Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 36: Deux sœurs

Certaines personnes sont faites pour être oubliées. Elles ne sont que des faire-valoir, des personnages secondaires, des spectateurs de leur propre vie. Telles des ombres, elles n'existent que parce que d'autres sont sous les feux des projecteurs. « L'amie de... », « la femme de... », « la collègue de... », « l'associée de... ». C'est ainsi que la société désigne ces gens sans importance pour elle. Être catégorisée ainsi était la phobie de Chloé. Elle souhaitait être une protagoniste, une leadeuse, quelqu'un dont les actes resteraient dans les mémoires. La simple pensée d'être oubliée de tous la terrifiait. Petite, elle faisait souvent des crises d'angoisse au cours desquelles elle s'imaginait perdue, seule et abandonnée pendant que ses parents s'amusaient sans elle.

Alors, pour surmonter ses peurs, les médecins lui avaient conseillé de s'affirmer à l'école afin de se faire remarquer. Elle avait également pris des cours de théâtre, de chant et de danse. Autant d'activités qui lui demandaient de se mettre en avant, de captiver l'attention des foules et susciter l'admiration. Et cela avait marché. À son entrée au collège, Chloé avait immédiatement été catégorisée parmi les filles « populaires », celles qui attiraient les regards et dont tous les garçons tombaient amoureux. Il fallait dire que son physique très avantageux l'y aidait grandement. Toutefois, elle se sentait incomplète. Elle avait beau être sur le devant de la scène, entourée « d'amies », quelque chose lui manquait. Elle n'était pas aussi heureuse qu'elle le laissait croire. Quand il y repensait avec du recul, elle était même malheureuse. Ce qu'elle faisait ne lui plaisait pas. Mais elle craignait tant retomber dans l'oubli en arrêtant qu'elle se forçait à continuer.

Ce passage à vide poursuivit Chloé jusqu'à la fin de la sixième. Un soir, alors qu'elle s'entraînait seule comme chaque vendredi au chant dans la salle de musique, quelqu'un frappa à la porte. La jeune fille alla ouvrir, prête à râler sur l'élève qui avait osé l'interrompre. Elle avait réservé la pièce pour la soirée, ce n'était pas pour être dérangée. Elle se retrouva alors nez à nez avec une de ses camarades de classe. Cependant, Chloé ne parvenait pas à remettre un prénom sur son visage si banal qu'elle avait l'impression de l'avoir vue des centaines de fois. L'inconnue regarda par-dessus son épaule d'un air perdu, ce qui eut le don de l'agacer davantage.

— Est-ce que je peux t'aider ? lança-t-elle sèchement. Tu m'as coupé dans mes répétitions, là.

— C'est ici le club de basket ? couina la fille, surprise par le ton employé.

Chloé fut si décontenancée par cette question qu'elle se transforma en poisson-chat.

— Hm... ça ne ressemble pas trop au gymnase... Est-ce que je me suis trompée ?

— N... Non, tu crois ? bafouilla la blonde, qui commençait à se demander si son interlocutrice ne se moquait pas d'elle. C'est la salle de musique. Ça ne se voit pas ?

— Ah ! Je me disais aussi que c'était bizarre d'avoir un piano dans un gymnase !

— T'es vraiment sérieuse ou tu te fous de moi ? On est en mars ! Ça fait huit mois qu'on est là !

— Sept, en fait, rectifia la fille banale avec un sourire narquois.

— Je m'en fiche ! Comment tu peux te perdre encore alors qu'on a sport toutes les semaines !

— Eh, l'école est ultra différente quand il y a plus personne, protesta-t-elle en gonflant les joues comme une enfant.

— Tu es au courant qu'on est au troisième étage et que le gymnase est au sous-sol ? Tu es sûre que tu ne veux pas que je t'emmène à l'infirmerie ? T'as l'air d'avoir pris un mauvais coup sur la tête, grimaça Chloé, qui commençait à être sérieusement concerné par la santé mentale de sa camarade de classe.

— C'est bon ! Ça arrive à tout le monde de se perdre ! En plus, c'est la faute de Clémence et Mathilde. Elles m'ont dit qu'il y avait un club secret ici...

Chloé soupira en comprenant la situation qui lui paraissait bien trop absurde pour être vraie. Ses amies avaient tendance à faire tourner en bourrique les filles qui tentaient d'intégrer leur groupe pour voir jusqu'où elles étaient prêtes à aller. Ce genre de bizutage n'amusait guère la blonde. Elle n'aimait pas écraser les autres pour se mettre en valeur. Elle préférait briller par elle-même. C'est pourquoi elle se tuait tant à la tâche dans toutes ses activités extrascolaires.

— Désolée, mais tu t'es fait rouler, reprit Chloé d'une voix plus douce. Cette histoire de club secret, c'est un gros mytho.

