'entends plus que sa voix :

Je vais errer jusqu'à la fin des temps, arrachée de toi ... Je me suis éloignée pour face à ma peine ... Je ferme les yeux et me laisse aller, de peur de ne jamais trouver un moyen de guérir mon âme ... Et je vais errer jusqu'à la fin des temps, arrachée de toi ... Mon cœur est brisé ... Dors bien, mon ange noir ... Délivre-moi de l'emprise du chagrin et de mon cœur dur ...

Elle a l'air si triste, si fragile, comme une poupée en porcelaine qu'un simple mauvais pas peut briser. Je suis incapable de détacher mon regard d'elle. 

Elle semble ailleurs, elle est avec lui, dans les limbes, refusant de le laisser s'en aller. Comme la dernière fois où je l'ai entendue chanter ces paroles, une pointe de jalousie que je ne peux expliquer se forme en moi. 

Elle l'aime encore... je crois même qu'elle l'aimera toujours. Comment rivaliser avec un amour aussi puissant ?

Je ne peux pas continuer à vivre ainsi ... Mais je ne peux pas revenir de là où je viens ... Enchaînée à cette l'idée que je ne trouverais jamais le moyen de guérir mon âme ... Et je vais errer jusqu'à la fin des temps ... A moitié vivante sans toi...

J'esquisse un sourire de contentement. Enfin ! 

Elle a décidé de se battre, de se prendre en main. Alors qu'elle monte dans les fortes tonalités, sa voix cassée par la souffrance gagne en assurance et en détermination. Le contraste entre les paroles du premier et le second couplet est frappant. 

Mon cœur tambourine dans ma poitrine tellement la chanson est magnifique, et celle qui la chante l'est encore plus. Par les émotions de ses mots et la puissance de sa voix, cette femme affole tous mes sens. Alors qu'elle hurle sa douleur dans un deuxième refrain, je sens la chair de poule me gagner. J'ai envie de la prendre dans mes bras, de lui dire qu'elle est forte et qu'elle va surmonter sa peine, que je suis là pour l'aider.

 J'étais dans le déni pendant si longtemps ... oh si longtemps ... il est temps de dire adieux ... ADIEUUUUUUX !!!!

Je ne peux m'empêcher de sourire. Elle le laisse enfin partir. Dans un dernier cri de détresse, elle hurle sa souffrance haut et fort, comme pour s'en débarrasser à tout jamais. Le dernier pont redescend en puissance. On n'entend plus que les notes aiguës du piano. Elle relève les yeux vers moi et sa voix se transforme en un murmure:

Mon cœur est brisé... Délivre-moi, je ne peux plus tenir toute seule... Délivre-moi... Mon cœur est brisé, dors bien mon ange noir... Délivre-moi de l'emprise du chagrin 

La chanson se termine. Le dernier vers était intense. Nos regards comme aimantés, Sandy me demande de la délivrer de sa tourmente. Cette femme brisée, déchiquetée, c'est à moi que revient la tâche de la ramener à la vie. 

Lorsqu'elle baisse enfin ses yeux, elle se met à trembler sur sa chaise. Tout son corps est secoué de spasmes incontrôlables et elle fond en larmes. J'accoure vers elle pour la prendre dans mes bras. Ça ne doit pas être évident pour elle d'avoir achevé d'écrire cette chanson qu'elle a créée pour lui, et encore moins la chanter devant quelqu'un. 

Elle enfouit sa tête dans mon cou et se laisse allée à la chaleur de mon étreinte. Ça me brise le cœur de la voir aussi torturée, mais je sais très bien ce qu'elle ressent. Nous avons tous les deux notre part de noirceurs, enfouie au milieu de nos ténèbres profondes. Mais alors que mes paroles à moi sont emplies de colère, de rancune, de haine, les siennes baignent de toutes ces choses que les gens aiment. D'amour, d'espoir, de vie.

Mes mains caressent ses cheveux bruns aux mèches de feu. Si seulement je pouvais prendre toute sa douleur à sa place.

— Hey, du calme, chaton. C'était super. Tu peux être fière de toi. 

Sandy relève ses yeux embués vers moi. Ses joues sont rosies par l'émotion et l'envie de l'embrasser se fait plus pressante. 

Bon sang, qu'est-ce qui m'arrive. Et puis merde alors, si j'ai envie de l'embrasser qu'est-ce qui m'en empêche ? 

D'une tendresse que je ne me connaissais pas, j'accroche mes lèvres aux siennes. Elle me rend mon baiser en pleurant de plus belle, comme si elle se sentait coupable d'échanger ce moment intime avec moi. Je la rassure en enroulant mes bras autours de sa taille et l'obligeant à s'installer sur mes genoux pendant que nos langues s'entremêlent et se goûtent. 

On dit qu'on peut aspirer une âme en embrassant. Tout ce que j'aimerais aspirer pour l'instant, c'est sa douleur, ses tourments, ses souffrances. 

Lorsque ses sanglots cessent enfin, notre baiser prend une nouvelle ampleur et se fait plus sensuel, plus langoureux pendant que ses mains se baladent sur mes épaules et mes biceps. Sans cesser de m'embrasser passionnément, elle émet un léger gémissement entre mes lèvres, ce qui a le don de me rendre dingue. Moi, le rockeur aux milles conquêtes, affolé par un gémissement au cours d'un baiser ! 

Mon membre se gorge de sang et j'ai soudain envie de plus... J'ai envie de goûter sa peau hâlée, de sentir la chaleur de sa féminité, j'ai envie de la posséder toute entière... Mais je ne peux pas me permettre de précipiter les choses. C'est beaucoup trop tôt, elle n'est pas encore prête. Elle est encore fragile et je sais que pour la conquérir, je dois prendre mon temps.

Je mets difficilement fin à notre baiser tout en gardant mes mains sur sa taille. Elle pose son front contre le mien sans ouvrir ses yeux comme pour s'imprégner de ce moment. Tous mes sens sont en ébullition et je me sens aussi bouleversé qu'elle. Mon cœur bat à folle allure ... putain, je suis mordu de cette fille !

— Ta chanson est super, Sandy. Elle est vraie, sans mensonges ni artifices. L'évolution entre le premier couplet et l'reste est palpable. Ça prouve que t'es sur la bonne voie. T'as passé la première étape de guérison, chaton, l'étape la plus dure. T'as accepté d'le laisser partir.

— Quand je t'ai quitté l'autre jour je me suis rendue compte à quel point je m'empêchais de vivre. J'ai le droit d'être heureuse, merde ! Oui j'ai aimé Jeff de la manière la plus pure qui soit. Mais je ne peux pas continuer à m'enterrer dans son souvenir. Je dois vivre... je veux vivre... j'espère que c'est pas trop tard.

— C'est jamais trop tard, chaton.

Sandy rit et plonge ses yeux dans les miens. Nos fronts ne se sont toujours pas décollés. Nous nous ressemblons tellement. J'observe cette lueur d'espoir briller dans ses yeux en me regardant. Elle s'accroche à moi. Elle ne se rend pas compte d'à quel point elle est transparente. J'arrive à lire dans son âme comme dans un livre. Elle a fait tomber toutes ses barrières avec moi, même si je sais qu'elle ne me dit pas tout. 

— Tu s'rais d'accord pour qu'on intègre cette chanson à l'album ? 

— C'est ce qui étais prévu non ? 

— T'as mis beaucoup d'sentiments dedans... j'comprendrais si tu veux pas... 

— Non Colin, je veux la chanter. Je veux que tu la chantes avec moi.



A suivre... 

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