Chapitre 16
Voilà maintenant deux mois qu'Izuku et les enfants résidaient chez Katsuki, et qu'Izuku avait perdu son travail, le poussant à rester à la maison. Et depuis quelques jours, Katsuki observait avec une inquiétude croissante l'attitude inhabituelle d'Izuku. Il ignorait ce qui se passait exactement, mais cela faisait maintenant plusieurs jours qu'Izuku se murait dans un mutisme troublant. Lui, qui habituellement animait les conversations avec ses enfants, était devenu presque silencieux. Ce qui aurait dû éveiller ses soupçons quant à l'existence d'un problème était surtout le manque de contact flagrant qu'Izuku offrait à ses proches. D'ordinaire chaleureux et proche, il s'éloignait désormais, évitant clairement Katsuki, au point même de dormir à l'extrémité opposée du lit, alors qu'ils avaient toujours partagé une grande proximité.
Au début, Katsuki n'avait pas compris pourquoi, la première fois, Izuku l'avait repoussé. Il avait pensé que ce dernier avait simplement besoin d'espace pour cette nuit-là, mais cela s'était rapidement transformé en une habitude pour toutes les nuits suivantes. Bien qu'il fût touché par ce manque évident d'attention, il avait aussi remarqué les nombreux cauchemars d'Izuku, sans pouvoir faire quoi que ce soit pour l'apaiser. Même endormi, Izuku rejetait tout contact, trouvant seul un semblant de calme.
Ainsi, Katsuki ne manqua pas de remarquer l'air fatigué d'Izuku, souligné par les cernes sous ses yeux. Son état était préoccupant, surtout lorsqu'il le voyait fixer un point invisible à l'extérieur, en pleine journée. Izuku semblait ailleurs, comme pris d'une panique intérieure dont Katsuki ignorait l'origine. Résolu à tirer les choses au clair, il savait qu'il était temps d'affronter Izuku et de découvrir ce qui se passait. L'atmosphère tendue qui régnait entre eux pesait également sur les enfants, et Katsuki ne pouvait plus tolérer cette situation. Il allait contraindre Izuku à se confier.
C'est pourquoi il se retrouvait à présent à border les enfants, car Izuku lui avait confié qu'il ne se sentait pas la force de le faire ce soir-là. Bien que cette déclaration l'eût surpris, Katsuki avait dû accepter la situation. Ainsi, il bordait doucement Aiko, qui, d'une voix faible, tandis qu'il lui caressait les cheveux, murmura :
- Papa me manque.
À ces mots, Katsuki sentit son cœur se serrer. La situation affectait profondément les enfants, qui souffraient également de l'éloignement progressif d'Izuku, probablement sans que ce dernier en prenne pleinement conscience. Désireux de la rassurer du mieux qu'il le pouvait, Katsuki répondit d'une voix douce :
- Je vais lui parler ce soir. Je te promets que tout redeviendra comme avant.
En voyant Aiko esquisser un faible sourire, Katsuki se fit la promesse de retrouver le Izuku qu'il connaissait et de dissiper définitivement cette morosité.
- Est-ce que Haru et Yumi peuvent dormir avec moi ce soir ?
Intrigué, Katsuki reporta son attention sur Aiko, sortant de ses pensées. C'était la première fois que la petite formulait une telle demande. Cela démontrait à quel point la situation était critique, au point qu'Aiko ressente le besoin de la présence rassurante de son frère et de sa sœur pour la nuit. Alors ne pouvant refuser une demande si pressante, Katsuki se releva pour se rendre dans la chambre de Haru.
Celui-ci l'attendait pour être bordé avant de s'endormir. Katsuki, avec un sourire, s'approcha de lui pour le prendre dans ses bras, sous le regard interrogateur de l'enfant. Après avoir déposé un baiser rapide sur sa joue et récupéré la couette et le doudou de Haru, il lui expliqua la situation :
- Aiko souhaite que tu dormes avec elle. Qu'en penses-tu ?
Voyant l'expression sérieuse de Haru, Katsuki comprit que les instincts protecteurs d'alpha du petit prenaient le dessus. Sans surprise, Haru acquiesça vigoureusement, et Katsuki le conduisit dans la chambre d'Aiko, où il le déposa avant de retourner chercher le matelas pour l'installer au sol.
Il fit de même avec Yumi, qui, à peine déposée sur le matelas d'Haru, se blottit contre lui et s'endormit aussitôt. En voyant la fierté briller dans les yeux d'Haru, Katsuki comprit que le petit loup intérieur du garçon était satisfait de pouvoir protéger et soutenir sa famille comme il se doit. Sourire aux lèvres, Katsuki les embrassa une dernière fois, leur souhaita bonne nuit, puis les laissa commencer leur nuit en douceur, refermant la porte derrière lui.
Déterminé à confronter Izuku, Katsuki se dirigea vers le salon. Il ne savait pas encore comment résoudre cette situation, mais il savait qu'il devait faire face à Izuku avec fermeté, pour lui faire comprendre que son comportement affectait également les enfants. Il retrouva Izuku assis sur le canapé, feuilletant nerveusement un livre sans vraiment y prêter attention, ses yeux dérivant constamment vers la fenêtre. Frustré par cette scène, Katsuki s'approcha et, atteignant la distance idéale, déclara d'une voix grave :
- Ça suffit, Izuku. Qu'est-ce qui se passe ? Cela fait plusieurs jours que tu m'évites, que tu ne me parles presque plus, et que tu négliges les enfants. Alors, y a-t-il un problème ?
Voyant Izuku sursauter à ses paroles, Katsuki le vit baisser la tête et se mordre la lèvre, en proie à un conflit intérieur. Cette attitude renforça la certitude de Katsuki qu'il se passait quelque chose de grave. Mais voyant qu'Izuku ne répondait toujours pas, il se dirigea vers le canapé, s'agenouilla devant lui, et posa un regard attentif sur son visage. Il ne manqua pas de remarquer les larmes qui embuaient les yeux d'Izuku, et ses mains qui serraient convulsivement le livre.
À cette vue, Katsuki sentit son cœur se serrer. Posant doucement une main sur sa joue, il poursuivit d'une voix plus douce :
- Izuku, je suis là, tu peux tout me dire.
Voyant Izuku renifler et appuyer davantage sa main contre sa joue, Katsuki sut qu'il retrouvait peu à peu l'homme qu'il avait appris à connaître. Peut-être aurait-il dû le confronter plus tôt et empêcher que cette situation ne dégénère ainsi. Tandis qu'il observait Izuku prendre une grande inspiration et essuyer ses yeux d'un revers de main, ce dernier lui annonça :
- Je... Je reçois des lettres de menaces. Des messages sur mon téléphone, des courriers... et même ici, chez toi.
À ces mots, Katsuki se figea, fronçant durement les sourcils. D'abord, il crut avoir mal entendu, pensant qu'Izuku s'était trompé dans ses paroles. Mais en le voyant sangloter à nouveau, il comprit qu'il ne mentait pas. Face à cette révélation, une colère sourde monta en lui, rapidement et intensément, au point qu'il dut se détacher d'Izuku pour se relever et serrer les poings. Même son loup intérieur semblait vouloir déverser sa rage. N'y tenant plus, il se retourna brusquement vers Izuku et lui dit :
- Et tu ne m'as rien dit ? Tu aurais dû m'en parler dès le début, Izuku ! Comment as-tu pu garder tout cela pour toi, bon sang ?
Il savait qu'Izuku n'aimait pas quand il parlait ainsi, avec dureté, mais sa révolte était telle qu'il ne voyait pas d'autre moyen d'exprimer ce qu'il ressentait. La situation n'était pas anodine : Izuku était harcelé. Et Katsuki était presque convaincu que sa mère était à l'origine de tout cela. Voyant Izuku se redresser brusquement, il distingua l'expression coupable qui se peignait sur son visage, avant que ce dernier ne lui réponde :
- Parce que je ne voulais pas t'embêter avec ça, Katchan ! Tu m'as déjà assez aidé, et ça... Je ne voulais pas que tu aies encore plus de problèmes à cause de moi !
Katsuki sentit la colère l'envahir, au point qu'il dut se retenir de libérer ses phéromones de peur d'effrayer Izuku. Tentant de se calmer, il se détourna de lui et fit quelques pas dans la pièce avant de reprendre d'un ton dur :
- Tu crois vraiment que c'est ça qui me préoccupe ? Tu es en danger, Izuku, toi et les enfants, et tu as préféré tout encaisser seul plutôt que de me demander de l'aide.
Les larmes aux yeux, Katsuki vit Izuku se lever du canapé pour lui faire face. Lui aussi semblait rongé par la culpabilité, et le blond ne manqua pas de noter les paroles suivantes d'Izuku :
- Je ne voulais pas que tu te mettes en danger à cause de moi ! Tu as déjà assez de problèmes à gérer, et je ne voulais pas t'en ajouter un de plus !
- Tu crois que c'était mieux de te voir dépérir sous mes yeux ? hurla Katsuki en se tournant brusquement vers lui.
L'atmosphère était tendue, et malgré le lien qui les unissait, Katsuki ne pouvait accepter ce qui était en train de se passer. Si tout cela était l'œuvre de sa mère, il ferait tout pour la mettre hors d'état de nuire et l'éloigner de sa famille. Fixant durement les yeux verts d'Izuku, encore brillants de larmes, il continua :
- Tu crois que c'était mieux de te voir fatigué en permanence, à ne plus parler, à ne plus m'approcher, sans que je sache quoi faire ? Tu penses vraiment que c'était mieux de laisser tes enfants derrière toi ?
Voyant Izuku tressaillir à ces mots, Katsuki sut qu'il frappait juste, lui renvoyant en pleine face la négligence dont il avait fait preuve en ne lui parlant pas plus tôt.
- Tu ne t'es même pas rendu compte que tu t'éloignais d'eux ! Regarde ce soir, tu n'es même pas venu les border ! Et tous réclament ta présence alors que tu t'es enfermé dans ton mutisme ! Si tu m'avais parlé de ce qui se passait plus tôt, j'aurais réglé cette histoire rapidement, et ni toi ni les enfants n'auriez eu à en souffrir !
Voyant Izuku éclater cette fois en sanglots, Katsuki sut qu'il avait enfin retrouvé celui qu'il connaissait. Devant ses hoquets, il se retint de ne pas le prendre immédiatement dans ses bras pour le réconforter, préférant lui montrer qu'il avait failli en ne lui parlant pas plus tôt. Mais toute sa volonté flancha lorsque Izuku, d'une voix brisée, murmura :
- J'avais tellement peur, Katchan. Je ne savais pas quoi faire, et j'étais terrifié. Je suis désolé...
Se calmant aussitôt, Katsuki se promit d'utiliser ses contacts pour faire arrêter la personne que sa mère avait engagée pour harceler Izuku, au plus vite. Il savait pertinemment que sa mère n'agirait pas directement, mais qu'elle commanditait ces actions par l'intermédiaire d'autres personnes. Il n'allait pas laisser cela se poursuivre. D'ici demain, le problème serait réglé, et sa mère, comprenant qu'il l'avait démasquée, cesserait ses agissements et trouverait un autre moyen de nuire. Rien que d'y penser, il souffla d'exaspération. Il devait absolument finaliser son plan pour quitter cette vie.
Désireux maintenant de rassurer Izuku, estimant qu'il lui avait assez montré la gravité de la situation, Katsuki s'approcha de lui sans hésitation et essuya doucement ses larmes, qui continuaient de couler sans relâche. Peut-être Izuku réalisait-il enfin la gravité de la situation, comprenant qu'il aurait dû se confier plus tôt, plutôt que de sombrer dans la paranoïa et de perdre de vue sa famille, qu'il avait ainsi fait souffrir, bien qu'il n'était pas à l'origine de toute cette histoire. D'une voix apaisante, Katsuki lui dit alors :
- Je ne te quitterai pas des yeux, crois-moi. Il ne t'arrivera rien, et cette histoire sera terminée d'ici demain. Jamais cela ne se reproduira, et je t'assure que tu es en sécurité maintenant.
Voyant Izuku soupirer de soulagement et la tension qui pesait sur ses épaules se dissiper, Katsuki sourit, heureux d'avoir pu le rassurer et de constater que cette affaire touchait enfin à sa fin.
Cependant, un léger bruit vint soudainement interrompre ce moment de répit. En tournant la tête d'un même geste vers la source du bruit, ils aperçurent immédiatement Aiko. Elle se tenait debout dans l'encadrement de la porte, ses petites mains agrippant fermement son pyjama, le visage livide. Aussitôt, Katsuki ressentit que quelque chose n'allait pas, et en voyant ses lèvres légèrement bleutées, il comprit qu'elle peinait à respirer.
- Aiko ! s'écria Izuku avant que Katsuki n'ait pu réagir, et ce dernier le vit se précipiter vers la fillette, lui emboîtant le pas.
Se postant à ses côtés, ils réalisèrent rapidement qu'Aiko éprouvait de grandes difficultés à respirer, comme en témoignaient les sifflements occasionnels qui s'échappaient de sa gorge. Bien qu'Izuku tentât de l'aider en l'incitant à prendre de grandes inspirations, elle n'y parvenait pas, et la panique qui s'emparait peu à peu de son regard menaçait de la faire éclater en sanglots, rendant sa respiration encore plus laborieuse.
- Il faut l'emmener à l'hôpital !
Sans perdre une seconde, Katsuki se redressa précipitamment et se dirigea vers les chambres pour réveiller les autres enfants, tout en lançant :
- Va l'installer dans la voiture, j'arrive tout de suite !
Il était hors de question de laisser les autres enfants seuls à la maison, et Katsuki était le seul en état de conduire, vu la panique qui envahissait Izuku. Il ne pouvait donc pas se permettre de le laisser partir seul ; la sécurité de tous en dépendait. Bien qu'il fût désolé de devoir réveiller les trois enfants si brusquement et de les faire sortir en pyjama pour les installer rapidement dans la voiture, la gravité de la situation ne permettait pas de s'attarder sur ce détail. Ainsi, la colère fit place à une peur dévorante alors qu'ils se dirigeaient en toute hâte vers l'hôpital.
Quelques minutes plus tard, ils atteignirent leur destination et se précipitèrent à l'intérieur de l'établissement. Katsuki laissa Izuku prendre de l'avance tandis qu'il détachait les autres enfants de la voiture, ainsi que la poussette, toujours présente dans le coffre. Ce n'est qu'après avoir assuré la sécurité des plus petits qu'il rejoignit Izuku dans le couloir de l'hôpital. Izuku, anéanti, était assis sur une chaise, la tête enfouie entre ses mains, pleurant à chaudes larmes. Katsuki comprit immédiatement qu'Aiko avait été prise en charge, mais qu'ils ne pourraient pas la voir ni connaître son état avant un certain temps.
Un sentiment de bouleversement s'empara alors de Katsuki, tiraillé entre sa colère contre sa mère et son désir ardent de protéger cette grande famille, ainsi que l'angoisse croissante pour Aiko. Incapable de rester à l'écart, il s'assit à côté d'Izuku pour le réconforter, les enfants venant également se blottir contre leur père pour lui témoigner leur soutien, bien qu'eux aussi fussent en proie à une panique semblable. Épuisés tant physiquement que mentalement, ils partageaient la détresse d'Izuku, qui, après avoir subi un harcèlement insidieux, devait maintenant affronter l'état critique de sa fille, sans savoir si ce problème pourrait être résolu.
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