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1. Sandy Mitchell

Un nouveau concert des Nightmareden est prévu ce soir dans l'un des bars les plus connus de Manhattan, le Blue Train. Les fans du groupe sont enflammés. Ils n'attendent qu'une chose, l'apparition de leurs idoles sur scène. Les musiciens se laissent désirer, accroissant l'excitation du public. Les groupies en furie crient les noms du chanteur pour la plupart, du batteur pour les autres. Les hommes présents sont surtout venus choper des proies faciles à mettre dans leurs lits. Je suis de mauvaise langue, bien entendu, tous les hommes ne sont pas comme ça, mais je n'ai pas toujours eu le meilleur exemple en terme de gent masculine. L'ambiance Rock'N'Roll plonge la salle dans une ambiance de transe contrôlée. 

Comme toute soirée de concert, je suis débordée.

Je suis la barmaid de ce bar branché, donc en gros, la seule personne à ne pas s'amuser ce soir. Je me console en me disant que j'aurais au moins de la bonne musique en fond sonore. En attendant l'arrivée du groupe, le son fétiche du bar passe en boucle. Il s'agit du vieux "Gone Train Blues" de Freeky Cleen Dickey F, un mix entre tonalités rock, country et blues. Pas mal du tout pour une musique, mais quand on l'écoute pendant des heures tous les soirs de la semaine, on finit par s'en lasser. Je me dandine sur les sonorités de la guitare électrique tout en concoctant avec amour les meilleurs cocktails du quartier. Je suis connue pour ça. Du haut de mes vingt-cinq ans, j'ai su me forger une réputation dans le domaine. Mon nom est Sandy Mitchell. J'ai une coupe de cheveux carrée, d'un brun profond paré de mèches rouges sang.

J'aperçois Luke, l'un de mes habitués qui s'approche du bar. Un grand blond aux yeux verts. Son corps musclé et robuste témoigne des nombreuses années de pratique intensives de rugby pendant le lycée et l'université. Le Blue Train est devenu son repère et moi, sa confidente. 

Une barmaid se doit de jouer plusieurs rôles devant ses clients. Non seulement je leur sers à boire, mais je suis aussi leur échappatoire, leur psy, une inconnue qui écoute patiemment leurs problèmes et tente de les apaiser. J'aime beaucoup ce contact affectif. Cela me permet de m'échapper de mes propres problèmes.

Luke s'accoude au bois du bar et me fait son plus beau sourire.

— Salut la miss, y a du monde ce soir !

— Comme tous les soirs de concert. Les Nightmareden sont de la partie.

— Oh, c'est pour ça que t'as le sourire jusqu'aux oreilles ? C'est l'idée de rencontrer le beau chanteur du groupe qui te met dans un état pareil ?

— Oh oui, minaudé-je en prenant une voix de pimbêche. Je suis une groupie en chaleur et je rêve d'être la conquête nocturne du rockeur qui oubliera mon nom demain matin ! 

— Enfin des aveux ! T'en as mis du temps. 

Je lève les yeux au ciel, non sans me départir de mon sourire habituel.  

— Arrête de délirer et dis-moi plutôt, qu'est-ce que je te serre ?

— Une bière.

— Pfff, petit joueur va !

Luke ricane pendant que je lui ouvre sa bouteille de bière. Il s'en saisit rapidement avant de scruter de l'œil le terrain de jeu qui s'offre à lui.

— Alors est ce qu'on va pécho ce soir ?

— Tu as l'embarras du choix. Entre les étudiantes qui veulent échapper à la pression des cours et les jeunes travailleuses qui ne pensent qu'à décompresser après le boulot...

— Et la barmaid ultra sexy ? s'enquit-il avec une mine joueuse.

— Elle n'est pas intéressée.

Outch ça fait mal ! Tu sais vraiment prendre des pincettes toi !

— Tu préfères que je te berce d'illusions ?

— Je préfère que tu te laisses un peu aller aux plaisirs de la vie et que tu sortes de ce cocon que tu t'es forgée autours de ta personne.

— Tu ne connais pas mon passé, Luke.

— S'enfermer dans le passé, ne pas prendre de l'avant, c'est le meilleur moyen de se tuer à petit feu. Physiquement, tu es vivante mais ton âme, elle ne l'est pas.

