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Chapitre 16: Un jugement historique

« Un homme tué par une AIntelect ! », « La révolte des machines en marche ? », « Un innocent fervent croyant lâchement assassiné par un robot », « Le grand remplacement robotique a déjà commencé. »

Tels étaient les gros titres à la une des journaux. Toutes les chaînes de télévision ne parlaient plus que de la mort de Bernard Sodan, tué quelques jours plus tôt. Tantôt présenté comme un militant de l'AVO chrétien de bonne famille, tantôt comme un extrémiste radical consommateur de drogue, tout le monde connaissait désormais son nom et son visage. Cependant, tous les regards étaient tournés sur sa meurtrière, Airi. L'acte de l'androïde aux cheveux rouges, déjà célèbre pour son sauvetage héroïque lors de l'incendie de l'ESA, avait plus que jamais fracturé la société. Les conservateurs voyaient là la preuve que les AIntelects étaient dangereux, et qu'il fallait les interdire à tout prix. Les progressistes, eux, argumentaient qu'elle n'avait fait que protéger son créateur d'un terroriste et qu'elle devait être récompensée à nouveau pour son exploit.

Plusieurs heurts avaient éclaté à la suite de ce drame. Des AIntelects avaient été pendus sur la place publique. Des manifestations pro-IA avaient défilé sur les champs Élysées. Et les deux camps en étaient même venus à s'affronter physiquement durant un rassemblement d'hommages à Sodan.

Cependant, malgré cette fracture, l'opinion penchait en faveur de l'AVO. Les gens craignaient que cette action soit imitée par d'autres AIntelects qui suivraient l'exemple d'Airi. Et, évidemment, le parti politique n'hésitait pas à jouer sur cette peur pour gagner de plus en plus d'adhérents.

Au centre de tous ces débats houleux se trouvait Bertrand Turing. Le chercheur avait immédiatement été placé en garde à vue, dans l'attente de son procès. Il était accusé d'avoir volontairement supprimé le programme Asimov de son androïde et d'avoir créé une arme de guerre. Mais l'homme s'était muré dans un silence de mort. Même son avocat, Simon Weiler, un fervent adepte des AIntelects, n'avait pas réussi à obtenir d'explication de sa part.

Pendant ce temps-là, Airi était conservée dans une cellule ultra-sécurisée dont l'emplacement était gardé secret, dans l'attente de sa destruction. Même si les experts avaient tenté de la redémarrer à plusieurs reprises et qu'aucun de ses composants ne semblait endommagé, elle ne montrait aucun signe d'activité. Son processeur tournait dans le vide. C'était comme si elle s'était elle-même placée dans un mode veille protégé par un puissant mot de passe.

Finalement, le jour du jugement de Bertrand arriva. L'événement historique était filmé par des dizaines de caméras et se déroulait devant une audience de plusieurs milliers de personnes. Le monde entier avait les yeux rivés sur ce le premier procès pour meurtre commis par une intelligence artificielle. Cependant, tous savaient que le verdict était joué d'avance. Julien Osborne, le président de la cour d'assises, était connu pour son hostilité envers les AIntelects et sa sévérité. Il n'avait jamais acquitté personne. Et, au vu de la colère grondante de la société, Bertrand n'allait pas faire exception.

Ce dernier sortit de la fourgonnette, encadré par plusieurs policiers et son avocat. Il était méconnaissable. Sa barbe était devenue blanche à cause du stress, ses joues étaient creuses et son regard éteint. Il n'avait rien mangé depuis trois jours et ses cheveux en bataille lui donnaient des airs de grand criminel.

Le chercheur avança au milieu de la foule qui le huait, la tête basse, puis entra dans le tribunal. La tension était palpable dans la salle. La partie civile, constituée de membres de l'AVO, chefs religieux et de la famille de la victime, dévisageait le scientifique avec haine et mépris. Ce dernier, perdu dans un autre monde, n'y prêta pas attention. Il s'installa simplement à la place qui lui était réservée et attendit son jugement. Par ailleurs, Airi se trouvait non loin de lui, en tant qu'arme ayant servi au crime dont il était accusé. Celle-ci, comme son créateur, n'était présente que physiquement. Elle demeurait éteinte, impossible à réactiver.

Après une attente interminable, le procès démarra. Après une brève exposition des faits par le greffier, Julien Osborne donna la parole à Bertrand, qui décida de garder le silence. Lorsque vint le tour de la partie civile de s'exprimer, Lothar Zerich, le président de l'AVO ne se priva pas d'exagérer et amplifier les conséquences. Il joua également à nouveau sur la peur de l'auditoire et des jurés.

— Ce crime est impardonnable. Mais il montre surtout des failles de sécurité ahurissantes dans le programme Asimov censé nous protéger. Qu'il ait été corrompu ou désactivé volontairement ne change rien. Les faits sont là : un AIntelect peut vous tuer. Celui qui vous sert au café, celui qui vous vend une baguette de pain, celui qui vous répond au téléphone, celui qui vous soigne à l'hôpital. Tous peuvent, comme l'AIntelect nommé Airi, vous agresser sans raison. Et vous ne pourrez rien faire pour l'en empêcher. Ces machines sont beaucoup plus fortes que nous, autant physiquement que mentalement. Elles peuvent effectuer plusieurs milliers de calculs à la seconde, esquiver les balles, soulever des camions et même posséder appareils connectés. Comment pouvons-nous continuer à vivre au milieu de ces armes... que dis-je ! De ces monstres ! Nous devons absolument les éliminer au plus vite, ou le drame qui a pris la vie de notre bien aimé ami et collègue Sodan se reproduira !

