Prologue
Ce matin, je me lève avec une migraine épouvantable et la sensation d'avoir un oursin dans la gorge. C'est bien ma veine d'être malade le premier jour des partiels. J'ai révisé pendant des semaines pour essayer de ne pas me planter, mais là j'ai seulement l'impression d'avoir le cerveau en compote. Par chance, nous n'avons qu'une seule épreuve ce matin, une évaluation d'anglais.
Agathe vient me chercher en bas de chez moi une heure avant le début de l'épreuve. Elle vit chez ses parents, à environ vingt minutes de la fac, quant à moi, j'ai la chance d'occuper une chambre dans la cité universitaire. Mes parents ont décidé de déménager l'année dernière, au moment de l'obtention de ma licence de droit, mais il était hors de question pour moi de les suivre. Ma vie, mes amis, mes études étaient ici à Paris, et je ne me voyais pas tout quitter pour aller habiter dans un village perdu au milieu des montagnes.
— Mon dieu Elena ! Tu as une mine affreuse !
— Merci, je suis au courant.
Ma meilleure amie a une grande qualité, qui peut s'avérer être un défaut pour certains, elle n'a pas la langue dans sa poche. Elle met un point d'honneur à être toujours franche, quitte à parfois mettre les pieds dans le plat. Mais moi j'adore ça. Agathe ne serait pas Agathe sans sa folie et son énergie solaire. Elle parvient à me réchauffer le cœur, même lorsque je suis en train de grelotter comme c'est le cas aujourd'hui.
— Café ? demande-t-elle avec une moue boudeuse.
— Oh que oui !
Nous nous rendons dans l'énorme bâtiment que se partagent les étudiants en droit et ceux de STAPS, les étudiants en activité physique et sportive. Pour notre plus grand bonheur, nous les voyons souvent déambuler en tenue de sport, les muscles encore gonflés par l'effort qu'ils viennent de produire. Le campus est doté d'un grand complexe sportif qui comprend une salle de musculation, plusieurs stades, des salles de gym, et tout l'équipement nécessaire aux différents sports qu'il est possible de pratiquer dans une vie. Avec Agathe, nous nous sommes jurées de nous inscrire à l'association sportive l'an prochain, du moins si nous sommes prises dans le Master que nous convoitons. L'entrée en deuxième année de Master se fait sur sélection, et chaque directeur a ses propres critères. Dans la région parisienne, il y a beaucoup de demandes et peu d'élus, nous espérons faire parties de ceux-là. Mais pour ça, il faut d'abord réussir les examens de fin d'année.
— Fuchsia ou rose poudrée ?
— Pardon ?
Je secoue la tête et tente de me souvenir du sujet qu'a bien pu aborder Agathe avant que mon esprit ne divague. Avant un partiel, nous ne parlons pas de la matière, des révisions, ou de la peur de l'échec. Jamais. On aura bien assez de temps pour y penser ensuite.
— La robe, pour la fête de fin d'année chez Maud !
— Je ne vais pas à cette fête, je te l'ai déjà dit.
— Mais si, c'est juste une question de motivation. Il faut fêter la fin des partiels, c'est une tradition ! s'exclame-t-elle.
— Je n'aime pas les fêtes, tu le sais.
— Tu vas faire un effort pour moi, n'est-ce pas ?
— Mais...
— Il n'y a pas de mais ! Tu n'es venue à aucune fête de toute l'année et tu m'avais promis que tu m'accompagnerais à la plus importante !
Je soupire. Je n'aime pas me retrouver au milieu de gens qui boivent trop pour se souvenir de leur nom, mais si j'ai promis alors...
— Bon d'accord.
— Génial ! merci ! s'écrie ma meilleure amie en me sautant dans les bras.
— Heu...tu sais qu'il y a du monde autour de nous ?
— Et alors ? on s'en fou !
Encore un trait de personnalité que j'envie à Agathe. Elle se moque du regard des gens, si elle doit faire quelque chose, elle le fait, peu importe ce que les autres peuvent penser autour d'elle.
Nous entrons dans l'amphithéâtre, et nous sommes dans l'obligation de nous séparer le temps de l'épreuve. Je m'appelle Elena Dupuis, et elle Agathe Solet, je suis placée tout en bas de l'amphi alors qu'elle se retrouve quasiment à l'opposé.
— Bonne chance ! chuchote-t-elle.
— Bonne chance à toi aussi.
Elle me fait un clin d'œil espiègle et s'en va gaiement s'asseoir à sa place. Elle se met rapidement à discuter avec sa voisine de table, ce qui ne m'étonne pas d'elle. Elle est extrêmement sociable et sympathise avec tout le monde. Mais elle me rassure toujours en me rappelant que je reste sa meilleure amie, bien que je ne sois pas jalouse pour un sou.
Je me rends à ma place, et en me retournant je ne vois plus que la chevelure blonde d'Agathe s'agiter à l'autre bout de l'amphi. Réprimant un sourire, je m'installe et sors mes affaires.
On nous distribue le sujet, recto contre la table. On a bien sûr interdiction de le retourner avant le signal. Les surveillants et les professeurs arrivent au compte goutte, à croire qu'ils n'en ont rien à faire que l'on joue notre année sur ces malheureuses heures à passer assis devant une feuille de papier. Je me prends la tête entre les mains, ma migraine gagne en intensité et je ne sais même pas si je vais réussir à me concentrer sur les questions. Ils commencent bien ces partiels !
— Tout va bien mademoiselle ?
Cette voix masculine inconnue me fait sursauter. Je lève les yeux et rencontre ceux d'un surveillant que je ne connais pas, pourtant ce sont en général les mêmes personnes qui tournent pour chaque examen. Son regard azur est intense et profond, j'ai du mal à m'en détacher.
— Vous voulez que j'appelle l'infirmière ? demande-t-il encore.
— Heu...je...
Il lève un sourcil et paraît amusé par mon trouble. Il a visiblement l'habitude des réactions de ce genre de la part de la gente féminine.
— Ça va aller ?
Je hoche la tête en guise de réponse affirmative et il repart effectuer sa ronde, un sourire en coin accroché à ses lèvres.
Quelle bécasse je fais !
L'épreuve commence, et par chance ma migraine a disparu. Je m'étire une dernière fois avant de retourner mon sujet.
Ok c'est parti.
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