Chapitre 20
Après leur discussion, Izuku et Katsuki s'étaient glissés sous les draps du lit, épuisés par les émotions intenses qu'ils avaient traversées au cours des dernières heures, mais également apaisés à l'idée qu'ils étaient désormais sur la même longueur d'onde. Leur échange sur la nature de leur lien avait été bref, mais il avait touché à l'essentiel : prendre leur temps. Katsuki savait qu'Izuku n'hésiterait pas à rouvrir la discussion lorsqu'il le jugerait nécessaire. Pour l'heure, ils s'étaient compris, et il n'y avait plus besoin de s'attarder sur ce sujet.
Le silence qui régnait dans la pièce était apaisant, bien que chargé de non-dits. Leur conversation les avait certes soulagés, mais Katsuki pouvait néanmoins sentir une atmosphère singulière s'installer entre eux, fruit de ses propres actes. Lorsqu'il perçut cette tension, il s'en voulut immédiatement. Habituellement, Izuku venait se blottir contre lui, mais cette fois-ci, il s'était volontairement placé à l'opposé.
Sans le vouloir, il avait créé une tension invisible dans leur relation, et des doutes quant à leur avenir commun. Si Katsuki avait su que cela éloignerait Izuku de lui ainsi, il aurait sans doute choisi un autre moment pour aborder ce sujet. C'est pour cela qu'il jeta un regard furtif vers le jeune homme, qui, allongé à ses côtés, le dos tourné, n'avait pas bougé d'un pouce depuis qu'il l'avait observé pour la dernière fois. La distance physique entre eux lui pesait, et cela ne faisait qu'accroître son sentiment de culpabilité. Bien qu'il sache qu'ils avaient besoin de repos pour digérer les vérités partagées, cette séparation lui était douloureuse, et il luttait pour ne pas céder à l'envie de se rapprocher de lui.
Peut-être Izuku lui faisait-il comprendre qu'il avait besoin d'espace. Katsuki était prêt à le lui accorder, mais quelque chose l'empêchait de trouver le sommeil.
L'alpha soupira doucement, fixant le plafond tout en jouant machinalement avec les draps. Cette sensation persistante d'incomplétude le hantait, ce sentiment de n'avoir ni tout dit, ni tout compris sur l'homme à ses côtés et les enfants. Le lien entre eux était indéniablement puissant, mais il subsistait en lui une forme de responsabilité qu'il n'avait pas encore abordée : envers Izuku et les enfants.
Il redoutait toutefois de poser la question, de peur d'épuiser davantage Izuku ou de réveiller en lui des souvenirs douloureux. Pourtant, il savait que tant qu'il ne s'exprimerait pas, il ne pourrait avancer ni clarifier leur relation. Il ne pourrait pas non plus saisir pleinement le chemin qu'Izuku avait parcouru pour se retrouver seul avec quatre enfants. Après quelques minutes d'hésitation et plusieurs regards lancés à l'homme à ses côtés, qui n'avait toujours pas bougé, il se redressa sur un coude, fixant son dos avec intensité. Puis, dans un murmure rauque et bas, il l'appela :
- Izuku...
Aucune réponse ne lui parvint, mais il perçut le léger tressaillement de son corps, signe qu'il l'avait entendu. Même si Izuku faisait mine de l'ignorer, Katsuki posa doucement ses doigts sur son épaule, nue sous le tissu de son t-shirt. Cette fois, il obtint un léger murmure en retour :
- Katchan, qu'est-ce qu'il y a ?
Voyant Izuku se frotter les yeux et se retourner lentement vers lui, Katsuki s'en voulut davantage. Si Izuku s'était éloigné, c'était parce qu'il était tombé de fatigue, sans se formaliser de la distance entre eux. De plus, il choisissait encore mal son moment pour aborder ce sujet. Mais maintenant qu'il l'avait amorcé, il décida de tout révéler pour ne plus y revenir. Après s'être raclé la gorge, il posa la question fatidique :
– Pourquoi... Pourquoi es-tu seul avec eux ? Que s'est-il passé ?
Le silence qui suivit sa question sembla s'étirer interminablement. Izuku, bien que visiblement épuisé, resta figé, mais Katsuki remarqua la tension qui raidissait ses épaules, comme s'il se préparait à affronter une douleur profondément enfouie. Ce simple signe éveilla en lui une profonde compassion. Sans même y réfléchir, il tendit la main et serra doucement celle d'Izuku, lui offrant un soutien silencieux.
Il sentit une légère hésitation de la part d'Izuku, mais ce dernier finit par accepter ce geste, lâchant un soupir discret avant de se retourner complètement, comme soulagé. Ce geste, simple mais lourd de sens, représentait une promesse tacite : ils étaient là l'un pour l'autre.
Quelques instants plus tard, Katsuki se rapprocha instinctivement, enlaçant Izuku par les épaules et l'attirant contre lui. Bien qu'Izuku sembla d'abord surpris par cette étreinte, il se laissa rapidement aller contre le torse de Katsuki. Sa tête reposant doucement sur sa poitrine, les battements réguliers du cœur de Katsuki semblèrent apaiser le jeune père, dont la respiration se fit plus calme. Katsuki passa alors ses doigts dans ses cheveux avec des gestes lents, dessinant des mouvements rassurants. Chaque caresse effaçait peu à peu la tension accumulée par Izuku.
Il n'avait pas voulu le mettre dans cet état de malaise, mais il avait besoin de réponses. Et peu importe la dureté de ces révélations, il serait prêt à les affronter et à être un soutien inébranlable pour Izuku dans cette épreuve. Alors, il lui murmura avec douceur, comme une promesse :
– Je te promets que je vais t'aider.
Ces mots n'étaient pas qu'une simple promesse, ils représentaient un engagement solennel. Et lorsqu'il sentit ses lèvres frôler involontairement le sommet de la tête d'Izuku, Katsuki comprit à quel point ces paroles étaient importantes pour lui. Leur poids résonnait en lui bien plus qu'il ne l'aurait imaginé.
Blotti contre lui, Izuku ne répondit pas immédiatement, mais son corps se détendit graduellement, sa respiration s'apaisant peu à peu, au grand soulagement de Katsuki. La tension qu'il avait créée par sa question s'évanouissait, remplacée par une tranquillité fragile. Katsuki savait qu'Izuku avait besoin de ce moment de quiétude, d'être simplement tenu, sans jugement ni pression. Alors, il continua à lui caresser doucement le dos, dessinant de lents cercles apaisants pour l'encourager à se confier :
– Ça a été difficile, tout ça... n'est-ce pas ?
Il ignorait comment amorcer réellement cette conversation, mais il sentait qu'Izuku avait besoin de parler. Bien sûr, il aurait pu lui dire que s'il ne souhaitait pas répondre, cela ne poserait aucun problème. Mais les sourcils froncés d'Izuku laissaient deviner qu'il était prêt à se lancer. Après un moment de silence, Izuku finit par souffler, d'une voix à peine audible :
– Mon mari... il est mort avant que Riku ne naisse.
Sa voix se brisa légèrement, mais Katsuki ne bougea pas. Il resta là, offrant sa présence et son soutien, bien que le poids de cette révélation lui serre l'estomac. Il ne s'était pas attendu à une telle réponse. Izuku reprit lentement, ses mots lourds de tristesse :
– Ce n'était pas une maladie, ni autre chose... C'est arrivé si vite... Et sa famille...
Izuku sembla hésiter, puis serra soudainement un peu plus fort la main de Katsuki, comme pour puiser la force de continuer.
– Ils m'ont rejeté parce que j'étais oméga. Ils n'ont jamais accepté nos enfants, ils...
Katsuki sentit une vague de colère monter en lui, mais il la réprima, conscient que ce n'était pas le moment pour laisser ses émotions prendre le dessus.
– Ils m'ont interdit d'assister aux funérailles..., acheva Izuku. J'avais tout perdu. Ils ont tout fait pour que je n'hérite de rien, m'ont mis à la rue. Pour eux, en tant qu'oméga, je ne méritais rien.
Izuku tremblait légèrement dans ses bras.
– Et depuis... je me bats seul pour les élever, pour leur offrir une vie. Bien que tu sois présent, je ne peux m'empêcher de ressentir cette culpabilité, celle de ne pas être capable de les aider suffisamment par mes propres moyens.
Les paroles d'Izuku étaient imprégnées d'une tristesse profonde, chaque phrase semblant s'ancrer dans le cœur de Katsuki avec la lourdeur d'un coup implacable. Comment avait-il pu traverser tout cela, seul, avec quatre enfants ? Katsuki ferma un instant les yeux, s'efforçant de contenir la colère qui montait en lui contre ceux qui avaient laissé Izuku et ses enfants dans une telle détresse. Il resserra doucement son étreinte autour du jeune homme, comme pour lui signifier qu'il n'était plus seul à porter ce fardeau.
Il lui était inconcevable qu'on puisse abandonner une famille aussi nombreuse, les laisser sans ressources ni soutien. Cela révélait cruellement que la société actuelle demeurait imparfaite, encore empreinte de préjugés contre les différences de genre. Le parcours d'Izuku en était une preuve douloureuse, et savoir que celui-ci avait passé plusieurs années dans cette situation révoltait profondément Katsuki. Et comme si cela ne suffisait pas, il ne pouvait s'empêcher de se comparer à sa propre mère, redoutant qu'il lui fasse subir à nouveau ce poids.
Maugréant intérieurement contre elle, il se fit de nouveau la promesse de trouver rapidement une solution. Mais, pour l'instant, dans l'espoir de chasser cette ombre de tristesse du visage parsemé de taches de rousseur face à lui, il lança calmement :
– Tu n'aurais jamais dû endurer tout cela. Ce n'est pas juste...
Ses doigts poursuivaient leur lente course sur le dos d'Izuku, dessinant des cercles dans un geste apaisant qu'il prolongeait, tentant d'effacer le poids de ces souvenirs douloureux. Izuku, quant à lui, semblait se laisser aller dans cette étreinte, savourant sûrement cette proximité réconfortante qu'il n'avait pas connue depuis bien longtemps. Katsuki pouvait sentir à quel point la fatigue pesait sur ses épaules, mais aussi un soulagement palpable, celui d'avoir enfin partagé ce fardeau.
– Katsuki..., murmura soudainement Izuku.
Le blond posa aussitôt son regard sur le jeune homme dans ses bras et ne manqua pas de percevoir celui-ci lever légèrement la tête, cherchant à croiser ses yeux pour lui souffler doucement :
– Je te remercie... pour tout cela.
Ses yeux, humides de larmes, brillaient d'une sincérité émouvante, une sincérité qui toucha profondément Katsuki.
– Je... je ne pensais pas trouver à nouveau quelqu'un pour m'aider.
Katsuki, quelque peu embarrassé par cette confession, se racla doucement la gorge sans pour autant relâcher son étreinte, dissimulant ainsi le fait qu'il était lui-même profondément ému. Détournant un peu le regard, il répondit avec une apparente nonchalance :
– Tu n'as pas besoin de me remercier, c'est naturel. Je le fais pour toi, mais aussi pour les enfants.
Ces mots résonnèrent dans l'esprit de Katsuki bien plus intensément qu'il ne l'avait anticipé. En prononçant ces paroles, il réalisait qu'il venait d'affirmer que lui et les enfants comptaient véritablement à ses yeux, et cette vérité le bouleversait plus qu'il n'oserait jamais l'admettre. Le poids de ses mots flottait entre eux, créant un silence à la fois apaisant et lourd de sens. Leur lien.
En cette nuit paisible, ensemble dans la même pièce, Katsuki percevait de nouveau cette connexion qui les unissait, comme si elle se renforçait peu à peu. Pour la première fois, cette sensation était à la fois douloureuse et douce, marquée par une intensité inhabituelle.
À ses côtés, il sentit Izuku se raidir légèrement, comme s'il réfléchissait à ce que cette déclaration impliquait. Katsuki pouvait presque entendre le cœur d'Izuku battre plus vite, signe que quelque chose d'important se jouait à cet instant. Le blond savait qu'Izuku aussi ressentait ce lien.
Cette certitude se confirma lorsque le jeune homme baissa les yeux, hésitant visiblement à formuler une pensée difficile. Katsuki sentit son propre cœur accélérer, conscient que la conversation s'apprêtait à franchir une frontière invisible.
Finalement, Izuku murmura, d'une voix tremblante :
– Toi aussi... tu ressens ce lien, n'est-ce pas ?
Katsuki resta un instant immobile, pris au dépourvu par cette question directe. Il passa une main dans ses cheveux, cherchant les mots justes. Ce lien... bien sûr qu'il le ressentait. Mais cela dépassait de loin une simple attraction ou une responsabilité partagée. C'était ancré plus profondément, quelque chose qu'il n'avait jamais ressenti pour personne d'autre. Pourtant, il ne voulait pas précipiter les choses, pas avec Izuku, pas avec les enfants. Ils avaient déjà suffisamment de défis à surmonter.
Le silence s'étira, puis Katsuki finit par répondre d'une voix grave :
– Oui. Je le ressens.
À cet instant, la sensation de ce lien dans le cœur de Katsuki s'adoucit, tandis qu'Izuku, un sourire de soulagement aux lèvres, laissait échapper un souffle léger. Cette réaction fit battre le cœur de Katsuki un peu plus fort, mais il chassa rapidement l'idée que cela puisse signifier qu'ils étaient destinés à être ensemble. C'était improbable, et il n'avait pas besoin de cela pour le moment.
Izuku était épuisé, son passé venait d'être mis à nu, et il serait inopportun de revenir sur leur lien à cet instant précis. Katsuki desserra doucement son étreinte, permettant à Izuku de se tourner légèrement dans le lit, bien qu'il ne lâcha pas sa main. Il voyait le jeune père papillonner des yeux, prêt à sombrer dans le sommeil, et le simple contact de leurs doigts entrelacés leur apportait un étrange réconfort, une promesse silencieuse qu'ils affronteraient tout cela ensemble.
Le silence qui s'installa alors dans la pièce n'était en rien pesant, au contraire. Dans l'obscurité, leurs respirations se synchronisaient lentement, créant une mélodie apaisante qui effaçait peu à peu les tensions de la journée. Pourtant, malgré la fatigue, Katsuki restait éveillé, fixant le plafond, son esprit empli de pensées.
Il repensait à tout ce qu'Izuku avait vécu, à tout ce qu'il avait dû affronter seul. Bien qu'ils n'aient pas approfondi le sujet, cela l'avait marqué plus qu'il ne l'aurait laissé paraître. Un sentiment d'injustice le rongeait de l'intérieur. Comment ces gens avaient-ils pu abandonner Izuku et ses enfants ? Comment avaient-ils pu lui laisser porter seul un fardeau si lourd ? Katsuki serra un peu plus fort la main d'Izuku, se promettant silencieusement de ne plus jamais laisser une telle chose se produire.
Son esprit dériva vers ses propres parents. Il savait que la situation était complexe, surtout avec sa mère, mais son père... Peut-être que son père pouvait les aider. Katsuki avait longtemps repoussé l'idée de se tourner vers sa famille pour obtenir du soutien, mais la situation d'Izuku nécessitait qu'il mette de côté sa fierté. Il devait agir. Il ne pouvait plus rester passif tandis qu'Izuku se battait encore pour offrir une vie décente à ses enfants.
Prenant une profonde inspiration, il se promit de contacter son père dans les jours à venir. Avec son aide, ils pourraient peut-être trouver une solution pour les médicaments d'Aiko, et alléger le poids financier qui pesait sur Izuku.
– Demain... nous trouverons une solution, murmura-t-il enfin, ses mots flottant dans l'air avec une détermination paisible.
Déjà à moitié endormi contre lui, Izuku laissa échapper un soupir de soulagement, se blottissant davantage contre le torse de Katsuki, sa main toujours ancrée dans la sienne. Katsuki pouvait sentir la chaleur réconfortante du corps d'Izuku contre le sien, et pour la première fois depuis des jours, il se sentit étrangement en paix. Peut-être que tout ne se résoudrait pas immédiatement, mais ils étaient ensemble, et cela suffisait pour l'instant. Izuku n'était plus seul dans ce combat, et Katsuki non plus.
Il resta éveillé quelques instants de plus, écoutant la respiration régulière d'Izuku, le poids rassurant du jeune père contre lui. Pour la première fois depuis longtemps, Katsuki se sentait utile, comme si sa place auprès d'Izuku et des enfants était évidente.
Finalement, il ferma les yeux, laissant la fatigue l'envahir. Mais avant de sombrer complètement dans le sommeil, une dernière pensée traversa son esprit : il ferait tout pour que cette famille ne manque de rien. Izuku, Aiko, Riku, Yumi, Haru... Tous méritaient d'être heureux, et Katsuki ferait en sorte que cela devienne une réalité.
Avec cette promesse en tête, il laissa le sommeil l'emporter, son bras toujours protecteur autour d'Izuku.
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