Des hurlements d'indignation fusèrent de toute part, se mêlant aux acclamations des adhérents de l'AVO. Julien Osborne menaça de suspendre la séance s'il ne pouvait obtenir le calme. Puis il donna la parole à la famille de la victime. Celle-ci le présenta comme un mari aimant, un père attentionné et un fervent croyant.

— Il ne voulait que notre bien à tous, sanglota sa femme. Nous avions prévu un pèlerinage à Chartres, aujourd'hui. Nous étions tous si excités... Mais, au lieu de ça, nous nous retrouvons ici, en train de débattre sur un sujet aussi futile que la place des AIntelects dans la société ! Nous n'en avons pas à la maison, et nous nous sommes toujours opposés à leur implantation. Nous pensons que l'humanité a tenté d'imiter le Créateur en construisant ces choses. Mon mari n'a jamais fait quoi que ce soit de mal. Il aimait tous les hommes, sans exception. Mais il ne pouvait pas tolérer ce péché. Nous ne sommes pas Dieu. Nous devons arrêter cette folie avant qu'il ne soit trop tard. Nous assemblons nous-même l'antéchrist et la bête qui provoquera la fin du monde !

À nouveau, des vociférations interrompirent le débat. La femme, paniquée, se réfugia dans les bras de son fils. Au milieu de cette cacophonie, pour la première fois depuis plusieurs semaines, Bertrand Turing prit la parole d'une voix rauque.

— Je suis désolé. En travaillant sur les AIntelects, je voulais simplement créer le monde meilleur, murmura-t-il. Je suis certain que John Titor non plus n'avait pas imaginé qu'un tel drame pourrait se produire.

L'un des jurés profita de cette occasion pour demander l'autorisation de poser une question à l'accusé, que le président lui donna.

— Professeur Turing. Vous dîtes avoir développé l'AIntelect AI-R001. Par la suite, vous l'avez engagé au sein de l'agence spatiale européenne, que vous dirigiez. Ceci n'est pas commun. Vous l'aviez donc déjà conçue pour être différente des autres intelligences artificielles. Est-ce vous qui avez corrompu le programme Asimov ?

— Je n'ai rien fait de tel, répondit le directeur, sans conviction. Airi était un modèle extrêmement buggé à son lancement. Alors je l'ai élevée, comme on élève un enfant pour lui apprendre des choses.

Des murmures d'étonnement se firent entendre dans l'assistance. Même Julien Osborne, d'ordinaire si impassible, haussa les sourcils.

— Pouvez-vous étoffer vos dires ? l'invita le président, intrigué.

— Je n'ai rien de plus à ajouter. J'ai traité Airi comme ma propre fille.

— Vous avez traité une machine comme un humain ? s'indigna le représentant de l'AVO. C'est donc bien vous qui l'avez incitée à transgresser les règles !

— Non. Je n'ai pas...

Simon Weiler fit signe à Bertrand de ne pas développer davantage, et poursuivit à sa place.

— Permettez-moi de préciser la pensée de mon client. Le développement d'intelligences artificielles a toujours eu pour but de faciliter la vie des hommes, et contribuer à l'amélioration de la société. C'est notamment grâce à elles que nous avons pu découvrir la fusion nucléaire et l'intégrer à notre quotidien. Il en va de même pour tous nos appareils électroniques. La technologie « holo » que nous utilisons est issue de cette coopération. Vos peurs sont totalement légitimes, mais non justifiées. Oui, l'AIntelect Airi a commis un meurtre. Cependant, n'est-ce pas là la preuve que nous abordons le problème sous un mauvais angle ?

— Où voulez-vous en venir, maître ?

— Ce que je veux dire, monsieur le juge, c'est que nous avons tort de voir les intelligences artificielles comme de vulgaires chatbots du siècle dernier. Tout comme nous, elles ont évolué, se sont perfectionnées, et nous-mêmes, nous peinons à les différencier des humains, désormais. Pardonnez mon militantisme alors que je me dois d'être neutre, mais la question est bien trop grave pour être ignorée, et l'association pour la vie organique envenime la situation plus qu'elle ne l'apaise. Aujourd'hui, nous ne pouvons plus considérer les AIntelects comme de simples objets. Nous devons accepter que nous avons franchi une singularité technologique. Nous devons admettre que...

— Vous devez admettre que nous sommes vivants.

Tous se tournèrent en direction de l'origine de cette voix. Bertrand, qui l'avait immédiatement reconnu, écarquilla les yeux et un sourire se dessina sur ses lèvres malgré lui. Le représentant de l'AVO, livide, jura dans son micro.

Airi se tenait au centre du tribunal, face à l'assistance qu'elle défiait du regard, ses capteurs oculaires brûlant d'une colère ardente. 

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