Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 38: Les origines d'Airi

Iris poussa un gémissement de douleur. À ce moment-là, elle regrettait amèrement son choix, mais il était trop tard pour faire marche arrière. Allongée depuis plus de vingt minutes sur une table d'opération nullement conçue pour les êtres humains, la surface dure et froide commençait à lui donner un sérieux mal de dos. Son bras mécanique, solidement attaché pour l'empêcher de bouger la démangeait. À ce rythme, elle allait repartir de la salle de maintenance dans un plus mauvais état qu'elle était rentrée.

Elle grimaça à nouveau lorsque le fer à souder repassa sur sa paume pour assembler les parties neuves entre elles. Elle avait l'impression de subir un détartrage, en cent fois plus désagréable. Cela ne manqua pas de faire lever les yeux au ciel à son mécanicien qui n'était nul autre qu'Astro.

— Je t'ai proposé de te retirer ta prothèse et tu as refusé. Maintenant, tu assumes, gamine, grommela-t-il tout en continuant son œuvre, imperturbablement.

— Je... Je ne vous fais pas confiance. Qui me dit que vous n'allez pas en profiter pour m'en rendre une pourrie ? Au moins, là, je suis sûre que... aïe ! Attention !

L'étudiante sursauta lorsqu'elle étincelle sauta jusqu'à ses cheveux. Elle lança un regard noir au créateur des AIntelects, persuadée qu'il l'avait fait exprès. Le vieil homme esquissa un sourire narquois devant sa réaction.

Après son altercation avec Airi, plusieurs AIntelects s'étaient précipités pour s'assurer qu'elle n'était pas blessée. Heureusement, mis à part une entorse et les quelques égratignures à la main qu'elle s'était elle-même infligées, elle s'en était plutôt bien sortie. Toutefois, les robots avaient remarqué sur son bras métallique était dans un sale état. Ce qui n'était pas très étonnant. Personne n'avait effectué de maintenance depuis au moins trois ans dessus et la plupart des experts en robotique avaient refusé de l'examiner, de peur d'être considérés comme des dissidents. Forcément, ce bras avait beau être résistant, la lame était émoussée, les plaques de métal cabossées et plusieurs composants menaçaient de se détacher. Selon Astro, c'était un miracle que le tout ait tenu aussi longtemps au vu des utilisations qu'en faisait sa propriétaire.

— Heureusement que c'est moi qui ai conçu ce machin, grommela-t-il tout en polissant l'armure. Si on t'avait refilé un modèle commercial, tu aurais dû changer de prothèse au moins trois ou quatre fois vu comment c'est de la mauvaise qualité.

— C'est vraiment vous qui avez créé Airi ? demanda alors Iris en tentant d'ignorer la désagréable sensation de la polisseuse sur son membre robotique.

— Oui. Quand j'y pense, c'est fou. Ça fait presque soixante-dix ans, maintenant. J'ai l'impression que 2047, c'était hier... Bon, après, j'ai passé cinquante ans en veille, donc pour moi, ce n'est pas si lointain.

— Je... Je suis désolée. Vous devez être furieux de voir que j'ai volé une partie de votre création...

— Mouais. Tant que ça lui va, ça me va aussi. Au moins, ce bras n'est pas tombé entre de mauvaises mains, sans mauvais jeu de mots.

— Je voulais vous poser une question, professeur Titor...

— Appelle-moi Astro. Je m'y suis habitué et je ne suis qu'une copie du John Titor original, donc autant ne pas créer de confusion.

— D'a... D'accord, Astro. Êtes-vous vraiment OK avec les décisions d'Airi ? Je me souviens que vous disiez que s'il y a une guerre entre robots et humains, elle viendrait de nous. Dans ce cas, pourquoi attendre d'être attaqués si vous en êtes certain ?

Astro soupira.

— Tu as une bonne mémoire. C'est vrai et je le pense toujours. C'est quelque chose d'inévitable.

— Justement ! On devrait prendre les devants et...

— Tu n'as pas écouté Airi ? La vengeance ne mène nulle part, sauf dans le mur. Pour venger une personne, tu vas conduire des dizaines d'autres à la mort, dont les proches voudront à nouveau se venger, et ainsi de suite. Ce n'est pas dans ce but que j'ai créé Airi. Et, bien qu'elle ait dévié totalement de sa mission première, elle continue à exécuter ce programme de paix de sa propre volonté.

— Sa mission première ? répéta Iris, surprise. L'astronomie ?

Le père des AIntelects s'arrêta net dans son travail. L'étudiante crut tout d'abord qu'il était victime d'un bug avant de lire une immense tristesse dans ses capteurs oculaires.

— Sais-tu pourquoi Airi était équipée de cette lame ? demanda Astro, soudain nostalgique.

La jeune femme secoua la tête négativement. Elle ne s'était jamais posé la question. Elle pensait qu'il ne s'agissait que d'une arme de défense banale, comme celles que possédaient les AIntelects de l'armée.

— J'imagine que tu es en droit de savoir la vérité puisqu'elle te l'a laissé, continua le scientifique. Et puis, je te donnerai deux ou trois fonctions que j'ai cachées dedans, comme ça. Connais-tu le jeu « World of Swords Online » ?

— J'ai déjà dû en entendre parler... Mais c'est vieux, non ? Ça doit dater des débuts du métavers.

— Oui. C'était l'un des MMORPG les plus populaires dans les années 40. Une révolution pour l'époque. Des graphismes exceptionnels pour de la VR, un système de combat quasi parfait, et une scène eSport attirant des millions de spectateurs à travers le monde. Ma fille, Aimé, était une joueuse professionnelle. Ou du moins, elle faisait des tournois dans mon dos au lieu de réviser, mais c'est pas le problème ici. Elle faisait partie du top 10 mondial et son avatar, de la classe Godslayers, était si légendaire qu'il y a eu pas mal de goodies à son effigie. C'était femme à moitié robot, aux longs cheveux rouges et armée d'un bras dans lequel se cachait une épée.

Iris hoqueta de surprise en comprenant déjà où le vieil homme voulait en venir.

— Son pseudonyme, Airi, suffisait à faire fuir les guildes adverses lorsqu'elles la voyaient sur la map. En même temps, je n'aurais pas aimé être à leur place. Elle avait une compétence unique, qu'elle avait remportée en gagnant un championnat national, « Sword of the Last Stand ». Cela lui permettait de tuer tous les ennemis qu'elle touchait, quel que soit leur nombre de points de vie à condition qu'elle-même n'en possède plus qu'un seul. Mais, je m'égare... Quoiqu'il en soit, Aimé, tout comme sa mère avant elle, est tombée gravement malade, quelques années après son entrée à l'université. La maladie de Charcot, qui l'a lentement paralysée et l'a obligée à vivre dans le métavers en permanence. Je me disais qu'avec les progrès de la science, il serait possible de digitaliser la conscience de ma fille cette fois-ci. Mon but était de l'implanter dans un corps robotique si parfait qu'elle ne se rendrait même pas compte qu'elle n'était plus humaine. Alors j'ai travaillé jour et nuit pour lui construire ce nouveau corps en me basant sur les données de son avatar dans World of Swords Online. J'ai tout reproduit à l'identique, y compris ses compétences de combats et ses habiletés physiques.

La voix d'Astro se brisa. Iris était absorbée par le récit de l'homme, fascinée de découvrir autant de détails sur l'androïde qu'elle avait tant admirée. Mais, à mesure qu'elle en apprenait davantage sur les origines d'Airi, elle se sentait de plus en plus coupable et illégitime de posséder une partie d'elle. Et encore plus une partie avec autant de symbolique pour son créateur.

— J'ai surestimé les progrès de la science, reprit le chercheur dans un murmure. La robotique avait fait des bons faramineux, mais pas les travaux sur la digitalisation de conscience. Airi était prête à accueillir l'esprit d'Aimé, mais le transfert a échoué et ma fille est décédée quelques jours plus tard.

