Chapitre 5
Izuku frissonnait en attendant que l'alpha qu'il venait de rencontrer sorte du restaurant. Il n'avait pas pensé à prendre des affaires plus chaudes avant de partir, et il regrettait maintenant quelque peu. Le froid de la soirée était beaucoup plus frais qu'il ne l'avait pensé, et il se retrouvait à grelotter, tout en regardant à travers les vitres du restaurant ce qui se passait à l'intérieur. Le blond, qui avait demandé son aide un peu plus tôt, semblait engagé dans une conversation houleuse avec une jeune femme. À travers la vitre, Izuku pouvait voir ses sourcils froncés et son air dur, tandis que la femme semblait s'accrocher à son bras pour ne pas le laisser partir. Face à cette scène, Izuku ne put s'empêcher de lâcher un faible rire, se disant que ce n'était pas à lui que ce genre de situations allait arriver.
Quand il vit le blond la repousser et se diriger vers l'entrée du restaurant, Izuku se détacha de la vitre pour faire comme s'il n'avait rien vu. Il se posta près de l'entrée, remit correctement sa boîte dans ses bras, et attendit que l'alpha s'approche de lui. Quand le blond poussa la porte et sortit, Izuku ne s'attendait pas à ce qui se passa ensuite. Le blond s'approcha de lui, prit la caisse en bois d'une main pour la glisser sous son bras, puis de l'autre main, le mit sous son épaule et posa sa main sur sa hanche pour le soutenir. Sans préavis, il lui dit :
- Fais semblant d'être éméché.
Ne comprenant pas tout de suite, Izuku jeta un coup d'œil par-dessus l'épaule du blond et vit la femme avec qui il avait échangé plus tôt se diriger vers eux avec hargne. Elle ne semblait pas du tout d'accord avec le fait de le laisser partir en plein milieu de leur rendez-vous. Pour aider le blond une nouvelle fois, Izuku fit ce qu'il lui avait demandé et s'effondra de tout son poids sur lui, comme s'il ne pouvait plus se tenir debout. Il sentit le blond souffler un ricanement, qu'il masqua très vite quand la porte du restaurant s'ouvrit. Izuku baissa la tête pour ne pas croiser son regard, avançant légèrement en titubant et libérant un peu plus de phéromones pour donner l'illusion qu'il ne pouvait plus les contrôler. Il ignora la main qui se resserra sur sa hanche à son geste.
Puis, il entendit très distinctement la voix de la femme s'élever dans la rue :
- Katsuki, tu vas pas me laisser comme ça !
- Pourtant, c'est ce que je suis déjà en train de faire.
Izuku masqua son rire face à cette réplique et s'effondra encore un peu plus contre le blond pour qu'il puisse continuer à jouer son rôle. Il sentit que Katsuki comprit lorsqu'il essaya de le remettre un peu plus debout, tout en disant :
- Je te l'ai dit, j'ai un ami qui a besoin de mon aide. Je vais pas le laisser seul dehors, totalement éméché.
Ils commencèrent à marcher, Izuku prétendant toujours être dans un état second, s'éloignant autant que possible du restaurant et de la femme.
- Et donc, moi, tu vas me laisser rentrer toute seule ?
- Il me semble que tu es en pleine possession de tes moyens, alors je vois pas l'intérêt de t'accompagner.
- Et comment il s'appelle, ton ami ?
Izuku sentit le blond à côté de lui se figer et arrêta leur marche. Il souffla alors rapidement et très bas :
- Izuku.
Katsuki le remercia silencieusement en resserrant sa poigne sur sa hanche et répondit :
- Pourquoi je devrais te le dire ?
- Parce que toute cette histoire me paraît louche !
- Izuku, voilà son prénom ! Maintenant, fous-nous la paix et rentre chez toi !
Enfin, ils n'entendirent plus la voix de la femme derrière eux et reprirent leur marche, même si elle était très lente. Izuku espérait qu'elle ne les suivrait pas et, en jetant de temps en temps des regards derrière eux, il constata qu'elle ne les suivait pas. Il souffla de soulagement et un silence s'installa entre lui et Katsuki pendant quelques instants. Alors qu'ils débouchaient dans une rue, il sentit le bras du blond se détacher de lui pour ensuite se redresser. Ils purent ainsi se faire face, et Izuku arrêta son manège. Ils ne purent que rigoler ensemble devant la situation. Ils s'en étaient plutôt bien sortis, malgré le fait qu'elle leur avait longtemps tenu la jambe pour ne pas laisser partir Katsuki. Celui-ci prit finalement la parole après avoir calmé son rire :
- Tu fais un très bon menteur.
Izuku ne put que rire et reprendre sa marche, cette fois normalement, en direction de chez lui. Sans sa caisse dans les bras, car quand il l'avait demandée au blond, celui-ci lui avait défendu de la prendre, comme un petit remerciement pour l'avoir aidé. Il avait également ajouté qu'il allait l'accompagner, car un oméga seul la nuit, ce n'était pas très prudent. N'ayant pas eu trop le choix, Izuku haussa simplement les épaules et reprit sa marche calmement. Ils étaient donc côte à côte, dans une ambiance apaisante. Pour combler le silence, Izuku dit doucement :
- Je comprends pourquoi tu as voulu partir rapidement de ce rendez-vous.
Du coin de l'œil, il vit alors le blond l'interroger du regard et lui répondit doucement :
- Elle semblait assez hystérique sur les bords.
Un ricanement fut sa seule réponse, et le silence reprit entre eux. Les rues étaient vides et seul le bruit de leurs pas venait rompre ce silence nocturne. Izuku se sentait apaisé. Quand il avait croisé le regard de l'alpha pour la première fois, il ne savait pas trop comment l'expliquer, mais il en était resté interdit. Ces yeux rouges, hypnotiques, ne l'avaient pas laissé indifférent, et l'odeur qui se dégageait de lui avait complètement désorganisé ses sens, au point qu'il était resté immobile, subjugué, pendant quelques instants avant de se reprendre. Maintenant, en sa présence, il se sentait tout aussi bien. C'était très étrange, surtout que cela ne lui était jamais arrivé auparavant, sauf avec son ancien mari. Mais là, à ses côtés, leurs odeurs se mélangeant, il se sentait bien. Oui, il était apaisé. Et cela le touchait de savoir que Katsuki allait l'accompagner jusqu'à chez lui pour s'assurer de sa sécurité. C'était un geste simple mais qui comptait beaucoup.
Dans leur société, ramener un oméga chez lui était mal vu. Eux, normalement, on ne les approchait pas et on les gardait loin de nous. Alors qu'un alpha, le raccompagne chez lui, c'était du jamais vu. Izuku se sentait alors un peu privilégié, et un fin sourire se dessina sur ses lèvres.
- Ma mère avait arrangé ce rendez-vous en fait.
Izuku stoppa ses pensées et tourna la tête vers le blond qui se confiait sur sa soirée. Il ne dit rien et le laissa continuer :
- Elle s'entiche à ce que je me trouve quelqu'un pour avoir des petits-enfants, et pour que je reprenne la relève de notre entreprise.
Izuku retint son ricanement moqueur, se disant que lui et les personnes riches n'avaient pas du tout les mêmes problèmes. Le cadre du restaurant et la tenue que portait le blond témoignaient de sa richesse. Ne voulant pas se montrer méchant, il préféra détourner la conversation :
- C'est quoi ton nom de famille ?
- Bakugo.
- Bakugo ?
Quand il reporta son regard sur le blond, il le vit perturbé, sûrement parce qu'Izuku ne reconnaissait pas son nom. Réfléchissant, aucun nom de la sorte ne lui disait quelque chose. Alors il fixa le blond sans rien dire, manquant de rire une nouvelle fois devant la scène assez loufoque.
- Tu n'as jamais entendu parler de mon nom à la télé ?