Mon cœur se serre dans ma poitrine. Sans le savoir, Luke vient de mettre des mots sur mon état d'esprit. En fait, je suis à demi-morte de l'intérieur. Depuis cette fameuse nuit où j'ai tout perdu... depuis cette nuit où je l'ai perdu... mon âme est partie avec, de l'autre côté, alors que mon cœur, lui, reste enfermé dans un état végétatif second. 

Ma vie se résume à mon job dans ce bar. Je travaille de nuit, je dors la journée. Je ne sors pas, je n'ai pas d'amis. Je vis dans une boucle routinière perpétuelle, attendant patiemment de le rejoindre. La salle plonge subitement dans la pénombre pendant quelques instants, signe que le concert va bientôt débuter. Les fans hystériques scandent le nom du groupe puis amorcent une transe hypnotique lorsque les premières notes de musique se font entendre. Les projecteurs éclairent la scène alors que j'allume des petites lumières tamisées par-dessus le bar, histoire d'avoir une visibilité sur ce que je fais.

Les Nightmareden sont un groupe de trois personnes. Le batteur a plus un look de champion de surf qu'autre chose. Ses cheveux blonds tombent devant ses yeux verts, le poussant à les dégager d'un mouvement de tête pendant qu'il frappe fort sur sa batterie, armé de ses précieuses baguettes. La bassiste, une charmante brune au look funky, avec sa coupe asymétrique dont les mèches sont ombrées d'une couleur verte aux pointes, et ses tatouages et piercing dispatchés sur tout son corps, elle a l'allure d'un garçon manqué. Elle lance des petits regards discrets vers le chanteur et guitariste. En même temps, je la comprends, il a la carrure d'un mannequin. Grand, athlétique, ses longs cheveux d'un noir de jais tombant sur ses épaules, il dégage un charme particulier. Un charme bestial et animal, un mélange de "je m'enfoutisme" et d'arrogance. Il porte une chemise bleu marine entrouverte, dévoilant le haut de ses pectoraux musclés. Son rictus témoigne d'un esprit taquin et insolent. Il se délecte des cris de ses groupies qui crient son nom à tout va. 

COLIN ! COLIN ! COLIN

L'une de ses nombreuses fans a même eu le culot de lui lancer son soutien-gorge dont il se saisit au vol avant de le mettre dans sa poche en lui lançant un clin d'œil. Pathétique ! Je soupire d'exaspération face au comportement du rockeur, répondant à tous les stéréotypes connus.

Les battements frénétiques de la batterie donnent enfin le tempo au guitariste et à la bassiste et les mélodies émanant de chacun des instruments fusent dans l'air dans une parfaite harmonie. Je me laisse aller à la musique, profitant de ce moment de répit éphémère pour savourer. 

Lorsque la voix du chanteur se fait entendre, des frissons me parcourent l'échine. Je suis très réceptive à la musique et ce, depuis mon plus jeune âge. La voix grave du rockeur associée aux paroles amères et rancunières de sa chanson me traversent l'âme, et me propulsent avec une violence soudaine vers ce passé dont j'essaie de me défaire depuis des années. Je frémis de colère et de ressentiment en me ressassant des souvenirs douloureux que j'aurais préféré garder enfouis au fond de moi. La chair de poule me gagne et mon cœur se fait douloureux au fond de mon thorax. 

Au moment où la tension atteint son paroxysme, la chanson change, suivie de fortes acclamations de la part du public. Le rythme est plus lent mais plus sensuel. Je sens mon humeur s'améliorer, comme si je venais de subir une thérapie. Le choix de cet ordre de passage me semble  judicieux. Après la colère, c'est la délivrance. Je contemple le chanteur qui colle sa bouche contre le microphone en murmurant des paroles crues et explicites. Je me surprends à imaginer cette bouche au contact de ma peau et de mes lèvres. Instinctivement, mon regard croise celui, hypnotique, du dénommé Colin. Ses iris me fixent sans retenue alors qu'il poursuit sa chanson. Je sens le rouge me monter aux joues pendant qu'une douce chaleur se répand le long de mon corps. 

Une voix bien moins caverneuse m'interpelle soudain et me sort de mon hypnose subite. Charlie, le manager et propriétaire du bar vient d'arriver et semble être de très bonne humeur. A contrecœur, je détourne les yeux du beau rockeur et salue mon supérieur. 

— Bonsoir, Sandy. Grosse pêche ce soir !

Charlie est un homme ventripotent d'une cinquantaine d'années. Des reflets argentés ornent sa chevelure et des rides commencent à se creuser sur sa peau blanche. Son allure chic et sobre témoigne de son niveau social assez aisé. De nature exigeante, aucun faux-pas n'est toléré dans son bar. J'ai beaucoup d'estime pour lui. C'est le seul qui a bien voulu de moi. Il faut dire qu'en sortant des centres de désintoxication, il est extrêmement compliqué de réussir à trouver un job. Charlie a cru en moi et m'a fait confiance. Je n'ai pas le droit de le décevoir.

— Oui, acquiescé-je en m'approchant de lui. Je pense que l'after-concert sera bien rentable.

— J'aurais dû demander à ce fainéant de Scott de venir t'aider. Tu es sure que tu peux tout gérer toute seule ?

— Ne t'inquiète pas, Charlie. Je vais m'en sortir haut la main, comme d'habitude !

J'aime être débordée et ne pas avoir une seule minute à moi. Cela m'empêche de penser et de ressasser des souvenirs douloureux. Le temps passe plus vite ainsi.

Le concert se termine vers une heure du matin. Certains clients quittent les lieux mais d'autres fusent vers le bar attendant la sortie des membres du groupe des coulisses afin de les acclamer et, pour certaines, de tenter une approche. J'aperçois, entre deux clients, les talentueux musiciens sortir de la porte arrière. Les fans agités se ruent sur leurs idoles pour obtenir un autographe ou un « selfie » pour les plus humbles, un numéro de téléphone pour les plus culottés.

Quelques instants plus tard, le batteur du groupe s'approche du bar afin de commander à boire à sa petite troupe. Je m'active à mélanger les différentes saveurs et décide de lancer la conversation.

— Hé, mais qui voilà, c'est la star de la soirée. 

Le batteur me sourit, dévoilant par la même occasion une dentition digne des meilleures pubs de dentifrice. Il transmet une aura chaleureuse et de la bonne humeur. J'imagine qu'il est le genre de personne avec qui on ne se prend pas la tête.

— Merci ! répond-il en haussant la voix pour couvrir la musique assourdissante qui tonne. Mais je préfère qu'on m'appelle par mon prénom, Adam.

—  Enchantée, Adam. Je suis Sandy.

— Sandy comme dans Grease ?

Je lève un sourcil interrogateur vers lui avant de rigoler de bon cœur. Je suis étonnée qu'un homme comme lui connaisse ce genre de comédies musicales. Quoique, qui ne connaît pas Grease ?!

— En effet, ma mère était fan de Grease. Du coup ...

— T'as hérité du titre. 

— Voilà. Marquée à vie... 

— Ça te va bien en tout cas ... Sandy.

Sa phrase est suivie d'un clin d'œil malicieux. Un vrai petit charmeur, je ne suis même pas étonné. Son statut de rockeur doit lui fournir assez d'occasion pour maîtriser l'art de la drague. Je ne suis pas dupe pour un sou. 

Je lui souris avant de lui tendre les boissons qu'il a commandées, puis l'observe se diriger vers la table spécialement réservée pour les membres du groupe. La bassiste ne s'est pas jointe à eux, elle a surement quitté le bar juste après le concert. Adam discute tranquillement avec un homme brun au look de motard, qui est d'ailleurs souvent avec eux les soirs de concert. Quant au mystérieux Colin, et bien il ne perd pas de temps. Une jeune blonde peroxydée au look de catin frivole est déjà bien assise sur ses genoux, ses mains nichées par dessous sa chemise. Elle a l'air aux anges alors que lui semble s'ennuyer. Rien d'étonnant après tout ; comme tous les rockeurs ténébreux, Colin a des groupies prêtes à tout pour se retrouver dans son lit. Je n'ose même pas imaginer le nombre de conquêtes qu'il affiche à son tableau de chasse. Luke me sort de ma rêverie en se plaquant devant moi, un sourire malicieux aux lèvres.

— Il te plait, avoue !

— Qui ça ?

— Celui que tu matte depuis tout à l'heure ! Le métalleux.

— Tu es sûr de n'avoir rien  bu à part la bière que je t'ai servi ? Je me disais que la bouteille de sky était bien trop peu remplie.

— Pff, arrête avec cette mauvaise foi. J'ai vu comment tu le dévorais du regard pendant le concert, et là tu ne le quittes plus des yeux. Je t'ai pris en flag', ne nie pas, beauté.

— Tu es tellement vieux jeu, des fois ! J'ai bien le droit de me rincer l'œil non ? Il n'est pas désagréable à regarder. Ça ne va pas plus loin. Je ne le connais pas de toute façon. Et vu sa façon de traiter les femmes, je n'ai pas envie de le connaître.

— Ouais, c'est ça, ouais. A d'autres ! Personne ne t'as jamais dit que tu étais piètre comédienne ?

Je hoche la tête, roule - encore - des yeux face à la bêtise de Luke, et décide de changer de sujet avant que ça ne dérape.

— Et toi, alors? Tu n'as pas trouvé chaussure à ton pied parmi toutes ces jeunes femmes ?

— Les petits poissons, tu les rejettes dans l'eau. Je rentre seul ce soir... à moins que tu ne changes d'avis.

Je lui fais un non silencieux de la tête, non sans lui sourire. Même si je ne le connais pas assez, Luke égaye mes soirées. Je ne veux pas risquer de le perdre en me lançant dans une relation amoureuse avec lui. Ou du moins sexuelle. D'ailleurs, j'ai tiré une croix sur les relations de ce genre. Je ne peux pas me permettre de reconstruire des liens avec un homme. Mon cœur est enterré aux côtés du sien. Il ne peut plus battre pour aucun autre.

Le bar se vide progressivement alors que la nuit commence à être bien avancée. Il est plus de trois heures du matin lorsque le dénommé Colin décide de partir en compagnie de sa pouffiasse. Il n'est pas difficile de deviner les activités auxquelles ils allaient se prêter. Avant de quitter le bar, il se retourne vers moi et non regards se croisent. Je détourne rapidement les yeux et fait mine d'être occupée à essuyer les verres propres, mais je me sais grillée : il m'a vu en train de le reluquer et son sourire en coin en dit long sur l'état de son ego que je viens de gonfler à bloc. Après m'avoir lancé un dernier regard transperçant, il se dirige vers le sas de sortie et disparaît de mon champ de vision. Des frissons agréables se répandent le long de ma peau. Je ne sais dire pourquoi il exerce sur moi un tel effet alors que je fuis ce genre d'homme comme la peste. Mes hormones sont en ébullition, et une douce contraction que je n'avais plus ressentie depuis un bon bout de temps s'exerce au niveau de mon entrejambe. D'une main, je m'empare d'une poignée de glaçon qui vient atterrir pile au niveau de mon cou. Voilà de quoi calmer mes ardeurs enflammées...

∞ 

Il est près de cinq heures du matin quand je quitte enfin le bar en direction de mon studio. Je prends le premier métro qui me dépose dans une rue proche de chez moi. J'ai l'habitude de ce rythme de vie. Comme tous les métiers dits "de nuit", mes journées sont inversées. Je me couche à l'heure du coq et me lève vers quinze heures de l'après-midi. Cela fait maintenant des années qui je suis ce rythme et je m'y suis acclimatée. Alors que le soleil commence à émerger dans le ciel, j'arrive devant mon immeuble. Deux molosses se tiennent devant mon bâtiment et leurs têtes ne m'inspirent pas confiance. Je les ignore et pénètre dans le building lorsque je me fais interpellée par une voix glaciale.

— Hey, mais qui voilà ! Mais c'est la petite Sandy !

Je reconnaîtrais cette voix parmi tant d'autres. Ce timbre aigu, cassé, acéré, m'a hanté durant des années. Je me revois rencontrer cet homme alors que je n'avais que quatorze ans. Je me souviens de sa voix qui, sans cesse, me murmurait : "tiens, essaye ça, ça va te faire du bien, tu te sentiras mieux après". 