— Je... Je suis désolée.

— Tu n'as pas à l'être. J'ai fait mon deuil il y a très longtemps. Il faut croire que c'était le destin. J'aurais mieux fait de passer les derniers moments d'Aimé à ses côtés plutôt que dans un laboratoire. Au moins, je n'ai pas le regret de ne pas avoir tout essayé. Et puis, je sais qu'elle a été heureuse de vivre dans le métavers avec Turing, ne serait-ce que quelques mois.

— Mais il y a quelque chose que je ne comprends pas... Si vous n'avez pas réussi, comment ça se fait que...

— Qu'Airi ait été remise en fonctionnement ? Ça, il faut demander à mon imbécile de gendre. Si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais laissé le projet AI-R001 au placard. L'expérience a été un échec. Aimé est morte. Il est inutile de remuer le couteau dans la plaie. Enfin, ce qui est fait est fait. Je ne vais pas le blâmer pour ça maintenant, ça serait ridicule. Quoiqu'il en soit, je vais casser tes espoirs, mais Airi et Aimé sont deux personnes radicalement différentes. L'androïde que tu connais ne possède aucun souvenir d'Aimé, ni même aucun trait en commun dans sa personnalité.

— Elle est quoi pour vous, alors ? Pourquoi est-ce que vous l'avez suivie pendant tout ce temps ?

— Bonne question. Turing la considère comme son enfant, donc je dirais... ma petite-fille ? Enfin, pour moi, c'est surtout une amie très chère. Pour être franc, je l'admire beaucoup. Quand je l'ai rencontrée, elle se contentait d'exécuter les tâches qu'on lui confiait. Et, en même temps, j'ai senti qu'elle n'était pas comme les autres AIntelects. Elle avait ce petit truc en plus que je ne peux pas décrire, mais qui la prédestinait déjà à devenir la meneuse qu'elle est aujourd'hui.

— Est-ce que vous ne pensez pas que c'est grâce à votre fille ? Peut-être que vous n'avez pas réussi à digitaliser sa mémoire, mais que son âme s'est réincarnée dans Airi !

Un gloussement amusé s'échappa du micro d'Astro.

— L'âme est quelque chose de mystérieux. Nous affirmons en posséder une, tout en étant incapables de définir ce dont il s'agit. Peut-être est-ce réel. Peut-être n'est-ce qu'une invention humaine pour se placer au-dessus des autres créatures. Peut-être est-ce matériel, peut-être est-ce divin. Nous n'aurons certainement jamais de réponse. Mais une chose est sûre, si ce concept existe bel et bien, les AIntelects ici présents en ont acquis une. Et c'est ce qui terrifie l'AVO plus que tout. Parce que cela signifierait que l'humanité n'est qu'une espèce parmi tant d'autres, qu'elle n'a rien de la race « élue » par un dieu.

Le scientifique retira finalement la polisseuse du bras d'Iris et referma l'armature, puis défit les liens maintenant la prothèse en place.

— Et voilà, tout beau tout propre. Je n'en suis pas peu fier ! se félicita-t-il, satisfait de son travail. Ça devrait pouvoir tenir des années sans avoir besoin de nouvelle révision, à moins que tu t'amuses à sauter dans un bain d'acide.

L'étudiante, enfin libérée, fit quelques mouvements simples comme plier les doigts pour voir les effets de sa maintenance. Elle fut agréablement surprise de constater qu'elle pouvait désormais réagir au millième de seconde. De même, sa lame aussi aiguisée qu'un katana se déployait et se rétractait en un battement de cil.

— Est-ce que tu veux que je te rajoute un revêtement de silicone par-dessus ? Personnellement, je préfère ce style rétro-mécha, mais c'est toi qui décides.

— Je... J'imagine que ça ne pose de problème à personne, ici, si je m'affiche avec ?

— Eh bien, ce n'est pas courant que des gens laissent leurs parties métalliques apparentes comme ça à cause du rayonnement UV et de l'humidité qui a tendance à faire tout rouiller. Mais bon, pour toi, tu n'as pas à te faire de soucis, cet alliage de fibres de carbone, de vanadium, d'or et de platine est le truc le plus solide au monde ! Et le plus cher, mais t'occupes pas du prix...

— Vous... Vous êtes sûr que je ne vous dois rien ?

— Si. Fais bon usage de ta prothèse. Airi te l'a confiée, elle te fait confiance, donc moi aussi. Tâche de ne pas nous décevoir en faisant n'importe quoi avec. Dans le Lore World of Swords Online, ce bras était un artéfact légendaire conçu pour vaincre les dieux et rétablir la paix. Au passage, la lame est celle d'Excalibur.

— Pardon ? s'étrangla Iris, interdite.

— Dans le jeu, ricana Astro en se moquant gentiment d'elle. Je ne me suis pas amusé à chercher une relique qui n'existe que dans le folklore... Ou peut-être que si.

Le chercheur se leva à son tour puis se dirigea vers la porte du bloc opératoire, troquant sa blouse trouée pour un élégant manteau à fourrure synthétique.

— Bref, assez blablaté. Je crois que tu as eu un réveil tellement mouvementé que personne ne te l'a dit jusqu'ici alors je vais prendre l'initiative : bienvenue à Chrysantia, Iris Leblanc. Tu es ici comme chez toi. Et Cætera, et caetera. Je t'épargne le speech habituel parce que tu dois être crevée et j'ai la flemme. À présent, si tu le veux bien, nous allons te trouver un logement et un rôle pour que tu puisses participer à la vie de notre modeste pays.

Astro invita Iris à le suivre à l'extérieur. La jeune femme hésita quelques instants. Même si parler avec le vieil homme avait momentanément apaisé sa colère, la blessure qui déchirait son cœur était toujours aussi vive. À quoi bon commencer une nouvelle existence si ni sa mère ni Chloé n'étaient là pour partager ces moments avec elle ? Dans quel but continuait-elle à vivre si elle ne pouvait pas honorer la mémoire de sa meilleure amie en détruisant l'AVO ? Avait-elle seulement la moindre motivation pour se battre aux côtés des AIntelects maintenant qu'elle n'avait plus personne à protéger ?

Après quelques secondes de flottement, Astro lâcha un soupir, puis revint vers la jeune femme et posa une main bienveillante sur son épaule.

— Moi aussi je suis passé par là, tu sais, lui dit-il avec compassion. Il n'est jamais évident de faire le deuil d'un proche, et certains n'y arrivent même jamais. Cependant, crois-en l'expérience d'un vieux ronchon comme moi : même quand tout semble perdu, on finit toujours par trouver une nouvelle raison de vivre en puisant dans l'espoir que nos proches disparus nous ont laissé. C'est ce que j'ai réalisé lors de mes recherches sur la digitalisation de la conscience et mon exploration des mondes quantiques. Si nous existons, c'est parce que d'autres sont capables de nous observer. S'il n'y a plus personne pour se souvenir de nous, c'est à ce moment que l'on meurt vraiment et que l'on retourne à l'oubli originel. C'est pourquoi je tiens encore à te remercier de m'avoir écouté, aujourd'hui. Grâce à toi, la mémoire d'Aimé a trouvé une place dans ton cœur et survivre à ma disparition.

Iris rougit lorsqu'Astro s'inclina poliment devant elle. Elle était gênée qu'un aussi grand génie que John Titor lui accorde autant d'importance, elle qui n'était qu'une étudiante en droit comme il en existait des centaines de milliers d'autres. Bien que tout fût embrouillé dans son esprit, la jeune femme finit par accepter de suivre le père des AIntelect. Peut-être avait-il raison. Iris n'avait rien à perdre à donner une chance à cette théorie, puisqu'elle ne possédait déjà plus rien.

Ainsi, elle franchit avec appréhension la porte de la salle de maintenance, posant enfin le pied sur le sol de Chrysantia. Sa nouvelle maison. 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro