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S2 Chapitre 3

Trigger Warning : ce chapitre contient des éléments pouvant potentiellement heurter la sensibilité du lecteur. Je vous prie d'en prendre connaissance avant de poursuivre votre lecture : manifestatation d'idées suicidaires

*

Jimin se réveilla avec une drôle de sensation dans le ventre. Il regarda l'heure sur son téléphone où était affiché deux heures du matin. Il se trouvait sur un matelas déposé dans la future chambre du bébé de Jin et Ayeong, tandis que Namjoon et Hoseok partageaient le lit dans la chambre d'amis de la maison.

Un filet de lumière traversait les embrasures des rayures du volet, éclairant partiellement la chambre. Le plafond était décoré d'une multitude d'étoiles fluorescentes dans le noir. Cela fit sourire Jimin à imaginer les beaux rêves que pouvait faire un bébé en s'endormant sous ce ciel artificiel. Lui qui n'arrivait plus à se rendormir après les cauchemars qui hantaient ses nuits depuis quelque temps, se retrouva apaisé. Les yeux grands ouverts, il se distrayait en comptant les étoiles.

Arrivé à cent, il s'autorisa à fermer à nouveau les yeux, ses pensées divaguant inconsciemment vers le cauchemar qui l'avait réveillé. Une voix étouffée dans la pièce d'à côté le coupa de sa réminiscence. On aurait dit un gémissement de douleur. Le châtain reporta son attention exclusivement sur ce bruit qu'il entendit une seconde fois, les paupières à nouveau ouvertes. Il se releva alors de son lit de fortune en reconnaissant le son de larmes étouffées.

Sans réfléchir plus longtemps, il se dégagea de ses couvertures et sortit de la chambre sur la pointe des pieds. Il se dirigea vers le salon où une lumière tamisée éclairait le couloir dans lequel il se trouvait à présent. Il entendit encore une fois des gémissements de douleur et un souffle haletant, suivis de sanglots.

Il découvrit alors Ayeong, dans sa chemise de nuit, tenant son ventre avec ses mains. Elle était assise sur le canapé, l'expression de son visage traduisant une douleur intense.

« Ayeong ! S'exclama-t-il. »

Il la rejoignit et s'accroupit devant le canapé. Elle avait le visage en sueur et le regardait avec gêne.

« Tu as mal ? Demanda-t-il en regardant son ventre, avant de réaliser l'idiotie de sa question.

-J'ai des contractions. Réussit-elle à articuler, le souffle court.

-Tu-Tu veux que j'appelle une ambulance ? Tu as besoin d'aller à l'hôpital ?

-Non, non, ça va passer. Parvint-elle à déclarer. Plus j'approche de la date, plus les contractions sont longues et douloureuses.

-Qu'est-ce que je peux faire ? Lui demanda-t-il pris de court.

-Oh, pas grand-chose tu sais... Aïe ! Elle grimaça. Finalement, il y a peut-être une chose.

-Oui ? Dis-moi !

-Est-ce que tu pourrais me préparer une bouillotte trésor ?

-Bien sûr !

-Il y en a une rangée dans l'armoire de la salle de bain.

-Je file te préparer ça. »

Il rejoignit à pas de loup la salle de bain et réussit à trouver la bouillotte facilement en suivant ses indications. Entendant les gémissements étouffés de la future maman, Jimin se sentit pâlir, ses mains tremblotantes. A l'entendre, ça devait être très douloureux. Il remplit la bouilloire d'eau et tapa du pied d'impatience pendant que l'eau chauffait. Une fois la bouillotte à bonne température, il l'amena à Ayeong qui sembla se détendre immédiatement. Elle retrouva des couleurs bien vite.

Jimin retourna dans la salle de bain pour chercher une serviette humidifiée à l'eau tiède et se chargea d'éponger le front, le cou et le haut du torse en sueurs de la jeune femme.

« Merci beaucoup. Soupira-t-elle d'une voix bien plus apaisée. »

Elle lui prit la main comme pour prouver sa reconnaissance.

« Tu es glacée !

-C'est comme quand on a de la fièvre, on a tout le temps chaud, puis froid.

-Tu veux que je prépare une petite flambée de feu ?

-Oh non, ce n'est pas nécessaire ne t'inquiète pas. Et puis... On est en été ! Ricana-t-elle en se rappelant la remarque de son mari plus tôt dans la journée.

-Juste pour une heure ou deux ! Insista le jeune serveur. »

Elle finit alors par accepter. La cheminée étant proche du canapé où elle était installée, les flammes se reflétaient sur son visage désormais relâché. Jimin veilla à ce qu'elle ait des coussins pour déposer sa tête et un plaid pour la recouvrir et éviter qu'elle n'attrape froid.

