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Chapitre 1


Et si on entrait vraiment dans le vif du sujet les amis ? :3

Petit information j'ai écrit les prénoms et noms sous une forme identique commune par soucis de compréhension pour certaines scènes. Donc Park Jimin sera écrit Jimin (prénom) puis Park (nom). Ce sera un peu inhabituel et perturbant au début mais ça va aller x')

Bonne lecture ~


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CODE DE SÉCURITÉ INTERIEUR :

Section 1 : Dispositions générales

Article L312-1

Le développement, la fabrication, l'acquisition et la détention d'armes d'origine obsidienne, et ce incluant l'utilisation de la roche comme matériau de construction ou comme munition, est strictement interdite.

Article L312-2

Si détention d'armes d'origine obsidienne existe, le représentant de l'Etat, peut et doit, pour des raisons d'ordre public et de sécurité des personnes, ordonner à tout détenteur de munitions ou d'armes obsidiennes de s'en dessaisir.
En cas de résistance, une saisie au domicile ou au lieu de fabrication sera effectuée immédiatement.

Article L312-3

Un procès-verbal est dressé sur-le-champ, il relate les modalités et le déroulement de l'intervention et comporte un inventaire des armes, munitions et de leurs éléments saisis, établissant un rapport clair et transparent sur le niveau de roche Obsidian utilisée.

Chaque nouvelle année, à l'aube du premier jour, les gouverneurs des cinq cités se réunissaient dans l'hémicycle Ouranos, situé au centre de la Cité Profonde, la première cité construite. La salle de séance, composée de cinq rangées de gradins et tribunes en demi-cercle, se soldait à ses pieds, de cinq plateformes sur lesquelles, chacun à leur tour, les gouverneurs s'engageaient solennellement.

Ils prêtaient serment aux lois promulguées sur l'utilisation de la Roche Obsidian, sa transformation et son extraction. Mais par-dessus-tout ils juraient de ne jamais, jamais user de cette ressource destructrice à des fins militaires.

- Moi, Grigoryan Hako, Gouverneur de la Cité Oxygène, je prête serment,
- Moi, Imanie Ndam, Gouverneure de la Cité Lumière, je prête serment,
- Moi, Jing tong Zhang, Gouverneure de la Cité Asphalte, je prête serment,
- Moi, Aïkos Symeon, Gouverneur de la Cité Cornue, je prête serment,
- Moi, Jin Ho Park, Gouverneur de la Cité Profonde, je prête serment par cet acte, de fidèlement et de façon assidue, remplir mes fonctions, de garder le secret des délibérations et de ne rien révéler ou utiliser de ce qui sera porté à ma connaissance à l'occasion de leur exercice, qui pourrait permettre la conception, l'élaboration, la construction ou l'utilisation de la Roche Obsidian à des fins militaires. Je jure obéissance et transparence à cet ensemble de lois commun aux cinq cités, dans un souci de préservation de la paix, de l'intégrité et de la sécurité de tous nos citoyens unis dans l'adversité.

Chacun à leur tour, quittant leur chaire sculptée de bois et de métal, ils s'étaient hissés, dignes et solennels, levant leur main droite dans les airs, pour énoncer leur entière obéissance devant quatre autres gouverneurs témoins de cette allégeance commune. Bien d'autres lois civiles et constitutionnelles liaient leurs paroles, leurs pensées, leurs libertés et leurs poings mais cet ensemble de lois, inscrit en tête du Code de Sécurité intérieur était et demeurait une règle d'or depuis l'échafaudage de la toute première cité flottante.

La Roche Obsidian était une roche ignée, formée à partir de magma en fusion et de matière volcanique durcissant et se vitrifiant au contact de l'air ou de l'eau. Les minéraux solidifiés renfermaient en leur sein une énergie pure, concentrée et puissante. Se formant, la roche prenait une teinte noire, hyaline et son manteau se couvrait de veinures et de sillons bleus ou ocres. C'est dans ces tranchées pigmentées que résidait l'énergie obsidienne découverte par les humains à l'aube d'une dégénérescence de la planète qui allait devenir irréversible.

Cette matière première, d'abord extraite puis fondue de nouveau, à très haute température, retrouvait ses propriétés volcaniques et magmatiques et ainsi relâchait et décuplait l'énergie obsidienne stockée à l'intérieur de la roche.

La civilisation, envoûtée par les multiples possibilités de cette roche, s'en était servie à des fins techniques et mécaniques, usant de cette énergie comme un carburant pour des véhicules plus rapides, plus puissants ; à l'état solide comme un matériau robuste de construction et d'esthétique architecturale ; mais aussi et surtout, comme munition pour des armes destructrices aux conséquences incontrôlées.

Confinée dans d'étroites chambres de munitions, l'énergie était si concentrée à l'intérieur des armes, qu'elle jaillissait sous forme de jets d'énergie, capable de découper tout type de matériaux, capable de trouer un corps comme un mur ou d'enflammer toutes autres entitées à sa portée. Dans les cas les plus tragiques, aussi bien la victime, l'arme elle-même et son utilisateur subissaient le même sort. La Roche Obsidian étant la matière la plus solide, les armes humaines composées de métaux, parvenaient difficilement à contenir son énergie. Plus d'une usine d'extraction ou de transformation s'étaient vu réduites en cendres, accablées par cette puissance naturelle.

Cette ressource, autrefois rare en surface, se trouvait au plus proche du centre de la Terre, en périphérie du noyau gravitationnel de la planète. Les Hommes, avides, s'étaient mis à creuser de plus en plus profondément les sols afin d'extraire cette précieuse pierre noire. Cependant, celle-ci faisait office de sédiment important pour la Terre et sa flore. Son extraction massive et rapide avait conduit irrémédiablement à un dérèglement considérable de l'équilibre naturel, souterrain et minéral.

Incapable d'en maîtriser son omnipotence, son intensité ou son extraction, la civilisation avait été témoin de cataclysmes climatiques jamais vus auparavant. Cette mutilation avait marqué la planète de cicatrices traversantes, provoquant d'abord des tsunamis, des mouvements brutaux des plaques tectoniques, une transformation des continents, la séparation des territoires ou l'émersion de volcans jadis éteints ou endormis au fond des océans. La consistance même des sols se transforma. Les terres s'affaissèrent, les sols se liquéfièrent, devenant marécages, forcant la confrontation des océans et de boues chargées de débris et de villes tombées.

Cette apocalypse échelonnée poussa dans l'urgence les populations survivantes à quitter la surface devenue inhabitable et hostile. Pour fuir les aléas de la Planète Mère, les humains s'élevèrent dans les airs, construisant tour à tour cinq cités flottantes.

La Terre, essoufflée, humiliée, curieuse de voir à quel point la race humaine pouvait encore être cupide, précipita leur départ en recrachant en surface une multitude de minéraux autrefois plongés dans les profondeurs. Parmi eux, la Roche Obsidian émergea au centre de cratères noirs et fumants disséminés aux quatre coins du Globe. Démunis, affaiblis, les Hommes usèrent une fois de plus cette roche devenue plus qu'abondante pour faire léviter leurs cités à quelques kilomètres au-dessus des sols.

Comprenant que la seule matière capable de garder confinée cette énergie était l'enveloppe de la Roche Obsidian elle-même, les humains avaient strictement limité son utilisation au système de lévitation des cités. Ainsi, les armes, véhicules, architectures, et objets à base d'énergie obsidienne furent détruits définitivement afin d'en récupérer l'énergie pour maintenir les cités dans les airs.

Rendus dans l'impossibilité de regagner la surface de la Terre désormais brûlante, incandescente, à l'air irritant et irrespirable, les Hommes avaient mis au point un programme draconien d'extraction et de répartition d'énergie entre les cinq cités construites. Ce programme était rigoureusement étudié et mis à jour en début de chaque nouvelle année, par les cinq gouverneurs. Un état de la quantité d'énergie extraite annuelle était diffusé en temps réel, 365 jours par an sur les murs de l'hémicycle Ouranos et chaque fluctuation de plus ou moins 10 % entraînait un message d'alerte envoyé aux cinq gouverneurs.

Leur mission la plus cruciale était de maintenir un niveau stable d'énergie obsidienne pour chacune des cinq cités. Un niveau dûment calculé selon la taille, le poids et la distance par rapport à la surface de la Terre de chacune d'entre elles. Le moindre dérèglement pouvait provoquer le déséquilibre, la perte d'altitude ou encore la chute d'une cité, un incident qui pouvait avoir des répercussions sur l'ensemble du système flottant.

Chaque année, la réunion des cinq gouverneurs permettait de maintenir l'équilibre des villes et ainsi une paix durable qui demeurait depuis maintenant près de trois cents ans. Trois cents ans durant lesquels plus un humain n'avait foulé la surface de la Terre de leurs ancêtres.

- Gouverneur Park, vos fils font des prouesses, nous avons reçu votre ainé pour la dernière course internationale, l'année dernière. Il est très apprécié de nos citoyens en terre Cornue ! s'exclama Aïkos Symeon en serrant chaudement le bras de l'illustre Gouverneur de la Cité Profonde.

Le vieil homme aux traits sévères le remercia d'un hochement de tête respectueux. Aïkos Symeon n'avait pas d'enfants et par conséquent pas de descendance apte à prendre sa place après sa mort. Ses conseillers les plus fidèles ou ingénieurs les plus habiles seraient certainement sollicités pour reprendre les rênes de la Cité Cornue à sa suite, mais il avait tendance à observer les enfants des autres gouverneurs avec beaucoup de bienveillance et de douceur. Par solitude, ou regret, il suivait de près le parcours des enfants Park, tous deux particulièrement talentueux.

Jimin Park, l'aîné de deux frères, était champion Intercités de Jetfly depuis huit années consécutives et parcourait les cités au travers de compétitions internationales à la rencontre, à chaque fois, des différents peuples et gouverneurs. Il assurait les liens amicaux entre sa cité et les quatre voisines dans une humilité certaine et avec le respect que lui avait enseigné son père.

Aïkos aimait particulièrement s'entretenir avec ce jeune homme cultivé et curieux des cultures qui peuplaient les autres cités. Toujours empli de discrétion et de réserve, il posait des questions pertinentes sur la Cité Cornue, distinguée pour être celle de tous les divertissements et comme la ville de vestige historique.

Aïkos, de ses yeux bleu clair, presque blanc, lisait dans les paroles et le regard du jeune homme, son admiration pour leur ville aux antipodes de la Cité Profonde. Celle-ci était un amalgame de constructions anciennes, de morceaux de civilisations importés depuis la surface de la Terre avant la destruction complète de l'empreinte humaine sur la planète. On y trouvait le récit de l'humanité à travers des habitations aux styles florentins, égyptiens, grecques, chevauchant les inspirations chinoise, africaines ou brésiliennes, dans un tout hétéroclite multicolore et multiculturel.

Les architectures monumentales des anciennes civilisations étaient devenues sur la Cité Cornue, l'enveloppe de communautés passionnées d'arts, d'histoire, et de mémoire. Bien qu'une langue commune aux cinq cités ait été établie, la Cité Cornue regroupait le plus grand centre linguistique de l'ensemble flottant qui recensait près de sept mille langages. Plus aucun n'était utilisé dans la sphère sociale, mais certains groupes de population avaient choisi de perpétuer quelques anciennes langues pour revendiquer leurs origines.

- J'encourage mon fils à s'exercer avec les meilleurs pilotes de notre cité et il aime s'entourer de superviseurs talentueux. J'admets cependant méconnaître le dernier superviseur qui l'accompagne. Un inconnu qui n'est habitué ni aux médias ni aux apparitions publiques. Il est, toutefois, excellent pilote et je ne doute pas de ses capacités à guider et conseiller mon fils.

Il marqua une légère hésitation dans laquelle Aïkos perçut une certaine anxiété. Son regard sombre et dur sonda un instant l'horizon de la Cité Profonde, là où son fils n'avait plus volé depuis plusieurs mois.

- Il s'exerce désormais à la Cité Asphalte, déclara une voix féminine autoritaire, le sortant de sa contemplation et surprenant les deux hommes.

Ils se tournèrent et exécutèrent une rapide révérence pour saluer Jing Tong Zhang, Gouverneure de la Cité Asphalte.

- En effet, acquiesça Jin Ho Park.
- Il me semble que son transfert à Asphalte correspond à l'apparition de ce nouveau et mystérieux superviseur, continua-t-elle en plongeant son regard dans celui du Gouverneur de la Cité Profonde.

Sa tessiture grave et ses yeux longuement effilés couvraient leur échange d'une atmosphère plus antipathique. Sa relation avec le gouverneur Park s'était détériorée depuis peu et ce n'était un secret pour aucun des membres du conseil. Bien que la raison soit inconnue, les deux représentants d'Etat s'adressaient désormais une parole teintée de méfiance et de scepticisme mal dissimulés.

- Il est important qu'il se forme à plusieurs techniques, sur plusieurs circuits et dans plusieurs contextes. Il me semble que la Cité Asphalte représente un cœur important de l'activité Jetfly.

Ce n'était qu'une excuse pour camoufler le transfert soudain et inexpliqué de Jimin Park à la Cité Asphalte. Jing Tong admirait, comme chacun, le talent de ce pilote et ne refusait pas de l'accueillir dans ses écuries au même titre que les coureurs de sa cité. Toutefois, elle avait été déstabilisée par une telle décision.

Il était plus que rare de transférer un champion international dont la mission était de représenter son peuple, sa culture et la voix de son gouverneur.

Lorsque la manœuvre avait lieu, elle était souvent le produit d'un échange entre un champion d'une cité et le champion d'une autre cité, comme un accord d'amitié, un échange politique ou un placement stratégique. Il était plus commun de transférer de plus petits coureurs dont le transfert était plus discret. Cependant, cette délocalisation n'avait fait l'objet d'aucun échange, et Jimin Park était depuis ce jour, le centre de toutes les questions médiatiques.

- Je suis certain que le jeune Park saura faire honneur à votre cité, Gouverneure Zhang, s'exclama Aïkos qui tentait d'apaiser ce duel de regards.
- Monsieur, le Train est à quai, annonça un administrateur, coupant court à leur conversation.

Jin Ho Park hocha la tête, soulagé, sans doute, d'échapper à l'esprit soupçonneux de la très caractérielle Jing Tong.

- Chers amis, je vous remercie pour votre venue en ce jour important de perpétuation de la paix et de la sécurité de l'ensemble de nos citoyens. Je vous souhaite un agréable voyage et puisse nos serments nous permettre de vivre cette nouvelle année sans conflits ni tourments.

Les cinq gouverneurs et les membres du conseil applaudirent à l'unisson et se saluèrent avec respect. Jin Ho Park raccompagna personnellement ses homologues jusqu'au point culminant de la Cité Profonde, le quai du Train Intercités, seul et unique transport qui circulait entre les cinq villes flottantes.

Ce convoi était réservé aux personnalités politiques, aux chercheurs et aux champions internationaux de Jetfly. Chacun de ses passagers possédait un laissez-passer gouvernemental, un passeport particulier, et une autorisation marquée à la date et heure précise de chaque voyage.

Ce train possédait l'un des systèmes de sécurité les plus renforcés de l'ensemble des cités et était soumis à un contrôle régulier des équipements, de sa cargaison et des personnalités embarquées à bord. Ces derniers représentaient la petite minorité d'individus à pouvoir voyager librement entre les cités et par conséquent avoir eu la chance de visiter chacune d'entre elles. Les citoyens ne connaissaient les villes voisines que par les documentaires holographiques, les récits et les légendes urbaines. Il était formellement interdit de voyager d'une cité à l'autre sans autorisation.

Le niveau d'énergie obsidienne étant calculé en partie selon le nombre d'habitants présents sur chaque cité, il était plus que vital d'éviter les déplacements de population qui pourrait dérégler les calculs et ainsi perturber l'équilibre de la mégalopole flottante.

C'est pourquoi, quelques centaines de mètres plus bas, accoudé à sa fenêtre, une jambe se balançant au-dessus du vide, Jungkook observait ce boyau de métal noir s'éloigner comme chaque matin, sans un son, laissant seulement derrière lui l'empreinte d'une ombre qui assombrissait les rues. Combien de fois s'était-il imaginé dans ce train surplombant le monde et combien de fois avait-il imaginé les quatre autres cités au-delà des nuages ?

Il connaissait par cœur la Cité Profonde dans laquelle il était né mais n'avait qu'une connaissance sommaire, à travers son éducation et l'école, des particularités de la Cité Oxygène, la Cité Cornue, la Cité Asphalte, et la Cité Lumière.

Une fois le train noir disparu derrière les nimbus, Jungkook laissa un long soupir traverser sa gorge avant de fermer sa fenêtre pour observer son horizon quotidien. La rue suspendue à six voies qui passait sous sa vitre et les trois écrans géants qui diffusaient des annonces d'évènements, des publicités et des allocutions de personnalités, constituaient un paysage inchangé depuis sa naissance.

- LAXI, montre-moi mon emploi du temps, demanda-t-il à haute voix.

Aussitôt, la commande orale déclencha son oreillette et une page holographique apparut à hauteur de ses yeux tandis que la voix de l'intelligence artificielle listait les événements de la journée.

- Contrôle annuel au centre médical à neuf heures, entraînement en circuit informel à treize heures, soirée chez Namjoon et Leve à partir de dix-huit heures.

Il dispersa l'hologramme d'un geste de la main et pressa la commande tactile présente sur le mur, choisissant sur l'écran la tenue qu'il enfilerait pour la matinée. Une fois les vêtements choisis, un tiroir encastré émergea du mur lui présentant l'attirail sélectionné, plié, propre et repassé. Dès qu'il les eut enfilés, le tiroir se referma et il quitta la chambre qui s'éteignit automatiquement une fois vide. Il croisa Yibo dans la salle de bain, les yeux encore collés de fatigue, une brosse à dents à la bouche et du dentifrice plein le contour des lèvres.

- T'en a de partout, se moqua Jungkook en attrapant sa propre brosse à dents en imitant ses mouvements endormis.

Son ami leva les yeux au ciel et se rinça la bouche.

- Entraînement cet aprèm, tu es en forme j'espère, au lieu de te moquer de moi.

Jungkook hocha la tête.

- Toujours prêt pour voler jusqu'aux cieux, répondit-il avec un clin d'œil.
- La compétition est dans une semaine, j'ai étudié le parcours et les opposants. Après l'entraînement j'aimerai qu'on y jette un œil ensemble. Certains pilotes ont changé d'équipement, il faudra s'en méfier.
- Ouais, j'ai entendu parler du champion Oxygène, son propulseur a été modifié.
- Oui entre autres, Jimin Park a aussi changé sa batterie de lévitation, il sera plus redoutable en chute libre.
- Yibo, il est neuf heures du matin... on en parlera plus tard.
- Désolé, c'est l'excitation et le stress qui montent.

Jungkook sourit et passa un bras par-dessus ses épaules.

- C'est notre rêve de gosse qui est en jeu, fais-moi confiance.
- Tu as ton examen médical annuel aujourd'hui, n'est-ce pas ?
- Oui, toi-aussi ? demanda Jungkook.
- Non j'ai fait le mien hier. Tu dois y aller à jeun.
- Je sais je sais, on se capte quand je rentre pour l'entraînement.

Sur ces mots il descendit dans le salon où son frère préparait la prochaine leçon qu'il enseignerait aujourd'hui aux jeunes du club junior.

- Tes petits monstres vont bien ?
- Plus motivés que jamais, je ne doute pas que certains te remplacent sur le podium national d'ici quelques années.
- D'ici là je serais champion international et je voyagerai de cité en cité.
- Je te le souhaite Jungkook, en attendant, fais-moi le plaisir de te dépêcher, cet examen est primordial pour participer à la compétition la semaine prochaine.
- Oui, oui, soupira le jeune pilote en enfilant sa combinaison de Jetfly par-dessus ses vêtements.

Il ajusta son casque et son oreillette s'y connecta automatiquement.

- Bonjour Jungkook, les conditions de vol sont idéales aujourd'hui. Le taux d'oxygène est de 89%. Le réservoir de Solem est actuellement rempli à 95%, voulez-vous attendre la fin du remplissage ?
- LAXI, suspend le remplissage, prépare le décollage.
- Où voulez-vous aller ?
- Direction Centre médical, palier trois.
- Entendu, les paramètres ont bien été enregistrés, décollage imminent.

Jungkook enfila ses gants et ses bottes et monta sur son Jetfly noir et bronze, que le public et ses fans avaient rebaptisé Solem quelques années auparavant. Particulièrement séduit par cette appellation qui faisait référence au latin ancien et signifiait « Soleil », il avait décidé de l'emprunter comme nom de scène, surtout pour son Jetfly, mais aussi pour lui-même de temps à autres. Ainsi il avait modifié tous les paramètres de LAXI concernant son véhicule pour que l'intelligence artificielle personnalise ses prestations.

- LAXI, ouverture garage.

À l'entente de sa voix, la porte de métal se souleva lentement, faisant entrer dans la salle la lumière étrangement grisâtre de la Cité Profonde. Il faisait grand jour, mais la clarté n'était jamais très ardente au niveau cinq de la cité, surplombé par quatre autres couches d'architecture. Il leva les yeux vers le ciel et la cime des plus hautes tours de la ville. Au sommet de la plus élancée vivait et travaillait le Gouverneur Jin Ho Park, qui disposait d'une vue imprenable sur toute la cité.

Détournant les yeux, il enjamba son Jetfly et s'y installa avant de désactiver le champ magnétique qui l'immobilisait. La porte du garage s'ouvrait sur un vide de quelques centaines de mètres dans lequel il plongea sans peur, laissant le poids de son corps et de son appareil prendre de la vitesse. La ville était étroite, les habitations édifiées les unes sur les autres dans de gigantesques constructions verticales et n'offraient pas la place nécessaire aux Jetfly pour démarrer à l'intérieur des garages.

À son décollage, un Jetfly émettait une flamme mince et effilée de plusieurs mètres ce qui nécessitait un couloir d'air assez long. Ainsi la chute libre représentait le moyen de décollage de prédilection des coureurs. Ils créaient un conduit d'air vertical dans lequel ils dirigeaient et domptaient la flamme en allumant les moteurs jusqu'à pouvoir se redresser et regagner l'une des routes suspendues.

Jungkook se mêla à la circulation chargée de ce début de journée jusqu'au centre médical qui se trouvait à une vingtaine de minutes de son habitation. Il avait rendez-vous et ne patienta que quelques instants en salle d'attente avant que Madame Kim, sa consultante, ne vienne à sa rencontre.

- Bonjour Jungkook, comment vas-tu ?
- Très bien merci, et vous ?
- Et bien ma foi, j'ai beau ne pas être très rassurée par votre pratique, je dois dire que Quĩn m'a transmis son enthousiasme pour la prochaine compétition. Elle a hâte de commenter l'événement et de voir ta performance.

Jungkook afficha un sourire poli.

- Je ne doute pas que Taehyung attende aussi ce moment avec impatience. Je ne l'ai pas vu depuis longtemps, ajouta-t-elle d'une voix plus basse.
- Il consacre beaucoup de temps à mon entraînement et à ma préparation, je lui en suis reconnaissant.
- Il déniche des coins si dangereux... murmura-t-elle tristement. Vous ne devriez pas–
- Madame Kim, s'il vous plaît, la coupa Jungkook. C'est notre métier.

Les coins de ses lèvres s'étaient affaissés, son regard s'était fait plus froid que d'habitude et la mère de Taehyung baissa les yeux.

- Excuse-moi Jungkook. Je sais bien que ce sport vous tient à cœur, je suis juste inquiète.
- Vous avez le droit de l'être, mais ne blâmez pas Taehyung, si j'en suis ici aujourd'hui, c'est en partie grâce à lui.

Elle hocha la tête penaude et invita le pilote à entrer dans son cabinet.

Jungkook, Yibo et Taehyung exerçaient leur métier comme elle devait exercer le sien et elle se trouva embarrassée d'évacuer ainsi ses émotions devant Jungkook. Elle connaissait le champion national étant donné sa notoriété dans la Cité Profonde et parce qu'elle l'avait vu aux côtés de son fils plusieurs fois. Cependant, elle n'était pas assez proche de Taehyung pour affirmer connaître suffisamment Jungkook. Il n'était que l'un de ses patients et elle retrouva rapidement un visage professionnel lorsqu'ils commencèrent le contrôle médical.

L'examen s'étendait sur plusieurs heures, presque une matinée complète.

Depuis la création des cités flottantes, à date fixe, chaque année, tous les citoyens étaient sommés de se rendre en centre médical afin d'effectuer une analyse complète. Tout d'abord, une recherche approfondie de toute maladie potentielle, d'infection ou de bactérie nocive était réalisée par bandelettes urinaires, et prise de sang. Puis une échocardiographie permettait une évaluation du fonctionnement du cœur. S'en suivait un examen physique en situation d'efforts intenses.

Celui-ci consistait à la réalisation d'un effort physique progressif et maximal pendant une durée de huit à douze minutes, sur un tapis de course ou un vélo, permettant de recueillir de nombreuses données particulièrement importantes dans le suivi médical de sportifs de haut niveau comme Jungkook.

Après cela, la médecin procéda à un contrôle dentaire, un examen ophtalmologique et un examen O.R.L. avant de calculer la mesure anthropométrique, autrement dit le rapport entre le poids, la masse, la rétention d'eau, la masse osseuse et la masse musculaire qui lui permit d'établir un bilan diététique et nutritionnel.

Cette investigation médicale fastidieuse et fatigante pour le patient était cependant fondamentale pour orienter le diagnostic ou la demande de certains examens complémentaires en cas de maladie ou anomalies détectées. Et par-dessus tout, elle permettait d'établir un schéma alimentaire adapté à chaque individu.

Cette dose prédéterminée de nutriments et aliments était calculée pour répondre aux besoins fondamentaux du corps selon la taille, le poids, le mode de vie, l'activité etc... Elle se présentait sous forme de cubes colorés. Une nourriture moléculaire de synthèse qui simulait l'odeur et le goût des substances terrestres imitées.

Les présentes générations n'ayant jamais goûté le fruit d'un arbre, un produit de la terre ou de la mer, se contentaient de rations vitales nécessaires sans expérimenter le plaisir de manger.

En cas de changement d'activité physique, de variations notoires dans le mode de vie, de l'activité professionnelle, ou de l'état psychologique, les citoyens étaient encouragés à refaire un examen médical afin de rééquilibrer leur schéma alimentaire.

- C'en est fini pour aujourd'hui Jungkook, tu peux te reposer dans le foyer afin de vérifier qu'il n'y ait aucun effet secondaire. Je te rappelle que tu dois y rester trente minutes minimum, mais d'après mes observations antérieures, tu as tendance à plutôt y rester quelques heures. Pense juste à bien t'hydrater avant de reprendre l'entrainement. Je te ferai parvenir les résultats par LAXI, mais tout semble être en ordre. Je vais également te prescrire une dose nutritionnelle adaptée et des soins particuliers étant donné les entraînements de plus en plus réguliers à l'aube de la compétition et le stress qui devrait également jouer un rôle dans ton métabolisme.
- Entendu, merci.

Il rejoignit la salle de repos, bercée par une musique apaisante, dont les murs étaient rétroéclairés d'une lumière chaude. Des lits blancs, délimités par des rideaux de la même couleur offraient une intimité à chacun des patients tandis qu'un médecin faisait des rondes régulières pour s'assurer de leur sécurité.

Le pilote s'assoupit dès que sa tête eut touché l'oreiller et lorsqu'il se réveilla, il était déjà l'heure de son entraînement. Il quitta les lieux aseptisés pour rejoindre le circuit où Yibo l'attendait déjà.

Son superviseur avait fait confiance à Taehyung pour leur trouver un ancien parcours qui n'était plus utilisé aujourd'hui pour des questions de sécurité et de réhabilitation de quelques parties de la route. Entre autres, un pan entier du parcours était désormais devenu une avenue suspendue principale sur laquelle manœuvraient des milliers de véhicules par jour.

Une autre partie du circuit serpentait entre les tuyaux et conduits d'énergie à la base de la Cité Profonde, lieux à présent formellement interdits au public. Il y faisait une chaleur étouffante et plusieurs conduits étaient endommagés, laissant parfois fuiter des filets de matière indéfinissable. Plusieurs accidents avaient eu lieu dans les profondeurs de cette ville fuselée ce qui avait conduit le gouvernement à condamner son accès.

Cependant, Taehyung était un pilote expérimenté et accoutumé au hors-piste, aux circuits accidentés et aux parcours périlleux. Fuyant la compétition contrairement à ses deux amis, il préférait la navigation solo dans laquelle il partait à la découverte d'endroits insolites et aventureux.

Là où il n'était plus dérangé ni par la circulation, ni par les lois, les règles, et la police.
Il était seul et il était libre.

Seuls Jungkook et Yibo étaient assez fous pour le suivre dans cette odyssée.


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See you jeudi prochain ~

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