Izuku manqua de lui dire qu'il n'avait pas de télévision chez lui et que les rares informations qu'il obtenait provenaient de son téléphone, qu'il ne consultait pas souvent. Il haussa simplement les épaules, encore une fois, ne sachant que dire. Il n'avait jamais été très doué pour faire la conversation à moins que quelqu'un ne le lance sur un sujet. Alors il laissa place au silence, bien que cela leur fit tout autant de bien. Quand Izuku aperçut son immeuble au loin, il fut presque déçu de devoir quitter le blond aussi rapidement. Ils avaient partagé un moment si simple tous les deux, et Izuku se dit que c'était la meilleure chose qui lui était arrivée cette soirée. Avec une voix un peu hésitante, transmettant tous ses regrets que ce soit déjà fini, il annonça au blond :
- On est arrivés.
Il ne manqua pas le regard interrogateur que lui lança le blond en posant les yeux sur la façade de son immeuble. Elle était tout simplement fissurée et sale. Mais c'était tout ce que les oméga pouvaient se payer avec leurs maigres salaires, et les seuls logements que le gouvernement consentait à leur construire. Izuku avait vu tant de regards similaires à celui de Katsuki qu'il ne s'en offusqua pas. Il le regarda en face et le remercia :
- Merci de m'avoir raccompagné, c'était très gentil de ta part.
Cette fois, il ne manqua pas le sourire que le blond lui lança en retour, et il sentit ses joues rougir légèrement. Il rougit encore plus en entendant :
- Merci à toi de m'avoir aidé. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi pour me sortir de là.
Ils restèrent ainsi, face à face, à se regarder en souriant doucement, partageant une dernière fois ce silence apaisant et leurs odeurs se mélangeant dans une parfaite harmonie. Izuku n'avait pas remarqué jusque-là, mais cela avait le don de l'apaiser. Devant lui se trouvait un alpha qu'il trouvait tout simplement charmant, tant par son physique imposant que par la gentillesse qu'il lui avait tout de suite témoignée. Il se dit qu'il aimerait bien le revoir plus tard, juste comme ça, parce qu'il en avait envie, et surtout parce qu'il se sentait rassuré en sa présence, son loup le lui confirmant. Or, quand le blond prononça ces paroles, il déchanta très vite :
- Izuku... je peux te demander un service ?
Celui-ci ne dit rien et le laissa continuer :
- Tu veux bien faire semblant de sortir avec moi ?
Cette fois-ci, Izuku perdit toute sa joie d'être en compagnie de l'alpha. La colère monta en lui et il rétorqua :
- Donc si je comprends bien, tu m'as simplement aidé pour ton petit profit personnel ? Moi qui pensais que tu étais différent des autres alphas, je me suis bien trompé.
Se sentant trahi et utilisé, il arracha sa boîte des mains du blond, se détourna de lui et se dirigea vers son appartement. Son cœur se serrait alors qu'il commençait tout juste à apprécier le blond, mais il se sentait maintenant pathétique d'avoir fait confiance à un alpha.
- Izuku, attends, laisse-moi t'expliquer.
Le vert sentit qu'on lui attrapait le bras pour le retourner. Il fit face aux yeux rouges qu'il aimait tant, et le blond ne lui laissa pas le temps de parler :
- Je suis désolé de te demander ça comme ça, et la situation est vraiment étrange, mais j'ai besoin de toi. Je te l'ai déjà dit, ma mère veut que je me trouve quelqu'un. Et... désolé, mais j'ai écouté ta conversation tout à l'heure, tu as des problèmes d'argent, et des enfants en plus. Moi, je pourrais te donner ce qui te manque, autant que tu le souhaites, si en retour tu m'aides sur ce point-là. On pourrait s'aider mutuellement. Je te laisse ma carte, il y a mon numéro de téléphone et l'adresse de ma boîte. Réfléchis-y s'il te plaît. Dès que tu as ta réponse, contacte-moi. Ça pourrait nous être utile à tous les deux.
Izuku resta figé alors que la grande main de l'alpha se détachait de la sienne, y laissant sa carte de visite. Il serait mentir de dire que ce contact ne lui faisait rien, mais il était trop subjugué par l'audace de cet alpha. Il resta sans voix, le regardant partir en sens inverse sans plus de salutations, le laissant là, plus perdu que jamais. Cette soirée avait été plus divertissante et bien plus mouvementée qu'il ne l'aurait pensé.
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