— Je le savais ! Elles vont me le payer..., grogna l'inconnue. Enfin non. Tant pis. J'essayais juste de devenir potes avec elles parce que mes parents me disent que je dois être plus sympa. Mais si c'est comme ça, elles iront se faire voir !

— Ne leur en veux pas trop. C'est leur façon de s'amuser. Même si c'est complètement débile.

— Totalement ! Mais, tant que j'y suis, qu'est-ce que tu faisais là toute seule ? Tu avais un rancard secret ou un truc du genre ?

— Je chantais.

La jeune fille aux cheveux d'ébène écarquilla les yeux d'admiration.

— Non, sérieux ? Tu chantes ? Je savais pas, ça ! C'est trop bien !

— C'est pas comme si mon nom était sur toutes les affiches de la chorale...

— Ah ouais ? Je regarde pas trop ces trucs-là, en vrai. Les club et moi, on n'est pas pote. J'aime pas faire des activités en groupe.

Tout à coup, un déclic se fit dans la tête de Chloé. Son interlocutrice s'appelait Iris Sodan. Elle était toujours la dernière à être choisie lors des travaux collectifs et des sports en équipe. Les professeurs avaient même tendance à l'oublier sur les listes puisqu'elle se trouvait à la toute fin. Iris était connue dans l'école pour être une sorte de fantôme, une fille mystérieuse qui attirait les rumeurs. Certains disaient que ses parents étaient dans une secte à cause des signes religieux accrochés à son cartable. D'autres affirmaient qu'elle était une AIntelect déguisée à cause du peu d'interactions qu'elle avait avec ses camarades. Mais quand elle la voyait ainsi, Chloé comprenait qu'Iris n'aimait simplement pas se mêler à la foule et qu'en privé, elle se comportait de manière radicalement différente.

— Du coup, tu chantes quoi ? Du rock ? Ou du rap ? Bon, c'est ringard, un peu, mais mon père dit que les gens qui savent pas chanter font du rap...

— De la pop des années 2000.

— Oh ! Trop cool ! s'exclama Iris, des étoiles dansant dans ses yeux. T'as un morceau, là, tout de suite ?

— Je...

— Attends, si tu veux, je t'accompagne à la guitare ! Je suis pas super forte, mais j'en ai une chez moi donc je gratte quelques airs, parfois.

Sans laisser le temps à Chloé de protester, Iris s'introduisit de force dans la salle de musique et s'empara de l'instrument. Elle joua quelques notes... puis l'une des cordes se cassa sous ses doigts. Le « fantôme de l'école » poussa un cri de surprise.

— Je... Désolée, j'ai pas l'habitude. Chez moi, c'est un vieux truc pas accordé. Mais je vais te le réparer. Attends, regarde !

Iris tira si fort sur la corde qu'elle arracha ce qu'il en restait. Au lieu de s'énerver, l'expression paniquée de la jeune fille provoqua un fou rire incontrôlable chez Chloé. La blonde ne parvint à se calmer que lorsque l'air vint à lui manquer et que les larmes lui obstruèrent complètement la vue.

Finalement, dix-huit heures sonnèrent au loin, mettant un terme à cette scène tout droit sortie d'un livre de gag pour enfants. Iris se confondit à nouveau en excuses avant de filer pour « éviter que son père ne l'oblige à réciter quatre chapelets en guise de pénitence pour être rentrée en retard », selon ses propres mots.

Au cours des jours qui suivirent cette mésaventure, à chaque fois que Chloé croisa la musicienne improvisée dans les couloirs, elle ne put s'empêcher de sourire bêtement en la revoyant essayer de réaccorder une guitare avec une corde coupée. Puis elle commença à s'installer à la table d'Iris, à parler davantage avec elle durant les récréations. Au bout d'un mois, les deux nouvelles amies étaient déjà devenues aussi inséparables que des sœurs siamoises.

Beaucoup voyaient Iris comme un simple faire-valoir et la plaignaient. Heureusement, cette dernière n'écouta jamais les critiques et les conseils condescendants de ses camarades de classe. Au contraire, elle s'en amusait et jouait dessus.

Iris était provocatrice, mais discrète, là où Chloé se mettait en avant sans faire de vague. Cette complémentarité leur avait permis de surmonter ensemble toutes les épreuves jusqu'à l'université. Toutefois, la blonde avait senti qu'Iris avait changé après la mort de son père. Elle avait perdu l'innocence qui la caractérisait et sa joie de vivre pour s'enfermer dans la contestation. Et cela ne s'était pas arrangé avec la prise de pouvoir de l'AVO. Malgré tout, Chloé avait choisi de rester à ses côtés. Car Iris l'avait sauvée. C'était un secret que l'aspirante juge des enfants gardait profondément enfoui dans son être. Elle s'était toujours dit que, le jour où leurs chemins se sépareraient, elle remercierait son amie pour tout ce qu'elle lui avait apporté. Mais elle savait également qu'elle n'aurait jamais le courage de lui avouer en face. C'est pourquoi CC avait enregistré un message vidéo qui ne devait s'envoyer qu'au moment des adieux.

