I
Louise observait la foule avec enchantement: elle était ravie d'y retrouver tous ces visages familiers.
Son stupide fiancé la fixait amoureusement dans son costume ridicule. La jeune femme savait qu'il avait mauvais goût, mais son veston atteignait une limite: Il laissait ressortir les bourrelets de chemise et les bourrelets tout court de son futur mari !
L'orgue retentit. Chacun se leva y compris le fiancé. Louise, suivie de trois petites cousines, traversa l'église sous un torrent de compliments discrets.
Elle était coquette, d'autant plus qu'à l'habitude, songea Georges; et ce fut là que cessa sa réflexion car le prêtre prit place derrière l'imposant pupitre doré, devant lequel notre couple trônait. Il récita psaumes et prières, leçons, versets et répons. Ce fut très ennuyeux. On entendit bayer, souffler, murmurer. Les traditionnels chants suivirent: trop peu mélodieux à son goût, le prêtre sortit un porte voix. "Quel outrage à Dieu !", pensa-t-il avant d'imposer sa voix fluette à toute l'assemblée.
Bientôt, on applaudit les mariés. La bague semblait plaire à Louise bien plus que le mari.
Et cela fut ensuite valable pour tous les biens de Georges, y compris son domaine: c'était une vaste demeure recouverte de mosaïque du monde et des vitraux à chaques fenêtres. Louise trouvait le tout charmant par son côté décalé et hors du temps. "C'est le point positif de mon mariage", songeait-elle souvent.
Et tout autant que la maison, le jardin lui plaisait: on y voyait toutes les fleurs, de toutes les origines. Les préférées de Louise provenaient de Chine. "Ce sont des pivoines"avait déclaré Georges, trouvant sa femme en extase devant ces fleurs pourtant si banales pour lui ! "Elles sont symbole d'abondance et de féminité" avait un jour ajouté le jardinier, car force d'admiration, Louise et lui s'étaient liés d'amitié. " Un homme au grand coeur et un excellent jardinier " d'après Gorges, ce que sa femme approuva bien vite.
Le jardin des Duroy devint un lieu de festivités récurrentes. Louise se plaisait devant les regards admirateurs de ses convives. Les fleurs étrangères ne la surprenaient plus. Elle laissait s'extasier à son tour toute la bourgeoisie française qu'elle invitait par paquet. C'était tantôt de petits bourgeois, tantôt des nobles dont la fortune restait réduite et que Louise s'efforçait d'aborder, tantôt encore quelques hommes politiques qu'elle appâtait avec les voyages de son époux.
Gorges avait accepté cela sans protestation. Il cédait à sa femme autant de fois que Titus eut pu regretter Bérénice une fois qu'elle fut partie.
Il tenait l'espoir d'attendrir Louise, qu'il savait pour le moment répugner.
Lui l'adorait chaque jour un peu plus...
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