Je serre les poings et me retourne pour faire face à ce démon de mon passé. Il n'a pas changé d'un poil. Il est toujours cet homme mince et de petite taille, mais qui est capable d'intimider n'importe qui par un seul de ses regards. Une barbe écailleuse se dessine sur son visage au teint sombre et hâlé. Des yeux d'un noir profond me sondent et un sourire malsain illumine son faciès. Je déglutis péniblement, mais cache au possible les émois dans lesquels sa présence ici me replonge.

— Qu'est-ce que tu fais là Rob ?

— Ça fait un moment que j'te cherche, petite. Tu t'es volatilisée comme par magie. J'pensais te retrouver à l'enterrement mais personne t'as vu là-bas. A croire que t'avais quelque chose à te reprocher ?

J'ignore sa remarque qui est pure provocation, malgré sa véracité. En effet, je n'ai pas assisté à l'enterrement de l'homme que j'aime. Je me sentais responsable. Nous nous étions disputés, j'ai quitté l'appartement en colère et lorsque je suis rentrée pour me faire pardonner, il était trop tard.

— Qu'est-ce que tu veux, Rob ?

— Tu t'es trouvée un nouveau dealer ?

— J'ai décroché et tu le sais. Je suis clean depuis plus d'un an.

— Ouais, c'est c'qu'ils disent tous. Ils finissent toujours par revenir voir tonton Rob.

— Pas moi. Qu'est-ce que tu me veux ?

— Tu t'souviens d'la dernière came de ton cher Jeff, tu sais celle qui... comment dire ça délicatement... celle qui l'a achevé ?

Je pince les lèvres d'agacement et serre les poings. Rob est sans équivoque en train de me jouer avec mes nerfs. Mais je ne lui donnerai pas le plaisir de me laisser avoir.

— Je m'en souviens comme si c'était hier. Et alors ?

— Ton cher et tendre m'a jamais payé ses dernières consommations...

Voyant où il veut en venir, je décide d'y aller sans passer par quatre chemins.

— Je vois. Combien ?

Rob ricane avant de se lécher les lèvres gercées. Un acte répugnant, mais qu'il commet à chaque fois qu'il s'apprête à gagner de l'argent.

— Si tu t'souviens bien, comme tu dis, c'était une grosse commande. Crack, cocaïne, héroïne. J'pense que c'est l'héroïne qui l'a achevé, pas vrai ?

Je perds patience alors que mon impitoyable interlocuteur semble se régaler de sa torture mentale. Je réitère ma question d'une voix sèche et froide qui ne me ressemble pas.

— Combien, Rob ?

Le sourire de l'infect Rob s'élargit montrant ses dents noircies par le manque d'hygiène et la fumée de l'herbe.

— 1600. Allez, 1500. J'te fais grâce des 100$ pour la mémoire de Jeff. T'as un mois pour me rembourser.

Une boule douloureuse s'insère dans mon abdomen et me coupe un instant toute respiration. Un bref éclair illumine les iris de mon interlocuteur. Non ! Il ne m'aura pas comme ça !

— Impossible ! rétorqué-je d'une voix ferme. Un mois, c'est trop court !

— Si tu reprends tes activités d'antan, tu pourrais amasser le double. J'peux t'aider, t'étais un très bon élément, Sandy. Excellent, même.

— Plutôt mourir que de remettre les pieds dans ce milieu !

Le rictus de Rob disparaît pour faire place à une grimace à faire froid dans le dos. Son regard est dur et meurtrier. Il s'approche de moi en me fixant de ses yeux noirs avant de frapper le mur derrière moi, ce qui m'arrache un sursaut de surprise. Prise au piège, je n'ose plus bouger. Il m'agrippe fermement le poignet et approche son visage du mien à une telle proximité que je peux sentir son haleine de chacal.

— Dans ce cas, t'as un mois, petite. 1500 dollars. Pas un jour de plus, pas un cent de moins ! Sinon... tu m'connais bien petite Sandy, tu sais de quoi j'suis capable.

Sur ce, il délaisse mon poignet et s'en va, me laissant terrorisée contre le mur du hall de mon immeuble. La respiration haletante, je tente de reprendre mes esprits et monte les escaliers en furie pour rejoindre mon studio. Une fois en sécurité chez moi, je me jette sur le lit et fond en larmes. Il faut que je trouve un moyen de rassembler la somme demandée assez rapidement. Sinon, je ne donnerai pas cher de ma peau.


A suivre ...

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