Malheureusement, le destin semblait en avoir décidé autrement. Alors que les images de sa vie en compagnie d'Iris défilaient dans son esprit, des larmes inondèrent les joues froides de Chloé. Cependant, il ne s'agissait pas de larmes de tristesses, mais de joie. Elle était heureuse d'avoir croisé la route de sa meilleure amie. Leurs rires résonnaient comme une douce berceuse dans ses oreilles sifflantes, accompagnant la jeune femme dans ses derniers instants. Elle n'avait qu'un seul regret : ne pas pouvoir supporter Iris dans ces moments sombres et lui imposer encore plus de peine. Mais CC était également persuadée que sa sœur de cœur trouverait la force de surmonter ces épreuves. Elle le devait. Chloé en avait pleinement conscience. Le faire-valoir, c'était elle-même. Et cela lui allait très bien. Car, être le faire-valoir de quelqu'un ne signifiait pas qu'elle allait être oubliée de tous. Au contraire. Elle resterait dans la mémoire d'Iris. Elle n'avait besoin de rien d'autre.

Alors qu'elle sentait une pression sur sa poitrine due aux bandages de fortune qu'on lui appliquait, Chloé entendit un cri de rage déchirer le silence de l'avion. Dans un ultime effort, elle rouvrit les yeux pour découvrir qu'Iris avait transpercé Bowman de sa lame. Le pauvre homme gisait sur le sol, sans vie. Toutefois, sa meurtrière continuait à le déchiqueter comme un morceau de viande. Elle agissait comme une bête sauvage, mutilant un corps déjà mort. Elle lui coupa les bras, taillada son ventre, trancha son abdomen, puis arracha son cœur sous les regards horrifiés des résistants. Ils tentèrent de la maîtriser, mais elle se débattit avec une telle violence que Weiler fut obligé de l'assommer d'un coup de masse dans la nuque. La jeune femme tomba à son tour, inconsciente, le visage couvert de larmes.

Cette scène attrista Chloé. Tout ça, c'était de sa faute. Toutefois, il était trop tard pour faire marche arrière. Ses organes étaient en charpie. Même avec toute la technologie AIntelect, elle n'avait aucune chance de survie. Ses secondes étaient comptées.

Dans un ultime effort, celle qui rêvait de défendre les enfants attrapa la main de son soignant et l'agrippa si fermement que l'homme s'arrêta net.

— S'il... S'il vous plait... Vous devez...

— Ne parle pas ! Tu dois économiser tes forces ! Tiens bon, ma fille !

Chloé reconnut sans surprise la voix de son père. Évidemment qu'il allait tout faire pour la sauver. Quoi de plus normal ? La blonde était presque honteuse de lui demander cela dans un moment pareil, mais elle n'avait pas le choix. Alors elle ignora son ordre.

— Papa, je suis... je suis désolée. Je ne voulais pas... vous rendre triste. Je vous aime énormément, maman et toi... Je sais que tu respecteras ma dernière volonté...

— Ne dis pas ça ! On va te sauver, tu vas voir !

— Donne... Donne mon téléphone à Iris. Il y a... Il y a un message pour elle, articula Chloé dans un murmure presque inaudible.

— Chloé, tu...

— Est-ce moi aussi... j'ai pu faire quelque chose pour ce monde ? Est-ce qu'on se souviendra de moi ?

— Oui, Chloé Cassel. Le monde se souviendra de toi, intervint Simon Weiler, dont la voix semblait si lointaine que l'intéressée eut du mal à distinguer tous les mots. Tu m'as sauvé, au prix de ta vie. Il n'y a pas d'acte plus héroïque que cela. Lorsque nous aurons renversé l'AVO, je m'assurerai personnellement que ton nom soit inscrit aux côtés des plus grands héros de la nation.

À bout de forces, Chloé ferma les yeux, l'esprit tranquille.

— Je vois. Merci. Je vous regarderai de là-haut. Remportez... cette guerre insensée. S'il y a réellement un Dieu... je suis persuadée qu'il n'a jamais souhaité ça. Enfin, je le saurai bientôt. Mais là, je suis tellement... fatiguée. J'ai besoin de dormir... un peu.

Chloé expira une dernière fois. Son bras retomba mollement. Son cœur cessa de battre. Son sourire se figea sur son visage paisible pour l'éternité. 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro