Chapitre 10
Helloooo !
Comment allez-vous ?
Je crois que c'est acté maintenant,
je n'arriverai pas à poster plus d'une fois par mois mdr :')
Prêt à en savoir un chouia plus sur ce que transporte ce fameux train ?
Bonne lecture !
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Cette cabine de verre suspendue dans les airs, promettait à sa construction, une ascension plus simple des sommets mais elle n'est qu'en définitive, une cicatrice barrant le paysage.
Sur un câble, elle grimpe comme des centaines d'autres semblables et la vie des humains transportés ne tient qu'à un fil.
Celui-ci est en acier, toronné, tendu, aussi résistant qu'un viaduc. La fragilité de notre vie est désormais blindée, solide, inaltérable.
Ne sommes-nous pas en train d'oublier notre simple condition d'homme ?
Ne sommes-nous pas en train d'oublier que ce fil qui nous tient, aussi insécable soit-il, est le seul que nous avons ?
Tout semble accessible.
Toucher le ciel n'est plus exceptionnel, c'est un usage.
Gravir une montagne n'est plus un accomplissement, les machines sont nos exosquelettes.
À mesure que je grimpe dans cet œuf vitré, les cimes se dévoilent mais la ville, dessous, disparaît. Prise au piège dans une cuvette dont le couvercle est une épaisse brume polluée, grise et nauséabonde.
Cette ville est terne.
Est-ce pour cela que nous escaladons sans cesse, espérant trouver un coin de ciel bleu où l'air y est respirable ? A chercher le bout du monde dans l'espace infini puisque nous savons aujourd'hui qu'il n'existe pas sur notre Terre ?
Connaîtrons-nous une limite à cette ascension lorsque les oiseaux, les insectes ne pourront plus nous suivre ? Leur absence suffira-t-elle à sonner l'alarme chez l'être humain ? Ou leur présence est-elle si suppressible ?
Saune Tessa, (2046). Les villes marchent. Dans L'Aube de l'ampleur du monde (p.102)
La chambre était silencieuse, comme figée dans le temps. Rien n'avait été déplacé, chaque objet demeurait intact depuis qu'elle était partie. Seule la poussière était faite régulièrement par le personnel. Cette salle était devenue un sanctuaire, un lieu de mémoire, presqu'une photographie.
Jin-Ho Park était assis sur le lit, regardant à travers la fenêtre ovale le soleil qui se couchait sur la Cité Profonde. Elle avait la plus belle vue de la Tour Gouvernementale et avait pourtant toujours détesté ce paysage.
Bien que toutes ses affaires soient restées intouchées, cette pièce n'avait plus aucune âme. Chaque objet n'était plus que marqué d'un souvenir douloureux. Bien sûr, ce lieu renfermait aussi la mémoire de nombreuses scènes radieuses. C'est ici, dans ce lit, qu'étaient nés Jimin puis Sungwoon ; c'est aussi ici qu'elle avait l'habitude de leur raconter des histoires et de jouer avec eux. Avec les années, pourtant, les rires s'étaient tuent, la lueur dans ses yeux et celle de leurs garçons s'était éteinte.
Jimin avait espacé ses visites, abrégé leurs échanges, raréfié ses sourires.
Il ne la reconnaissait pas, ne la comprenait pas.
Puis il avait cessé d'y mettre les pieds.
Cette salle était devenue la cellule de leur mère puis sa dernière demeure.
Là où elle avait donné la vie, dans ce même lit, elle avait expiré son dernier souffle, seule.
*****
— Monsieur !
La porte de la salle de conférence s'ouvrit devant le regard surpris des politiques rassemblés. Le Gouverneur se retourna exaspéré vers l'homme qui interrompait leur réunion.
— J'ai explicitement demandé à ne pas être dérangé lors de ce rassemblement !
— Pardonnez-moi Gouverneur mais... Madame Park est de nouveau dans votre bureau.
Le visage du chef d'Etat fut brièvement traversé d'agitation.
— Mesdames, Messieurs, je vous prie de m'excuser, continuez, mon conseiller me relayera assidûment les poursuites de ce conseil.
Les invités hochèrent la tête, compréhensifs, sachant pour la plupart la condition psychologique de sa compagne.
Une fois la salle de réunion quittée, Jin-Ho Park perdit son visage neutre, gagné par l'anxiété. Il accéléra le pas jusqu'à son bureau, tapotant du pied dans l'ascenseur puis se mit à courir en entendant les bruits de verres brisés à l'ouverture des portes d'acier.
Son bureau était sens dessus dessous, de nombreuses décorations n'étaient plus que débris de verre sur lesquels elle écorchait à vif ses pieds dévêtus. Elle avait ouvert les placards, les tiroirs, jetant sur le sol leur contenu. La table et les chaises étaient renversées, les bouteilles d'Odia rares, rapportées des autres Cités au cours de ses déplacements, gisaient en miettes sur le sol, le peignant de nappes métallisées. Elle avait tiré sur le câble des écrans, faisant tomber plusieurs d'entre eux. Elle tenait dans ses doigts une des figurines que le Gouverneur collectionnait et s'acharnait à frapper l'un des derniers moniteurs encore indemnes.
— Sun-hee ! Sun-hee, je t'en prie calme-toi !
Jin-Ho tenta de s'approcher d'elle, mais sa femme lui lança la figurine, prudemment arrêtée par un garde du corps. Il observa peiné les traces de ses pieds ensanglantés sur le carrelage et parvint à attraper ses deux poignets qu'il maintint avec force.
— Sun-hee, reprends - toi !
— Monstre !! criait-elle. Monstre ! Elles vont tomber ! Toutes ! Toutes et ce sera de ta faute ! Tu vas tuer nos fils ! Ce monde absurde, ce système... tu le nourris... tu l'enfles... tu le grandis ! Mais jusqu'à quand... monstre !
— Sun, ça va aller, vous êtes sauf, tous les trois, tout va bien, vous ne risquez rien ici, je te le promets.
— Lâche-moi !
— Écoute-moi, s'il te plaît, regarde-moi ! cria-t-il couvrant sa voix, la tenant face à lui.
Ses yeux étaient fous. Fous de rage et de douleur. Rougis par les larmes et la fatigue, une fatigue que le sommeil n'était plus en mesure d'épancher. Un épuisement psychologique qui l'enfermait dans des idées sombres et transformait les songes en cauchemars, provoquant illusions et aliénations depuis des mois.
— Aidez-moi à la porter jusqu'à sa chambre !
Deux hommes prêtèrent main-forte à leur supérieur pour contenir les mouvements déchaînés de Sun-hee Park. Ils tentaient de la réfréner sans lui faire de mal, mais il n'était pas rare qu'elle garde la marque de leurs mains serrées autour de ses bras, ses poignets ou ses chevilles.
Au fond du couloir, caché derrière leur précepteur, Sungwoon, âgé de neuf ans, pleurait en s'accrochant au bras de Jimin dont les yeux brillaient d'émotion. Ce n'était pas la première fois que ça arrivait, mais chaque fois, la scène les saisissait, choquant leur esprit d'enfant. Ils étaient trop jeunes encore pour comprendre touts les tenants de cette maladie.
Ils parvinrent, non sans mal, à allonger la femme du Gouverneur dans sa chambre et après cinq minutes de lutte, elle finit par se calmer, certainement à bout de force. Après un épisode comme celui-ci, elle regardait le plafond pendant de longues minutes, essoufflée et éteinte.
— Faites venir l'équipe médicale.
— Tout de suite monsieur.
Depuis quelques mois, un groupe de soignants et de psychologues travaillaient à temps plein dans la Tour Gouvernementale afin d'intervenir en cas de crise comme celle-ci. Pendant que le personnel médical pansait ses plaies, Jin-Ho caressait ses cheveux, forçant ses lèvres à imiter un doux sourire pour la rassurer. Mais Sun-hee ne répondait plus à ses douces attentions, ni ses paroles bienveillantes depuis longtemps maintenant. Elle distinguait à peine les contours de son mari à côté d'elle, le confondant avec le "monstre", le "tyran", le cauchemar qu'elle avait édifié autour de lui. Par moments, il lui apparaissait simplement moins gros, moins effrayant, moins menaçant, et elle se tranquillisait. L'accalmie pouvait durer quelques heures, quelques jours, jusqu'à l'instant où une vision, un mot ou un état d'esprit ne la plonge de nouveau dans la confusion.
Dans ces moments, Jimin et Sungwoon avaient interdiction de s'approcher, au risque d'être pris involontairement pour cible. Ils n'étaient que les témoins des cris, des éclats de verre, du bruits sourd des objets s'écrasant sur le sol et de l'impuissance de leur père face à cet état qui empirait de jour en jour.
Lorsqu'elle se calmait et que le Gouverneur estimait qu'il n'y avait plus de danger, il laissait alors entrer ses fils. Sungwoon grimpait sur le lit, enfouissant ses larmes au creux des bras de sa mère qui se refermaient sur lui en tremblant comme si elle avait soudainement peur de briser un trésor. Jimin, plus réservé, restait à côté du lit sans verser une larme bien que ses yeux le brûlent, bien que son cœur fut plus lourd que la pierre.
Il restait là, silencieux, à regarder sa mère dans les yeux jusqu'à ce qu'elle lui offre un sourire et n'ouvre une main, lui demandant de saisir la sienne. Il la lui donnait, tremblant, mais luttant toujours contre ses émotions. Son père caressait son dos, pour lui donner de la force puis sortait pour les laisser se retrouver, pour calmer la tempête et remettre en ordre ce qu'elle avait brisé, arraché, cassé.
— Oh mes amours, je vous aime tellement. Un jour, je vous emmènerai avec moi dans ce monde merveilleux, un monde meilleur où il n'y a plus de tristesse, de colère, d'injustice ou de douleur. C'est un lieu magnifique où les nuages sont aussi doux que la peau d'un nourrisson, où le ciel est toujours clair et l'air est toujours bon.
Ces mots sonnaient comme une comptine aux oreilles de Sungwoon qui buvait ses paroles, les yeux remplis d'étoiles. Il lui posait sans fin des questions sur ce monde fabuleux. Il n'était jamais rassasié d'en apprendre plus sur les créatures fantastiques qui le peuplaient, sur le bon vivre qu'il y faisait, sur les couleurs splendides qui le peignaient. Le puzzle qui fleurissait dans son esprit d'enfant était de plus en plus beau après chaque tempête.
Plus les crises de leur mère étaient violentes, plus le monde qu'elle racontait ensuite était éblouissant.
Sungwoon s'y accrochait avec envie et espoir tandis que Jimin, lui, comprenait ce que dissimulait ce rêve éveillé, les sous-entendus de ces dires affectueux et il s'était mis à ne plus répondre, à ne plus poser de questions, écoutant d'une oreille distraite ce qui définissait la maladie de sa mère.
Le temps passait et Jimin s'effaçait.
*****
Quelques coups résonnèrent contre la porte et Jin-Ho Park, perdu dans ses pensées jusqu'ici, leva les yeux.
— Qui est-ce ?
— C'est Sungwoon.
Le Gouverneur frotta son visage de ses mains et inspira un grand coup.
— Entre.
Son plus jeune fils apparut dans l'encadrement, une mine inquiète sur le visage.
— Est-ce que tout va bien ? Ça fait longtemps que tu n'es pas venu dans cette chambre.
Le silence fut sa seule réponse. Sungwoon se recueillait régulièrement ici. Pour réfléchir, travailler, ou simplement pour chercher la présence de sa mère là où elle avait passé ses derniers instants. Il était surpris d'y trouver son père, d'habitude trop occupé pour passer du temps ici.
— Ne devrions-nous pas renforcer les recherches pour trouver Jimin ?
Les épaules de son père s'affaissèrent, ce nouveau sujet de conversation n'étant pas moins désagréable que le premier.
— Sungwoon, je sais que tu es inquiet pour ton frère mais crois-moi, renforcer notre surveillance ne serait d'aucune utilité. Il est parti volontairement. Ils se cachent certainement quelque part en dehors de nos radars et dans une Cité comme la nôtre, il est impossible de retrouver leur trace.
— Comment peux-tu en être si certain ? Ils sont peut-être blessés quelque part !
En prononçant cette phrase, il savait qu'elle n'avait aucun sens. Yoongi avait quitté la Colmea à l'instant où Jimin avait disparu des écrans et ce n'était pas une coïncidence. Mais il gardait encore l'espoir que tout ne soit qu'un malencontreux événement. Il voulait encore croire que Yoongi n'était pas la source de cette absence.
C'était pourtant une évidence.
— C'est à cause de son nouveau superviseur, souffla Sungwoon.
Son père le dévisagea silencieusement.
"En partie", pensa-t-il. Après tout, Yoongi n'était qu'une conséquence.
— Je dois retourner travailler, Sungwoon. Jimin finira bien par réapparaître.
— Les champions repartent dans trois jours... dois-je laisser le train partir sans eux ? En connaissance de cause ? s'indigna son fils.
— C'est précisément pour cela qu'ils se cachent. Ils veulent rester dans notre Cité. Ils resteront cachés au moins jusqu'au départ officiel du convoi international.
Cette action en soit était la première pierre de leur insurrection.
Mais Sungwoon n'était pas au courant de tout cela.
— J'ignore leurs motivations, mais tu en sais plus que moi, n'est-ce pas ?
— Sungwoon, tu as une place dans cette Cité et une tâche qui t'a été confiée. Celle de représenter et soutenir les champions et cette discipline qu'est le Jetfly. Jimin et Yoongi sont un duo parmi les autres et ton obligation est de prendre soin de nos hôtes, de leur assurer le meilleur voyage retour vers leurs cités. Remplis ton rôle pour le moment. Les différends qui nous opposent ton frère et moi ne te regardent pas.
— Mais-
— La discussion est close.
Le regard autoritaire du Gouverneur le dissuada de continuer. Il était tenu à l'écart par son père comme par son frère et ça lui était insupportable.
Quatre paliers plus bas, tout comme son cadet, Jimin expérimentait lui aussi une certaine frustration. Après une heure supplémentaire d'emplettes pour accessoiriser la future soirée de Jungkook et Yibo, le pilote national avait proposé vainement de s'arrêter dans un bar, mais après cinq longues minutes à batailler contre Yoongi, aucun d'eux n'était parvenu à le convaincre.
Ils étaient donc rentrés raisonnablement chez eux, Jimin contrarié, traînant du pied derrière son superviseur.
En réalité, Yoongi voulait rentrer tôt pour mettre en place leur prochaine expédition.
À peine arrivé, il s'était mis à découper des bouts de tissus de la forme de leurs phares et de tous les éléments lumineux qui habillaient leurs Jetflys puis les avait collés tant bien que mal avec ce qu'il avait trouvé dans le garage.
— Ils sont ridicules, commenta Jimin, croisant les bras devant le patchwork maladroit qui recouvrait leurs montures.
Yoongi lui lança un regard noir et Jimin haussa les épaules avant de retourner dans la chambre. Lorsque le superviseur eut fini ses préparatifs, il vérifia une fois encore le matériel de prise de vue et le rangea précautionneusement dans son sac.
— Ce n'est pas comme si on les avait utilisés la dernière fois... ils sont intacts.
— Mieux vaut être prudent.
Jimin n'émit qu'un murmure incompréhensible que son compagnon choisit d'ignorer.
— Nous irons à l'aube cette fois-ci, les nuances du ciel et les nuages nous permettront d'être plus discrets. Mon véhicule sera moins visible aussi. D'autant plus que je viens de masquer nos phares, ce serait trop risqué de sortir de nuit.
— Comme si ton bricolage allait tenir avec l'allure et le vent...
Yoongi serra les dents.
— Je voulais rentrer tôt pour pouvoir dormir tôt. Nous partirons à cinq heures.
— Oui, parce que tu vas certainement te coucher à dix-sept heures.
Cette phrase finit par briser le mince filet de patience qui tenait Yoongi et il se leva d'un bond.
— Si tu as quelque chose à me dire, dis-le !
— Tout ça ne rime à rien ! cria Jimin sur le même ton.
— Pardon ?!
— Qu'est-ce que tu feras de ces photos et vidéos une fois que tu les auras prises ?! Tu vas les diffuser sur un petit canal du palier six ? Pour que personne ne les voit ! Tu vas les placarder dans les rues ? Sans pouvoir donner de noms ? De sources ? Sans pouvoir affirmer que tout n'est pas un montage bien orchestré ?
— Jimin-
— Tais-toi ! Je n'ai pas terminé ! s'emporta le pilote. Ce n'est pas moi qui vais t'apprendre dans quel monde on vit, Yoongi ! Tu sais déjà tout ça ! Il nous faut bien plus que ça, beaucoup plus gros ! Et on n'y arrivera pas seuls !
Yoongi ne voyait que trop bien où Jimin voulait en venir.
— Je préférais ne pas les impliquer dans notre histoire au début mais Yoongi, tu dois bien admettre qu'ils feraient des alliés de taille ! Tu ne peux pas essayer de faire des efforts ? De t'entendre un peu avec eux ?! Je veux bien suivre tes directives, c'est toi le cerveau de l'opération et c'est toi qui en sais le plus sur ce qu'il se passe, mais je déteste être une marionnette stupidement utilisée. À leurs côtés, je peux apprendre sur les profondeurs, la vie de cette Cité que je n'ai fait que survoler jusqu'ici ! Ne pense pas que j'ignore pourquoi tu as demandé à être mon superviseur Yoongi... Je peux te l'assurer, aujourd'hui je ne vaux pas grand chose. Je suis incapable de jouer le rôle que tu veux me donner, incapable de lier les foules avec de belles paroles. Regarde autour de toi Yoongi, personne ne nous cherche dans cette Cité, notre disparition n'alerte ni les hauteurs ni les profondeurs. Quel ciment est incapable de lier les piliers à leur fondation ?
Yoongi se mordit l'intérieur de la joue.
Ces mots résonnaient durement avec ceux d'Edell et Issamuel.
— Je vais t'accompagner à l'aube, parce que j'ai confiance en toi et je veux t'être utile Yoongi, mais ouvre les yeux. Ça fait trois ans que tu n'as bougé aucun pion sur l'échiquier. Trois ans, qu'à deux, nous faisons du surplace.
Yoongi se laissa tomber mollement sur le lit et ses épaules s'affaissèrent. Il regardait piteusement ses doigts, ruminant les paroles de Jimin. Ce discours l'avait ébranlé dans la bouche des amis de son père, mais il prenait un goût plus amer encore lorsqu'il l'entendait de son unique allié. Il serra rudement ses poings.
— Je sais... souffla-t-il alors la gorge serrée.
Jimin prit place à ses côtés et desserra doucement ses mains dont la paume était blanchie par ses ongles. Yoongi fut surpris par la chaleur de sa peau. Il observa quelques secondes leurs doigts entrelacés avant de retirer les siennes et de se lever, mettant sciemment un terme à cette proximité.
Jimin baissa les yeux.
— Je vais y réfléchir... souffla Yoongi.
Et c'est ce qu'il fit, si bien qu'il en eût du mal à dormir. Il ne savait plus par quel bout prendre cette quête, cet objectif qu'il s'était donné. Il passa la nuit à ruminer les paroles de Jimin qui, lui, s'était endormi à l'instant où sa tête avait touché l'oreiller.
Avant même qu'il n'ait pu recentrer ses idées, le lendemain était déjà là.
Et avec lui l'aube, ce temps si particulier dans la Cité Profonde.
L'aurore était un instant de lumière et de couleur que peu de citoyens voyaient, encore profondément endormis. C'était une heure où les nuages se reposaient sur les tours, se reflétaient dans les vitres et donnaient vie à un mirage, celui d'un océan épais et tumultueux aux couleurs chaudes et éblouissantes. Cette nébuleuse dorée recouvrait les paliers les plus profonds, prolongeant leur nuit, laissant simplement quelques flèches de lumière traverser l'épaisse matière.
Les plus gros nuages submergeaient la gare et s'enroulaient autour des rails qui en émergeaient, offrant un parfait terrain de jeu et avec lui, mille et une cachettes.
C'était l'instant le plus vulnérable du Coal Train.
Et une précieuse couverture pour le duo de fugitifs.
La carrosserie miroir de Jimin reflétait autant de nuances que le ciel en générait.
Il avait aussi cette manière de voler tel un courant d'air, organique, silencieux, imperceptible.
Il arrivait parfois à son partenaire de le perdre de vue, lui, si attentif.
Et c'est pour cette raison qu'il l'avait choisi.
Il était cette légende, cette allégorie que les gens admiraient, aimaient, suivraient.
Non, il ne s'était pas trompé. Non, il n'avait pas eu tort de s'allier à ce représentant des hauteurs et de tout ce qu'il avait longtemps haï.
Jimin avait raison. Edell et Issamuel avaient raison.
Ils avaient besoin d'un tremplin, de soutien, de quelqu'un pour mettre le feu aux poudres et déclencher la flamme.
Il leur faudrait peut-être trois, cinq, dix étapes, du temps, des gens, mais il prouverait qu'il n'avait pas eu tort de choisir le prince de la Cité Profonde.
Ils s'approchèrent cette fois d'assez près pour distinguer le quai où embarquait le chargement du Coal Train et un malaise désagréable s'empara d'eux. Trois ans qu'ils n'étaient pas venus ici et n'avaient pas pu suivre l'évolution de la cargaison de l'intercité. Ils furent désemparés de voir que celle-ci avait doublé de taille.
La cargaison. C'est ainsi que les agents ferroviaires affectés aux derniers wagons désignaient le rassemblement de prisonniers qu'ils embarquaient chaque matin et débarquaient chaque soir.
Lorsque Yoongi avait montré sa découverte à Jimin quatre ans auparavant, il n'y avait qu'une cinquantaine d'hommes et femmes debout sur ce même quai, poignets menottés. Aujourd'hui, ils en comptaient aisément plus de cent.
Interdiction de parler, interdiction de s'asseoir, interdiction de se toucher, les détenus étaient soumis à des règles strictes dès lors qu'ils foulaient le quai du train. Ils étaient positionnés chacun dans un enclos magnétique qui s'allumait de rouge et se mettait à sonner si l'un d'eux enfreignait l'une de ces règles.
Yoongi tendit l'un des appareils à Jimin et ils récoltèrent photographies et vidéos dans un silence douloureux. Les prisonniers entraient un par un dans les trois derniers wagons du train sous le regard autoritaire d'agents ferroviaires et de soldats armés. En zoomant, Yoongi et Jimin pouvaient apercevoir sur leur visage et leur corps des marques de fatigue, des blessures et des brûlures superficielles. Tout le groupe portait le même accoutrement, une combinaison grise, épaisse, fabriquée dans un matériau semblable à celui de la tenue des pilotes de Jetfly. Une étoffe élaborée pour résister à la chaleur, la pression de l'air, et l'eau.
Ils semblaient être répartis en trois groupes, autant que de wagons alloués pour leur transport. Chacune des sections paraissait avoir un leader, un détenu désigné pour compter les membres de son équipe en partant le matin, et en rentrant le soir. Celui-ci relayait à son retour le nombre de disparus.
Ceux qui ne revenaient pas.
Ceux qui, comme le père de Yoongi, avait un jour pris le train à l'aube mais n'étaient jamais montés dans celui du crépuscule.
Les photographies étaient nettes, les vidéos étaient claires, mais il leur manquait une information capitale sur laquelle ils ne parvenaient pas à mettre la main depuis le début de leur enquête : Pourquoi ces prisonniers étaient acheminés de Cité en Cité ? Dans quel but ?
Jimin et Yoongi ne restèrent qu'une vingtaine de minutes. C'est le temps qu'il fallait pour embarquer tous les prisonniers et au Coal Train pour disparaître du paysage de la Cité Profonde. Il leur fallait trouver un moyen de revenir de nuit pour récupérer des images du retour des prisonniers et si possible établir une liste des individus manquants. Yoongi prévoyait déjà d'éplucher les images du jour pour identifier certains d'entre eux. Si d'autres captifs venaient du palier six comme son père, il pourrait sans doute en reconnaître quelques-uns.
— hum... ce n'est ni l'heure ni le lieu que j'aurai choisi pour un date mes tourtereaux, murmura Taehyung depuis sa cachette quelques mètres plus bas.
L'aube n'était pas seulement le terrain de jeu de Yoongi.
Le cartographe privilégiait lui aussi les premières heures de la journée pour explorer des lieux sans être dérangé par la population grouillante ou la police.
"Qu'est-ce que vous manigancez...?" pensa-t-il, incapable de voir l'objet de leurs photographies depuis sa position.
Ce n'était pas exactement comme ça qu'il avait imaginé sa matinée. Il s'était levé ce matin, avec la malicieuse intention de réveiller le duo à coup d'interphone ininterrompu. Il avait ensuite prévu de vêtir son plus beau sourire pour leur annoncer qu'il venait simplement les déranger pour récupérer du matériel et qu'il se délectait de voir leur mine mal réveillée.
C'est presque déçu qu'il avait abandonné son plan après les avoir vu quitter la plateforme de son garage, sur leurs montures couvertes d'un camouflage risible. Plus habitué à visiter les paliers bas plutôt que les hauteurs, il les avait suivis sans y penser à deux fois. Même si cette escapade signifiait se frotter aux quartiers gouvernementaux.
— Oh oh, Yibo va adorer la nouvelle.
Il fit demi-tour, quittant les lieux, non envieux de se faire repérer par Yoongi ou bien l'armée. À défaut de n'avoir pu réveiller le duo suspicieux, il se ferait une joie de secouer ses deux amis. Après avoir garé son engin devant chez Jungkook et éteint LAXI, il ouvrit la porte de leur chambre dans un grand fracas.
— Debout là-dedans !
Des gémissements venus d'un autre monde lui répondirent avec toute l'agressivité dont ils étaient capables enroulés dans leur couverture. Sans aucun scrupule, l'aîné attrapa le bord de cette dernière et la tira à leurs pieds, découvrant leurs corps qui se roulèrent en boule instinctivement.
— Bordel mais Tae...
— J'ai un scoop !
— Tes scoops me font le même effet que tes surprises... se lamenta Yibo peinant à décoller ses paupières.
Il écouta patiemment leurs geignements, sachant pertinemment que l'information qu'il leur livrerait les éveillerait pleinement.
— Je suis allé chez moi, espérant secrètement leur infliger le même sort que je suis en train de vous faire subir mais devinez quoi ?
Aucun ne répondit.
— Ils étaient déjà debouts !
— Super... souffla Jungkook lassé.
— Et à dos de leur Jetfly, direction devinez où ?
Toujours aucune réponse.
— Le Coal Train.
Yibo et Jungkook se redressèrent sur le matelas, les yeux ronds.
— Tu les as suivis ?
— Bien évidemment.
— Qu'est-ce qu'ils faisaient ?
— Ils sont restés moins d'une demi-heure. Ils avaient vaguement camouflé leur véhicule et avaient apporté des appareils photo et vidéo. Ils ont passé vingt minutes à capturer des images de la gare et, j'imagine, de son chargement.
— Tu as vu de quoi il s'agissait ?
— Non... Je risquais d'être repéré mais-
— Faut les suivre la prochaine fois qu'ils y vont ! s'exclama Jungkook.
Taehyung sourit, n'en attendant pas moins du pilote.
— C'est bien ce que j'étais venu vous proposer, dit-il avec un clin d'œil.
— Mais comment savoir s'ils y retourneront ? Et à quelle heure ? raisonna Yibo. Je te préviens je ne vais pas rester planter devant chez toi à attendre qu'ils ne sortent de ton trou.
— Toujours de bonne humeur dès le matin mon cher Yibo, commenta Taehyung. J'utilise des capteurs pendant certaines de mes explorations que j'installe à l'entrée des lieux les plus sécurisés. Ils émettent un son lorsqu'ils détectent du passage, au hasard la police par exemple.
— Mais tu ne penses pas que ces capteurs seront affectés par les brouilleurs de Jimin et Yoongi ?
— Non, ils ne dépendent pas de LAXI, Hoseok les a construits lui-même. Ils sont reliés à un émetteur que je garde sur moi. Je vous contacterai dès l'instant où ils quitteront l'appartement.
— Ca me parait être un bon plan, approuva Jungkook tandis que Yibo ne jugea pas nécessaire de dire ce qu'il en pensait, puisque de toute manière, son avis ne serait pas pris en compte.
Le superviseur bailla à gorge déployée.
— Ok maintenant que votre stratégie infaillible est mise en place, laissez-moi dormir. Ils ne vont pas y retourner dans l'heure, de toute manière.
Yibo tira de nouveau la couverture sur ses épaules et leur tourna le dos, fermant les yeux.
*****
Quelques heures plus tard, ils se retrouvèrent chez Hoseok pour une révision du Jetfly de Jungkook, abîmé pendant la compétition.
— Il a bien morflé, commenta le mécanicien en passant précautionneusement sa main sur le flanc de Solem, sentant sous ses doigts la profondeur des griffures qui entamaient sa carrosserie.
La peinture était éraflée autour de chaque entaille, donnant un air de retour de front à l'appareil. Les étincelles de leur accrochage avaient bruni les parties métalliques et constellé le versant de minuscules impacts de brûlure. Le grand Solem n'avait plus tant l'apparence d'un héros et son propriétaire eut un pincement au cœur en contemplant son plus fidèle compagnon de voyage ainsi usé.
— Vous prévoyez quoi pour la suite ? demanda Hoseok tout en dévissant la carrosserie accidentée, tendant à Namjoon les parties les plus défigurées.
— On va continuer les entraînements comme d'habitude, et se préparer pour la prochaine occasion. Il ne faut surtout pas perdre le bon rythme que nous avions avant la course internationale. Les formulaires d'inscription pour les prochaines épreuves nationales ne vont pas tarder à sortir, affirma Yibo qui suivait un calendrier précis des événements de leur Cité.
Jungkook ne répondit pas. Les derniers événements, l'adrénaline, leur rencontre avec Jimin et Yoongi, tout ça l'avait détourné quelque temps son attention et il n'avait pas encore pris le temps de s'interroger sur leur avenir ou la poursuite de leurs activités. Il jeta un œil à son superviseur qui avait certainement déjà planifié les prochains mois avant de reporter son regard vers son Jetfly, se remémorant malgré lui, la course et immanquablement sa défaite.
— Les supporters nous ont laissés un peu de répit mais ils sont dans l'attente de nos nouvelles eux aussi. Je prévois de poster un petit message à leur attention la semaine prochaine pour les rassembler et démarrer avec eux la nouvelle saison, continua Yibo.
— Parfois je me demande si tu es son superviseur ou son manager, plaisanta TaeHyung.
— Beaucoup s'attendaient à notre victoire ce jour-là... souffla Jungkook.
Cette phrase chagrinée coupa l'élan de ses deux amis qui s'apprêtaient encore à se chamailler.
— J'ai déçu beaucoup de monde. Toi en premier lieu Yibo.
Son superviseur amorça une objection mais le pilote ne lui en laissa pas le temps.
— Je sais que tu attendais cette course avec impatience... Notamment parce que tu comptais sur notre victoire pour avancer dans la recherche de ta mère...
Le cœur se Yibo se serra douloureusement.
Jungkook y avait donc pensé.
Il s'en voulu d'avoir douté de lui.
Il était déçu bien sûr, mais non pas vis à vis de Jungkook. Plutôt envers le contexte, la situation et presque davantage contre Jimin et Yoongi qui avaient fait voler en éclats leurs perspectives. Elles étaient peut-être naïves, peut-être puériles, mais cette ambition avait jusqu'ici fait battre leur cœur, motivé leur quotidien et leurs rêves. Aujourd'hui, non seulement le discours sur les conditions des pilotes internationaux, mais aussi la nouvelle vision très manufacturée de la discipline et sa défaite, semblaient avoir passablement entaché la motivation de Jungkook. Yibo ne lui en voulait pas d'avoir perdu cette compétition, mais il lui en voudrait certainement d'abandonner cette route, incité par les dires du duo international avec qui ils ne partageaient rien, mais à qui Jungkook vouait une grande admiration.
— Je me sens con, c'était à portée de main, et j'ai foiré.
— Mais enfin Jungkook, ne dis pas ça, tu n'y peux rien, ton jetfly a eu une panne, ça arrive, ça fait partie du jeu, le rassura Namjoon.
Yibo et Taehyung savaient cependant que Jungkook se reprochait plutôt de s'être laissé berné par Jimin dans un terrain inconnu plutôt que de suivre le circuit balisé. Mais ils ne pouvaient en toucher un mot à leurs aînés qui ne savaient rien des récents événements.
— Jungkook, tu as du talent. Une défaite n'est pas grand chose à ton âge dans la carrière d'un pilote professionnel. Certains champions le sont devenus à deux fois ton âge ! Tu as tout le temps de te perfectionner et prendre ta revanche sur cette malheureuse course.
Jungkook se retint de rappeler que Jimin avait remporté sa première victoire internationale à seize ans.
— Hoseok a raison. Et ça nous laisse cinq ans pour vous transformer toi et ton véhicule et faire éclore tout votre potentiel, confia Leve en passant la porte du garage sous les yeux surpris des personnes déjà présentes.
— Leve ! s'écria en cœur le trio de têtes brûlées.
Elle leur sourit à pleines dents avant d'embrasser Namjoon et d'étreindre chacun d'eux.
—Je ne dis pas ça au hasard champion, je t'apporte de bonnes nouvelles et une dose de nouveauté, dit-elle avec un clin d'œil. LAXI connecte-moi à l'écran principal !
— Appareil de Leve Kaur, connecté.
Une dizaine de schémas techniques pour certains et fait à la main pour d'autres, s'affichèrent alors à l'écran.
— Et bien je vois que tu te "reposes" bien pendant la grossesse, lui reprocha Namjoon.
— Je ne fais que ça, me "reposer" figure-toi. À tel point que je confonds le mot avec m'emmerder. Pour ma défense, j'ai dessiné et monté tout ça depuis mon lit.
Les trois jeunes se mirent à rire devant l'inépuisable défiance de Leve.
— LAXI démarre la vidéo.
L'intelligence artificielle dévoila des images de Jungkook en plein vol au cours de plusieurs entraînements et compétitions qui avaient eu lieu pour la majorité cette année et la précédente. Sur plusieurs d'entre elles, Leve avait animé des annotations, des remarques sur sa technique de vol et des suggestions de modifications pour Solem.
— Qu'importe la voie que tu choisiras Jungkook. Pro, amateur, champion ou pilote clandestin, ta volonté est la seule qui compte. Par contre, ce serait du gâchis d'abandonner un tel savoir-faire. Regarde ces images.
Elle n'avait pas choisi les extraits au hasard. Cette vidéo était un résumé de ses plus belles actions.
— J'ai bien analysé ta conduite. Ta technique à quelque chose que personne d'autre ne possède ! Solem est le prolongement de ton corps, c'est un membre à part entière de ton anatomie. Tu ne fais qu'un avec ton véhicule et tu as totalement confiance en ses capacités, ce qui donne lieu à des figures et actions qu'aucun autre champion n'oserait tenter.
Elle s'empara d'un stylet posé sur la table et vint gribouiller quelques lignes sur une image arrêtée.
— Si on changeait légèrement cette partie, qu'on rapprochait le guidon du tronc, si sa forme évoluait légèrement, ça permettrait de faciliter la prise en main et t'autoriserait encore davantage de liberté.
Hoseok et Namjoon à ses côtés, étudiaient avec attention les schémas, approuvant pour la plupart les modifications ou émettant quelques réserves sur d'autres. Leurs trois cerveaux réunis sur un sujet aussi passionnant que la conception d'un Jetfly, suffit à remonter le moral de Jungkook qui se serait perfusé cette émulation s'il avait pu.
— C'est une technique formidable qui t'accorde le cran de former des vortex dans les tunnels ; de voler à même la façade des immeubles ; de piloter la tête en bas ou de réaliser des virages à presque trente degrés. Mais c'est aussi une maîtrise bien plus dangereuse que la plupart des autres. Le Jetfly agit comme une forteresse, une protection pour les autres pilotes et encaisse les dégâts à leur place pour préserver leur corps. Toi, en revanche, tu ramasses autant que ton Jetfly. Ton habilité est telle que dans 50% des cas, tu seras capable de rectifier le tir pour t'en sortir mais les cinquante autres pourcent , ton corps est en première ligne pendant un accident, une chute ou un accrochage.
Namjoon hocha vivement la tête.
— Comme tu le sais déjà, nous avons travaillé, avec Areum-Entreprises, sur le matériau qui constitue déjà vos combinaisons. En ce moment, nous sommes en train de mettre au point un dérivé plus résistant de cette matière qui pourrait être utilisé à même les Jetflys. Le revêtement agirait comme une seconde peau sur le véhicule. Relié à une assistance de vol particulière, ce matériau protéiforme pourrait prévenir des chocs les plus violents. Bien sûr nous en sommes toujours à l'état de prototype et nous le testons en ce moment même. Le procédé est prometteur et je me disais que nous pouvions en équiper Solem. Ça permettrait à l'entreprise de le tester en terrain réel et ça te permettrait à toi de commencer à évoluer avec cette nouvelle technologie.
Dans ces moment-là, tous étaient reconnaissants de faire partie de l'entourage de la présidente d'une des plus grandes firmes technologique de leur époque.
Consciencieuse, Leve offrait souvent la possibilité au trio de tester les nouvelles inventions de son entreprise à condition que les prototypes ne présentent aucun danger.
— Ce serait génial ! Et d'ailleurs, tu n'aurais pas un matériau qui pourrait cacher les motifs et formes de nos Jetfly, pour passer inaperçus aux yeux de la police lors de nos entraînements hors piste ou nos sorties incognito ?
Hoseok et Leve levèrent un sourcil surpris par la demande.
— Comme si ça vous avait un jour inquiété d'être vus et poursuivis par la police, s'étonna Leve.
— Et pour les soirs où vous voulez vous balader en anonymes, vous pouvez simplement emprunter des véhicules neutres comme vous l'avez fait quelques fois.
Taehyung fit les gros yeux à Jungkook l'air de dire : " prononce un mot de plus et tu nous grilles tous" et heureusement pour eux, Namjoon changea de sujet.
— Tu les gâtes trop Ily, souffla Namjoon. Ils pensent que tu peux tout pondre à leur demande maintenant.
— J'y peux rien, en attendant de donner toute mon attention à notre petit être, il faut bien que j'arrose quelqu'un d'autre de toute mon affection.
Namjoon caressa son ventre arrondi tandis qu'elle transférait les schémas et autres documents à Hoseok pour qu'il puisse commencer les modifications de Solem.
— Je vais demander à un collègue de me rapporter un échantillon de la seconde peau, je la ferai livrer chez toi Doc.
— Ça marche, mais j'aurai besoin de ton savoir pour l'installer sur le Jetfly, affirma Hoseok.
— T'inquiète pas, je ne suis jamais bien loin de ton atelier ! ça me donne une bonne raison de venir câliner mon homme.
— D'ailleurs, j'ai du matos à toi Hoseok, qu'il faudrait que je te rende, enchaîna TaeHyung.
— Ah oui, tu as réussi à réparer la béquille lévitationnelle de ton garage ?
— À peu près, ça tient pour le moment, répondit le cartographe en haussant les épaules.
— Un jour elle va t'exploser entre les mains et tu vas moins faire le malin. Tu es chez Jungkook en ce moment non ? J'ai le code de chez toi, je passerai un soir pour réguler tout ça si tu veux.
Cette fois c'est Jungkook qui adressa un regard réprobateur à son aîné l'air de lui dire "qui va nous griller maintenant ?!"
— Je préfère un soir où je suis là, comme ça tu me montres comment on fait et j'arrête de t'embêter à chaque fois qu'elle se met à déconner.
— Si tu en achetais une neuve, tu n'aurais plus de problème.
— Elle beug un peu mais elle fonctionne, je ne vais pas acheter une nouvelle béquille tant que celle-ci fait le taff.
— Comme tu le sens. Tu me diras le jour où tu es chez-toi.
— Affirmatif !
Taehyung fit discrètement un clin d'œil à ses deux amis qui levèrent les yeux au ciel. Yibo était sceptique quant à leur capacité à tous de garder un tel secret. Si ce n'était pas lui qui faisait une erreur, ce serait Taehyung, et si ce n'était pas TaeHyung, ce serait Jungkook qui finirait par vendre la mèche.
Ce n'était qu'une question de temps.
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A la prochaine :)
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