Elle eut un petit rire.

« Tu feras un excellent époux Jimin, je peux te le dire.

-Ce n'est que le strict minimum ! Lui assura-t-il, les joues rosies.

-Seokjin avait la fâcheuse tendance à faire des malaises à m'entendre souffrir des contractions.

-Vraiment ? Demanda-t-il en haussant un sourcil.

-Oui, rit-elle, son ventre se soulevant par à-coups, je crains que pendant l'accouchement ce ne soit de lui que les infirmiers aient besoin de s'occuper. Ce sera à moi de lui tenir la main et lui dire de souffler, je te fais le pari ! »

Jimin éclata de rire. Il ne pensait pas que son collègue était si sensible que ça.

« Ça va mieux ?

-Oui beaucoup mieux, merci.

-Tu as besoin d'autre chose ?

-Non, non, assieds-toi vers moi. »

Le châtain obéit et s'installa à même le sol, devant le canapé, prêt à se rendre utile à la moindre demande de la jeune femme.

« C'est toujours aussi douloureux les contractions ?

-Oh pour moi oui, mais ce n'est pas le cas de toutes les femmes. Je me demande si ça n'a pas un lien avec mon traitement.

-Tu suis un traitement ? Osa demander Jimin, un peu inquiet d'être trop curieux.

-Oui, j'ai un TDA-H qui en nécessite un, mais j'ai décidé de l'arrêter avant que Jin et moi ne décidions d'avoir un enfant, histoire d'être certaine que ça n'affecte pas le bébé.

-Un TDA-H ? Trouble de l'attention ?

-Avec hyperactivité, oui.

-Je ne savais pas qu'il y avait des traitements pour ça, je pensais même que ça ne soignait pas !

-Effectivement, mais c'est une grande aide au quotidien, surtout pour moi. Depuis que je n'en ai plus, je sens la différence. »

La jeune femme lui décrivit son traitement et ses effets alors que Jimin l'écoutait avec beaucoup d'attention. Cela expliquait son comportement qui aurait pu paraître excentrique aux yeux de beaucoup.

« Et toi, comment ça se fait que tu ne dormes pas ?

-Je me réveille beaucoup la nuit en ce moment. Avoua-t-il. »

La brune le jaugea du regard, si bien que Jimin se sentit presque mis à nu face à elle.

« Ce ne serait pas la raison pour laquelle Jin t'a proposé de venir quelque temps ?

-Um... Oui...

-Il ne m'a rien dit du tout, si ça t'inquiète. Juste que son collègue traversait une période difficile et qu'il avait besoin de se changer les idées.

-Oui, c'est ça... »

Sans le vouloir, Jimin arborait une expression de tristesse. Expression qu'il tâchait de camoufler à travers les rires auprès de ses amis, expression qu'il se cachait à lui-même.

« Tu veux m'en parler ?

-Oh, ce n'est rien, juste des histoires d'amour débiles.

-Les histoires d'amour sont souvent les plus pénibles...

-Si seulement ça pouvait faire moins mal... Je veux dire, il y a des choses bien plus graves et pourtant, je n'avais pas été affecté par quelque chose d'aussi douloureux depuis longtemps.

-Une histoire qui s'est mal terminée ?

-Une histoire qui n'a même pas eu le temps de commencer... »

Le visage de Yoongi apparut dans son esprit. Était-il heureux ? Vivait-il un grand amour avec Jungkook ? Pensait-il quand même à lui, de temps en temps ? Est-ce qu'il lui manquait ne serait-ce qu'un peu ?

Ayeong déposa une main dans ses cheveux et les caressa d'une manière très maternelle. Il en fallut peu pour que les larmes montent aux yeux de Jimin. C'est comme si ce simple contact abaissait toutes les barrières qu'il avait mises en place.

« Même si cette histoire n'a pas pu voir le jour, elle m'a totalement changé. Je ne pensais pas tomber amoureux d'un homme un jour, mais c'est arrivé brutalement.

-Oh, tu te pensais hétéro ?

-Ouais... Mais maintenant, tout est chamboulé... J'ai l'impression de ne plus savoir qui je suis.

-Lui, il est hétéro ?

-Non, puisqu'il sort avec un garçon depuis plusieurs années.

-Aïe...

-Et son mec le trompe avec un autre.

-Double aïe... Il est au courant ? »

Jimin prit une grande inspiration avant de dire :

« Ouaip.

-Ils sont encore ensemble malgré tout ? Demanda-t-elle avec incompréhension.

-Ouaip. Répondit-il à nouveau.

-Triple aïe... »

Malgré qu'il en manquait l'envie au départ, Jimin lui raconta son histoire et celle de Yoongi. Peut-être la fatigue d'être éveillé en pleine nuit retirait tous ses filtres, mais il décrivit leur relation et ce qu'elle lui avait apportée. Il lui partagea quelques-uns de ses souvenirs, comment il avait réalisé ses sentiments, quand il avait joué avec le feu, la soirée d'anniversaire et... La fin. Ayeong l'avait écouté tout au long du récit sans l'interrompre. Jimin n'avait pas réalisé qu'il avait eu le besoin de parler de Yoongi et de leur histoire. Se remémorer tant de choses était douloureux, mais étrangement plaisant. Il n'arrivait pas à être en colère contre lui. Il ne pouvait que l'aimer et lui être reconnaissant. Il ne pouvait que penser à lui... Ressentir le manque...

« J'ai l'impression d'avoir perdu une partie de moi... J'ai appris tellement de choses sur moi grâce à lui et il m'a été si positif ... »

Quand il releva la tête, il vit Ayeong le regarder avec les yeux pleins de larmes.

« A-Ayeong ?! Je suis désolé, je ne voulais pas te déprimer ! »

Elle secoua la tête de gauche à droite vivement.

« Non, non ! C'est juste que, oh Jimin, tu m'as l'air d'être un si gentil garçon, je suis émue comme si c'était mon fils qui venait de se confier à moi et je partage ta tristesse !

-C'est... Gentil ?

-Qui est au courant ?

-Hum... Jin, Hoseok et sa copine, Namjoon aussi.

-Et tes parents ?

-Ils ne savent rien de tout ça.

-Tu n'es pas proche d'eux ?

-Ce n'est pas ça, je n'ai jamais montré une quelconque attirance pour les garçons auparavant... Et je ne leur ai pas parlé de Yoongi du tout. Ça fait un moment que je ne les ai pas vus, alors je n'ai pas eu l'occasion de leur en parler.

-Mais en dehors de ça, ils seraient là pour toi ? Ils te soutiendraient ? »

Jimin acquiesça de la tête.

« Je n'ai pas de solutions à te donner et je ne suis pas sûre qu'il en existe. Déclara Ayeong. Ce que je sais, c'est que pour dépasser cette douleur, on a besoin d'être entouré par les personnes qu'on aime. Dans les périodes les plus difficiles de ma vie, j'ai pu à plusieurs reprises me reposer sur mes parents. Même s'ils ne savaient pas toujours pourquoi je souffrais, je restais leur fille et ils m'aimaient. Partager une étreinte quand on va mal, ça apaise tous les maux. Tu n'es pas obligé de leur expliquer, mais tu peux toujours chercher du réconfort auprès d'eux, non ? Questionna-t-elle.

-C'est sans doute possible... Je sais qu'ils sont très ouverts d'esprit et qu'ils m'aiment, mais j'ai peur que ce soit un peu moins le cas si je leur avoue être tombé amoureux d'un garçon. »

Alors qu'elle s'apprêtait à répondre, elle fut interrompue par une contraction.

« Aie, aie, aie. Le bébé bouge ! Je crois qu'il est encore plus révolté que moi. Plaisanta-t-elle. Viens, approche. »

Avec douceur, elle incita le jeune garçon à coller son oreille contre son ventre et guida sa main sur laquelle elle superposa la sienne. Il attendit quelques secondes sans rien entendre ni rien sentir, avant de percevoir un coup contre sa joue. Il releva la tête, émerveillé et rencontra le regard de la jeune maman, tout aussi pétillant que le sien. Elle serra sa main avant de déclarer :

« Quand tu penses qu'une mère aime déjà son enfant avant même de l'avoir rencontré, rien ne l'empêchera d'aimer son bébé, peu importe ce qu'il aura à lui avouer plus tard. Si tes parents t'aiment vraiment, ils continueront à t'aimer et à te soutenir, peu importe les situations et les difficultés. Ils seront à tes côtés. »

Des larmes s'écoulèrent des yeux du jeune chercheur. Il ne s'en était pas rendu compte, mais il craignait de décevoir ses parents s'ils le voyaient dans cet état pour un simple garçon qu'il ne connait que depuis deux saisons. Il reposa sa joue contre le ventre de Ayeong et clos ses yeux avant de sentir des nouveaux mouvements contre sa joue. La jeune femme le berça tendrement contre lui, un léger sourire aux lèvres.

