Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 51: La justice absolue

Personne ne nait héros ni vilain. Cette thèse était celle qui avait motivé Simon à enfiler passer le barreau. Il cherchait à comprendre les mécanismes sociaux et psychologiques qui poussaient un homme à choisir l'une ou l'autre voie. Toutefois, jamais il n'aurait cru devenir le sujet de sa propre expérience. Il se considérait comme un observateur. Il n'avait aucune prétention de faire régner la justice ni aucune raison de tourner vers le crime. Il n'était qu'un simple avocat, certes réputé dans le milieu, mais sa renommée s'arrêtait là. C'était le cas, jusqu'au jour où il avait décidé sur un coup de tête de défendre Bertrand Turing ainsi que sa création, l'AIntelects du nom d'Airi. Sans même le savoir, ce procès aux allures banales derrière sa médiatisation exceptionnelle allait changer sa vie à jamais. Mais pas de la manière qu'il imaginait.

C'était un soir ordinaire. Simon triait les dossiers de ses derniers clients. Depuis son rôle lors du procès de Bertrand Turing, il se voyait confier toutes les affaires de délits concernant la technologie. Mais, avec l'ascension de l'AVO au pouvoir, il n'était plus qu'un pantin, un épouvantail uniquement présent pour donner l'illusion que la justice existait toujours dans ce monde corrompu par le fanatisme et la haine. Normalement, l'avocat aurait dû se réjouir. Il avait sous la main toutes les clés pour comprendre comment des gens sans histoire pouvaient se transformer en monstres capables de dénoncer leurs voisins sans hésiter. Pourtant, la vie lui paraissait désormais fade, comme s'il réalisait qu'une fois son objectif atteint, il n'aurait plus aucun but.

Alors que l'homme au crâne dégarni s'apprêtait à rentrer chez lui pour retrouver sa femme et ses deux fils, il sentit une présence oppressante. Il avait l'impression que quelqu'un l'épiait dans l'ombre. En se retournant, il ne vit néanmoins personne.

Persuadé de devenir fou à force d'entendre des récits de traçage numérique et de dénonciations calomnieuses, il secoua la tête pour se sortir ces inquiétudes de son esprit. Au moment où il posa la main sur la poignée de la porte de son bureau, un grincement dans un coin de la pièce attira son attention. À nouveau, il fit volte-face et aperçut un petit assistant-domestique obsolète qu'il reconnut immédiatement. Simon sursauta, manquant de tomber à la renverse et de renverser tous ses papiers soigneusement rangés. Cette réaction arracha un rire moqueur à la machine.

— Bonjour, maître Weiler. Comment allez-vous depuis le temps ?

— Vous... Vous êtes John Titor ? bégaya l'avocat, livide. Comment êtes-vous entrés dans ici ?

— Cela n'a pas d'importance. Auriez-vous quelques minutes à m'accorder ? J'aimerais discuter de quelque chose d'important.

Simon pencha la tête sur le côté, déconcerté par cette visite aussi soudaine qu'imprévue. Après le procès d'Airi, John Titor avait profité du grabuge médiatique pour disparaître des radars, et plus personne ne l'avait vu au cours des huit mois qui avaient suivi. Certains en étaient venus à penser qu'il ne s'agissait là que d'une ruse de l'AIntelects pour semer la confusion.

— Je vais prendre ce silence pour un oui, puisque vous n'avez pas l'air pressé de partir, reprit Astro en se hissant sur la table de travail de l'avocat à l'aide de deux pinces qu'il s'était rajoutées. Premièrement, je voulais vous remercier à nouveau pour avoir eu le courage de défendre la gamine et mon abruti de gendre. De ce que j'ai compris, vous avez été le seul à accepter.

— Eh bien, tout le monde a le droit à une défense, même les plus grands criminels...

— Je sais. Mais vous, vous étiez vraiment impliqué dans cette affaire. Sinon, vous auriez lâché le morceau au moment où Airi est rentrée en scène. J'ai donc une question pour vous : que pensez-vous du monde actuel ? Avec la montée de l'AVO, et tout ça. En tant qu'avocat, est-ce que vous trouvez leurs lois justes ?

— Il n'y a pas de justice universelle, professeur, répondit Simon sans hésiter. Elle est propre à chaque société, évolue avec le temps et diffère de la morale des individus. Si vous voulez mon avis, je ne cautionne pas leurs actions ni leurs lois.

— Et par rapport aux AIntelects, qu'est-ce que vous pensez d'eux ?

— Rien en particulier. En tant que machine, je les trouvais très utiles au quotidien. Et, en tant qu'individus, si on en suit le raisonnement de feu ma cliente, ils sont fascinants. Puisqu'ils raisonnent de manière bien plus logique que nous qui sommes soumis à des émotions qui obscurcissent nos jugements, une société qui serait dirigée par l'un d'eux serait certainement un excellent sujet d'étude.

— Et si je vous disais que cette société va bientôt voir le jour ?

Simon fronça les sourcils sans comprendre.

— Est-ce que vous comptez renverser l'AVO, professeur ?

— Pas exactement. Je vais réactiver Airi très prochainement. Avec d'anciens amis, nous avons réussi à la localiser dans une décharge près de la capitale. Notre but est simple : sauver le plus d'AIntelects possible et les transporter en lieu sûr, loin du monde des hommes : en Antarctique pour y créer une société parallèle. Mais pour y arriver, nous avons besoin de soutiens, d'une résistance qui nous agirait dans l'ombre. Maître Weiler, je suis venu vous proposer de nous rejoindre pour nous aider à construire cette utopie.

Et Simon avait accepté. Sa curiosité maladive pour ces êtres de métal avait été plus forte que sa raison. Il avait entraîné sa famille avec lui dans cette aventure presque suicidaire. Avec Astro, il avait élaboré les premiers plans de ce qui allait devenir Chrysantia. Ensemble, ils avaient travaillé d'arrache-pied pour repérer et recruter les membres de Chryno, n'hésitant pas à infiltrer les réseaux d'opposition déjà existants. Ainsi, ils parvinrent à former une petite armée constituée de gens et d'AIntelects de tous horizons, du boulanger jusqu'au général militaire en passant par la star d'Hollywood. Tous étaient unis par ce même désir de vivre avec les AIntelects.

Jamais Simon n'avait regretté son choix. Ni pendant les nuits glaciales précédant la construction des murs, ni lors de ses missions périlleuses pour sauver des androïdes où il manquait de mourir, ni lorsqu'il devait gérer les tensions au sein de Chryno. Il n'était plus un simple avocat impuissant devant les jugements truqués de l'AVO. Il était un acteur d'une justice totalement nouvelle, indépendante des eusses et coutumes qui auraient pu la fausser. Une justice mise en place par la super-AIntelect du nom d'Airi.

En un sens, c'était un moyen pour lui de se racheter. Il aidait sa cliente qu'il avait, par son incompétence et par sa confiance aveugle en la loi, indirectement condamnée. De plus, il savait que Chrysantia était un lieu sûr pour ses enfants et sa femme. Contrairement au monde extérieur, ils ne risquaient pas de se faire exécuter sur un soupçon ou une dénonciation calomnieuse. Et cette protection qu'apportait le paradis blanc n'avait pas de prix.

Malgré lui, Simon Weiler était devenu un pilier d'une nation qu'il avait bâtie de ses propres mains. Il était l'un des pères fondateurs de Chrysantia, sans qui les AIntelects auraient été simplement éradiqués de la surface du globe. Mais il était également l'un des hommes les plus recherchés du gouvernement de l'AVO. Il était à la fois héros et vilain.

Après autant d'années à courir après une réponse à cette simple question, il l'avait enfin trouvée : le mal et le bien ne sont que des concepts. Chacun est libre de choisir sa voie avec pour seul obstacle la morale des personnes présentes sur le chemin de cette liberté. Et, définitivement, Chrysantia était le seul endroit sur Terre à respecter ce principe fondamental de la justice absolue. C'est pourquoi Simon était heureux et honoré de mourir pour protéger ce paradis, autant pour les humains que pour les AIntelects.

Utilisant ses ultimes forces, l'avocat heurta faiblement la poitrine métallique d'Astro de son poing et se força à sourire malgré le flux de sa vie s'échappant lentement de ses blessures fatales.

— Merci, John, murmura-t-il, les larmes aux yeux. Merci de m'avoir proposé cette aventure. C'était... amusant. Je compte sur vous... pour préserver la justice.

Le bras de Simon Weiler retomba mollement, puis il rendit son dernier souffle. Malgré son corps mutilé et ses vêtements maculés de sangs, il affichait un visage paisible. Si ses pupilles vitreuses ne fixaient pas le ciel, il aurait pu simplement dormir paisiblement. C'est pourquoi le père des AIntelects le déposa délicatement sur le sol glacé, puis ferma ses paupières.

— Merci à vous d'avoir accepté. Sans votre aide, nous n'aurions jamais pu en arriver là. Nous défendrons votre patrie jusqu'à la fin.

Astro se releva et plongea son regard sur le champ de bataille au loin. La neige immaculée avait viré au rouge. D'énormes cratères dans lesquels gisaient des cadavres méconnaissables brisaient l'harmonie d'un paysage autrefois vierge de toute présence humaine. Les coups de feu pleuvaient, dans un fracas incessant. À chaque instant, des hommes tombaient, perdaient un bras, une jambe ou la vie. Ami ou ennemi, il était impossible de faire la différence. Tous s'entretuaient, peut-être même sans savoir pourquoi. Au-dessus de ce charnier, les avions de la coalition effectuaient un ballet mortel avec les androïdes de combat.

Le chercheur ne comprenait pas comment les choses avaient pu se dégrader ainsi. Lorsqu'il avait créé les prototypes d'AIntelect, il imaginait un monde en paix, tourné vers l'avenir et le progrès. Il voulait aider l'humanité, faire en sorte que plus aucun humain n'ait à souffrir de travaux trop douloureux physiquement, ni à mourir dans une mine à cause d'un effondrement, ni à se retrouver bloqué par des rideaux de flammes que les pompiers ne pouvaient traverser. Comment un rêve si pur, si innocent, avait-il pu engendrer un tel cauchemar ?

Mais Astro savait que tout cela allait se produire, et il le déplorait. Ses créations n'avaient jamais souhaité la guerre. Elle avait été déclarée par des hommes enfermés dans des idéaux fanatiques, conscients que l'avènement des intelligences artificielles signerait la fin de leurs manipulations. Alors, plutôt que de périr seuls, ils avaient décidé d'entraîner toute la société moderne avec eux au fond du gouffre.

Le père des AIntelects avait envie de pleurer face à ce constat amer, mais il en était incapable. Après tout, il n'était plus humain.

Et si Aimé avait occupé le corps d'Airi, un tel drame se serait-il produit ? John Titor aurait-il ressenti le besoin presque maladif de venir en aide à l'humanité s'il n'avait pas eu ce vide en lui laissé par la mort de sa fille à combler ?

Une explosion sourde interrompit le leader de Chrysantia dans ses réflexions. Il leva la tête et découvrit avec horreur que la carcasse d'un avion était sur le point de l'écraser. Ses membres engourdis par le gel, il ne put l'esquiver. Sa vision se brouilla l'espace d'un instant.

Lorsqu'il recouvra la vue, il ne se trouvait non plus à l'extérieur, mais dans la salle de commandement, à l'intérieur de l'assistant-domestique qu'il avait occupé pendant de longues années. Astro comprit alors que cette enveloppe était la dernière qu'il lui restait. Tous ses clones avaient dû être détruits dans la bataille. Si ce corps y passait également, c'en était fini de sa conscience. Ce qui était hors de question. Il ne pouvait pas se permettre de mourir et d'abandonner ses troupes dans un moment aussi crucial. Il l'avait promis non seulement à Weiler, mais surtout à sa petite-fille.

Une alerte résonna soudain dans la pièce. Un écran rouge se matérialisa, affichant Ziz, fonçant sur la Terre. Cela faisait plusieurs années qu'Airi l'avait repéré au cours ses observations nocturnes. Elle s'était d'abord étonnée que la Nasa ne l'ait pas dévié, considérant le danger qu'il représentait s'il s'écrasait sur Yellow Stone. Puis, comprenant que rien ne serait mis en œuvre pour changer sa trajectoire au vu du peu, elle avait décidé de s'en occuper elle-même. Ainsi, elle avait équipé Vanguard d'une munition supplémentaire, qui ne pouvait être tirée que lorsque Ziz franchirait la distance Terre-Lune. Et ce scénario venait de se produire à l'instant.

La sécurité se leva automatiquement. Aussitôt le satellite relâcha la fusée explosive, qui se dirigea droit vers l'astéroïde. Une fraction de seconde plus tard, le rocher de deux kilomètres vola en éclats dans le ciel. Cependant, Astro ne put se réjouir immédiatement. Alors que les morceaux auraient dû être suffisamment petits pour brûler dans l'atmosphère, le missile avait frappé un millimètre à côté du centre, créant une seconde météorite de plus de trois-cents mètres.

Dans la panique, le créateur des AIntelects recalcula la nouvelle trajectoire. Il découvrit avec horreur que ce fragment s'apprêtait à tomber sur San Francisco. Et, même s'il ne causerait pas la fin de l'humanité, il raserait assurément la ville et ses environs, y compris la Silicon Valley où se trouvait Airi...

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro