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3 - Ceux qui s'élèvent

Orion avait appelé sa famille au crépuscule, fou de joie, et les avait priés de le rejoindre de suite. Il avait, au cours des longues recherches, fait une trouvaille qu'il considérait comme la meilleure de sa carrière. Ses parents, sa soeur, et ses grands-parents les plus jeunes avaient accouru de suite, prêts à découvrir ce qu'il avait passé des mois entiers à trouver, en tant que chercheur.

« Vous savez, les recherches récentes de Nobel? leur avait-il demandé, alors qu'ils évoluaient dans son laboratoire nuit tombée.

— Comment oublier, O'? s'est moquée sa mère. Tu nous as harcelés dessus pendant un an.

— Eh bien, j'ai un peu poussé ses recherches... et j'ai découvert quelque chose d'incroyable!

— Peut-être pour toi, oui, avait soupiré sa petite soeur. Je te rappelle qu'on ne va sûrement rien comprendre.

— Si, si, je t'assure, Izzy, vous allez comprendre. »

Sa soeur haussa les épaules, sans vraiment y croire. Il montèrent une volée de marches, Orion ouvrit une porte lourde comme une ancre et ils débouchèrent dans un sas. Le scientifique les habilla comme il fallait avant qu'ils entrent tous dans sa petite grotte secrète, qu'il partageait avec un collègue venu de France - mais malade à ce moment-là. Il était excité comme il ne l'avait probablement jamais été, tressautait sur place, mettant plus difficilement que prévu sa blouse à cause de ses bras qui tremblaient. Il s'assura qu'ils avaient tous parfaitement bien ajusté leurs vêtements comme il fallait avant de les faire entrer.

Se précipitant vers le laboratoire dont il bénéficiait, le jeune homme bénit sa famille, qu'il ne méritait sûrement pas. Jamais il ne pourrait leur rendre une telle faveur. Ils avaient toujours été si avenants, amusants, ils l'avaient toujours poussé à devenir le scientifique qu'il rêvait d'être...

Or, à ce moment-là, Orion ne savait pas que tout allait se terminer. Que tout allait basculer.

Exploser.

Sa famille était plus excitée, elle aussi, qu'elle ne voulait bien le laisser paraître. Sa mère tremblait des jambes, comme si elle avait eu envie d'aller aux toilettes. De tout le reste de la famille, elle était sûrement la plus à-même de comprendre les explications complexes que son fils lui fournissait. Non pas que son métier le lui permettait, mais elle avait probablement l'esprit le plus éveillé de la famille — même plus que son fils.

Son père, lui au contraire, appréhendait un peu.

"Orion, tu es sûr de toi? Les travaux de Nobel ont beau être remarquables,il n'en reste pas moins que tout ça n'est pas forcément très... éthique."

Son fils releva les yeux vers lui.

« La dynamite, je comprends que ça t'effraie, papa, amorça-t-il, assez bas. Mais je t'avoue que, si les scientifiques doutaient à chaque fois qu'ils faisaient une découverte qui pourrait s'avérer peu éthique, nous serions peut-être toujours au Moyen Age. Voire... Ce que j'ai vu peut se montrer sombre, oui. Mais je ne suis pas celui qui décide. Je fabrique, j'élabore, ce sont ceux d'en haut qui décident de leur utilisation.

— En faisant ça, tu deviens un chercheur de la mort.

— Arrête, John, intervint sa mère. De ça, nous en parlerons plus tard. »

Orion put continuer. Il commença ses explications. Elle durèrent longtemps, mais il fut concis à chaque étape de sa progression, et assez clair et pédagogique pour que son auditoire puisse comprendre. Il se souvenait des longues heures passées dans son antre à doser, écrire ses équations, comme s'il était détaché de toute attache terrestre pour se focaliser sur un seul travail qui lui demandait de faire expérience après expérience. Il se souvint de ce que son père lui avait dit. « En faisant ça, tu deviens un chercheur de la mort ». Peut-être en deviendrait-il un. Il estimait que ce n'était pas à lui de définir ce sur quoi on pouvait émettre des théories ou non. Il y avait une limite, certes, mais il ne voulait pas laisser ses émotions empiéter sur les choses qu'il pouvait accomplir. Sur ce qu'il pouvait découvrir et inventer. Pour lui, dans ce domaine, elles n'avaient pas lieu d'être.

Même si, plusieurs années plus tard, il penserait l'inverse. Et si j'avais pris en compte les alertes de mes opinions? De ma compassion ?

Sa conclusion se fit sous une salve d'applaudissements. Ses proches, bien que réalisant peu l'impact de cette découverte pour lui, ne se montrèrent pas modestes en terme de compliments. On lui asséna une tape amicale et de félicitations dans l'épaule, avant qu'il calme l'atmosphère.

« Je vais vous montrer un fragment de tout ça, cria Orion au-dessus des rires. Je reviens tout de suite, pour aller chercher tout ce qu'il faut. Le matériel n'est pas là. En attendant, restez loin des tables et évitez de toucher à quoi que ce soit, s'il vous plaît. Les travaux de mon collègue sont à droite des miens, donc évitez de toucher à quoi que ce soit : le danger de mes travaux est connu, je ne sais pas ce qu'il en est de ceux de mon coéquipier. »

Ils lui demandèrent de se dépêcher en continuant de jubiler sur ce que cela pourrait apporter au monde contemporain, et la grand-mère d'Orion tenta d'ouvrir la conversation sur la petite fortune que cela pourrait leur rapporter, mais ils éclatèrent de rire à cette idée. La plus jeune s'approcha malgré les indications de son frère ainé et toucha du bout des doigts un porte-tube-à-essai. Sa mère accourut en l'attrapant par les aisselles.

« Tu n'écoutes rien à ce qu'il dit, hein? la gronda-t-elle. La chimie est dangereuse pour ceux qui n'en maîtrisent pas l'art, chérie. Alors tu peux toucher, mais avec tes yeux, d'accord? Et avec trois bons pas de distance. »

La fillette hocha la tête mais se pencha au-dessus d'un bac, espérant observer avec plus de détails ce que le réceptacle contenait. Le scientifique, de son côté, avait trouvé ce qu'il cherchait. Il remonta les escaliers par l'extérieur, tandis que la lune brillait à travers un petit nuage. Les marches pour remonter à son laboratoire était cruellement hautes et longues, tant qu'il haletait fort, à peine la moitié du chemin parcouru. Il commença à neiger. La saison avait beau être propice, il s'arrêta un temps, s'inclinant au-dessus d'une rambarde, pour en recueillir un peu au creux de ses mains. Elles furent immédiatement refroidies par le contact des flocons, mais le jeune homme en apprécia la fraîcheur. En haut, Izzy recommença à triturer le porte-tube-à-essai, intriguée par ce qui pouvait bien s'y trouver.

« Oh, Seigneur, se plaignit sa mère. Izzy! »

Mais sa main, déséquilibrée par la posture de la petite fille, plongea un peu trop en avant et elle renversa le contenu d'une boîte volumineuse sur la table. L'enfant poussa un cri.

Orion, les mains dégagées, n'eut pas le temps de se rattraper à quelque chose lorsque l'explosion le projeta sur le sol, deux mètres plus bas.


~



Je n'aurais pas dû les laisser seuls.

Les enterrements avaient pris fin quelques heures plus tôt et le soleil avait déjà disparu à l'horizon, mais Orion demeurait assis, les genoux pliés, en face des tombes de ses parents. Elles avaient été creusées l'une à côté de l'autre. Il savait qu'elles ne contenaient que des restes maigres, difficilement identifiables.

Sa grand-mère, paralysée jusqu'à la tête, le fixait de ses yeux froids, la seule partie de son corps qui répondait encore aux ordres de son cerveau. Elle s'en était allée dans son fauteuil roulant sans un mot, sans même regarder le petit-fils qu'elle laissait derrière elle.

Les larmes roulaient le long des joues d'Orion et échouaient sur la boue d'hiver mêlée à l'eau à peine dégelée. Ses cheveux foncés n'avaient pas été coiffés et la neige les collait les uns aux autres.

Il n'avait adressé ni un regard, ni une parole envers ceux qui s'étaient montrés à la cérémonie — si ce n'était à sa grand-mère, mais qui semblait l'avoir effacé de son cœur. Il n'en avait pas la force. Le fardeau était trop lourd pour lui. La neige commença à tomber.

Ah, il l'avait presque oubliée.

Son coeur accéléra soudainement à la vue des flocons. Qu'ils disparaissent. Qu'il aille s'en protéger! Il accourut sous les arbres, là où la neige ne pouvait l'atteindre. Depuis quand avait-il commencé à tant la craindre?

Il ne voulait plus exister. Il voulait mourir, les rejoindre, là, maintenant, en face de leurs corps déchiquetés. Il voulait que les sentiments le quittent pour ne plus rien ressentir de cette douleur. Pour oublier tout ce qu'il s'était passé. Ou ne plus s'en sentir l'horrible coupable. Ses blessures étaient à vif. Il ne voulait les panser.

S'enfermer dans son jardin venteux était tout ce qu'il souhaitait. Le seul endroit pour lui prêter refuge contre la neige. Où la culpabilité qu'il ressentait affluer dans son corps ne serait plus. Il y forçait la porte, la faisait sortir de ses gonds, en vain. Le jardin semblait toujours et encore lui refuser l'accès. Pourquoi donc n'y parvenait-il pas?

Les choses étaient en général plus compliquées qu'une réflexion logique.

Oui, et l'abstraction qu'il avait faite de toute éthique lui avait valu cet état, la perte de ceux qu'il aimait. Du moins le pensait-il. S'il n'avait pas pensé à approfondir des recherches qui constituaient pour certains un crime contre l'humanité, rien de tout cela ne serait arrivé. Si n'en avait pas tiré de la fierté en tout cas, sa famille ne lui aurait pas été prise.

Il voulait oublier tous ces remords. Pour cela, il devait aussi oublier ceux qui l'avaient causé, indirectement. Ceux qui se trouvaient juste à côté de lui, à quelques mètres. Ils étaient morts. Et ça ne changerait pas. Lui avait survécu.

Le méritait-il?

Non.

Il lui restait l'option d'oublier. Alors il érigea des barrages. Il fortifia son intérieur. Et, au lieu de panser ses plaies, il les anesthésia.


~


« Mais vous avez tenu, murmura Talvi en projetant un nuage en soufflant. Revenir au coeur de vos émotions a dû être terrifiant. Horrible. Vous avez eu du mal? »

Orion s'était assis en tailleur en face d'elle , les yeux baissés et frissonnant dans l'air nocturne.

« Je pense, oui. Je ne savais pas trop ce qui m'arrivait, vous savez. J'avais tout lâché, pathétiquement. Ce qu'il ne faut pas faire. Parce que "tout lâcher", comme je l'ai dit, c'est semblable à une chute. Peut-être que tomber fait mal, mais il faut du courage et souffrir peut-être encore plus pour se relever. Ce n'est pas très différent. Quoi que vous fassiez, vous pouvez vivre. On ne vous l'enlèvera pas. Et il ne s'agit pas que de respirer. Ressentir, c'est nécessaire.

— Je suis seule, vous savez. C'est difficile de vivre sans personne. »

Il fit tourner de nouveau la boule à neige entre ses doigts.

« Je sais. C'est probablement la solitude qui m'a fait lâcher, d'ailleurs. Alors explorez. Découvrez. Le monde est vaste. Je ne l'ai su qu'un peu tard. Il est vaste alors, il a beau être parfois cruel, dans cet immensité vous trouverez quelque chose de beau. Je l'ai trouvée, la beauté. »

Ils fixèrent tous les deux la boule à neige. Les derniers flocons tombèrent au fond, se posant sur un pétale. Talvi ne savait toujours pas pourquoi une fleur telle que celle-ci y figurait. Et, à bien y réfléchir, elle ne voulait pas forcément le savoir. Les caractéristiques mystérieuses d'un objet bien spécial gagnaient parfois à être tues.

« Mais donc? poursuivit-elle. Qu'est-ce qu'elle vous a donné?

— Je ne m'y attendais pas, en réalité. Je lui ai simplement demandé de remonter en avant, dans le passé, quand d'un simple appel j'aurais pu empêcher toute l'horreur de se produire.

— Et alors?

— Il n'y avait rien à faire. J'ai simplement assisté de nouveau à cette nuit des cauchemars, impuissant. C'était comme un rêve, plutôt un cauchemar, où mon corps était dirigé par un pantin et que je restais coincé à faire ce que j'aurais tué pour ne pas faire. »

Il renifla, le froid revenant un instant dans son coeur. Même son hiver presque passé, il n'oublierait pas de sitôt. Il n'oublierait jamais.

« Qu'avez-vous fait?

— Ce que je ne me pensais pas capable de faire. Je suis retourné sur leur tombe. Je leur ai déclaré toute ma culpabilité et puis je suis parti. (Il rit) Aimer, c'est compliqué, surtout quand les aimés partent. Je pense que cet objet, si petit soit-il, m'a rappelé que c'était déjà fini. Que la page devait être tournée.

— Et alors?

— Alors, j'ai tourné la page. »

Un ange passa.

« Soyez heureuse. Ne pensez pas que vous ne réussirez pas quelque chose si vous ne l'essayez pas. C'est ce qu'auraient dit mes parents. Cette petite chose en est la preuve (il montra la boule à neige). Je l'ai vue comme un signe du destin, peut-être suis-je trop croyant. Rien ne se fera à la magie, en dehors de la nôtre. J'ai lu quelque part, « nous sommes faits de l'étoffe de nos rêves »¹. Et je crois bien que c'est vrai. »

Talvi n'avait toujours pas compris pourquoi, ou comment, elle s'était confiée. Elle n'en connaissait pas les raisons, non plus, pour son interlocuteur. Il sentirent l'air qui se faisait plus doux, la température qui devenait plus supportable, et la lune qui pâlissait. Au loin, quelque chose de nouveau semblait sur le point d'éclore.

"Oh. Je crois que la nuit va bientôt s'en aller, s'amusa Orion.

- Oui, je crois qu'il fera jour bientôt. Profitez bien du vôtre. Et aussi... (elle s'interrompit) le Printemps vous accueillera chaleureusement.

"J'en suis sûre."








(¹) de William Shakespeare (citation "entière" : « Nous sommes faits de l'étoffe de nos rêves et notre petite vie est entourée de sommeil ».)




(quelles références, n'est-ce pas?)

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