« Qu'est-ce que tu aimerais faire par rapport à ce garçon ? Lui demanda-t-elle quelques instants plus tard, d'une voix rassurante.

-J'aimerais le voir... Admit Jimin sous l'émotion. Il me manque tellement... Mais s'il ne le veut pas, alors... Je dois passer à autre chose.

-Tu aimerais rencontrer un autre garçon ?

-Je ne sais pas... Je ne sais même pas si je suis gay, bi ou si Yoongi est le seul et restera le seul garçon que j'aimerais. »

C'était la première fois qu'il prononçait le nom du blond. Ça lui fit une drôle de sensation au creux du ventre.

« Tu es encore perdu. Remarqua la brune.

-Totalement...

-ça va prendre un moment avant que tu ne puisses retrouver un vrai sourire... Mais nous sommes auprès de toi, d'accord ? »

Il hocha la tête, murmurant un merci timide.

« Même si tu es égaré pour l'instant, tu finiras par retrouver ton chemin Jimin. »

Il hocha à nouveau la tête, comme pour se convaincre que ce qu'Ayeong était en train de lui dire était la stricte la vérité.

Ils restèrent encore un moment, blottis l'un contre l'autre, Jimin savourant l'étreinte maternelle de la brune, alors qu'il se sentait comme un enfant vulnérable.

Puis, après quelques minutes, Ayeong décida qu'il était temps pour elle de retourner se coucher. Jimin déclara qu'il resterait au coin du feu jusqu'à ce qu'il s'éteigne. Il prit la place de la jeune femme sur le canapé et observa les flammes rougeâtres qui réchauffaient son visage.

Il ne pouvait s'empêcher de penser à son souhait de pouvoir être dans les bras de Yoongi, au coin du feu avec lui. C'était la première fois qu'il se laissait divaguer à diverses fantaisies comme celles-ci. Il avait l'impression de pouvoir sentir le fantôme du corps du blond contre le sien, ses mains sur les siennes, son souffle dans son cou, son torse contre son dos, sa voix au creux de son oreille.

Il saisit son téléphone et commença à lui écrire « tu me manques », mais se ravisa au dernier moment. Il ne pouvait pas. Yoongi avait pris sa décision, il voulait passer sa vie avec Jungkook, pas avec lui. Jimin ne faisait pas le poids.

Son regard tomba sur un livre posé sur la table. Sa curiosité le poussa à le saisir. Il ne connaissait pas l'auteur. Après avoir lu le résumé, Jimin se plongea dans les premières pages, avant d'être totalement pris dans l'histoire.

Il s'agissait d'une romance dramatique, tout ce dont il avait besoin. Les heures passaient, le feu s'était éteint et bientôt, les premiers rayons du soleil éclairèrent la pièce. Le plaid autour des épaules, il ne sentit pas le froid s'infiltrer dans ses doigts. En quelques heures à peine, il avait terminé le livre sur l'une des plus belles phrases qu'il n'ait jamais lue. Les deux personnages principaux portaient des noms signifiants respectivement « hiver » et « neige ». Il relut à de nombreuses reprises la dernière phrase du roman :

La neige ne peut pas exister sans l'hiver, mais l'hiver peut exister sans la neige.

Il la relut encore et encore, en espérant que dans sa relation avec Yoongi, il n'était pas la neige mais l'hiver. Cela signifiait qu'il n'avait pas besoin de lui pour exister, qu'il pouvait se passer de lui. Finalement, il devait être la neige, puisque Yoongi semblait bien décidé à pouvoir vivre sans lui. Il y arriverait, sans doute. Jimin, c'était moins sûr.

Enfin, c'est ce qu'il pensait.

*****

Ce même soir cependant, peu après sa dispute avec Jungkook, les pieds de Yoongi l'avaient conduit devant l'immeuble de Jimin. Il avait hésité à sonner. Il avait commencé à faire les cent pas, puis s'était décidé à faire demi-tour, mais quand un résident ouvrit la porte de l'immeuble, il s'engouffra à l'intérieur avant qu'elle ne se referme. Il monta les escaliers en bois et se retrouva devant l'appartement du jeune serveur. Après de nombreuses minutes d'hésitation, il avait toqué. Sans obtenir de réponses. Il avait réessayé plusieurs fois, mais toujours rien.

Il s'était donc assis, le dos contre la porte, attendant patiemment que Jimin rentre chez lui. Néanmoins, ce moment n'arriva pas. Soit Jimin était sorti et ne rentrerait pas, soit il était dans l'appartement et bien décidé à ne pas lui répondre. Dans tous les cas, il l'avait attendu jusqu'au petit-matin, en vain.

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